Eléa-Rose & Alexis Ou l'histoire d'un imprévu

]Une journée ensoleillée comme il y avait souvent à Montsimpa, oui, allez savoir pourquoi, le soleil était casi toujours là, la pluie, Elea-Rose ne connaissait pas - ou presque - et puis, quand il pleuvait, elle s'entêtait à rester cloitrer chez elle, comme si elle était aquaphobe, ... Ce jour là, elle décida de se promener dans les rues, aucun but particulier, sauf peut être celui de passer le temps. Passer le temps, elle aimait bien le faire, dans sa petite vie misérable où il ne lui arrivait jamais rien. Jamais rien? Sauf peut être le temps qui se décida à se couvrir d'un coup, sauf peut être cette miraculeuse pluie qui s'abattit sur elle, la réduisant à une grosse merde mouillée. Adieu le magnifique brushing, adieu les heures à se faire belle dans l'espoir de trouver le prince charmant au coin d'une rue. Son maquillage - pas du tout waterproof - se mit rapidement à dégouliner sur ses joues, la rendant encore plus hideuse, ses fringues se mirent à s'accrocher comme des ventouses sur sa peau devenue froide et humide ... Trempée.

Courir, se planquer, courir, trouver un endroit, courir ... Et entrer dans le premier bâtiment qui vienne. Elle soupira, elle était sauvée, du moins, c'est ce qu'elle croyait. S'exclamant à tout bout de champ un :

« Flotte de merde ! » Oui, délicatesse dans toute sa splendeur, délicatesse d'Elea-Rose, simple et efficace. Une délicatesse qui résonna à tout bout de champs, faisant sursauter la jeune femme. Pourquoi cet endroit résonne? Admirant ce qui l'entourait, elle ne pu que s'apercevoir qu'elle venait d'entrer dans l'endroit le plus vide et immonde de Montsimpa : l'institut d'art moderne ... Elle soupira de détresse, prête à partir mais le temps l'en dissuada. Tant pis, s'il lui fallait passer le temps, elle le ferait à s'emplir les yeux de milles trucs d'art dont elle ne connaissait pas la subtilité.

Se mettre à marcher et fixer chaque tableau, statue qui se présentait devant ses yeux. Faire croire aux trois poilus se trouvant dans la pièce qu'elle se plaisait ici, c'était son but. Oui. But infâme pour ne pas passer pour une misérable ...

J’aimais l’art, je l’aimais tellement que j’en avais fais un peu partout sur mon corps. D’ailleurs c’est en admirant mon dernier tatouage dans la glace ce matin que je décidai de me rendre à l’institut d’art moderne du quartier. J’aimais beaucoup cet endroit, il était calme et paisible. J’entrais finalement dans le bâtiment et me rendis compte avec délice qu’il n’y avait que très peu de monde. Je me mis alors à déambuler dans les salles, admirant chaque sculpture, chaque tableau avec une attention particulière et à chaque fois renouvelée. Je montai alors d’un étage quand j’entendis un bruit dehors : il pleuvait. Je m’approchais d’une fenêtre, ça avait l’air d’être une grosse pluie ! J’espérais qu’elle se terminerait avant mon départ, je détestais être mouillé. Peut importe, je continuai alors ma marche silencieuse à travers les salles de l’Institut quand j’entendis, de loin, des cris de femmes. Enfin des cris, des exclamations allant à l’encontre de la flotte dehors, je ne pus m’empêcher de lâcher un rire avant de me tourner vers la porte : il fallait que je voie ça. Je me dirigeai alors vers le bruit quand soudain je n’entendis plus rien, l’avaient-ils jetée dehors par hasard ? Et non, je me tournai encore une fois, dans l’intention de retourner dans la salle où j’étais quand je vis une jeune femme trempée qui ressemblait plus à un panda qu’a autre chose qui jetais des coups d’œil à droite à gauche plus qu’elle ne le faisait sur la peinture en face d’elle. Je m’approchai alors, sorti un mouchoir d’un paquet dans ma poche et le lui tendis. « Si j’étais vous, je prendrai une douche sans les vêtements. » lâchais-je, légèrement moqueur, mais pas méchant.

Personne n'avait vu Elea-Rose, personne ne l'avait remarqué, du moins, c'est ce qu'elle espérait et manque de chance pour elle, elle espérait mal. Pièce silencieuse, trois quatre personnes autour d'elle, les regards s'étaient tournées, les visages courroucés l'avaient déjà enregistré et elle était à bannir de leur vie. Elle s'en fichait. Légèrement, elle se cala dans une pièce qui semblait vide. Vide en apparence puisque bientôt, un type s'approcha d'elle, la dévisageant. Elle y fit abstraction, après tout, il n'était pas donné à tout le monde d'être un adorable panda, peut être était-il jaloux? Lui le type à l'allure élancé et gringalet? Non. Apparemment il n'était pas jaloux puisqu'un impoli « Si j’étais vous, je prendrai une douche sans les vêtements. » sorti de sa bouche.

Le regarder, lui parler, l'emmerder, se sauver? Elea-Rose avait le choix, peut être ne fit-elle pas le bon, mais elle fit celui qu'elle ne jugeait pas. La spontanéité, la vie simplement. Tournant son regard vers lui, elle pu admirer les traits moqueurs de son visage. Dieu qu'il était maigre. Prendre une douche, sans vêtements. Certes, c'était un loisir.

« Mais vous n'êtes pas moi .. .Et puis, c'est tout un art de se doucher habiller ! » Répartie à deux balles, c'était tout à fait la jeune femme. Elle esquissa un petit sourire en coin genre je suis une malheureuse sans humour puis reporta son attention sur la statue qui les séparait de peu. Elle fit une grimace, c'était immonde, tout comme le tatouage posé sur le bras de son interlocuteur qu'elle ne pu que regarder à plusieurs reprises. Oui, l'art était immonde.

Manifestement la jeune femme ne semblait pas vraiment être de bonne humeur, ce que je pouvais comprendre étant donner qu’elle s’était fait surprendre par une de nos rares averses. C’était en partie pour ça que j’aimais cette ville d’ailleurs : il y avait très peu de pluie, la plupart du temps le soleil était au beau fixe et la lumière jouant beaucoup sur le morale, c’était un plaisir de pouvoir compter avec lui. Elle refusa aussi apparemment le mouchoir que je lui tendis, tant pis, qu’elle reste un panda alors, je le fourrai dans la poche arrière de mon jean et haussai les épaules à sa réplique. « J’imagine, un art que vous maitriser ça ne fait aucun doute. » encore une fois un sourire légèrement moqueur se dessina sur mes lèvres tandis que je vis son regard empli de, quoi ? Du dégout ? Devant cette sculpture ? « Excusez moi mais vous auriez pu vous réfugier autre part si cette sculpture vous inspire … ça. » dis-je en désignant son visage. Comment pouvait-on rester insensible à l’art ? Enfin, elle n’y était pas insensible, elle n’aimait clairement pas c’était écrit en toute lettre sur son visage. D’ailleurs son regard dévia également sur mes bras tatoués et là elle avait intérêt à se taire parce que mon corps était mon œuvre à moi, sculpté et peint comme je l’aimais, il n’en fallait pas plus, no moins.

Il rangea un mouchoir, merde, Elea-Rose se senti honteuse, elle n'y avait même pas prêté attention, tant pis pour elle, elle resterait un magnifique panda, prêt à absorber toute sorte de câlins. Mais ce n'était de des câlins qu'était prêt à lui fournir son interlocuteur, non, plutôt des niaiseries de toute sorte. Dommage, elle devra s'y faire, le monde n'est pas forcément rempli de gars intelligents. A sa première interprétation du monde, Elea ne prit même pas la peine de répondre, oui, elle maitrisait cet art et n'avait aucunement l'envie d'en discuter. Et puis, il ouvrit de nouveau la bouche « Excusez moi mais vous auriez pu vous réfugier autre part si cette sculpture vous inspire … ça. » Elle ne pu que soupirer, lever les yeux au ciel et ... affirmer simplement « Si je suis entrée ici, ce n'est pas par plaisir, c'est cette ... ce ... la pluie ! » Elle avait fini sa phrase carrément trop haut, quelques têtes se tournèrent vers les deux jeunes gens ... Elle se faisait remarquer, une fois de plus.

Les tatouages du jeune homme la travaillait, mais elle ne dit rien, se contentant de relever le regard pour croiser le sien. Apparemment, il était plus intelligent qu'elle ne le pensait, du moins, il était amateur d'art, c'est pourquoi, elle trouva intéressant de lui demander « Et qu'est ce que vous trouvez en ... ça? » D'un geste, elle présenta la statue, disgracieuse et sans forme « Ca ne signifie pas grand chose à mon avis ... Il devait être vachement persécuté le type qui a eu l'envie de monter un engin pareil ... Ou bien simplement se sentait-il inférieur ... » Elle paraissait complètement conne, à vrai dire, elle l'était. Question d'art.

« Si je suis entrée ici, ce n'est pas par plaisir, c'est cette ... ce ... la pluie ! » je m’en doutais en fait mais il y avait d’autre bâtiments aux alentours et même un juste en face, la magie des pâtés de maisons. Incroyable n’est-ce pas ? Soit. Elle avait légèrement haussé la voix et je ne prêtai absolument pas attention aux regards furibonds des gens aux alentours. « Pauvre petite chose. » dis-je, sarcastique au plus haut point. « Et qu'est ce que vous trouvez en ... ça? » me demanda-t-elle en désignant la statue, je soupirai, expliquer l’art ? C’était impossible, enfin, ça ne s’explique pas, ça se ressent au plus profond des trippes. « Ca ne signifie pas grand chose à mon avis ... Il devait être vachement persécuté le type qui a eu l'envie de monter un engin pareil ... Ou bien simplement se sentait-il inférieur ... » je me plaçai finalement à coté d’elle histoire d’avoir le même angle de vue sur la sculpture et après quelques secondes tentai une explication. « En fait, je ne saurai pas vraiment vous expliquer ce qu’il y a de fascinant dans l’art. Une œuvre doit se ressentir, s’interpréter. Quand vous observez cette statue, elle vous donne une émotion, c’est ce que l’artiste veut transmettre en fait. Ce que je trouve fascinant, c’est qu’un artiste puisse s’exprimer sans mots. » et ça l’était, c’était un pouvoir donné à très peu d’entre nous et, la nature étant bien faite, il était donné à ceux qui avaient du mal à utiliser les mots. Même si il arrivait parfois d’un peintre se révèle être aussi un écrivain de talent. Soit, j’espérais lui avoir un peu ouvert les yeux sur ce qu’était l’art, tout le monde n’y était pas sensible après tout.

Son air sarcastique lui donnait envie de s'enfuir, un haussement de sourcil et déjà, il était considéré comme un abruti. Pourtant, quelque chose l'empêcha de s'évader ailleurs, non pas la pluie qui continuait de cliqueter sur le sol extérieur, mais cette étrange présence évidente. L'art. Il bougeait, admirant d'un oeil la statue, il pouvait paraitre mignon vu sous cet angle, surtout lorsqu'il se mit à élaborer sa stratégie de maitre « En fait, je ne saurai pas vraiment vous expliquer ce qu’il y a de fascinant dans l’art. Une œuvre doit se ressentir, s’interpréter. Quand vous observez cette statue, elle vous donne une émotion, c’est ce que l’artiste veut transmettre en fait. Ce que je trouve fascinant, c’est qu’un artiste puisse s’exprimer sans mots. » Doucement, elle posa sa main sur le marbre de l'oeuvre, glissant avantageusement le bout de ses doigts sur chaque partie qui l'en constituait et puis, elle se défini comme telle « L'émotion qui en découle reste pour moi la frustration » Après tout, chaque oeuvre pouvait être interprêter comme bon nous semblait, c'était une évidence. Elea-Rose se tourna allégrement dans la salle, s'approchant d'un tableau, elle le pointa du doigt pour en dévoiler ses sentiments « Ca, c'est l'amour » Elle prit soin de s'arrêter sur le suivant, hochant la tête, elle déclarant « Et voilà la tristesse » C'était bien simplet, elle le savait, mais les choses de la vie, elle ne les voyait pas autrement.

Je vis la jeune femme poser ses doigts sur le marbre et une grimace se dessinai sur mes traits, on ne touche pas une œuvre, si tout le monde touchait la sculpture ici présente, dans 20 ans elle aurait perdu de son charme, de ses formes, de ce que l’artiste avant voulu en faire car le marbre se retrouverait poli d’une manière différente. Elle s’éloigna ensuite et désigna un tableau comme était l’amour, ensuite un autre comme étant la tristesse. C’était intéressant de voir comment cette jeune femme avait su s’ouvrir à l’art. Je souris, plutôt satisfait. « Vous pouvez développer aussi. Ce tableau par exemple ne représente pas seulement la tristesse, c’est plus que ça encore, il représente le désespoir, ce sont les détails qui sont révélateurs ici. » Dis-je en tournant la tête vers elle, ça ne se voyait pas au premier abord mais j’étais un passionné d’art, de tout art. Je vendais mon corps à la mode en attendant de pouvoir vivre de la musique, je vivais quand même d’un art au final. « Au fait, je me présente, Alexis, Alexis Deluccia. » dis-je en tendant la main à la jeune femme, cette rencontre fortuite serait peut être le fruit d’une future amitié ? Peut importe, j’aimais ça, les rencontres, c’était toujours incroyablement stimulant.

S'ouvrir à l'art n'était pas chose compliqué, s'il suffisait de dénoncer quels sentiments étaient en nous, alors c'était facile ... Le jeune homme ne tarda pas à argumenter un peu plus « Vous pouvez développer aussi. Ce tableau par exemple ne représente pas seulement la tristesse, c’est plus que ça encore, il représente le désespoir, ce sont les détails qui sont révélateurs ici. » Elea-Rose se contenta d'un haussement intempestif d'épaule, ce genre de mouvement qui signifiait : cause toujours, je m'en fiche. S'il fallait en plus chercher dans les détails, elle était persuadé d'une chose : elle avait autre chose à faire ! Elle ne lui répondit pas, du moins, elle n'en avait pas envie, lui tournant le dos et fixant idiotement une œuvre, se vider et espérer que la pluie s'arrêterait mais elle pouvait qu'entendre ce cliquetis des gouttes contre le toit de la demeure. Le jeune homme quand à lui, paraissait s'ouvrir d'avantage, du moins, assez pour se présenter « Au fait, je me présente, Alexis, Alexis Deluccia. » Elle hocha la tête tout en fixant la main du jeune homme, émettant ensuite une excuse bidon pour ne pas la lui serrer « Je .. Je n'ai pas l'habitude de toucher les mains des gens ... » Une peur des microbes qui faisait tout son charme, ou bien même sa dépendance au savon biologique. Toutefois, pour ne pas paraitre impolie, elle fini par se présenter à son tour « Je suis Elea-Rose ... Morrison » Un nom à rallonge pour une fille des plus déglinguée ...