La fin de la semaine venait d’arriver. Pour beaucoup, c’était un soulagement, une sorte de liberté, une nouvelle vie. Mais pas pour Louise. En réalité, pour elle, le week-end était synonyme d’ennuie. Car toute la semaine durant, elle passait son temps avec les enfants, ce qu’elle aimait par-dessus tout. Mais une fois le week-end arrivé, elle n’avait plus grand monde à voir. Du coup, la plupart du temps, elle restait enfermée dans son appartement à lire ou à regarder la télé. Ou bien elle sortait voir des gens qui, comme elle, ne vivait que par l'extasie, mais ça, c’était plus rare. Et puis finalement, ce vendredi soir là, elle n’avait pas envie de rester chez elle, et n’avait pas envie non plus de trainer dans des rues toutes plus étranges les unes que les autres. Alors ni une ni deux, elle attrapait son téléphone portable, et envoyait un sms à Rosalie, une de ses quelques bonnes amies qu’elle n’avait pas vu depuis un moment. « Ce soir, on sort en boîte ma grande. Je passe te prendre dans une demi-heure. XOXO »Message envoyé. Louise ne perdit alors pas une seconde pour trouver, au fin fond de son armoire, une robe de soirée qui la mettait en valeur. Elle en avait plus qu’assez de rentrer seule après chaque sortie, et elle avait bien l’intention de se trouver un homme avec qui rentrer ce soir. Elle prit alors cette robe rouge décolleté qu’elle n’avait pas portée depuis un long moment. Après avoir détaché ses cheveux pour les laisser tomber le long de ses épaules, elle se maquilla. Mascara, fard à paupière, fard à joues, crayon kohl, eye liner, gloss, elle avait fait le tour.

Elle enfilait finalement ses escarpins Mango rouges, assortis à sa robe, attrapa une pochette simple en satin noir, et prit ses clés de voiture pour partir dans les rues de Montsimpa chercher son amie. Et après environ dix minutes de trajet, elle arrivait enfin devant la bâtisse. Elle y entrait, et frappait à la porte, attendant que quelqu’un réponde. Elle espérait ne pas déranger Rosalie. Entre son enfant et son frère, elle avait peut être déjà prévu quelque chose ce soir. En plus, elle n’avait pas répondu au sms que Louise lui avait envoyé. Mais tant pis, maintenant elle était là, alors autant attendre, et voir si quelqu’un répondait. Elle frappa une deuxième fois, et sortit son portable de sa pochette, afin de vérifier que son amie ne lui avait pas répondu, et elle n’avait toujours rien. Alors qu’elle rangeait son portable, quelqu’un venait d’ouvrir la porte. Un homme, plutôt séduisant, musclé, avec de grands yeux clairs et des cheveux bruns. Le type d’homme qui devait sans doute plaire aux femmes. Mais après un quart de seconde de réflexion, elle se dit que cet homme devait être Timothy, le frère de Rosalie dont elle lui avait tant parlé. « Oh ! Désolée de vous déranger, Rosalie n’est pas là ? » C’était très maladroit de sa part, elle ne s’était même pas présentée, mais elle avait toujours du mal à interagir avec les gens qu’elle ne connaissait pas. « Je suis Louise, une amie, et je pensais sortir avec votre sœur, puisque vous devez être Timothy, non ? »

La soirée ne s'annonçait pas vraiment comme Louise l'avait prévu. Elle qui attendait avec impatience de se retrouver avec une de ses meilleures amies en boîte, apparemment, ça n'allait pas être le cas, pas ce soir en tout cas. Tant pis, elles remettraient cela à un autre soir, peut être au week-end prochain, qui sait. Du coup, elle n'avait aucune idée de ce qu'elle allait pouvoir faire de son vendredi soir. Peut être regarder des films à l'eau de rose avec l'idée de déprimer sur son célibat, ou bien manger des bols de pop corn en regardant un ou deux films d'horreur qui l'empêcherait de dormir, ou encore, pour être plus sérieuses, corriger les copies de la classe de primaire qu'elle avait. Elle ne savait pas encore. En tous cas, elle ne s'était pas trompée sur l'identité de l'homme qui lui avait ouvert la porte. C'était bien Timothy. Il n'était pas du tout comme Louise avait pu se l'imaginer. D'un autre côté, Rosalie n'avait fait que lui énumérer les côtés négatifs de ce garçon, ce qui faisait qu'elle se l'imaginait plutôt comme un garçon avec une mine hautaine, avec de grands airs, et plutôt blond, aux yeux marrons, et pas très grand.

Mais en réalité, il était l'opposé de cette personne issue de l'imagination de la jeune institutrice. Il était même plutôt mignon, plaisant à regarder. Mais c'était aussi le frère d'une amie, hors c'est très mal placé d'avoir des vues sur le frère d'une amie, surtout qu'ils ne se connaissaient même pas. Louise lui tendit alors la main pour la serrer à son tour. « Enchantée. » Il avait de très beaux yeux en tout cas. Il tenait dans ses bras le fils de Rosalie, qui ne cessait de sourire et de rigoler. Ce qui fit sourire Louise également. Puis, en reportant son attention sur Timothy, elle remarqua que lui aussi souriait. Au moins, il ne lui en voulait pas de débarquer un peu à l'improviste. Il lui proposa même de rester, en lui annonçant avoir fait des brownies. C'est vrai, il était cuisinier, Rosalie le lui avait dit. Gênée, Louise ne savait pas trop quoi répondre. « Oh merci, c'est très gentil, mais je ne voudrais pas vous déranger, vous aviez peut être des choses à faire ? » Mais sans s'en rendre vraiment compte, peut comme sous le charme de ce jeune homme, il lui avait ouvert la porte et l'avait faite rentrée. Elle sourit. Après tout, elle n'aurait rien d'autre à faire ce soir. Elle entrait donc dans l'appartement de Rosalie, et déposa sur un des fauteuils le gilet qu'elle portait, laissant ses épaules dénudées. « En tout cas, ça sent vraiment très bon ! »

L'appartement de Rosalie, et aussi de Timothy, était tel que Louise s'en souvenait, l'odeur exquise des brownies tout juste cuits en moins évidemment. Elle n'était pas venue depuis plusieurs semaines, et n'avait eu de nouvelles de son amie que par téléphone. C'est d'ailleurs comme ça qu'elle a appris que son frère était venu vivre chez elle. Même si elle l'avait souvent critiqué, il ne semblait pas être une mauvaise personne. Au contraire, il semblait gentil, et très accueillant, sans compter sur le fait qu'il était vraiment très séduisant. Elle avait beau se le répéter, malgré le fait qu'il soit le frère de Rosalie, il continuait d'être quelqu'un de charmant, et physiquement, le type d'homme avec qui Louise pouvait sortir. Il lui tendit d'ailleurs un morceau de brownie après lui avoir annoncé qu'il n'avait rien à faire de sa soirée, si ce n'était préparer le repas. Louise ne put se retenir de sourire, ravie à l'idée de passer la soirée avec cette nouvelle rencontre. Seulement le fils de Rosalie ne put apparemment pas se retenir de prendre le morceau que Timothy tendait à la jeune femme. Louise rit alors, ce petit garçon était vraiment trop mignon. Et la complicité qu'il avait avec son oncle pouvait presque faire penser à une relation père/fils.

Il lui tendit alors un second morceau de brownie. « Merci. » répondit-elle en souriant. Puis, elle mangea un morceau de ce gâteau qui, par son odeur, donnait très envie. C'est alors qu'un feu d'artifice culinaire se développa sur sa langue. « Wahou. Moi qui mange souvent des brownies, je dois dire que les votre sont les meilleurs que je n'ai jamais manger. » C'était bien vrai, elle n'en revenait pas de manger quelque chose d'aussi bon. Puis, alors qu'elle mangeait un second morceau de cet excellent dessert, Timothy l'invita poliment à rester manger, pour attendre Rosalie. Envoutée par le jeune homme, elle en avait presque oublier qu'elle était venue pour voir son amie. En plus de cela, il prévoyait de cuisiner des tortillas, à savoir le plat préféré de Louise. « Alors non seulement vous faites d'excellents brownies, mais en plus de ça, vous prévoyez de cuisiner des tortillas. On vous a déjà dit que vous étiez l'homme parfait ? » Louise sourit alors à son interlocuteur. Elle ne le connaissait pas assez pour le qualifier de parfait, mais ce n'était qu'une simple plaisanterie. Ou peut être pas en fait... Il l'invita donc à s'asseoir, et Louise prit rapidement place sur l'un des tabouret, face à Timothy. Il lui demanda alors si elle voulait boire quelque chose. « Un verre d'eau, c'est très bien, merci. » Elle prit une troisième bouchée de brownies, et regarda le petit garçon qui était avec eux dans l'appartement, il ne fallait pas l'oublier. Il était vraiment mignon, aussi mignon que son oncle d'ailleurs. Puis, elle reporta son attention sur Timothy, qui venait de la rejoindre de nouveau, deux verres à la main. « Alors, dîtes-moi, vous êtes depuis longtemps à Montsimpa ? Parce que Rosalie m'a brièvement parlé de votre retour, mais sans détails... »