promise me you'll try.

Je redoutais cette journée. En fait, j’y étais venu plutôt à reculons, plus par obligation que par envie. Ce n’était pas tant la journée en elle-même que je craignais, mais ce qui allait se produire durant celle-ci. Comme d’habitude, j’allais rencontrer mes patients, les écouter me parler de leurs problèmes… c’était la routine. Mais comme chaque jeudi, j’allais recevoir dans mon bureau un certain Benjamin. Benjamin Preston. Le patient que je suivais depuis si longtemps que j’avais l’impression de le connaître par cœur. Ce qui était presque le cas. Trois ans déjà depuis la première fois qu’il était entré dans ce bureau. Et depuis, chaque semaine, il se présentait, s’assoyait sur le fauteuil en face de moi, et il parlait. D’ordinaire, cela ne me dérangeait pas. Nos rendez-vous se déroulaient à merveille jusqu’à la semaine dernière. Il m’avait surpris dans un moment d’égarement, voir même de faiblesse et il avait eu une attention à mon égard qui, à mon humble avis, divergeait de la relation professionnelle que nous avions toujours entretenue. Une relation où les rôles étaient tout à fait établis : j’étais la psychologue, et lui, mon client. Et voilà que l’espace d’un instant, j’avais eu le sentiment que cette situation s’était inversée. Quelques secondes, tout au plus, mais c’était assez pour me chambouler. Je redoutais ce rendez-vous pour des raisons sur lesquels je n’avais aucun contrôle, et ça m’effrayait. Quand arriva l’heure, je l’entendis frapper à la porte de mon bureau et sursautait. Par automatisme, je me levais pour aller lui répondre. « Monsieur Preston, bonjour. » fis-je, je puis m’écartais de la porte pour le laisser entrer dans la pièce. « Pile à l'heure... comme d'habitude. » eus-je comme seule commentaire, avant de retourner m'asseoir à ma place, face au siège qu'il occupait. « Comment allez-vous, aujourd'hui? » lui demandais-je, comme à chaque semaine.