Bon allez Ana, courage ce n'est pas bien difficile. La rouge ou la noire ? Je me trouvais devant un sérieux dilemme puisque j'avais rendez-vous chez un ami pour faire la fête. Mais je venais tout juste de rentrer d'une répétition pour un défilé, j'étais naze et heureusement, j'ai pu emprunter une belle robe. Ouf, une aubaine ! Mais je ne sais pas, j'hésitai encore. Alors, je me baladai en sous-vêtements dans ma maison cherchant quoi mettre pour finalement opter pour la noire. Je l'enfilai donc, mettant mes bas et toute la bagatelle, me maudissant d'être une fille. C'est vrai quoi. Les mecs ne sont pas comme ça. Ils prennent un jeans et une chemise, un coup de peigne et hop, le tour est joué. Je levai les yeux au ciel après une féroce bataille avec mon eye-liner. Et une fois prête donnait à manger à Sossopaprika – mon chat de dix kilos au moins – qui ronronnait comme un moteur de belle voiture. Un sourire apparut sur mes lèvres et j'enfilai mes talons de 12 pour sortir de la maison, fermant à double tour et montant dans ma voiture toute neuve. Cadeau de Noël de moi à moi. Vu que je n'ai pu de famille, j'ai du passer les fêtes seule. Je n'avais pas beaucoup d'amis nan plus, tu me diras. Il y a juste au jour de l'an où j'ai passé la soirée avec mes potes et où les autres se sont pris des murges monumentales alors que j'étais complètement sobre. En même temps, l'alcool et moi, ça fait deux. J'ai tendance à faire des déclarations d'amour à tout le monde.

Je pensais à tout ça sur le chemin avant d'essayer de trouver une place pour garer mon bolide. Une berline alors que je n'ai pas d'enfants. A quoi ça sert ? Je restai soucieuse pour sortir et regarder mon Blackberry. Un sms de mon agent qui me disait que j'avais rendez-vous le lendemain. Hurmpf ! Devant la porte, je sonnais et attendis qu'on vienne m'ouvrir. Quand l'hôte arriva, je lui tendis la bouteille en lui souhaitant la bonne année pour me fondre dans la masse et parvenir jusqu'au semblant de bar. Une fois devant, je demandai un Cosmo et manquais de renverser mon verre sur un blond. « Oh, je suis désolée. » Je relevai la tête pour lui lancer un sourire éclatant. « Charmante soirée, n'est-ce pas ? » Imbécile. Mais que dire d'autre ?

Je n'aimais pas particulièrement les soirées. Je trouvais ça éreintant et avec un rythme de vie comme le mien... Valait mieux une bonne soupe et nuit de sommeil plutôt qu'une teuf pleine d'alcool et de sexe. Enfin sexe. Ça faisait combien de temps que je n'avais pas couché avec un mec ? Au moins trois quatre mois ? Une belle fille comme moi comme dirait certains, mais c'est simple... Je n'ai pas le temps. Pas le temps, ni l'énergie de dégager le mec dès le matin. Nan mais où est le romantisme là-dedans ? Genre, je te baise et c'est fini ? Merci mais j'ai connu quelques déceptions là-dessus et je dois dire que je trouvais ça pitoyable un mec qui voulait seulement baiser avec une fille. C'était limite à la prendre comme une prostituée sauf que c'est gratuit. Pitoyable. Je pensais à tout ça dans cette marée humaine avant de me rendre compte qu'il y avait beaucoup de personnes que je ne connaissais pas. Et j'en connaissais du monde. J'en ai connu avant mon accident et des fois, ça m'arrivait de me faire accoster dans la rue par une nana qui me reconnaît d'avant alors que je n'en ai aucun souvenir. Amnésique. Se réveiller dans une ruelle sans aucun souvenir mais quelle horreur. J'ai fait de l'hypnose et tout le bordel mais rien. Nada. Le vide, le blanc total. Il m'arrivait d'avoir des flashs ou de me dire que j'étais déjà venue ici.

Beh pas dans cette maison, c'est certains. Pis c'est quoi cette ambiance bizarre ? Je regardai les gens, de plus en plus choquée avant de me rendre compte qu'on aurait pu les comparer à des macaques. Les garçons sont là à gesticuler comme des épileptiques tandis que les filles tournent des hanches comme si elles appelaient au sexe. Et après on s'étonne qu'il y ait des viols. N'importe quoi. Pas plus tard qu'hier, j'ai croisé une fille qui portait une mini-jupe et elle devait avoir treize ans. L'évolution de la société me laissait pantoise. Je parvins donc à me rendre jusqu'au « bar » en me glissant comme une anguille et commander un verre. Maladroite comme je suis, je l'avais en mains depuis cinq minutes que j'en renversai un peu sur le gars à mes côtés. Mignon. Un peu jeune mais mignon. Aussitôt, je me confondais en excuses pour rougir comme une cruche mais il semblait trop absorbé par mes seins que par la conversation. Ok. J'admire un moment mes ongles, en soufflant d'exaspération. « 95D. » Ce fut seulement mon commentaire avant de lui lancer un sourire. « Ca va aller ou vous voulez carrément les toucher pour savoir si ce sont des vrais... ? » Puis, je croisais les mains devant avant de hausser un sourcil. Primitif. Ce sont tous les mêmes.

Bon alors, qu'est-ce que je fichai là moi ? Perchée sur mes talons de 12, je me posais la question en détaillant la foule présente dans la pièce. On se croirait dans un film. Vous savez quand il y a une fête d'ado-prépubère et où tout le monde se touche. Là, j'ai l'impression de vivre le remake d'American Pie et je suis certaine que si je me rendais à l'étage de la maison, je trouverai la moitié des chambres occupées. Damn. Bande de crétins. Je jugeai certainement d'un œil critique et j'ai du faire pareil dans mon passé mais comme, je ne m'en souviens pas. Je me rappelle cependant qu'une de mes collègues me prenaient pour quelqu'un de hautain parce que je jugeai les gens à leur manière et d'un seul coup d’œil. Ce n'est pas de ma faute s'ils sont trop... je ne sais pas moi. Facilement devinables ? Je ne suis pas du genre anthropologue pourtant mais j'ai une capacité à cerner les gens. Par exemple, les filles là-bas venaient ici uniquement pour voir du beau monde tandis que la nana toute seule dans le coin opposé se contentait de regarder son mec qui draguait devant elle. Pathétique. L'avantage a être célibataire c'est que tu n'as pas à faire ce genre de choses mais bon, le lit demeure froid et les cuisses intactes. Je pourrais toujours retrouver un ou deux plans cul sauf que ce n'est mon truc nan plus. Trop difficile, la Russe. BREF. Je n'allais pas m'attarder là-dessus, ne comptant pas m'éterniser ici.

Un nouveau coup d'oeil critique pour voir un jeune homme devant moi. Mignon. Un beau blond aux yeux bleus perçant, un teint halé qui révélait un subtil bronzage... Il passait trop de temps au soleil. Et soit, il appréciait les bonnes choses ? Soit, il était en manque parce que vu comment il matait mon décolleté... Hum, hum. De manière plus poussée. Je souris, avant de me mordre la lèvre réellement amusée par toute cette scène avant de lui dire mon tour de poitrine. Après tout, pourquoi devrais-je le cacher ? Je n'avais pas l'intention de le mettre dans mon lit. Quoique... Il était plutôt joli garçon. ENFIN, on verra. Sa réponse du tac au tac me fit éclater de rire. Un peu différent des autres. Il semblait aussi content d'être ici que moi. Je haussai le sourcil, lui proposant une petite séance de massage. LOL. Bien sûr, un mec digne de ce nom n'allait pas refuser. Au moins, il n'est pas gay. Sa main suspendue en l'air, il s'apprêtait à toucher et je levai les yeux au ciel. « Великий бог ». Je choppai sa main avant de la poser sur mon sein, enfin, sur ma robe. « Vas-y. Fais toi plaisir, l'ami. Je suis Anastasia et toi, tu es ? » J'avais employé le tutoiement parce que bon, ce mec était en train de me masser les seins en public... On pouvait dire qu'il était mon ami, non ? « On se casse ou tu veux continuer à me peloter en public, другу ? »

*Grand dieu.
*l'ami

Tu fais quoi là Anastasia ? Tu joues aux playmobils avec un parfait inconnu ? Bon d'accord, un parfait SEXY inconnu. Je ne sais pas si cela entrait en compte mais il est plutôt pas mal. En espérant que cela ne soit pas un motherfucker parce que sinon, je serai mal. Je n'ai jamais été pour ce genre de relations. Que je sois Russe ou autre, que les filles de l'Est soient soit disant chaudes ne comptaient pas à mes yeux. Peut-être étais-je comme ça dans le passé ? Je n'en savais rien. Peut être ais-je couché avec beaucoup de monde ? Mon passé reste un mystère et j'aimerai bien rencontrer au moins une personne qui se souvienne de moi. Je ne devais pas être si intéressante que ça puisqu'au final, les gens ont fini par m'oublier. Damned, est-ce ce sentiment, qu'on appelle l'abandon ? On se pose souvent des questions sur nous même alors qu'un garçon avait la main posée sur mon sein. Pas désagréable. Il a de grandes mains. Toutes pâles. Comme le reste de son visage d'ailleurs. Tu ne prends souvent le soleil mon chou. Je le regardai, lasse avant de poser un regard meurtrier sur les filles qui étaient en train de glousser comme des pintades dans un coin. Je déteste ça. Je n'aime pas ça. J'avais envie de parcourir la pièce et de leur coller ma main dans la figure mais le contact de ma peau douce n'en serait que trop doux. Non, je me contenterai d'un coup de pied dans la figure. Sauf que mon camarade me devança et leur fit un joli doigt d'honneur. Un petit rire s'échappa de ma gorge et j'osais lui poser une question. Son petit nom. Au moins savoir comment l'appeler après. Son sourire s'élargit et du coup le mien aussi. C'est instinctif, je pense. C'est comme les éternuements ou le bâillement. Quand quelqu'un baille, on imite ce geste. J'attendis donc sa réponse, et également qu'il dégage sa main mais visiblement la position devait être confortable. « J'sais pas si je dois te révéler mon identité, j'aurais trop peur que tu donnes mon prénom à toutes tes copines pour qu'elles finissent par me harceler. Remarque que ça serait plus excitant. Bref, Viktör-Kasper. Te moques pas, j'ai quelque chose entre les mains qui t'appartiens et qui risquerait de...te faire mal. Appelle moi Viktör. » Très joli prénom. Apparemment, pas américain non plus. Je plissai des yeux essayant de devenir son origine mais n'y parvins pas. Il se rapprocha doucement de moi et je pus presque sentir son corps, contre le mien. Un rictus apparu sur mon visage. La plupart des gens nous observaient, ainsi que les groupiasses qui semblaient baver. « J'aurais quand même bien voulu continuer en arrachant tes habits... » Il me chuchota tout ça et je tournai la tête doucement, ne perdant pas mes moyens. J'ai toujours la tête froide dans ce genre de situations. Quoique. Je n'en serai pas si certaine. « Pas en public. Un minimum de retenue, chéri. » J'avais murmuré doucement, me collant un peu plus à lui avant d'effleurer l'os de sa mâchoire de ses lèvres. Sa main avait fini par descendre tant il continuait à parler, d'une manière qui se voulait sensuelle. Machine à laver ? Quoi ? Je levai les yeux au ciel avant de poser mes mains sur son tee-shirt et de poser mes lèvres sur les siennes, sans hâte, les effleurant presque. « Viktör voyons. Couches-tu avec une fille dès le premier rendez-vous ou comptais-tu finir par m'offrir à boire avant de finir entre mes cuisses ? » Je haussais le sourcil, un air moqueur sur le visage, restant pendue à son cou pendant quelques minutes, faisant un fuck, ne bougeant presque pas, attendant qu'il se décide à faire quelque chose. N'importe quoi.

L'ambiance se réchauffait grandement je trouve. Moi qui étais venue dans le seul but de me faire voir et de partir ensuite. J'étais tombée en charmante compagnie. Je n'avais jamais agi de la sorte auparavant. Je ne pourrais bien entendu pas mettre tout ça sur le compte de l'alcool. Je n'avais presque pas bu et si j'étais saoule, je serai sûrement dans un coin à rire comme une gourde. Mais non. Je bel et bien face à lui, instaurant un jeu dangereux avec lui pour comprendre ses intentions. Rapidement et toujours mon verre dans la main, je l'évaluais du regard. Très très beau garçon. Certes, je rencontrais des mannequins tous les jours mais au risque de casser l'image : beaucoup sont gays. C'est vrai. Ils peuvent nous peloter et faire comme ci on faisait des choses devant l'écran mais par derrière, il n'y a plus personne. Ils se barrent tous comme des imbéciles et laissent les dames insatisfaites. De mon côté, je m'en foutais un peu. Le boulot, c'est le boulot. Mais voilà. Depuis mon accident, je ne suis pas facile à séduire. Ce n'est pas de ma faute si je n'ai pas confiance et lui, il... m'intéressait grandement. J'aurai pu jouer à ce jeu dangereux avec un de mes potes mais j'appréciais le faire avec un presque total inconnu du nom de Viktör. Très joli prénom. Il me rappelait mon pays. Je passais une main dans mes cheveux avant de me rapprocher un tout petit peu plus de lui, battant frénétiquement des cils, un sourire coquin aux lèvres.

Damned ! Tu me fais de l'effet Viktör mais je devais encore jouer un peu. Je n'aimais pas passer tout de suite aux choses sérieuses. Enfin pas sérieuses mais sexuelles. Est-ce que je l'appréciais plus que physiquement ? Sans doute. Cette soirée promettait d'avoir un dénouement fort intéressant. Il me parle de machine à laver et j'éclate de rires. Que faire ? Non pas que j'ai l'intention de me moquer de lui. Pas du tout. Je ne suis pas ce genre de femmes. Pas de « Castred » avec moi. Je propose donc qu'il m'offre un verre en riant et de manière assez directe. Je n'ai jamais été doué pour dire aux garçons que j'étais attirée par eux mais en ce qui concerne les faire redescendre sur Terre, je suis experte. Il me regarde bizarrement et je fronce un peu les sourcils avant de l'écouter parler. « Je sais pas, si je t'embarque dans mon lit la réponse devrait être oui. Et j'ai, vraiment une gueule à payer des verres ? » Je dirai bien oui mon chéri mais je ne veux pas me tromper encore une fois. C'est vrai que les hommes sont un tel mystère que c'est parfois difficile de les cerner. Celui-là ne me semblait pas compliqué mais je n'osais dire, faire quelque chose de peur de mal interpréter ses paroles bien que je me doutais qu'il plaisantait. « Oui j'ai une gueule à payer des verres. Allez. Viens. » Un nouveau sourire illumine mon visage et aussitôt dit, aussitôt fait. Il me prend par la main pour me faire traverser la foule. Doucement mec, j'ai des talons de 12. Ce n'est pas toujours facile de se frayer un chemin alors qu'on est niché sur des talons aiguilles, avec un peu d'alcool dans le sang. Enfin la foule s’amincit et je soupire de soulagement avant de le voir commencer à ouvrir une porte. Quelques secondes d'hésitation s'écoulent puis on finit par entrer dans ce qui semblait être la cuisine. Il relâche sa prise et je reste là un moment à regarder la cuisine avant de grimper sur le plan de travail, retirant mes escarpins hors de prix qui finissent leur chute au sol et je le regardai faire, un sourire aux lèvres.

« T'es de l'Est, je me trompe ? Tu dois aimer ça tout comme moi j'aime, bébé. » Je soutins donc son regard, un petit sourire narquois collé sur mes lèvres avant d'attraper le verre et d'attendre qu'il nous serve. « Je suis Russe, effectivement. La vodka, ça réchauffe. » Je marque un temps de pause avant d'éclater de rire et de le tirer jusque moi. « Bien que je suis certaine qu'on n'a pas besoin de ça pour faire monter la température, n'est-ce pas Viktör ? » Je me mets à prononcer son prénom d'une manière sensuelle en roulant le -r approchant mes lèvres des siennes comme pour les effleurer à peine avant de rejeter la tête en arrière et le fixant par-dessous mes cheveux, d'un regard de braise comme je savais si bien le faire. Très intéressante cette soirée. J'étais d'humeur joueuse, il était plutôt pas mal. Peut être que... Idée stupide en soi mais pourquoi pas ?