J'étais motivé à ne pas me lever ce matin. Oui, j'étais décidé à me réveiller à quatre heure pour prendre une bière et jouer à Call Of Duty. M'endormir sur le canapé une nouvelle fois pour gagner quelques heures de plus. Parce que ma colocataire m'avait gardé éveillé toute la nuit et que c'était le week-end, aussi. Sauf qu'en pleine phase de sommeil, mon portable -que j'avais eu la malheureuse idée de laisser allumer- c'était mis à vibrer, le visage de mon père affiché en grand. J'avais laissé échapper un énorme gros mot que je ne citerais pas et avait attendu sagement qu'il m'envoie le SMS qui me ferait rapidement comprendre que j'allais devoir me lever. Il avait cette foutu habitude de m'appeler moi en cas d'urgence, que ce soit mon jour de repos, ou pas. La puissance du directeur, ouais, c'est ça. Je ronchonne, et me lève sans même prendre la peine d'allumer la lumière. Mes habits de plombier sont déjà prêt de toute façon. J'ai presque envie de dire que je m'y attendais. Il a toujours eu le don de me faire des sales coups. Rapide café, un coup de parfum pour faire du charme à la clientèle et départ pour la rue du Bois. L'endroit où je n'habiterais sûrement jamais, exception faite si : je deviens le plombier le plus en vogue, ma colocataire devient milliardaire ou, dernière possibilité et sûrement la plus loufoque, si mon art devient connu. Résultat. Je n'habiterais jamais là. A contre cœur, je prend la magnifique -et c'est sarcastique- camionnette bleue « Du Tuyau » et prend la route, mon air le plus pitoyable affiché sur la tronche. Le temps de trouver une place pas trop loin, et je suis dans les escaliers, portant ma boite à outils. Numéro soixante-neuf. Charmant. La porte est étonnamment plutôt bien entretenue, et la maison ressemble à toutes celles qui l'entoure. Les yeux encore ensommeillés, j'appuie sur la sonnette. La propriétaire peut prendre son temps, je suis pas pressé aujourd'hui. Non, vraiment pas.