J’entendais les bruits insupportables des machines autour de moi, et celui de toutes les chambres autour de la mienne dans cet hôpital de malheur. Et puis j’étais déçue, moi je m’attendais à des électrocardiogrammes ou je ne sais quoi, enfin des machines qui feraient des montagnes russes par rapport aux battements de mon cœur, mais non rien, juste une machine avec pleins de chiffres incompréhensibles qui ne savent faire que bip bip bip, merveilleux. On était loin de Greys Anatomy. Une infirmière était en train de m’enlever une seringue du bras, horreur suprême, je ne peux pas regarder ça. Je tentais donc de me perdre dans la contemplation de ce ciel bleu quand le médecin est arrivé. Oh non, il avait un air solennel, non merde, il allait m’annoncer un truc grave, non il n’avait pas le droit de m’annoncer que j’avais une tumeur qui allait totalement modifier mon comportement et qu’elle était impossible à enlever, ou un cancer, oh non, ou tout simplement que j’allais mourir dans les prochaines vingt-quatre heures. J’ai vingt-et-un ans, bientôt vingt-deux. Je suis jeune, j’ai encore ma vie devant moi, j’ai encore beaucoup de chose à faire, je dois encore décider de ma vie future, je ne peux pas mourir maintenant. Et tout ça à cause de quoi ? D’un salaud qui ne sait pas conduire, et qui m’a renversé pendant que je traversais tranquillement. Je n’allais pas mourir pour un mec aussi con, c’était comme mourir étouffé par son flamby qu’on tentait de gober, c’était la honte jusque dans l’Au-Delà quoi. En plus je me retrouvais ici pour rien, juste parce qu’une vieille m’avait vu percuter le capot et qu’elle avait appelé les pompiers, mais j’avais strictement rien, juste mal à la tête et aux côtes, et aux jambes, enfin je pouvais me soigner chez moi quoi, rien d’alarmant, je m’étais relevé j’allais partir, et cette imbécile m’a retenu, et bien sur l’autre sorti de sa voiture pour vérifier que je n’étais pas morte l’a soutenue, et voilà que je me retrouve à l’hôpital pour qu’on m’annonce que j’ai je ne sais quoi. J’ai encore pleins de chose à faire, comme dire tout ce que j’ai sur le cœur à mon père, grâce à lui j’ai eu une vie tranquille sans soucis d’argent, c’est pratique d’avoir une grosse boite, simplement il en oublie qu’il a une famille, c’est pourquoi ma mère est partie depuis mes deux ans. Je me suis toujours considéré comme orpheline pour cette raison, je ne considérais pas avoir de père, je le voyais quoi, une à deux fois toutes les trois semaines, c’est ça un père ? Il était tout de même venu me voir à l’hôpital, en vitesse, il est resté dix minutes maximum, réunion important tu comprends ma chérie, soigne toi bien. Haha il était hilarant, méprisable. Le médecin s’est planté au pied du lit, attendant que l’infirmière termine. « Mademoiselle Windsord, j’ai les résultats de vos examens … » Pourquoi ce ton grave et confus ? Il va me tuer avant de m’annoncer la nouvelle au bout du compte. Au moment où il s’apprêtait enfin à parler, la porte s’est ouverte en trombe et mon assassin a débarqué. Ce mec était une blague à lui tout seul, depuis qu’il m’avait percuté il ne me lâchait plus, à croire qu’il s’en voulait vraiment, ça faisait deux fois qu’il revenait, peut être vérifiait-il que je n’étais pas morte, de peur que mon esprit le hante. Je n’avais pas besoin d’un colleur comme ça, surtout maintenant, le pire c’est qu’il était canon, mais en même temps il aurait pu me tuer, alors je ne pouvais pas imaginer quoi que ce soit avec lui, mais c’était tentant. Il se mit dans un coin en attendant. Cela me faisait penser que je ne lui avais toujours pas demandé son nom. Il m’avait l’air un peu con, mais sympathique, ma situation était quand même un sacré avantage, je pouvais faire tout ce que je voulais de lui, après tout il avait failli me tuer, il me devait bien quelques chose. Le médecin se racla la gorge avant de m’annoncer la sentence. « Tout est en ordre, vous pourrez sortir en fin de soirée. » Et bien non, je ne vais pas mourir.