Une odeur masculine mélangée à la sueur m’éveille. J’ouvre difficilement les yeux alors qu’une lumière jaillit d’une des fenêtres de l’immense pièce peinte en blanche qui m’est totalement inconnue. Je me redresse dans un lit où les draps sont de soie et où à mes côtés, est endormie une silhouette masculine musclée. Aucune difficulté à comprendre la situation, comme d’habitude j’ai juste pris du plaisir avec un homme qui ne souhaitait s’engager. Et mon dieu que c’est bon. Il n’y a rien de mieux pour fuir l’amour que de s’envoyer en l’air avec des amis, ou bien des hommes séduisants qui ont peinés deux, trois soirées pour me renverser la tête, croyant que je tomberai éperdument amoureuse. Contrairement à la plupart des personnes volages, je ne couche pas le premier soir. Je ne m’envois pas en l’air avec des coups d’un soir. Je couche sans sentiments, mais avec des amis ou bien des hommes qui m’ont courtisé durant plusieurs rendez-vous. Ils sont beaucoup plus performants en pensant qu’il y a une chance de se revoir par la suite. Ils jouent leur réputation, alors ils pensent à mon plaisir avant le leur. J’ai compris cela très rapidement et depuis j’applique cette méthode à la lettre. Faire mine de succomber à leur charme, coucher avec eux avant qu’ils ne pensent que je ne coucherai qu’après le mariage et les rayer avant qu’il ne soit possible d’envisager une relation à long terme. Ainsi, je peux allier plaisir et liberté, sans aucun souci. Je m’empare de mes vêtements au sol et fonce dans la salle de bain avec mon sac. Un sac large afin d’y enfourner pour ce genre de soirée, le nécessaire pour le lendemain matin. Trousseau d’affaires de toilettes, vêtements de rechange et surtout un petit bloc note pour leur laisser un mot. « Magnifique nuit, ne me rappelles pas. » Sadique mais peu efficace pourtant, puisqu’ils s’entêtent à coup sûr. Ils auront au moins été prévenus qu’ils ne pourront parler à personne d’autre que ma messagerie à l’avenir. Je fais couler l’eau chaude et me glisse sous la douche rapidement avant de me préparer pour fuir cette magnifique chambre d’hôtel et reprendre le cours de ma vie.

Un froid glacial, désagréable se glisse sous mes vêtements lorsque je franchis le hall de l’hôtel. Je regarde ma montre. Il est encore tôt, le soleil est haut dans le ciel pourtant la température avoisine sûrement les zéro degrés. Je me faufile entre les quelques piétons courageux qui vont très certainement travailler. Finalement, j’arrive à la hauteur de Chez Hogan et m’y glisse. Cet endroit est l’un de mes préférés. Il y a toujours du monde et les meilleurs chocolats chauds y sont préparés. Je me faufile jusqu’au comptoir et comprends bien vite pourquoi la rue est déserte. Tout le monde semble s’est engouffré dans cette atmosphère chaleureuse. Toutes les tables sont prises ou presque et les gens font encore la queue pour des boissons à emporter. Je patiente quelques instants pour commander mon habituel chocolat chaud accompagné d’un beignet fourré au chocolat. Il faut bien reprendre des forces après une nuit sportive. Ma commande en main, je me retourne et du regard fouille chaque recoin de la pièce à la recherche d’une place où me poser. Des mères de familles accompagnées de leurs enfants occupent une bonne moitié de l’endroit, et des hommes d’affaires le regard sur leur journal semblent ne pas vouloir être dérangés à de nombreuses tables. Finalement, je pose mon regard sur un jeune homme brun, qui semble plutôt grand, et au regard songeur. Je souris de ma trouvaille et me dirige vers sa table. Oui, plus je m’approche plus je peux dévorer sa silhouette du regard. Grand potentiel, des atouts de charme non négligeables. Il semble tout ce qu’il y a de plus appétissant. Et pourtant je ne l’ai encore jamais croisé. J’ai la certitude que sans aller vers lui, je risque de ne pas le recroiser de sitôt. Ici, les hommes séduisants se font de plus en plus rares, et il serait totalement stupide de ne pas tenter d’en savoir plus sur ce charmant inconnu. Je ne me fais donc pas prier pour m’assoir sur la chaise libre face à lui. Sans même lui demander son accord, je dépose délicatement sur la table mon petit déjeuner. Je pose mon sac à terre et le fixe inlassablement. Ses traits sont durs et doux à la fois. Il émane de son visage une certaine confiance en lui. Mais le brin de mystère qu’il dégage me fascine déjà. D’une voix douce et sensuelle, mettant mon décolleté en avant, j’engage finalement la conversation. « A votre place je goûterai ces beignets au chocolat, ils sont vraiment délicieux. A moins que vous ne fassiez attention à votre alimentation pour préserver ce corps qui lui aussi, je dois l’avouer, me semble appétissant. » Attendant une réaction de sa part, je portais le beignet à mes lèvres, sans le quitter des yeux.