J'aurais aimé faire parti de ceux qui crient haut et fort, « A Montsimpa, c'est sympa ! ». Surtout que j'avais la chance de me permettre ce genre de choses-là. J'avais un travail stable, une bonne place et un bon salaire. J'étais bien entouré, autant par ma mère et mon beau-père, que par mes amis et mes connaissances. Mais étrangement, je ressentais constamment un vide. Ce vide, il était aussi inaccessible que l'espace sans fusée. Elle me tiraillait l'esprit en me hantant de nuit comme de jour. Elle me lacerais le cœur, sans même me laisser un instant de répit. Je noyais mon chagrin avec Jack puis je n'avais d'autre choix que d'étouffer mes hurlements dans cet oreiller mouillé par mes larmes de désespoir... Je l'aime, mais je veux la détester. Je me déteste, car je l'aime. Cette vie formidable à Montsimpa finira par ne plus être aussi sympa qu'elle ne laisse sous entendre. J'étais ce qui avait de plus exemplaire. Aujourd'hui, je suis ce qui a de plus pathétique... Je lisais pour la cinquième fois ce passage que je venais d'écrire. La vérité blessait. La vérité troublait. Je fermais nerveusement ce carnet déjà bien entamé et termina ma tasse de café d'une gorgée. Une longue journée de travaille m'attendait, je priais simplement pour qu'elle se passe bien.

Je terminais ma journée vers dix-huit heures et trente minutes. Par chance, elle s'était bien passée. J'avais réussi à rester concentrer dans mon travaille sans qu'elle ne vienne hanter mes pensées. Ce n'était pas bon signe pour autant. Un élément, un événement allait sans doute se rapporter à ma sœur. C'était mon quotidien depuis quelques mois. Je ne pouvais pas, ne pas penser à elle. Travaillant à l'extérieur de la ville, j'en avais pour une bonne heure de route avant de pouvoir asseoir mon cul dans mon canapé, et enfin souffler et décompresser autour d'un whisky. Rien qu'à y penser j'étais déjà dépité... Arriver à Montsimpa, je me rendis toujours avec ma voiture – le cadeau de mon beau-père – jusqu'à un restaurant chinois où je passais commande. J'attendis une bonne demi-heure. Ceci dit, les chinois m'ont offert une bouteille de bière pour se faire pardonner de l'attende. Je rentrais chez moi vers vingt heures avec le ventre criant famine et les pieds qui chauffaient dans ces chaussures classiques. Je posais le sachet avec la nourriture sur la table basse, alors que je retirais mes chaussures – les rangeant au passage – pour ensuite retirer cette cravate que je haïssais tant. Je me lavais les mains et fis sauter la capsule de la bouteille de bière.

Alors que je m'apprêtais à me vautrer dans mon canapé, j'entendis frapper à la porte. Grrr. Je me dirigeais vers la porte, la bière à la main. Qui vient encore me faire chier un vendredi soir ? pensais-je en déverrouillant la porte. « J'aurais aimé être tran... » Je fermais ma gueule. Kalliste. Non elle ne m'intimidait pas, mais je l'appréciais. Je n'allais quand même pas lui fermer la porte au nez ? « C'est toi. » poursuivis-je en adressant un petit sourire. Je portais le goulot de la bière à mes lèvres. C'était infâme les bières chinoises, mais bon, au point où j'en étais une bière faisait moins de mal qu'une bouteille de Jack Daniels. « Combien de fois vais-je devoir te répéter que tu n'as pas besoin de frapper à la porte ! Si je t'ai fait le double, c'est qu'il y a une raison. » ajoutais-je en lui cédant le passage, le sourire aux lèvres. Je fermais la porte derrière elle et posais quelques instants mon regard sur elle, ou particulièrement sur son style vestimentaire. Elle me faisait bien rire. Elle se faisait passer pour une personne qu'elle n'était pas. « J'ai commandé chinois, tu manges avec moi ? » Générosité ? Non, mais j'avais commandé chinois en grosse quantité. Partant sur l'idée que demain, je n'aurais plus qu'à réchauffer les ''restes'', la double portions était plus adéquate.

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Kalliste fut réveillé ce matin là par un énorme bourdonnement qui ne fit qu'amplifié le terrible mal de tête qu'elle avait. En fait non, ce n'était pas un bourdonnement, juste la sonnerie de son réveil. Elle avait bu, beaucoup bu la veille, pourtant elle savait très bien qu'elle aurait cours le lendemain, mais elle s'était enfilé verre de vin sur verre de vin, finissant complètement saoul au final. Ce n'était pas une manière de faire la fête, non puisqu'elle avait été seule son verre à la main toute la soirée, elle avait juste cru que ça lui permettrait de se sentir mieux. Quelques jours avant, elle avait reçu un texto de sa mère alors qu'elle était au restaurent, elle avait finalement supprimer ce même texto sans le lire, et malgré le soulagement qu'elle avait ressenti sur le coup, elle regretta son geste quelques heures plus tard. Et si il était arriver quelque chose de grave ? Sa soeur avait peut être eu un accident ? Pire encore, elle était peut être morte ! Cette histoire avait angoisser Kally pendant des jours jusqu'à ce qu'elle décide finalement de boire pour oublier. Chose qui ne marchait absolument pas.

Elle sortit difficilement de ses draps, se dirigea avec une démarche de zombie jusqu'à la cuisine et avala des tonnes de cachets contre le mal de crâne avant de se diriger vers la salle de bain. Elle observa son visage dans le miroir et toucha celui ci du bout des doigts comme si il n'était pas réel. Elle avait d'énormes cernes sous ses yeux bleus, elle avait l'air d'une mort vivante, ce qui allait plutôt bien avec la façon dont elle marcher. Elle se glissa sous sa douche et fit couler abondamment l'eau chaude sur son corps. Elle se sentit un peu mieux, même si elle savait que ce petit plaisir ne durerait que quelques minutes. Elle s'habilla rapidement, se maquilla et se coiffa brièvement, attrapa ses affaires de cours et partit pour l'université.

Sa matinée de cours n'avait rien eut d’inhabituel. Enfin, si, elle avait eut une interrogation écrite importante, pour laquelle elle n'avait pas révisé. Elle ne se reconnaissait même plus, la veille elle se bourré la gueule et aujourd'hui elle rate un contrôle ... ça peut être idiot de s'inquiéter pour une chose aussi commune qu'une mauvaise note pour un étudiant, mais Kalliste n'était pas n'importe qu'elle étudiante, elle était LA meilleure, celle ci réussissait aussi bien en gym qu'en cours de langues, elle ne faisait aucune erreur, jamais.

Elle avait eut cours toute la journée, et quand elle eut finit, elle s'arrêta à un bar où elle but quelques verres de tequila, elle n'était pas aussi pompette que la veille, mais elle avait quand même du mal à marcher droit avec ses hauts talons. Elle alla ensuite chez Wadyslaw, un ami qu'elle apprécie beaucoup malgré leur différence d'âge, elle frappa à la porte et son ami vint lui ouvrir.

« J'aurais aimé être tran... »

Super, elle le dérangeait, même une des personnes qu'elle apprécier le plus ne voulait pas la recevoir. Elle fronça les sourcils et s'apprêtait à partir avant qu'il ne réponde :

« C'est toi. Combien de fois vais-je devoir te répéter que tu n'as pas besoin de frapper à la porte ! Si je t'ai fait le double, c'est qu'il y a une raison. »

Il lui céda le passage et elle entrait. Elle n'avait toujours pas dit un mot depuis qu'il avait ouvert la porte, peut être parce qu'elle avait l'impression que si elle ouvrait la bouche elle n'allait dire que des conneries.

« J'ai commandé chinois, tu manges avec moi ? »

Comme il parlait de nourriture, Kalliste fut prise de nausées. Elle courut vers les toilettes et vomit. Glamour, c'est le mot qui convenait le mieux à la situation ... ou pas. Accroupi devant la cuvette des WC, elle espérait que Wady ne l'avait pas suivit, ou du moins qu'il n'était pas au courent de ce qu'elle était en train de faire, ce serait honteux pour elle, c'est pourquoi elle se retourna.

Finalement, j'étais peut-être heureux que Kalliste frappe à ma porte. Grâce à elle, grâce à sa présence, Némo allait me sortir de la tête. Et si elle me sortait de l'esprit, j'allais me sentir mieux, dans tous les cas. J'avais besoin de me divertir, avec des gens, et non seul comme je le faisais ces derniers temps. Bien que boire de l'alcool dans une ambiance tamisée était loin d'être très divertissant. Lorsque Kalliste entra, je ne pû m'empêcher de regarder sa démarche. J'arquais un sourcil, essayant de comprendre. Avait-elle bu ? Je l'avais déjà vu avec des talons encore plus hauts que ceux-ci, et jamais encore je ne l'avais vu vaciller sur ces chaussures. Les rôles étaient-ils inversés ? Je reportais la bière à mes lèvres, la terminant. Lorsque j'ai proposé à Kalliste pour dîner avec moi, je m'attendais à tout, sauf à la réaction qu'elle venait d'avoir. Cette dernière courrait vers la salle de bain, faisant claquer ses talons sur le parquet. Qu'est-ce qui lui prenait bon sang ? J'étais resté quelques instants sans pouvoir bouger mon corps, figé comme une statue, j'écoutais. Merde... Je me rendis immédiatement dans la salle de bain. Kalliste était accroupie face au WC, elle venait de vomir. Je n'étais pas le genre de type qui était écoeuré pour si peu. Combien de fois ne me suis-je pas retrouvé avec les chaussures remplies de vomit d'un type incapable de maintenir l'alcool. Pire encore, lors d'une soirée, un type pas très malin s'était amusé à m'uriner sur les chaussures dans les toilettes. Non seulement je l'avais tabassé, lui cassant le nez. Mais j'avais pris plaisir à lui pisser à la tronche. « L'alcool, ça ne te réussie pas, petite Kally... » Dis-je en souriant. Je ne me moquais pas d'elle, mais de l'état où elle se trouvait. Pourtant, je devrais éviter de trouver cet état là drôle, étant donné que je le côtoyais de plus en plus. J'ouvris le placard et sortis une serviette. « Tiens, prend ça... » Ajoutais-je en lui tendant la serviette. Connaissant, Kalliste, elle allait se sentir honteuse. Ce qui d'un côté, pourrait être normal, vomir n'était pas une des vertus du glamour. Mais moi, qu'est-ce que je me foutais du glamour, dans cette situation. Sa santé était plus importante à mes yeux. Pourquoi avait-elle bu d'ailleurs ? Elle qui ne le faisait que très rarement, voir pas du tout. « Dis-moi... Qu'est-ce qui t'a pris de boire ? » Demandais-je de manière autoritaire. *T'es pas son père !* pensai-je quelques secondes après. « Ne crois pas que je te sermonne, dis-toi que... je fais simplement attention à toi. » Je la fixais un court instant pour finalement rejoindre la cuisine. Je sortis un verre - à alcool - et le remplis de Jack Daniel, mon alcool favori. Je m'installais dans le canapé, ingurgitant mon verre d'alcool en attendant que Kalliste me rejoigne.

Kalliste avait toujours cet affreux mal de crâne qu'elle avait eut en se réveillant. Sa tête lui tournait, elle voyait trouble, son mal de tête s'accentua, elle ferma les yeux et s'assit sur le carrelage de la salle de bain. Elle rouvrit les yeux, ça allait mieux. Un peu. Elle s'était frotté les yeux et le peu de maquillage qu'elle avait mis devait sûrement avoir coulé. Génial. Pour aucune raison apparente, elle eut l'impression qu'elle allait se mettre à pleurer. Elle se leva difficilement, avança jusqu'au lavabo et se lava les mains plusieurs fois au savon après quoi elle attacha ses longs cheveux blonds avec un chouchou (elle en porte toujours un autour de son poignet). Elle se regarda à nouveau dans un miroir, sa salle tête du matin ne l'avait pas quitté. Soudain, elle entendit une voix, un peu plus et elle aurait oublié qu'elle était chez Wadyslaw, c'est étonnant d'avoir oublié qu'il était là, à la regardé, alors qu'elle n'avait jamais eu aussi honte de sa vie.

« L'alcool, ça ne te réussie pas, petite Kally... »

Une des choses que Kalliste ne supporte pas, c'est qu'on la prenne pour une enfant. Elle n'était pas "petite" et était certainement plus mature que d'autres jeunes de son âge. Elle voulu lui dire, ou nier le fait qu'elle avait bu, mais ça lui semblait finalement inutile. Elle attrapa la serviette que Wady lui avait tendu.

« Dis-moi... Qu'est-ce qui t'a pris de boire ? »

Kalliste fut un peu surprise de la manière dont son ami avait dit ça, on aurait dit qui le lui reproché. Elle aurait aimé lui raconter pourquoi elle avait bu. Mais de toute manière, elle ne savait pas réellement pourquoi. Le fait de ne pas avoir un pauvre texto minable ou d'avoir rater un examen allait sans doute lui paraître bête, voir complètement stupide, d'ailleurs elle même le pensait. Elle osa finalement le regardé, elle n'avait aperçu que ses jambes lorsqu'elle s'était retourné tout à l'heure.

« Ne crois pas que je te sermonne, dis-toi que... je fais simplement attention à toi. »

« J'en sais rien. Peut être que tu devrais pas faire attention à moi, j'ai bu une fois, je vais pas en mourir. »

D'un côté, elle savait qu'une part des choses qu'elle disait été vrai, finir complètement saoul et raté un examen étaient des choses qui arrivaient, pas de quoi en faire un drame. D'un autre côté, Wady savait comment été Kally, il savait surtout qu'elle n'était pas le genre de fille à se ruiner la vie avec ces conneries. Elle vit Wady partir, elle resta dans la salle de bain quelques temps. Elle avait surtout envie de se débarrasser de cet horrible gout de vomi qu'elle avait dans la bouche. Après de longues minutes à se rincer la bouche et à essayer de faire le faire disparaître, elle se rendit au salon où se trouvait Wadyslaw, un verre à la main. Elle s'assit sur le même canapé que lui, quasiment à l'autre bout de là où il se trouvait.

« Au fait, désolé pour ... »

Elle ne dit rien d'autre. Elle pensa qu'il avait compris. Après tout, elle était arrivé chez lui à l'improviste et avait apporté une incroyable touche de charme dans ses toilettes. Bref, Kalliste n'avait qu'une envie : partir en courant.