Dormir. Ce mot hantait mes pensées depuis que je m’étais levé ce matin pour partir travailler. Souvent, les gens me disaient que je n’avais pas à me plaindre, qu’il y avait bien pire comme travail. Ils n’ont peut-être pas tord mais ce n’est pas eux qui supportent les gens toutes la journée, tentant de rester le plus polis qui soit. Mais franchement, comment voulez-vous rester calme quand vous découvrez que la personne dont vous êtes chargé de faire maigrir, se goinfre de muffins lorsqu’elle fait du sport ? Pas étonnant qu’elle engraisse encore plus. Un soupir s’était échappé de mes lèvres alors que j’arrivais devant ma porte que j’ouvrais avec hâte, pressé d’être enfin dans un lieu où personne ne me dérangerait. Après quelques pas à l’intérieur de l’habitat, je me rendis compte que Shalimar n’était pas encore rentré. Dommage. C’était certainement l’une des seules personnes qui ne m’énervaient pas. Son emménagement ne remontait qu’à une semaine mais j’avais l’impression qu’elle se sentait bien ici. Peut-être me faisais-je des idées ? Dans tous les cas, je ne la retenais pas de partir si elle le souhaitait, pour le moment du moins.

C’est lorsque je pris place sur le canapé, posant avec lourdeur mes pieds sur la table et allumant la télévision qu’elle fit son apparition, chargé comme pas deux. Je me retenu de lever les yeux au ciel suite à ses paroles, amusé. Je le sais bien que c’est toi, je connais personne d’autre qui marche comme un éléphant ! m’exclamai-je en laissant échapper un petit rire, baissant légèrement le son de la télévision pour mieux entendre ses paroles. Faudra que tu m’expliques comment t’arrives à être détendu quand il y a un mariage, toi. Et qui est-ce qui se marie ? Faut vraiment que je m’informe, j’ai l’impression de vivre dans une grotte. Je n’avais aucune idée de qui allait se marier, célébrités ou non. A vrai dire, c’est surtout que je m’en foutais, dans quelques temps on assistera à leur divorce, alors. En entendant sa question, je laissa échapper un grognement, tentant de garder intérieur la colère qui se réanimait en moi. T’imagines pas à quel point les gens m’ont énervé, je crois que je me suis fais une ennemie. Une p’tit grosse, je sais pas si tu vois c’est qui. Toujours un muffins à la main. Bref, elle m’a fais une crise parce qu’elle ne maigrissait pas mais si elle mange au lieu de faire bouger sa graisse, c’est normal. Je fais pas des miracles. Je ne pus retenir un sourire lorsque je prononça ma dernière phrase, ayant une vision de moi marchant sur l’eau, une auréole au dessus de la tête. Le costume de Dieu m’irait plutôt bien… Je lança un petit regard amusé à ma nouvelle colocataire, essayant de ne pas partir dans un délire solo comme j’en avais si souvent l’habitude.

Elle était sérieuse ? Elle me proposait du lait ? En une semaine elle n’avait pas remarqué que j’en avais horreur ? Faisant une grimace plus que dégouté, je me mis à secouer la tête négativement. Du lait ? Tu veux ma mort ? Enfin, tu veux que je te vomisse dessus ? Et pour le jus d’orange, je sais, c’est moi qui l’ait fini… Mais j’avais la flemme de l’enlever alors je me suis dis que tu lui ferais pour moi. précisai-je avec une expression d’ange sur le visage, me reconcentrant sur la télévision lorsque je vis qu’un match de football était diffusé. Mais si y’a encore de la bière, j’en veux bien une. Je n’avais même pas pris la peine d’écouter si elle m’avait répondu, j’étais bien trop occupé à gesticuler devant le poste de télévision, engueulant les joueurs de mon équipe favorite un par un alors qu’ils venaient de perdre le ballon. Je mis d’ailleurs un certain temps à remarquer que Shalimar m’avait rejoins et me tendait une bière, que je pris avec plaisir. Merci ! Dire qu’avant je devais me lever pour me chercher une bière… Je commençai à rire discrètement, me laissant rattraper par mon côté gamin en lui tirant la langue. Non, rien de prévu. Normalement je devais allez manger avec mes sœurs mais on a annulé, ça tombe bien. Je te propose de passer cette soirée avec la plus belle des compagnies… Moi ! lançai-je avec un regard joueur avant de porter ma boisson à mes lèvres, avalant quelques gorgées de bière. Alors que mon regard était de nouveau sur le match, une petite voix me rappela que toutes les filles n’était pas vraiment fan de football, c’est pourquoi je me tourna vers elle, la télécommande en main. Tu veux que je change ? Je pourrais le voir demain sur une autre chaine. dis-je en haussant quelques secondes les sourcils. J’avais perdu l’habitude de vivre avec quelqu’un et donc, de faire attention à ses gouts. Surtout que je n’avais pas vu ma colocataire depuis pas mal de temps, nous avions pas mal de chose à rattraper. Même si au fond de moi, j’espèrais qu’on aborderait plus le sujet de New York, je n’avais aucune envie de repenser à ma vie là haut.

Non, c’est juste que je t’avais pas encore entendu marché… C’est pas pareil mais je te pardonne parce que t’es canon. T’as de la chance. dis-je en esquissant un petit sourire, en profitant pour admirer le corps de la jolie blonde comme si de rien était. Sauf que c’est une ville parfaite, comme si je serais resté ici aussi longtemps si elle n’était pas parfaite ! Je leva les yeux au ciel, montrant l’évidence de mes propos. J’adorais Montsimpa et si je pouvais ramener tous les êtres vivants de la planète ici, je le ferais. Bon, on serait un peu serré mais ça le ferait… Ca me dérangerait pas d’être pris en sandwich entre plusieurs filles. Je finis pas secouer la tête afin de retrouver mes esprits, Shalimar avait continué à parler sans que je prenne la peine de l’écouter. Ca ne devait pas être bien important puisqu’elle finit par s’asseoir à mes côtés. T’es sérieuse ? Tu me ramèneras plus rien ? Les femmes de nos jours… Elles ne veulent plus rien faire ! je lâcha un soupir, déçu. Et ne me menace pas avec le lait, je pourrais devenir violent, je sais qu’on dirait pas comme ça, mais je passe facilement en mode ninja ! Je fis un petit sourire fier alors que je restais affalé sur le canapé, les yeux rivés sur le poste de télévision. Lorsqu’elle me remercia pour avoir proposer de changer de chaine au cas où elle n’aimerait pas le football, je plissa la nez et mima des paroles incompréhensible pour l’imiter. On dirait que je suis un gamin mais non, je suis simplement quelque peu immature, ce n’est pas du tout pareil.

Alors que je me mettais à jouer avec la télécommande, la lançant en l’air et la rattrapant lorsqu’elle arrivait à l’hauteur de ma main, je me mis à m’inquiéter. Je n’aimais pas quand les gens prononçaient cette phrase: « Regarde ce que j’ai trouvé ». On dirait une vieille mère qui a retrouvé un album photo où son fils est horriblement laid et qu’elle décide de le montrer à sa petite amie. Je croisais fortement les doigts pour me tromper. Ca me va ! Mais tu risque de me perdre dès qu’il y aura une fille à moitié nue, ce qui n’est pas rare dans les clips en ce moment… Enfin, tant pis pour toi, hein. m’exclamai-je alors que je lui adressais un petit sourire lorsqu’elle reprit place à mes côtés, avec un regard malicieux qui ne me plaisait pas du tout. Je finis par prendre la photo qu’elle me tendait avec une pointe d’angoisse qui ne s’arrangea pas quand je nous vis, Shalimar et moi, trempés jusqu’aux eaux dans une petite piscine. Je détestais repenser à New York et surtout à la personne qui avait certainement pris la photo. Cependant, je me força à sourire et à rire doucement, comme ému pour cette simple photo. Oh c’est gentil… On était mignon à cette époque ! Je fixai la photo sans réellement la voir, me rappelant de toutes les journées que l’on avait passer ensemble, à rigoler comme des gamins. Mais c’Est-ce qu’on était, des gamins. La vie était plus simple à cette époque. Mon sourire disparu dès que j’entendis les mots de Shalimar qui me mirent mal à l’aise, une gêne que je cachais à merveille. Ecoute, c’est une vieille histoire de famille… J’ai vraiment pas envie d’en parler, ça me regarde même pas. J’ai du partir, c’est tout, c’est comme ça. Mes paroles étaient froides, du moins c’est l’impression que j’avais mais je n’avais pas réussis à être plus naturel. Peut-être qu’elle ne ferait aucun commentaire sur New York, si j’avais de la chance.

Malgré moi, j’écoutais Shalimar me parler de sa vie lorsque j’étais partit et un franc sourire éclaira mon visage. Elle était tellement enjoué de me raconter sa vie qu’elle me transmettait presque son excitation. Attend ! Tu veux dire que je parle avec une chanteuse ? Hmm… C’est sexy ça. Je fis un immense sourire en prenant un air de gamin tout mignon, la regardant dans les yeux. Je pourrais avoir une photo ? Certes, la façon de demander était plutôt comique mais j’étais tout à fais sérieux. Je préféré largement regarder une photo de nous maintenant qu’à l’époque de notre enfance, lorsque New York était encore le paysage de fond. Je ne pus retenir une grimace lorsqu’elle se mit à parler de son fils, désormais décédé. Je n’arrivais pas à croire qu’elle avait eu un enfant. Non pas qu’elle ferait une mauvaise mère, au contraire, je trouvais ça simplement étrange. Elle était tellement jeune et semblait avoir vécu plus de chose qu’une grand-mère… Impressionnant. Désolé pour ton fils… J’avais à peine eut le temps de prononcer cette phrase qu’elle se mit à poursuivre son court récit. Dès que son rire se fit entendre, je ne pus empêcher le mien de le rejoindre, levant les yeux au ciel. Merde ! Tu t’en ai rendu compte ? C’est vrai que c’Est-ce que j’adorais chez toi… Au moins à cette époque, tu ne refusais pas de me ramener à boire. Je fis une petite moue, amusé. Si un jour on m’avait dis que je lui reparlerais, j’aurais certainement ris et pourtant, elle était là, devant moi. L’impression de revenir dans le passé était de plus en plus présente et pourtant, ça ne semblait pas tellement douloureux. J’avais peut-être finis par oublier. Ne la quittant pas du regard, je porta à nouveau la bière à mes lèvres, savourant le liquide qui descendait le long de ma gorge. Ah bah… Ramène-les ! Pourquoi j’avais prononcé cette phrase ? J’en sais rien. J’espérais simplement qu’elles n’étaient pas trop pleine de souvenirs. Tu as toujours habité à New York, alors ? Une question que je me posais depuis quelques temps, elle me l’avait certainement déjà dis mais je ne pouvais resister à la tentation de lui demander. En fait, je préférais parler d’elle que de moi.