« Amour, je vais chez l’esthéticienne, j'en ai pour deux heures tout au plus. » Je soupire et frémis, cette femme qui n'a pas une foutue ride trouve le moyen d'aller une fois tous les deux jours dans un centre de beauté, c'en est aberrant. Je me retourne pour lui faire face, elle s'apprête à partir, devant la porte d'entrée, les clés en main, la veste sur les épaules. « Bisou quand même! » Je m'approche d'elle et dépose sur ses lèvres un baiser. C'est assez puéril et cela se résume à ma malheureuse vie, devoir se taper des vielles rombières pour exister. Chez elle, ça pue le fric et la vanité, mais je m'y plais, je peux profiter de cette façon des belles bagnoles, de la piscine, de cette maison que même Berlusconi pourrait pas se payer. Je la regarder claquer la porte et entendre la moteur de sa Jeep se mettre en route. Je dégaine mon téléphone portable. « Scott, y'a moyen que... Quoi tu peux pas? ... Ah ouais? Je t'appelle que quand j'ai besoin de toi?... Vas te faire foutre. » Je raccroche. Ce mec est un enfoiré. Je m'assieds sur le canapé de cuir blanc, face à l'immense baie vitrée qui éclaire la totalité du séjour. Le temps dehors est exécrable, il pleut des cordes et j'ai bien envie d'appeler une des petites pom-pom girl de la veille, mais je me dis que ce ne serait pas raisonnable dans la mesure où Katy pourrait se pointer d'un moment à l'autre. Je serais de toute façon baisé dans les deux cas, dans tous les sens du terme. Après avoir soufflé bruyamment, signe d'un mécontentement certain, je quitte le canapé et monte à la chambre pour venir me jeter sur le lit et allumer la télé. Je tombe directement sur NASN. Course de chevaux. Je l’éteins, me lève violemment et descends les escaliers. Je reste quelques instants planté dans le hall et au bout d'un moment, je suis épris d'une illumination. La bibliothèque. Comme ça, ça peut paraître con, mais on peut y trouver de jeunes étudiantes plutôt jolies, que je me ferais un plaisir d'aider.

La bibliothèque est presque vite et je me commence à regretter d'avoir bougé mon cul pour venir ici, c'est mort. La plupart des occupants sont des petites vielles ou des mecs frustrés (je le vois à leur façon de reluquer les personnes qui déambulent), dont je me passerais bien de m'y intéresser. Je m'enfonce un peu plus dans les profondeurs du bâtiment pour débouler sur une sorte de petit endroit à l’écart. Une fille est déjà installée. Rien qu'à voir la beauté de ses cheveux, je me dis que le reste ne peut que suivre. Je m'avance vers elle, cette dernière lève un regard mauvais en ma direction. Elle est plutôt pas mal. Pas déstabilisé pour un sous, je m'assois à côté d'elle et commence à lui sortir tout le baratin habituel que je fais à mes «proies». Celle-ci ne répond pas et ma conversation n'est qu'à sens unique. Au bout d'un certain temps, alors que je commence une nouvelle fois de la baratiner, elle me coupe. « Stop ! Pause ! La politesse, tu connais ?! Moi, je n’en ai pas l’impression… Dans une bibliothèque, quand une personne est occupée à lire, on ne vient pas la déranger ainsi ! A moins d’avoir quelque chose d’important à lui dire et je ne pense pas que ce soit le cas.» Refroidis vous dites ? « Wow, je vois... » Je me lève « De toute façon, t'es pas si belle que ça, ta bouche est de travers. » Quelle garce, je rêve.

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