C e soir je sors. C’est décidé je sors, je bois, je fume, je m’amuse comme je le fais tout le temps. Mon cœur bat vite, je ne sais pas quoi choisir comme tenue, j’ai faim et j’ai froid. Au fond, je n’ai pas si envie de sortir que cela, j’ai aussi envie de rester dans mon appartement, au chaud, à regarder un bon film. Mais après tout, on est samedi, samedi soir, night fever etc. J’ouvre mon armoire, fatiguée je baille comme une otarie et plonge mon regard dans mon immense dressing. J’ai beaucoup de vêtements, beaucoup trop même, je m’ennuie d’eux et de moi. Je sors alors une robe, belle, trop belle pour ce soir, alors je la repose et met remet à bailler.

Le Brightmore, j’irais là-bas ce soir, en moins j’y serais tranquille, car chez Hogan le soir, c’est le bordel organisé, vu que tout le monde peut y aller, tout le monde y va. Je fais un détour par la cuisine, je me tartine quelques bouts de pains avec du Nutella, et repars à la conquête de ma tenue du soir. Dans l’intervalle, j’envoie quelques messages à des amis, histoire de sortir en groupe, c’est plus marrant et moins déprimant. Tout le monde me répond, tout le monde veut sortir, et tout le monde est hyper motivé sauf moi, celle qui eut l’idée. Mes tartines finis, l’heure passe vite, trop vite, déjà vingt-deux heure, j’en ai marre, je ne sais pas quoi mettre. Je me décide, j’irais en jeans et top, top court et moulant, noir, ça fera l’affaire. Mes cheveux, ils sont trop longs, trop bizarre, je me coiffe pas, tant pis.

Mon sac, j’y fourretout, mes clés, une brosse à cheveux où cas où l’envie de prend de me coiffer, du labello, des mouchoirs et mon portable : ça fera l’affaire. Mes amis sont déjà à Brightmore, moi je sors à peine de chez moi, courant derrière un taxi pour l’attraper, je me mets dedans au chaud. Ce soir, il faisait froid, en tout cas j’avais froid, avec ma petite veste et mon petit sac, tout était petit, trop petit. Le taxi freina devant l’entrée de Brightmore, à peine sortie, je vis déjà ma troupe d’amis, à l’entrée, discutant avec le videur. J’arrive, je dis bonjour à tout le monde et j’entre avec tout le monde. Etrangement, le Brightmore est plein, du moins presque, on n’arrive même pas à se frayer un chemin, j’étouffe, ça me saoule déjà. On atteignit une table au fond, entre trois canapés fourrés de blondes russes déjà saoules. Le serveur arrive, je prends un mogito, car j’adore le mogito, et ce soir pas de limite. La chaleur commence à me gagner, peut-être trop rapidement, je ne sais, en tout cas, j’ai chaud. Mon verre arriva vite, c’est cool, j’en bois et j’ai moins chaud. Mes amis me poussent à aller danser, la flemme me guette, mais ils sont tellement lourds que j’accepte accompagné d’un léger grognement.

Après quelques minutes de danse, je décide d’aller prendre l’air, sortir, fumer une clope dehors, tranquille. Je traverse alors le nightclub, ma clope en bouche, et arrive à la porte. Le videur m’ouvre, je sors, sans veste sans rien, j’avais déjà oublié que dehors, ça cailler. Allumant la clope doucement à l’abri du petit vent nocturne, je ne prête aucune attention à ce qui m’entoure, je ne pense qu’à moi, qu’à ma clope. Je me frotte alors les bras, mon petit top ne tenait pas le coup, et les frissons me gagnaient de plus en plus.

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L e léger vent de dehors me glaçait, tout me corps était à présent frigorifié. J’avais froid, et personne pour me réchauffer, ce fut un long moment de solitude, je me suis sentie mal, seule, triste même. Mon esprit n’arrêtait pas de penser, penser à tout, à ma vie, à ma carrière, et à tous les choix que j’eus fait dans ma vie. Pas que des bons, et c’est en recroisant Quentin l’autre jour, que je me suis rendue compte de l’erreur atroce que j’eus commise. Doucement, je prends une taffe de ma cigarette, j’observe alors la fumée sortir de ma bouche, formant de jolis cercles qui partirent avec un coup de vent. L’alcool coulait en moi, dans mes veines, je n’étais pas très amochée, mais pas loin, du moins mon esprit commence légèrement à s’embrouiller. Une veste atterrit sur mes épaules, je me retournais alors brusquement pour voir qui cela pouvait bien être, Quentin ? Non je rêve trop. Un jeune homme, assez mignon, assez tatoué, j’aime bien ça. Je laisse paraître un petit sourire quand il me dit qu’il fallait que je me couvre par ce temps, il avait raison et je baissai doucement les yeux à sa réflexion. Il avait l’air jeune, autant que moi, il avait l’air perdu un peu, comme blasé par la nuit, je me décidai alors à engager la discussion, parler c’est un de mes points forts.

« Merci pour la veste, c’est rare des mecs galants à notre époque ! Moi c’est Giuliana » Dis-je en tendant ma main vers l’inconnu. Ses bras étaient recouverts de tatouage, tous les plus rock and roll les uns que les autres. J’avais moins même fait un tatouage, plus jeune, une phrase latine sous mon sein droit, une connerie d’enfance. Cela m’a d’ailleurs souvent embêté pour le mannequinat, mais après tout il est facilement possible de le cacher. Je ne pouvais m’empêcher d’arrêter de le regarder, je l’examinais, comme je le fais toujours. Pourquoi était-il là ? Que voulait-il ? Peut-être qu’il allait me kidnapper ou me violer ? Mon imagination est sans fin et l’alcool n’arrange rien. Reportant ma cigarette à ma bouche, elle se consumait vite, trop vite. Mes poumons se remplirent de fumée, douce et puissante à la fois, je me sentie de plus en plus libre, de mieux en mieux.

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« De rien, je n'allais pas te laisser mourir de froid tout de même ! Enchanté, moi c'est Anaël. » Mignon et charmant, du moins du peu que je pouvais voir de sa personne avec le lampadaire. J’ai de moins en moins froid, sa veste est chaude et douillette, et je m’y sens bien. Je repense alors à son prénom, Anaël, prénom original mais très beau, et ça lui allait bien. A première vue, cette homme peut paraître dur et « rock’n roll » mais il venait tout simplement de me prouver tout le contraire.

« C'est pas terrible, à l'intérieur, non ? » Il venait de toucher un point. C’est vrai que ce soir, la fête n’était pas à son mieux, les gens n’y mettent pas de bonté, le dj est un petit nouveau qui ne s’y connait pas. Terminant ma cigarette, je l’écrase au sol avec le bout de mon talon, souriante, je repose mon regard sur lui. « C’est vrai que j’ai connu mieux, mais bon ça passe ! » Il n’avait pas l’air de savoir qui je suis, c’est vrai que je ne suis pas la plus connue de toutes les mannequins, mais je suis quand même assez célèbre. Pas que je m’en vente, mais mes voyages dans le monde entier m’ont permis de me faire connaître grâce à mon physique intéressant. Cela faisait du bien pour une fois qu’un homme ne m’aborde pas directement, la plupart des hommes que je rencontre, passe directement à l’attaque, et mon dieu que c’est fatiguant. En plus, celui-ci ne me connait pas, il ne connait pas mon titre, encore mieux. Toujours souriante, je me balance un peu, et je me décide à lui demander la question fatidique.

« Et toi tu fais quoi dehors à cet heure-ci ? » Après tout c’est vrai, que faisait-il là à une telle heure ? La curiosité s’était emparée de moi, je deviens de plus en plus curieuse et je veux tout savoir. Peut-être qu’il se baladait tout simplement, ou alors il veut entrer dans la boîte mais n’ose pas. J’en sais rien, en tout cas, dans les deux cas, sa présence me plait, car il est différent des autres.

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