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Nous rêvons tous. Toutes personnes à des espoirs, des doutes, des envies, des aspirations. Nous rêvons tous. Et moi, Celian Natanael Williams je rêvais aussi. Il y a quelques années. Mais, tout ceci était avant de savoir que je n'avais pas le droit de rêver, d'espérer. Ma vie était programmée, le moindre de mes gestes, le moindre de mes mots avaient été prévus et chaque conséquences pesées. Je n'avais pas le droit de rêver. De croire que j'avais le choix. Parce que dès le départ, je n'ai pas eu le choix. C'était ça le rêve, croire que je pouvais choisir de ne pas vivre mon destin. Je n'avais pas le droit de rêver, je ne pouvais pas rêver, ma réalité était bien trop concrète pour me permettre la moindre évasion grâce à l'esprit. J'avais dès le départ, des foutues responsabilités, un destin que je ne désirais pas. Je n'étais pas comme toutes ses personnes aux possibilités infinies. J'étais simplement, prisonnier de son destin, de son nom, de ma vie. Condamné à une peine lourde que je refusais de tout mon être. Nous rêvons tous. Nous avons tous une histoire. Mais, ce n'était pas mon histoire, pas celle de Celian Natanel Williams, qui avait été le vecteur de l'orientation de ma vie non, c'était l'histoire d'un gosse pourri gâté, qui a toujours eu ce qu'il voulais. C'était l'histoire d'un gosse qui voyais sa mère se faire battre et qui a détesté son père . C'était l'histoire d'un gosse qui a vu sa mère se remettre en couple avec un connard, et qui a subit les coups de ce même connard. L'histoire d'un gosse qui a perdu sa mère, l'histoire d'un beau-père qui était à l'origine de son enfer personnel. De sa destinée. Comme toutes les histoires la sienne aurais pu commencer par "il était une fois" mais, peut être que "il était une fin" serais plus approprié ...

Mais dans mon histoire un peu trop réglée comme du papier à musique, il y a sûrement un passage qu'aucun d'entre nous n'aurais pu prévoir. Ce passage, c'est elle. Cette fille là, c'est une bourrique et putain croyez moi qu'elle mérite une bonne paire de claques. J'étais dans le camp de redressement depuis un bout de temps déjà, je crois. J'errais dans ce lycée public, lycée qui m'a en quelque sorte permis de m'ouvrir au monde des courses clandestines. C'est d'ailleurs à la fin de l'une de ces courses que les flics débarquent, un peu comme dans fast&furious vous voyez ? Tous pris au dépourvu, nous fuyons et dans ma fuite je l'aperçoit en train de s'échapper. Non pas qu'elle me fait pitié, mais je me stoppe à ses côtés et l'embarque. Quel con, j'aurais jamais du l'embarquer. Jamais. Car dans la pénombre, je ne voyais pas son regard mais aussitôt la lumière intérieure allumée, son regard bleu m'a littéralement imprégné. Allez savoir pourquoi, à peine son regard croisa le mien que nos destins se lièrent. Étrangement certes, mais ils se lièrent à travers un jeu stupide. Un jeu idiot, un jeu égoïste et quelque peu cruel. Elle, elle est pas comme les autres. Elle me tiens tête, elle ouvre sa gueule pour me remettre en place et elle n'est pas toutes ces écervelées qui se plient en quatre pour m'avoir. Elle, elle a ce truc. Ce truc en plus. Ce fichu truc en plus qui me pousse à en vouloir plus, toujours plus avec elle. Ce truc qui me pousse à dépasser mes limites sans même savoir dans quel mur je fonce. Je l’avais remarqué sur son toit, j’avoue parfois il m’arrivait de l’observer, juste comme ça, je trouvais ça amusant d’avoir un œil sur elle. Un brin trop protecteur, j'épiais certain de ses gestes. Peut-être par peur qu'un autre ne vienne me la dérober. Mais ce soir là, alors que les étoiles scintillaient, je suis monté la rejoindre. Sans un mot, je m'étais posé à ses côtés, les pieds battants le vide jusqu'à ce que nos lèvres se collent. Ce soir là, nous n'avons pas couché ensemble. Elle s'est simplement blottie contre moi et nous avons dormi jusqu'au petit matin. Ce n'est que le lendemain matin, alors que nous abandonnions les cours, que je réussi à l'avoir. Cependant, elle aurais pu être une fille de plus. Juste un coup tiré, mais non. Cette fille là, c'est plus qu'une simple copie des précédentes. Cette fille là croyez moi, elle vaut plus qu'un coup tiré au détour d'une nuit. La seule parmi toutes, pour laquelle je ne dis pas simplement, je me la suis tapé et j'me suis barré non, c'était plus que ça. Puis j’ai quitté le lycée, pourquoi ? Juste car je quittais enfin ce camp. J'ai tout quitté, je l'ai quitté. Mais surtout, je l’ai oublié. Et puis quatre ans plus tard, je suis resté tel que j'étais autrefois, je sors et profite de ma vie, je rempli mon lit avec une de ses filles de passage. Une fille différente, dont j'ignore bien trop souvent le prénom. Un jour, alors que je me promène, et c'est en rentrant dans mon immeuble que je la croise. Elle, celle d'il y a quatre ans. C'est pas possible. C'est au bout de quelques jours, au petit matin que je débarque chez elle à moitié à poil. Parce que parfois, le hasard fait bien les choses, il a fallu que je me retrouve à vivre juste devant chez elle. j’ouvre la porte de mon appart' et j’ai la sienne sous mes yeux. Ainsi, je compte les mecs qui entrent et sortent de son appartement. Je me souviens de leurs visages pour mieux les haïr dans la rue. Et je suis sûre qu'en faite, derrière sa porte, elle ronronne lorsque des voix féminines s'échappent de mes murs. Encore aujourd’hui je ne peux définir ce qui nous lie. Mais à force je me dis que c’est peut être ça notre force après tout. Être indescriptible. Mais je me refuse chaque soir à la rejoindre, à l'aimer. L'amour blesse, ma défunte mère me le prouve. L'amour est une salope sans coeur qui nous abandonne à une femme inconnue, une femme qui chaque jour vous rappelle qu'elle a eut sûrement pitié de vous.