Shaliwon ★ Jamais le passé n'a été aussi présent

Qui aurait cru que de cette femme coincée et habillée très modestement, j'allais me transformer en une femme plus sociable et qui accepte de refléter l'image d'une femme qui s'assume, et assume sa beauté. Que ce fut dans mes relations amicales ou amoureuses, j'étais toujours cette chrétienne qui se fait violence pour se rebeller contre ses propres valeurs, celles avec lesquelles elle a grandi. Bien que le changement du s'opérer, il fallut que mon coeur se fissure trois fois. Une pour le rêve détruit, une seconde pour l'enfant privé et une troisième pour l'amour éphémère. En effet, j'étais loin d'être le genre de femme à aimer fêter et danser en public. Pourtant, depuis ces deux semaines où j'étais à Montsimpa, je décidai enfin à me faire moins discrète et à prouver mon existence aux yeux de mes nouveaux voisins.

Chez Hogan, l'ambiance est d'enfer me disait-on. Ce "on" me vendait du rêve évident, et me poussait à oser me montrer en public, loin du travail et de ce besoin d'apprendre au lieu de m'amuser. Les quelques amis que j'avais pu me faire m'avait tiré jusque là. Habillée comme si j'allais tourner dans un film, je me sentais moyennement à l'aise une fois arrivée dans l'un des clubs mais après quelques minutes, je finis par me détendre. Il ne fallut que deux verres et de la discussion pour que je décroche un sourire véritable et sincère. Je me mettais à ricaner comme une enfant, innocente et fragile mais en même temps résistante et aventurière. Le petit groupe se dispersait à vue d'oeil, et je me retrouvai finalement avec une amie et deux hommes. Ils semblaient gentils, mais les quelques regards complices que l'un d'eux me jetait me mettait quelque peu mal à l'aise. Pour seule réaction, aussi stupide que maladroite, je prétendis aller chercher quelques boissons afin de rafraîchir tout le monde. Tout en me noyant dans la foule, je finis par m'éloigner du trio de complicité afin de respirer la tranquillité, et m'accouder au bar de manière gracieuse. La jupe que je portais était convenable mais l'envolée qu'elle prenait à chacun de mes mouvements m'amusait; je retournais en maternelle. Et ce tee-shirt épousant mes formes à la perfection me ramenait à l'image des adolescentes que je voyais dans ces séries que je regardais avant ma majorité. Je vivais enfin mon âge, et m'en amusait. L'un des barman, remarquant mon enthousiasme, se mit aussi à se montrer entreprenant et pour seule réponse, je riais doucement sans rire à gorge déployée. Quelques pouffements, rien de plus. Un Baby Bellini seulement, merci. Alors qu'il se retournait pour préparer ma commande, je fus prise d'un soulagement, et soupirant doucement, je me mise à regarder de droite à gauche. Mon coeur se pétrifia lorsque je crus reconnaître mon ancien amant. Il était prêt, tout prêt. Je restais bloquée, la bouche entre-ouverte et les yeux rivés sur lui. Son regard croisa le mien, et je me dépêchai de regarder le comptoir, droit devant, remettant ma chevelure du côté droit d'une main nerveuse. La peur m'envahissait, mais je tentais de l'évacuer. Que me préparait cette soirée ?