Journée banale pour une fille banale me diriez-vous ? Non, quand on est mère, rien n'est vraiment anodin. Les journées se répètent mais sont tellement magiques. J'adorais me lever la nuit pour allaiter ma fille qui hurlait parce qu'elle avait faim. J'adorais la bercer et la prendre dans mes bras. Lui faire des chatouilles et des gazouillis. C'était simple, Bonnie était ma raison de vivre. Dès que j'ai su que j'étais enceinte, je voulais garder cet enfant plus que tout au monde. Même si son père était un véritable salopard. Ma fille était tout ce qui me rattachait au bonheur, à la vie en soi. Lorsque Adam me quitta à cause de ses vieux démons, je ne savais plus vers quoi et qui me tourner. J'étais bel et bien seule dans mon grand manoir rue du bois. Mais la venue de ma fille bouleversait tout. Entendre ses pleurs ou ses rires mettait un peu de joie dans cette vaste demeure où je demeurais seule désormais. Bien qu'Adam était présent pour ma fille, enfin notre fille, j'espérais encore au fond de mon coeur qu'il revienne à moi et que l'on forme la famille parfaite. C'était ce que je voulais : avoir des tonnes d'enfants de lui, que l'on vivent heureux. Malheureusement, ce n'était absolument pas dans ses projets à lui. J'attendais donc dans l'espoir qu'il se raisonne, grâce à Bonnie en quelques sortes. Ce matin là, je me réveillais assez tôt. Ma fille ne dormait pas beaucoup, et pleurait assez souvent à cause de la faim. Au moins, elle ne manquait de rien : peluche, maison de poupée. J'avais même déjà acheté la balançoire placée dans le jardin. Je prévoyais tout à l'avance. J'étais devant mon ordinateur, tentant de trouver l'inspiration avec un cappucino ainsi que des pancakes au raisin. Je n'avais pas vu l'heure, il devait être déjà dix heures du matin. Ma fille dormait encore. J'étais en pleine écriture lorsque soudain, la sonnerie de la porte d'entrée raisonnait dans toute la maison. Qui pouvait bien me rendre visite à une heure pareille ?

Je savais qui c'était. Qui cela pouvait bien t-il être à une heure pareille ? C'était bien entendu, la partie manquante du puzzle de la famille parfaite. La partie que je rêvais chaque nuit de récupérer. J'étais probablement un peu trop fleur bleue, pour me forcer à voir la vérité en face. Adam n'allait pas changer, même si pour ça sa fille venait faire une belle entrée dans sa vie de célibataire éternel. Je ne rêvais que d'une seule chose : que Bonnie lui fasse entendre raison. Mais la pauvre, elle n'avait que quatre mois et n'avait malheureusement pas la parole. Je me levais de mon siège, ma tasse de cappucino à la main. Sa petite remarque sur ma tête matinale, me fit sourire. J'avais l'habitude de ce genre de remarque déplacée de sa part. C'était pour lui en quelque sorte, un moyen pour lui de se faire remarquer de bon matin. Malheureusement pour lui, son baiser me brûlait la joue. Je me la touchais discrètement avant de m'écarter pour le laisser entrer. Même si je refusais de le laisser passer, il allait quand même le faire donc à force je commençais à avoir l'habitude. Je refermais la porte derrière moi, lui lançant un sourire des plus sarcastiques. On voit que tu ne te lèves pas en pleine nuit, pour t'occuper d'elle. disais-je, en affichant un faux sourire. Je prenais une gorgée dans ma tasse de cappucino, histoire de faire passer le goût amer du comportement de mon ex petit-ami. J'aurai tellement aimé qu'il change. Mais c'était tout bonnement impossible. Non, elle vient à peine de s'endormir. Elle ne fait pas ses nuits complètement, elle a rapidement faim. disais-je, calmement. Je m'avançais pour arriver à sa hauteur. Au moins, pour ça, elle tient de son père. disais-je avec un air moqueur. Bon c'était pas très cool mais bien envoyé. Tu veux un café ? Bah oui, j'étais polie moi au moins.

La famille parfaite réunie sous le même toit. Oui, c’était vrai si on oubliait que Blaine et moi n’étions plus ensemble et que ça n’était pas prêt d’arriver à nouveau. De toute façon, être avec quelqu’un n’a jamais été bon pour moi ou pour la personne, pourquoi continuer d’essayer ? La seule chose qui me reliait à Blaine désormais, c’était notre fille. Le bébé parfait. Normal vu les parents. Blaine a une physique parfaite et moi aussi, comment notre enfant aurait pu être moche ? Même si j’avais récupéré une femme amoureuse de moi et rêvant qu’on soit de nouveau ensemble, au moins elle était belle et avait donné naissance à un ange. Notre ange. « Tu sais, j’ai aussi eu une nuit mouvementée. Enfin pas pour les mêmes raisons que toi visiblement. » Oui, j’éprouvais un certain plaisir sadique à parler de mes conquêtes devant une femme qui allait en souffrir. Et le pire, c’était que je n’avais même pas honte. C’était son erreur de s’être attachée à moi, pourquoi donc ne pas en profiter ? Et voilà qu’elle me tendait encore une perche en me racontant les nuits de Bonnie. Elle le cherchait, c’était obligé. « Je dors bien la nuit moi. Tu sais bien que je dors comme un bébé après une belle partie de jambes en l’air. » Lui rappeler le bon vieux temps où c’était à ses côtés que je m’endormais. « Mais c’est vrai que j’ai faim en tout cas. T’aurais pas à manger avec ton café ? » Autant profiter de son hospitalité le temps que Bonnie se réveille non ?

En le faisant entrer ici, et en le faisant entrer en quelque sorte dans ma vie, je savais que je me mettais en danger. Parce que je rêvais d'un changement d'attitude, qu'il se rende compte qu'il n'y avait pas que sa fille qui avait besoin de lui mais moi aussi. Mais je ne me cachais plus la vérité : Adam était un connard fini. Et malheureusement, quelque chose nous liait à présent. Je savais qu'il allait profiter de la situation pour encore me faire du mal. A croire qu'il en prenait un plaisir certain. Moi, je n'écoutais pas. A force de souffrir, je m'étais forgée une carapace anti Adam. Anti provocation sur toutes les filles faciles qu'il se tapait la nuit. Aucune d'entre elles ne m'arrivait à la cheville. Aucune d'entre elles ne lui avait donné le plus beau bébé du monde. C'était en quelque sorte, ma consolation dans l'histoire. C'était moi, la mère de son enfant. Oh bien sûr, t'a tiré ton coup cinq minutes top chrono, c'est sûr c'est du sport... Je faisais probablement référence à nos anciens ébats. Moi aussi je pouvais frapper là où ça faisait mal. Peut-être que lui n'allait pas le prendre pour une blessure, mais plutôt comme un amusement. Adam était vicieux, il savait ce qu'il faisait. Je le connaissais trop bien. Épargne moi les mauvais souvenirs, je te prie. disais-je, en lui tournant le dos pour boire ma tasse de cappucino. Il savait que j'allais me diriger dans la cuisine pour lui servir son café. Je posais ma tasse et ouvrais les placards, sortant plusieurs sachets de viennoiseries. Je les jetais sur la table, avec délicatesse. Tiens, sers toi. Mon hospitalité ferai presque peur. J'actionnais la machine à café, plaçant la tasse juste en dessous puis je me retournais pour le regarder. Alors ? Qui a été la pouf de la nuit dernière ? Une rousse ? Une grosse ? Une blonde ? Et voilà, il avait réveillé ce qui faisait de moi, une personne avec un mauvais côté : la jalousie.

Bon, j’étais venu pour passer du temps avec ma fille, pas pour papoter avec Blaine. Enfin heureusement, la narguer, la faire chier était une très bonne occupation en attendant que mon petit ange se réveille. Elle n’allait quand même pas me virer de chez elle quand je venais avec la meilleure excuse possible : passer du temps avec ma fille. Le petit rayon de soleil qui avait manqué à ma vie suite à la mort de ma meilleure amie quatre ans auparavant. Bonnie me faisait sourire et j’aimais ça. Non pas que je ne souriais jamais mais ce n’était pas pour les mêmes raisons. Mais je n’étais gentil qu’avec elle, faut pas trop en demander non plus. Et Blaine l’avait très bien remarqué. « 5 minutes ? T’as baisé avec un moche depuis moi et t’as déjà oublié à quel point c’était fantastique ? » Je n’étais même pas vexé, je savais très bien qu’elle ne faisait que jouer, tenter de riposter à mes attaques. Mais elle n’était pas vraiment au même niveau que moi. « Si j’avais su, j’aurais choisi autre chose qu’un poisson rouge comme mère de mon enfant. » Malgré tout ça, elle me donnait quand même des gâteaux, elle était vraiment trop faible. Pauvre petite, elle était mal tombée. Enfin tant pis pour elle après tout. « Tu sais, si tu veux te souvenir, on peut aller remettre le couvert dans ta chambre. Enfin avec des protections efficaces, un gosse me suffit. » Bah quoi ? Elle restait attirante. Elle avait étonnement repris la ligne rapidement après l’accouchement. Et voilà qu’elle jouait l’ex jalouse. Faudrait savoir poupée, soit tu t’en fiches de moi soit tu m’aimes. Enfin on sait tous quelle solution tu as choisi. Malheureusement pour elle. « Huuuum celle d’hier soir… Elle était châtain, étudiante si je me souviens bien. Mais ne me demande pas son adresse, ce serait dommage qu’elle meurt à cause de ta jalousie maladive. Surtout qu’elle était vraiment pas mal… » Je prenais un gâteau et croquais dedans, guettant sa réaction, attendant qu’elle réponde vraiment pour que ce soit amusant.

Il n'était là que depuis quelques minutes et il commençait déjà à m'agacer. Pourtant, je devais faire avec jusqu'à la fin de mes jours. Adam n'allait pas lâcher l'affaire, il allait continuer à voir sa fille en se fichant complètement de moi. C'est comme si je n'étais qu'un vulgaire objet. Ou une poule pondeuse au choix. Il avait probablement encore du mal à se dire que j'étais la mère de son enfant et non pas un trou à combler. Et bien sûr, comme une fille faible et encore amoureuse, je tombais dans son jeu et surtout dans ses méchancetés. Même un moche n'est pas aussi pourri que toi, Jameson. Ouille, je commençais par l'appeler par son nom de famille, ça sentait le roussi pour lui. Il savait exactement où ça me faisait mal. Oh bien sûr, t'aurai peut-être aimé que ce soit une fille droguée que tu as généreusement ramassé sur le trottoir de la rue du monde ? Je ne crois pas non. disais-je, sérieusement. Dans un sens, j'étais persuadée qu'il était satisfait que ce soit moi ce poisson rouge. J'étais loin d'être un thon et sa fille était plus que magnifique, bien sûr elle tirait de mon côté c'était tout à fait évident. Non ça ira. J'ai pas envie d'attraper une saloperie grâce à tes petites catins. J'attrapais la tasse à café. Soudain une idée me venait en tête. Sa description de la soirée avec son étudiante hier me faisait sortir de mes gonds. J'en avais marre qu'il joue à ce jeu là avec moi. Parce qu'il savait que je l'attendais. Mais le jour où il allait voir un autre homme dans ma maison... J'attendais peut-être que ça pour le faire réagir. Je m'approchais de lui, et de son oreille puis penchait la tasse de café pour lui renverser dessus. Dégage... disais-je, en murmurant mais sur un ton assez sec. Vite... disais-je, en terminant de vider ma tasse à café sur son pantalon. Je posais la tasse à café sur la table puis m'en allait vers la chambre de Bonnie. Je savais qu'elle allait se réveiller... Elle commençait à s'agiter. Je la prenais dans mes bras afin de la serrer contre moi, luttant contre mes larmes qui coulaient déjà sur mes joues.