Après sa longue soirée de la vieille, August se leva assez tardivement, aux alentours de midi. Le froid se fit ressentir de dessous la couette dès son premier œil ouvert. Il ne se passa donc pas de ses cinq petites minutes supplémentaires au chaud avant de devoir atttaquer une longue journée. Lorsqu’il parcoura sa grande maison en direction de la cuisine, il remarqua qu’elle était vide. Ni ses parents ni sa sœur n’étaient là. Encore une fois, ils ont du se rendre au restaurant sans même le prévenir. Lorsque August ouvrit le frigidaire, il manqua de s’énerver violemment. Qu’est-ce qui pouvait bien le mettre plus de mauvaise humeur qu’un frigidaire vide pour son déjeuner ? Certes, quelques « restes » du déjeuner de la veille étaient posés sur le plan de travail de la cuisine, mais l’odeur et la couleur de l’assiette ne l’insipiraient pas tant que ça. Aussitôt, August enfila un gros pull d’hiver, des chaussures et son écharpe, puis se rendit au supermarché.
Il cherchait désespérement à travers les rayons ce qui pouvait lui servir de repas. Déambulant dans le supermarché, son panier à la main, il sentit soudainement son pied droit glisser vers l’avant, tandis que le gauche était retenu en arrière. Son panier vola, tout autant que son corps qui recouvra immédiatement le sol. Il releva la partie supérieure de son corps, restant donc assis par terre, puis se frotta la tête lorsqu’il se rendit compte de l’odeur ignoble dont il s’était impregné. Il n’était pas difficile pour lui de se rendre compte que, oui, il avait bien plongé dans un amas de purée et soupe de sardines dont les boites de conserves avaient explosé au sol. Se relevant immédiatement, il chercha du regard autour de lui qui aurait pu être responsable de cette guerre poissonière. Une seule personne se trouvait dans le rayon : une rousse dont le gène fut aussitôt grillé par le rougissement profond de ses joues. August commença à se gratter les bras, puis la nuque. Son visage étant recouvert de plaques rouges, c’était obligatoirement une allergie qui se manifestait à l’instant. Allergique aux sardines, mais aussi comprenant les rousses au sein de ses tue-l’amour, August ne connaissait pas la réelle source de ses démangeaisons.
Qu’est-ce qui pouvait le mettre plus de mauvaise humeur qu’un frigidaire vide pour son déjeuner ? Sans hésitation, une rousse lui faisant passer un mauvais quart d’heure. « Ne t’excuse pas, c’est vraiment pas la peine ! » Lui lança-t-il désagréablement en continuant sa route. Mais, alors qu’il quittait le rayon des conserves, il entendit la jeune fille lui courir après afin de le rattraper. D’un air blasé, August se retourna vers elle, et attendit ce dont elle souhaitait lui parler.

Sourire, sourire, sourire. Pour se faire pardonner. Pour faire comme si de rien était comme depuis maintenant quelques secondes. Rose tourna enfin son regard vers la fameuse personne à terre, qui était manifestement un jeune homme, un sourire idiot accroché aux lèvres. Le jeune garçon se grattait frénétiquement les bras et le visage où il était apparu des plaques rouges par dizaines. Lily mit une main devant sa bouche et retint des paroles. Mais qu'est-ce qu'elle avait encore fait ?
Elle s'approcha alors qu'il se relevait. « Je... Je suis vraiment désolée... » « Ne t’excuse pas, c’est vraiment pas la peine ! » Il repartit vers le bout du rayon d'un pas énergique toujours en se grattant les avant-bras. Rose secoua la tête et le suivit. « Attends ! » Elle le vit se stopper et se retourner avec un regard meurtrier qui fit particulièrement frissonner la jeune femme. Enroulant une mèche de ses cheveux autour de son index elle se confondit en excuse. « Ce n'est pas ma faute, j'ai juste souhaité attraper des raviolis et je me suis cassée la figure et... » Elle se stoppa brusquement voyant dans le regard du jeune garçon le dépassement du stade : "envie de l’étriper". Raclement de gorge et passage d'une main dans ses cheveux roux, puis soupire désespéré. Comment est-ce qu'elle pourrait de racheter ? Elle regarda en arrière et aperçut le panier du jeune homme au sol. Elle se dirigea vers l'objet, le ramassa et le ramena à son propriétaire. Elle n'osa pas relever la tête et fourra prestement ses mains dans les poches de sa veste. Elle était un peu stressée, il fallait l'avouer. Mais que penser face à un jeune gars possiblement plus jeune mais assurément plus grand qu'elle ? Mais surtout que faire face à sa fureur ?
Rose eut soudain une petite idée qui pourrait peut-être le calmer. « Peut-être que je pourrais te rendre un service ? Tu veux que je porte ton panier ? Tu as peut-être besoin d'aide en... en langues ! Je me débrouille pas mal dans ce domaine-là. Demande ce que tu veux... » Soudainement, elle pressa le billet toujours logé dans sa poche et le sortit lentement. Elle le lui tendit en essayant de se faire plus petite qu'elle ne l'était déjà. « Ou sinon, prends ça. Je te le donne pour que tu évites de t'énerver encore plus que présentement et pour ne pas non plus que tu souhaites en venir aux mains » Elle se mit à murmurer. « Je ne sais pas pourquoi mais j'ai eu cette impression, que tu allais en venir aux mains, mais après ce n'est peut-être que moi... » Elle se retourna. « Voilà et puis comme ça on oublie ce mal entendu et j'essaierai de ne plus t'importuner » Elle pressa le pas en se frappant le front. Mais c'est pas possible d'être aussi ridicule. Alors qu'elle avançait la tête baissée, elle fut confrontée à un homme en costard noir accompagné de lunettes arrondies. La journée allait être longue, elle le sentait.

(Voilà ^^')

D’un air très gêné, la jeune fille s’excusa de plus belle. « Ce n'est pas ma faute, j'ai juste souhaité attraper des raviolis et je me suis cassée la figure et... ». Au fond, August n’en avait rien à foutre de comment tout cela avait bien pu arriver. Alors que la rousse lui sortait désespérement un nombre d’excuses infinissable, August se fit le plaisir de rester planté face à elle, en tenant ce regard noir et méchant, tout en ouvrant pas la bouche une seule fois. La jeune fille alla lui chercher son panier, le lui tendit, et lui proposa même de lui rendre service pour se faire excuser. Malheureusement, rien que de voir cette telle rousseur dans une même chevelure rendait à August des démangeaisons plus accrues et quelques nausées. Il ferait mieux de ne plus avoir affaire à elle. Comme toute dernière tentative pour se faire pardonner, elle tendit au jeune homme un billet de 20 simflouz. Ce dernier avait bien vu qu’il s’agissait sûrement du seul billet trainant dans sa poche. Depuis le début de sa rencontre avec elle, elle n’avait pu s’empêcher de le tripoter. Pourtant, il ne dit rien, eu même un certain sourire au coin, et la laissa s’en aller en baissant la tête et trainant les pieds. Non, elle ne lui faisait pas de peine. Après tout, elle n’avait qu’à pas faire l’idiote à chercher cette boite de raviolis et il allait pouvoir s’acheter en supplément quelques glaces pour son goûter. Alors qu’il s’apprêtait à partir, il tomba face à face au nouveau drame que la rousse avait déclenché.
Ca ne devait vraiment pas être sa journée.
Ne sachant pas ce qui s’était passé, il s’approcha à petit pas de la jeune fille et du grand homme qui lui faisait face. « Tu ne pourrai pas regarder ou est-ce que tu marches, toi ? » lui criait-il dessus. D’un coup de bras bien forcé, il poussa la rousse qui se retrouva éjectée, puis au sol quelques mètres plus loin. Les autres personnes du supermarché firent comme si de rien n’était, et continuaient calmement leurs courses. August étant en quelques sortes obligé de l’aider, il avança vers le grand homme en costard noir qui traçait sa route. « Hé ! Toi ! Tu pourrai peut-être être un peu moins agressif envers des jeunes femmes qui font la moitié de ton âge, tu ne crois pas ? ». Le monstre s’arrêta net de marcher. Avec un sourire très marqué au coin des lèvres, il se tourna vers August, et le regarda de très haut. « Excuse moi petit, mais c’est à moi que tu parles ? ». August avala sèchement une gorgée de sa salive –peut-être déjà un peu disparue – et n’osa même pas lui répondre. Le grand homme chopa August par le col de son t-shirt, et l’envoya balader plus loin. C’est le cas de le dire, parce qu’il attérit à deux mètres à peine de la rousse, qui le regardait en souriant.

Evidemment, la rousse eut le malheur de raviver la haine du grand homme en costard noir. « Cours ! » lui cria la jeune fille. Alors, August se mit comme elle à courir à travers les rayons. Coursé par le grand homme pendant quelques minutes, la forte endurance du jeune garçon lui permit de vite le pomer. Mais, bizarrement, il se mit à s’inquiéter pour la jeune rousse que l’agresseur aurait pu croiser sur sa route. August la chercha rapidement à travers ce vaste supermarché, et c’est dans le rayon jouets qu’il la remarqua. Elle avait dans la main un arc et ses flèches ventouses, prête à tirer sur l’homme en noir au cas où il ferait apparition. August ne put s’empêcher de ricaner. « Tu croyais pouvoir te défendre avec ça ? » . C’est alors que l’agresseur fit surface, à quelques mètres d’eux. Le jeune homme s’empara de l’arc, et envoya un maximum de flèches sur le grand homme. Le monstre, qui paraissait déjà très énervé à la base, renfermait encore plus de fureur. Sa colère était marquée par la rougeur de son visage, et la façon dont il faisait craquer les doigts de sa main. August prit la rousse par la main, et l’invita à s’enfuir avec lui. « Au fait, moi c’est August ! ». Alors que la course poursuite reprenait, deux grands gardes de l’établissement s’emparèrent du grand homme, puis l’exclurent du supermarché. Essouflé et merveilleusement rassuré, August prit la rousse dans ses bras.
Qui aurait pu croire qu’un jour, August passerait au dessus de l’un de ses plus grands tue-l’amours. Même pas lui, à coup sûr.

Rose tira sur le plastique et attrapa son arc. Elle coinça ensuite une des trois flèches dans la poche droite de son jean et garda les deux dernières bien en main. Elle mima une attaque en sursautant brusquement et en pointant son arc vers un autre jouet. Elle sourit et c'est alors qu'elle entendit un ricanement. Croyant le monstre revenue, elle se retourna prudemment et afficha un sourire flamboyant quand elle aperçut son sauveur. « Tu croyais pouvoir te défendre avec ça ? » Elle fixa son arme et se passa une main dans les cheveux. « Ca peut peut-être servir... » Alors qu'elle relevait son regard, le jeune homme lui prit l'arc des mains ainsi que les flèches et les envoya sur leur agresseur qui venait de réapparaître soudainement. Alors que le jeune homme n'avait plus de flèches, le monstre fit craquelé ses énormes doigts qui auraient pu l'étrangler d'une seule main. La jeune femme avala sa salive hâtivement avant que le jeune garçon, tout aussi apeuré qu'elle, ne l'attrape par la main et reparte dans une course folle. Alors que leurs pas s'enchaînaient à une vitesse effrénée, Rose connut enfin le prénom de la personne à qui elle venait de causer tant d'ennuis : August.
Alors qu'ils tournaient à l'angle d'un énième rayon, deux gardes leurs passèrent devant et se mirent à courser le monstre avant de l'attraper chacun d'un côté et de le sortir de la vue des victimes. Rose se mit à rire, tout comme August, soulagée. Ce dernier la prit même dans ses bras. Rose fut surprise mais sourit de plus belle en le serrant à son tour. « Que d'émotions ! Je dois avouer que l'on forme un bon duo comme Hit Girl et Big Dady dans Kick-Ass » Elle lui fit un clin d'oeil avant de baisser les yeux comme une petite fille. « Je tiens à m'excuser une fois de plus, August. C'est la première fois que vous me voyez et ce n'est pas la meilleure image de moi que je vous donne » Elle pinça ses lèvres avant de se frotter les mains. « Mais au moins vous pourrez dire que votre début journée aura été amusant... » Elle secoua la tête. « Ce n'est pas vraiment le mot qui convient mais... mais vous me comprenez »
Rose sentit alors l'odeur qu'elle dégageait. Tout simplement affreuse. Elle grimaça avant d'éclater de rire. « Je vous aurai bien invité à boire un café pour vous connaître un peu mieux et pour vous remercier de m'avoir sauvé la vie, mais je n'ai plus d'argent » Elle lui sourit avant de se souvenir d'une chose importante. « Je parle, je parle mais je ne me suis même pas présentée. Je m'appelle Lily-Rose » Elle lui tendit une main en ayant une des mines les plus accueillantes.

(Un peu pourri peut-être ? )