Vivre n'était pas simple. Toutes les familles possèdent leurs propres problèmes en espérant qu'une main se tendent dans leur direction pour les aider, en oubliant que ces êtres humains possédaient également leur lot de contrariétés qui les empêchaient d'aider leur prochain. La famille Cunnigan appartenait à la classe moyenne, les deux parents travaillaient tout en élevant leur trois bambins, quitte à ne dormir que six heures par nuit. A croire que les heures supplémentaires étaient devenues une habitude. Avec la pression du chômage, les recherches de jeunes travailleurs, les plus âgés avaient du soucis à se faire pour leur place. Car du jour au lendemain, si leur travail ne satisfaisait plus leur supérieur, ils avaient le droit de les mettre à la porte sans leur laisser le temps de rebondir; La dure loi de la jungle urbaine. Les trois enfants furent gardés par leur nany d'amour qui leur préparait de bons petits plats bien consistant. A croire qu'en étant enfant, il leur fallait bien ingurgiter trois milles calories par jour pour bien grandir; A ce train là, Leslie, la petite dernière, s'arrondirait sans pouvoir protester alors elle mangeait, mangeait mais courrait surtout pour faire enrager sa nourrice. C'était si drôle de voir son visage rougir de colère et de la faire tourner en rond. Un peu sadique tout de même mais elle assumait son geste. Une vraie petite rebelle dans l'âme. Pour s'amuser, elle prenait grand soin des poupées en leur offrant une coupe de cheveux punk, une teinture à la peinture rouge ou bleu sans oublier de magnifiques dessins au stylo sur leur bras, représentant des tatouages. Il n'y avait rien à faire, ni haussement de voix, ni même punissions ne la feraient changer de voix. Dans son esprit tortueux, les personnes magnifiques étaient celles au look particulier, au maquillage prononcé, à la coup de cheveux hors norme mais surtout possédant des tatouages sur le corps. Peu importait qu'ils ressemblaient tous à des zonards, des personnes vite catégorisaient comme sans avenir. Et les plus laids alors ? Ceux qui prenaient un malin plaisir à ressembler à Barbie et Ken, la parfaite bimbo blonde avec les tablettes de chocolat d'un hawaien aux cheveux brun. Eurkk rien de plus désolant que cette image de couple parfait. Ca lui donnait surtout l'envie de casser leurs rêves et de les effrayer. Pas si difficile quand elle possédait un chewing gum qu'elle déposait ensuite sans délicatesse dans leur chevelure. Dans le meilleur des cas, il fallait couper. Et le lendemain, toute fière de ses actions, elle constatait le résultat de ses méfaits.

Avec l'âge, son comportement évolua tout en conservant la même ligne directrice de pensée et d'action. A ceci près qu'elle obtint son diplôme de fin de lycée bien que ce fut une épreuve difficile. Elle quitta les bancs de l'école car l'université était un investissement que ses géniteurs ne pouvaient pas se permettre. Même l'école la moins chère de l'état nécessitait un prêt. Et puisque leur benjamine n'était pas faite pour les études, pas besoin de dépenser. Ca ne l'embêtait pas le moins du monde; A chacun ses rêves. Son grand frère était né pour devenir médecin, avocat ou encore président. Avec ses facultés intellectuelles ce n'était rien d'étonnant. Leslie cherchait sa voie et préféra partir dans le dessin en commençant à dessiner des portraits dans la rue l'été pour se faire de l'argent auprès des touristes. Elle fut ensuite attirée par une boutique de tatouage, et sans demander l'autorisation à ses parents, choisi de mentir sur son âge et de se faire un large tatouage sur le côté du corps représentant des roses montantes en noir. [Seuls les administrateurs ont le droit de voir ce lien] Une vraie oeuvre d'art qu'elle contemplait chaque matin au levé du soleil. C'était ca ! Le tatouage ! Une méthode qui requiert du doigté, de la patience, du talent pour le dessin et une envie sordide de voir des visages peinés par la douleur qu'ils ressentaient. Un travail parfait pour la brunette. Le lendemain, elle se présenta de nouveau dans la boutique en réclamant un apprentissage à corps et à cris refusant de bouger tant qu'elle n'obtenait pas de réponse positive à sa demande. Dix heures plus tard, le patron baissa les bras comprenant que rien de ce qu'il dirait ne la ferait changer d'avis en plus, elle dérangeait sa clientèle. Vainqueur, Leslie, un/zéro.