∞ Née dans une petite banlieue de Londres, Birdy s’est vue grandir entre un père architecte, une mère expert-comptable, et trois grands frères se destinant à de grandes études en mathématiques appliquées où autres domaines où la connaissance rationnelle des chiffres était de mise. Une tortue, un grand jardin, une balançoire, un chien. Bref, une vie normale en soit. Souvent préoccupés par leurs boulots respectifs, leurs parents n’en restaient pas moins présents pour leurs enfants, et tout prêtait à ce qu’ils grandissent et évoluent dans les meilleures conditions possibles. Du moins pour ses frères. Birdy, la dernière de la famille, elle, s'était toujours plus ou moins sentie délaissée. Ou peut-être n'était-ce que dans son esprit. Elle sentait d’autant plus que quiconque la pression de réussir tous comme le reste de la famille l’avait, ou était en train de le faire du moins. Elle se devait de se faire une place, sentant qu'on lui accordait beaucoup moins d'importance à elle qu'aux autres membres des Artes. Elle ressentait le besoin de faire ses preuves continuellement. Les défis de ses frères, elles les acceptaient tous autant qu’ils étaient. S’ils lui demandaient de monter dans un arbre, alors elle le faisait, malgré son vertige. Elle n’avait pas besoin de faire tout cela, mais c’était comme s’intégrer un peu plus, comme montrer qu'elle existait face à ce qu'elle pensait être de la négligence. Comme si elle était soudainement beaucoup moins importante à leurs yeux. Ils lui ont donc, pour ainsi dire, fait tout vivre. Entre défis, taquineries, ils avaient le don pour l’embêter. Chamailleries et chantages de famille disait-on. Peut-être. C’est néanmoins dans cette ambiance que la jeune Artes grandit.

∞ Ils déménagèrent à Montsimpa lorsqu’elle eût atteint ces cinq ans. Nouveaux voisins, nouveaux amis. C’est durant cette période-là qu’ils lui diagnostiquèrent des insuffisances respiratoires restrictives. En effet, dès sa naissance, les médecins lui découvrirent un poumon légèrement endommagé qui méritaient un certain suivi. Pourtant assez confiants, ils pensèrent réellement que celui-ci ne lui causerait aucun tort dans sa vie quotidienne. Il n’en était rien. Après des essoufflements progressifs, des toux violentes, des médecins incompétents et des diagnostics trainants, il s’avérait que son cas s’aggrava et s’ensuivit une longue période d’examens poussés et des séjours à l’hôpital contre le gré de la petite fille. Une habitude à prendre en soit, cependant Birdy en avait une peur bleu. Ces grands bâtiments blancs, froids qui suscitaient en elle une appréhension profonde. Cependant, elle y était belle et bien obligée si elle désirait se soigner. Ses poumons étaient une véritable plaie pour elle. Des lourdes restrictions, des médicaments, l’attention perpétuelle qu'elle devait avoir, le regard insistant de ceux à qui l’on avait recommandé de faire attention. Rien n’était à prendre à la légère de toute évidence, et pourtant, elle se sentait étouffée. Peut-être était-ce plus psychologique qu’autre chose, mais plus les années passaient, plus elle se sentait acquérir une certaine autonomie, plus elle avait du mal à prendre correctement son traitement, au risque de jouer avec la vie. On lui avait répété maintes et maintes fois, néanmoins, c’était comme si elle n’arrivait pas à croire que tout cela pouvait l’amener à une mort prématurée. C’était insensé.
Aujourd'hui, Birdy a réellement du mal à suivre à la lettres tout ce qu'elle doit faire. Elle déteste qu'on puisse la voir comme diminuée, faible. Alors elle fait comme si elle était n'importe qui, délaissant parfois ses médicaments.

∞ Au collège et au lycée, la blonde a toujours été ce genre de fille qui se fondait la plupart du temps dans la masse. Elle n’était pas de celle que l’on remarque au premier coup d’œil. On connaissait son nom, en partie parce que celle-ci était une fois tombée raide en plein milieu d’un cours de sport avant de partir en urgence à l’hôpital, sans souffle, toussant à s’en cracher les poumons. Ou alors parce qu’elle dessinait. Plusieurs fois elle avait fait quelques esquisses pour le journal du lycée. Au fond, elle en avait souffert.
Déjà suffisamment fragile et hypersensible, ce n’est qu’à l’âge de ses dix-sept, dix-huit ans, que l’accumulation de nombreuses choses et sentiments ressentis comme la négligence qu’elle ressentait vis-à-vis de sa famille, dans son esprit du moins, ses problèmes de santé, le douloureux souvenir de ses hospitalisations, et cet effacement ressenti au lycée que de nombreux symptômes typiques d'une personne dites borderline se déclarèrent suite à de violentes crises. Le sentiment d'abandon, de négligence des autres vis à vis de soi, l'instabilité croissante de ses humeurs, sentiments, relations et son impulsivité entre autre. Parfois sans raisons apparentes. Beaucoup de psychologues ne la considéraient pas comme atteinte de ce syndrome. Elle en présentait certaines spécificités dû à ses souvenirs, ce qu'elle avait vécu et ses fragilités autant du point de vue physique qu'émotionnel. Son absence totale de contrôle sur ses sentiments. La plupart du temps, elle peut se contrôler, ces troubles n'étant que pour l'instant minimes face aux réels malades. Pour autant, durant certaines périodes de stress, de sensation d'étouffement, de choc émotionnel ou de profondes contrariétés, il lui arrive de littéralement se laisser submerger.

∞ Elle dessine depuis qu'elle a l'âge de savoir tenir un crayon. C'est la seule chose qui la calme réellement, qui l'apaise aussi étonnant que cela puisse paraitre. Pour autant, alors qu'elle rêvait de devenir illustratrice, elle ne s'est jamais lancée dedans. Son instabilité faisait qu'elle n'avait souvent pas le courage nécessaire, pour s'y engager.