When you try your best, but you don't succeed
when you get what you want, but not what you need

« Cooper, sors de cette putain de salle de bain ! » Ne me pressant pas le moins du monde, je me brosse les dents. Je ne vais pas parler la bouche pleine quand même. Je ne parle qu’une fois que j’ai craché. « Cette putain de salle de bain comme tu dis, c’est la tienne ! Et c’est toi qui m’as proposé de vivre ici ! » « Si tu savais comme je regrette cette décision, sors de là, j’ai un boulot qui m’attend, moi ! » Boum, en plein cœur. Mais si elle croit que c’est comme ça qu’elle va me faire sortir, elle peut toujours rêver. Mais une fois que j’ai fini de me coiffer un peu, je n’ai plus de raisons de rester. Quand je sors, elle essaye de me frapper mais j’esquive et la pauvre se tape contre la porte. Je rigole avant d’aller m’enfermer dans ma chambre – enfin la chambre d’amis. Je l’entends crier encore un peu et elle se calme. C’est pas ma faute si elle est en retard au garage. C’est vrai qu’à déjà 11h du matin, elle est mal partie. Mais elle ne se fera pas virer de toute façon. Je l’entends partir vingt minutes plus tard et c’est seulement à ce moment-là que je me demande ce que je vais bien pouvoir faire de ma journée. Je pourrais aller faire un tour en ville, ou bien aller au cinéma. Mais j’ai déjà vu tous les films intéressants à l’affiche. Alors pour faire passer un peu le temps, je me fais couler un bain. Je finis par m’endormir dedans et, à mon réveil, je suis déçu de voir qu’il n’est que midi. Encore une bonne partie de la journée à occuper. Je décide donc de sortir sans but précis. Et c’est en passant devant le Hogan que je pense à elle. Andie. Ça fait bizarre de ne pas l’avoir vue depuis notre dispute. Elle était sûrement plus intense que toutes les précédentes mais on reste nous. Cooper et Andie. Il ne faudra sûrement pas grand-chose pour qu’on se réconcilie. Alors je rentre, espérant qu’elle est de service et c’est le cas. Je remarque qu’elle me voit mais elle évite mon regard. Je soupire. Elle ne peut pas juste arrêter de faire la gueule ? Je vais m’assoir au comptoir et j’attends qu’elle vienne prendre ma commande. Mais elle ne vient pas. Et l’autre serveuse est en train de draguer un client donc ne m’a même pas vu. « Je peux voir le menu ? » Aucune réponse. Je me tourne donc vers le petit vieux assis pas loin de l’endroit où se tient Andie et je dis assez fort pour qu’elle m’entende, elle aussi « Vous pourriez dire à la jolie serveuse que si elle accepte de prendre ma commande, je lui donnerais un bon pourboire. » Elle ne va quand même pas me laisser mariner (pour toi alex) toute la journée, si ?

candy; if you ask me how i'm doing, i'd say i'm doing
just fine, i'd lie and say that you're not on my mind.

C'est une journée comme toutes les autres. Une journée où l'on doit encore se lever et aller bosser, une journée où on devra rester tard au travail, à supporter l'humeur insupportable des clients. Une journée, où, pour ne pas changer, Cooper et moi on joue encore à celui qui se taira le plus longtemps. C'est comme ça depuis notre dernière dispute, il y a plusieurs jours. Des disputes, je me souviens en avoir eu, mais des disputes comme celle-là, pas tellement. La soirée ne s'était pas passée exactement comme prévue. Cooper était rentré de mauvaise humeur - en fait ça ne change pas trop de d'habitude -, on avait fini par crier, par se reprocher tout et n'importe quoi - là encore, pas tellement différent des autres jours - et j'avais fini par partir, après lui avoir envoyé son verre de vin au visage. Mais Cooper l'avait bien cherché. Enfin, plus que d'ordinaire, évidemment. Pourtant même si je n'étais pas la seule responsable, ça ne m'empêchait pas de regretter que tout ça se soit passé. Et encore une fois, quand je pense que c'est allé trop loin, qu'on aurait pas dû s'emporter, je me retrouve à me demander comment on arrangera tout ça, comment on redeviendra le Cooper et la Andie des bons jours. Et pourtant quand j'en viens à ne plus vouloir y penser à force de justement trop y penser, je remarque la silhouette de Cooper devant le café, hésitante et finalement se décidant à entrer. « Je peux voir le menu ? » Pas de réponse. Il ne s'attendait tout de même pas que j'accourre quand même, si ? A la place, je le fais attendre aussi longtemps que possible, je donne toute mon attention à un vieux monsieur que je vois souvent assis au comptoir. Et puis par-dessus tout, j'évite soigneusement son regard, parce que je n'ai pas envie d'aller le servir, parce que je n'ai pas envie d'une autre scène sur mon lieu de travail. « Vous pourriez dire à la jolie serveuse que si elle accepte de prendre ma commande, je lui donnerais un bon pourboire. » Et merde, c'est trop tard maintenant. Un coup d'oeil vers ma collègue pour comprendre qu'elle ne bougera pas, elle non plus. Alors dans un long soupir mi-énervé, mi-agacé, je prends une carte que je finis par lui tendre, tâchant de rester impassible. Non, je ne crois pas que ce sera aujourd'hui qu'on agira comme tous les autres. « Ce sera quoi ? »

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Bien sûr que je regrettais ce que je lui avais dit l’autre soir. J’avais laissé mon humeur massacrante prendre le dessus et c’était elle qui avait tout reçu. Mais je n’étais pas le seul fautif. J’avais essayé de me calmer, d’arranger les choses, de me forcer à sourire et je n’avais récolté qu’un verre de vin en plein visage. J’avais peut-être commencé la dispute entre nous mais c’était elle qui avait fini, qui avait décidé que le rendez-vous qu’elle avait improvisé finirait par un claquage de porte. Et pourtant, c’était elle qui m’ignorait maintenant et moi qui essayais tant bien que mal de la faire me regarder. Finalement, je réussis à la forcer à me parler, elle doit quand même faire son boulot, elle n’a pas le choix. Le client est roi. Ouais, moi j’étais sûrement le roi des cons mais quand même. Elle me tend le menu sans même un sourire. Enfin je m’attendais à quoi ? « Ce sera quoi ? » Je regarde le menu sans vraiment y prêter attention, réfléchissant à ce que je pourrais dire pour arranger les choses. M’excuser serait ce qui marcherait le mieux mais cela reviendrait à admettre que tout était de ma faute. Or, le problème, c’était nous deux. Et pourtant, on ne peut pas s’empêcher de revenir l’un vers l’autre. « Un hamburger s’il te plaît. Et s’il te plaît, ne l’empoisonne pas. Ce serait con de mourir parce que j’ai été con avec toi un seul soir. » Bon ce n’était pas qu’un seul soir mais là, on ne parlait pas de toutes les autres disputes qu’on a pu avoir auparavant, juste de celle-ci. Et alors qu’elle se tourne pour repartir donner la commande au cuisinier, je tends le bras au-dessus du bar et j’attrape sa main. Pour la première fois depuis que je suis entré, nos regards se croisent vraiment. « Tu ne peux pas m’en vouloir à vie Andie, tu sais que je n’étais pas bien l’autre soir, tu me connais. Mais je suis là maintenant, on doit en parler. » Parce que oui, même si ça me fait me sentir faible, elle me connaît. Elle me comprend. C’est sûrement la seule capable de le faire.

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« Un hamburger s’il te plaît. Et s’il te plaît, ne l’empoisonne pas. Ce serait con de mourir parce que j’ai été con avec toi un seul soir. » Un seul soir ? Il se fout de ma gueule, là, pas vrai ? Non parce que de mon côté, je ne compte plus les soirs où "ce n'est pas le moment", où monsieur n'est pas d'humeur, où tout est prétexte à crier même si à priori tout était censé se dérouler normalement. Au moins, il le reconnait. Enfin, tu parles, même un aveugle le remarquerait. Enfin, tout n'est pas sa faute non plus. « Ca fera 4.80$. » Et malgré moi j'essaie de garder la tête haute, de ne rien laisser paraître. Je ne sais pas vraiment si je dois continuer à être fâchée, ni même si j'en ai envie. Tout est plus simple quand on finit par laisser couler. Et ca veut pas toujours dire qu'on ne se bat pas pour ce à quoi on croit, ça veut aussi dire qu'on est prêt à recommencer, que si c'était à refaire on referait tout de la même façon. « Tu ne peux pas m’en vouloir à vie Andie, tu sais que je n’étais pas bien l’autre soir, tu me connais. Mais je suis là maintenant, on doit en parler. » Je ne suis pas tellement d'accord. En parler ? En parler pour dire quoi ? Il n'y a pas grand chose à dire, selon moi. Mais pour avoir côtoyé Cooper suffisamment longtemps, je savais que je n'obtiendrais pas plus que ça, et que déjà sa présence ici relevait pratiquement du miracle. Enfin, sauf s'il avait vraiment très faim et que c'est le seul endroit qu'il ait trouvé, mais je préférais penser qu'il regrettait tout de même un peu ce qu'il s'était passé. « C'est une façon de t'excuser ? » Je n'arrive même plus à être en colère après lui, et j'ai abandonné l'idée de lui faire croire que je l'étais encore. Parce que tout ça est inutile, au fond. On se disputera encore, toujours pour les mêmes raisons. Parce qu'on ne colle pas, parce qu'on se ressemble trop, qu'au fond on ne forme qu'une seule et même personne et que c'est pas possible d'être toujours en accord avec soi-même. « N'oublie pas le pourboire. » Je me rends compte que depuis tout ce temps, je n'ai toujours pas lâché sa main. Je tente de réprimer un sourire, en vain cependant. Ca ne veut pas dire que tout est oublié, qu'il suffit de tout effacer pour recommencer, ça veut seulement dire qu'on aura plein d'autres disputes et plein d'autres réconciliations, qu'on aura sûrement tout le temps pour se bouder mais aussi tout le temps pour se pardonner. Et ça veut dire, que pour cette fois, c'est à moi de laisser couler.

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« C'est une façon de t'excuser ? » Je baisse la tête, elle le sait déjà. J’aimerais pouvoir lui donner plus. Mais les excuses, j’ai toujours trouvé ça stupide. Alors je trouve toujours une façon détournée de le faire. Et même ça, ça ne changera rien. On recommencera toujours. S’engueuler, se réconcilier, s’engueuler à nouveau pour rien. C’est un cercle vicieux et nous, on ne peut faire que le subir. Parce que c’est qui nous sommes, nous n’y pouvons rien. Et, même si la meilleure solution serait de partir sans regarder derrière nous, on ne peut pas le faire. « N'oublie pas le pourboire. » La voyant me sourire, je me sens enfin bien. Je la connais, je sais que ce sourire veut tout dire. Si elle ne voulait pas me pardonner, elle ne sourirait pas. Alors je lui souris aussi. « Je tiens toujours mes promesses. » Enfin tant qu’on reste là, à se tenir la main, à se regarder, je n’aurais pas mon hamburger. Mais je ne suis pas venu pour manger, c’était juste une excuse pour la voir. Alors on pourrait rester des heures comme ça. Le bar est presque vide mais de toute façon, il n’y a que nous deux qui compte. Et pourtant, nous ne sommes pas seuls au monde. « Si vous voulez l’embrasser, ne vous gênez pas, vous formez un très beau couple. » Je tourne la tête vers le petit vieux qui nous regarde sûrement depuis tout à l’heure. Je pourrais lui dire que nous ne sommes pas ensemble, pas vraiment. Mais là, je ne pourrais pas le dire sans mentir un peu. Et je ne veux pas d’une autre dispute, je ne souhaite que ce calme qui semble s’être emparé de nous. Car, même si l’orage attend toujours d’éclater à nouveau, les nuages sont partis pour le moment. Et je compte en profiter. Parce que ses moments sont précieux. « On va se trouver un peu d’intimité ? » Même si elle travaille, je veux qu’elle accepte. Une seule serveuse doit suffire pour un midi si calme de toute façon. Et moi, je ne veux qu’Andie. Pas d’un vieillard qui nous regarde nous réconcilier.

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« Si vous voulez l’embrasser, ne vous gênez pas, vous formez un très beau couple. » Il ne manquait plus que ça. Même si j'ai envie d'éclater de rire à la remarque du vieil homme, je ne fais que sourire discrètement en nettoyant deux ou trois verres. Il ne vaut mieux pas aborder de nouveau le sujet, maintenant que tout est sur le point de s'arranger, maintenant que tout est sur le point d'être oublié. Il ne suffit pas de grand chose, quand on y pense. Il n'aura fallu qu'une bonne dispute et quelques minutes pour redevenir le Cooper et la Andie que tout le monde connait. Et c'est plutôt effrayant de savoir qu'une personne est à l'origine de votre comportement, ou bien que l'on dépend de celui de quelqu'un d'autre. C'est même carrément flippant, peu importe combien de fois et aussi fort qu'on essaie de se persuader du contraire. Pourtant ça nous empêche pas de continuer sur notre lancée, quitte à nous enfoncer chaque fois un peu plus. Parce que ça nous fait nous sentir vivant. Alors je me contente de sourire, parce que crier ça prend trop de temps, c'est trop compliqué et ça pourrit ma journée. Et puis rien ne s'arrange en criant. « On va se trouver un peu d’intimité ? » C'est certainement la question la plus réjouissante de la journée. Je tourne la tête vers les cuisines, et je n'aperçois pas le patron. Tant mieux, ça nous laisse quelques minutes de répis. « Ma prochaine pause est dans dix minutes. Je suppose que je peux l'avancer. » Je joue l'indifférente et pourtant je finis par sourire, soulagée que tout ça soit derrière nous pour de bon. Je fais passer Cooper derrière le comptoir et on finit par se faufiler dans la cuisine, chipant deux ou trois trucs au passage, quand finalement on termine notre course dans l'espèce d'arrière cour du petit restaurant. « T'as faim ? » Je tends l'assiette que j'ai réussi à prendre au passage vers Cooper, amusée, même si j'ai l'impression qu'il n'est pas venu juste pour manger.

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Et il suffit de quelques paroles, de quelques regards pour que la dispute de l’autre soir soit considérée comme du passé. Personne n’oublie quoi que ce soit, on laisse juste les mauvais moments de côté pour se concentrer sur les meilleurs. Si on n’était pas capable de laisser couler, ça ferait bien longtemps qu’on aurait arrêté de se voir. Et pourtant, on est encore là. On se relève toujours sans même savoir comment on le fait vraiment. Pourquoi on fait cet effort alors qu’on sait que la prochaine dispute est imminente. Et on ne peut rien y faire. Enfin si, on le peut sûrement mais le veut-on vraiment ? Mais ce n’est pas le moment de se poser ces questions qui resteront sûrement sans réponse. « Ma prochaine pause est dans dix minutes. Je suppose que je peux l'avancer. » Un sourire, une chance d’être seul avec elle, c’est tout ce qu’il me faut. Alors on abandonne le restaurant, on traverse la cuisine et on se retrouve enfin au calme dans une petite cour. On a l’impression d’avoir fait quelque chose de mal, de devoir se cacher. Mais elle ne va pas se faire virer pour si peu. De toute façon, le proprio n’avait même pas l’air d’être là. « T'as faim ? » Je remarque alors qu’elle a récupéré une assiette pleine de nourriture. Elle a l’air fière de sa trouvaille, autant en profiter. Surtout que les frites du Hogan sont délicieuses. J’en prends une et la lui donne. Mes yeux ne quittent pas le sien et ce sourire reste sur nos visages. Il suffit de peu pour qu’on soit heureux. Après seulement quelques frites, je réalise que je n’ai pas du tout faim. Je suis venu pour elle, pas pour manger. « Attends, t’as un peu de sel… juste là. » Mes doigts effleurent sa lèvre. C’est sûrement une des pires techniques pour embrasser une fille mais c’est pas comme si on avait besoin d’excuse. Alors je m’approche et je l’embrasse. Parce que c’est aussi simple que ça. Et parce que rien que le fait de l’embrasser me donne envie de l’embrasser encore et encore et de ne jamais la quitter. « Ta pause dure combien de temps ? » je glisse entre deux baisers. Mais en fait, je m’en fiche. Il ne dépend que de nous que sa pause ne finisse jamais. Alors je l’embrasse encore, mes doigts venant caresser son visage et son cou. Aujourd’hui, c’est elle et moi et rien d’autre. On est là, au calme, on peut faire tout ce qu’on veut. Et mes doigts glissent le long de son corps pour venir caresser ses jambes à peine couvertes. Je ne sais pas combien de minutes on va pouvoir rester seuls mais je compte en profiter.

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C'est fou comme tout se passe tellement vite. Il y a dix secondes, on était encore en froid, et maintenant on semblait être à l'évidence sur la bonne voie, celle de la réconciliation. Enfin ce n'est pas moi qui vais m'en plaindre. Il n'aura suffit que de ça pour que tout semble aller mieux, comme par miracle. « Attends, t’as un peu de sel… juste là. » Une chance qu'il aime le sel. Non parce qu'imaginez que ce soit quelque chose qu'il n'aime pas, je ne suis pas sûre que j'aurais eu droit à la même réaction. Bon d'accord, c'est l'excuse la plus nulle de tous les temps, mais ça ne me déplaît pas pour autant. Et puis autant profiter de ces moments, parce qu'on ne peut pas vraiment dire qu'on saura quand le prochain se représentera. Ou même s'il y en aura d'autres. Alors je me laisse aller, glisse mes mains sous son tee-shirt comme je le fais si souvent et je goûte à ses lèvres, je me rends compte qu'elles m'ont manqué, qu'il m'a manqué, et qu'elles ont le goût du jamais, ou bien de l'éternité, je ne sais pas trop. Une chose est sûre, c'est que j'aimerais ne plus jamais à avoir à m'en séparer. « Ta pause dure combien de temps ? » C'est une bonne question. On sait jamais vraiment combien de temps durent nos pauses en tant normal, ou du moins on ne s'en préoccupe pas tellement, parce que le proprio est toujours là pour nous rappeler à l'ordre, mais quand il n'est pas là, on s'arrange entre nous, généralement. Sauf qu'aujourd'hui particulièrement, ma collègue est censée finir son service d'ici peu et je serai la seule serveuse cet après-midi. Alors peu importe si mon envie de rester là, ou bien même de laisser Cooper m'emmener où il voudra est plus forte que celle de retourner travailler, je n'ai pas vraiment le choix si je veux toujours avoir un boulot demain. « Pas longtemps. » C'est tout ce que je parviens à lui dire parce qu'il ne me laisse pas le temps d'en dire plus. Et ça me déprime de savoir qu'à peine réconciliés on va se quitter à nouveau, même si cette fois c'est pas la même chose, même si cette fois ce sera en d'autres termes. Mais je ne veux pas y penser, pas maintenant du moins. Je me hisse sur la pointe des pieds, l'embrasse à nouveau, même si ça nous fait perdre l'équilibre, même si Cooper finit par atterrir contre le mur juste derrière nous et que ça nous fait rire. Parce que de toute façon il n'y a que nous, et que pour une fois on a pas à se préoccuper des autres et même s'ils étaient là ils seraient certainement les derniers de nos soucis. « C'est de la torture. » Je finis par m'écarter doucement malgré son air surpris, l'air dépitée, non sans lui avoir volé un dernier baiser. Autant s'arrêter tant qu'il est encore temps, tant que personne n'est encore venu me réclamer à l'intérieur et que personne nous trouve planqués là comme deux ados qui se cachent de leurs parents. Je pose mon regard sur lui et je réalise enfin combien il m'a manqué.

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« Pas longtemps. » C’est pas assez ça, c’est loin d’être assez. Parce qu’à chaque séparation, à chaque engueulade, les retrouvailles n’en sont que meilleures. Et elles ne doivent pas durer seulement pas longtemps. Et il faut profiter de ces instants. Mais elle a un boulot, chose que moi, je n’ai pas. Et je sais bien qu’elle en a besoin. Alors, même si je veux lui demander de partir par l’autre porte, d’aller passer la journée à deux, je ne le ferais pas. Parce que, même si elle pourrait accepter, ce ne serait pas bien. Je ne veux pas être coupable de son renvoi. Alors je profite du moment donné, de ce petit coin de paradis avant qu’on ne retrouve les autres. Même en sachant que c’est tout ce que j’aurais le temps d’avoir, je savoure nos baisers, nos caresses. Parce que c’est comme ça que je suis bien. Elle est sûrement la pièce de mon puzzle, celle qui manque dès qu’on s’engueule. Celle que j’apprécie encore plus à chaque fois que je la retrouve. Parce que c’est un jeu dangereux, celui qui nous fait nous attacher, celui qui nous détruit mais qu’on est incapable d’arrêter. Comme mes lèvres contre les siennes. Jusqu’à ce que ce soit elle qui arrête. « C'est de la torture. » Elle a trouvé exactement les mots. La savoir si proche de moi et pourtant, savoir qu’elle doit partir. Le destin est sadique. Ou bien c’est nous qui sommes trop cons. Trop cons de s’engueuler pour rien. Trop cons de se réconcilier quand on n’a pas le temps. Cons tout simplement. Elle s’éloigne, bien trop à mon goût. Alors qu’elle s’apprête à ouvrir la porte, je l’embrasse dans le cou. « J’ai pas envie… » Mais ma phrase n’a rien d’une demande, c’est juste une remarque. Je sais bien qu’elle non plus ne veut pas rentrer, retrouver le monde réel. Pourtant, j’ouvre la porte, sans cesser de la tenir. « Tu finis assez tôt aujourd’hui non ? Si t’as le service de midi, t’as pas celui du soir, c’est ça ? » A vrai dire, je n’en sais rien, j’espère juste. Il n’y a toujours personne dans la cuisine, heureusement pour nous. A se demander si le cuisinier ne s’est pas échappé comme Andie. J'ai l'impression qu'on met à la fois des heures et à la fois seulement quelques secondes à traverser la cuisine. « Je prendrais bien le hamburger que je t’avais demandé maintenant. J’aurais toujours faim de toi ce soir. » Un dernier baiser avant qu’on revienne dans le bar. Le petit vieux nous fait un clin d’œil et j’échange un sourire complice avec Andie. Je reviens du bon côté du comptoir, celui où j’ai le droit d’être et je m’assieds, prêt à patienter. De toute façon, je n’ai rien de mieux à faire que de la regarder travailler. Et je pourrais toujours discuter avec le vieillard si je m’ennuie. « Le pourboire tient toujours au fait, enfin si le hamburger n’est pas froid depuis le temps. » Seulement la regarder après avoir passé les dernières minutes à la touche est dur. J’ai envie de sauter par-dessus ce foutu comptoir qui nous sépare et l’embrasser jusqu’à la fin de son service. Mais au lieu de ça, je me penche juste pour caresser sa joue. Parce que nos retrouvailles peuvent bien attendre ce soir, elles n’en seront que meilleures.