Assise au fond de la salle d’amphi, perdue dans ses songes, le regard au loin qui vous donne bien l’impression qu’elle ne vous prête pas attention, Loïs était plongé dans ses rêves. C’était souvent le cas dès que Mme Mc Donagh, professeure de bio-anatomie commençait à parler. Il faut dire que la jeune femme a tout de même tenté de suivre. En vain. Ce cours était soporifique. Etrange qu’elle ne dormait pas déjà, d’ailleurs. Laissant échapper un bâillement, elle s’étira faisant craquer sa colonne vertébrale. Un coup d’œil rapide à sa montre. Encore six minutes de torture et elle pouvait retrouver son lit pour vaquer à son occupation préférée : dormir. Loïs glissa ses bras dans sa veste, rangea, sa pochette qu’elle n’avait daigné ouvrir durant les trois heures qu’elle était ici, et se tenait prête à bondir vers la porte quand le cadran afficherait 14h. 13h59, Loïs accouru vers la sortie. « Mademoiselle Wingfield je peux vous aider ? » La belle se retourna, un sourcil levé, l’air inerte. « Nan, ça ira. Je pense savoir marcher seule jusqu’à la porte. Mais merci quand même » L’enseignante vira au rouge. « Vous êtes si pressé. Une heure de plus avec moi en privé vous fera le plus grand bien, à vous comme à votre impatience. Prenez cela comme une obligation ! » GREAT. C’est heure plus tard, que l’italienne sortit du bâtiment TP pour enfin rentrer chez elle. L’envie d’étriper Mc Do’jesaispasquoi lui vint à l’esprit mais derechef se calma quand elle pensait à sa couette douillette qui l’attendait. Il devait aussi lui rester un rail. Parfait. Entrant rue du monde, alors qu’elle entrevoyait au loin son appartement, elle put déceler un énergumène devant l’entrée. Plus elle avançait, plus il devenait distinct. Les yeux de Loïs devinrent ronds et elle se pinça le bras pour voir si elle ne rêvait pas. Dashwood, sur son palier, un tablier autour de la taille, un panier à la main, le visage couvert de farine. Ou a quelque chose qui y ressemblait. Son sourire d’idiot collait à son visage ; Sourire qui exaspérait la belle tellement il paraissait d’une fausseté condescendante. Enfin face à lui, elle le dévisagea. « Qu’est-ce que tu fais là ? ». La jeune femme l’évita pour passer et ouvrir son antre. Pas de temps à perdre, son corps réclamait du sommeil. Elle ouvrit la porte en guise d’invitation. Le voisinage les scrutait non loin. Pas question de se ridiculiser à cause de lui. « T’as deux minutes ! » Elle referma derrière lui, prenant son air le plus insociable possible.

C’est avec son air des plus peiné qu’elle fixait le jeune homme qui gardait sa gaieté habituelle. Tristan, c’était plus une forme disparue des hommes les plus bons, les plus généreux et des plus attentionnés. Mais comme dit précédemment, cette race de male était bel et bien en voie d’extinction qu’il en était difficile de croire, que pouvait toujours perdurer telle espèce. Un homme sans idée derrière la tête, toujours là quand vous en avez besoin, ça n’existe plus ; Par conséquent pour Loïs, Tristan Dashwood n’était qu’une image de falsification. Un mirage. Une utopie. Un coup monté pour l’avoir en beauté. « Je t'apporte des cookies » Des cookies. Nan mais on aura tout vu. Au vingt et unième siècle, quel homme vous apportez encore des cookies ? La jeune femme sentait l’arnaque à plein nez. Il lui tendit le panier de biscuit comme le loup voulant gaver le petit chaperon rouge avant de la dévorer, le sourire étincelant accroché à son minois. Loïs ne décrocha pas un mot, compta les secondes dans sa tête. D’un air méfiant, elle scruta d’un peu plus les gâteaux et termina par souffler exaspérer. « Bon, si ça peut te faire partir plus vite… » Elle glissa sa main dans le panier et en retira un qu’elle apporta à sa bouche. Elle hésita quelques instants et avant de croquer, finit par attraper un stylo, un post-it et écrit en majuscule : C’est Tristan qui m’a tué !!! La belle lui fit un clin d’œil cynique. « Voilà comme ça si tu as tenté de m’empoisonner… » Elle croqua enfin. « Si tu trouves ce biscuit bon, je reste dix minutes de plus, d'accord ? » Il avait plutôt sûr de lui. Un air sadique sur le visage, ravie de savoir qu’il allait pouvoir enfin partir, elle fit pourtant une mimique qui transparaissait un plaisir certain. Eh merde. C’est qu’il était bon. L’italienne tenta de cacher cette expression qui permettrait au jeune brun de stationner dans son appartement. Seulement il fallait avouer que c’était mission impossible, au vu qu’il ne la lâcha pas des yeux. Elle termina sa bouchée et laissa échapper un petit sourire. « Tu vas me dire que c’est toi qui a fait ça ? » Loïs reprit de nouveau un biscuit et s’esclaffa. « Impossible ! t’as demandé à qui pour m’amadouer encore ? C’est Amayelle c’est ça ? avoue Dashwood ! »

Amayelle. Sœur du présent Dashwood, extrêmement douée en cuisine. Cela ne m’aurait pas étonné s’il l’avait payé pour qu’elle lui confectionne d’excellents cookies, afin que ce dernier puisse en récolter toute la gloire. Banal. « Ma sœur n'est pas une très bonne cuisinière tu sais.. » Je repensais alors au plat de lasagne qu’avait préparé la jeune femme un soir où nous avions passé notre soirée affalée sur les canapés à mater des films à l’eau de rose. Ils étaient délicieux. Tandis que j’allais riposter il me coupa la parole. « T'aurais pas du thé ? C'est bon ça, avec des biscuits. » Et même sans demander ma permission, je le vois se faufiler dans ma cuisine, pour s’aventurer à la recherche de tasses. Un subterfuge bien trouvé pour gagner encore quelques précieuses minutes. Sa ténacité ainsi que sa ruse me donnait envie de rire mais je me retins. Je ne voulais pas qu’il croit qu’il avait gagné. Je craque finalement par l’aider et lui sort deux sachets de thé vert que je lui tends nonchalamment. J’étais plus lait froid avec Kelloggs, comme à l’époque où je me réveillais à sept heures trente du matin pour l’école, scotchée devant mes dessins animés préférés, tout en gobant des céréales multicolores. Cependant je ne disais pas non à un bon cappuccino ou un thé menthe. Tandis que je dégustais mon deuxième biscuit je le regardais s’apprêter en cuisine pour nous faire nos boissons. « Vingt minutes de plus, VINGT ! » Le scrutant d’un air suspicieux, j’ajoutai. « Pourquoi tu t’obstines à tenter de me convaincre de ta peudo perfection ? » Je m’avançais alors vers lui. « Tu cherches quoi ? T’attends quoi de moi ? »Pourquoi moi, pourquoi étais je cette proie privilégiée ? S’il était réellement bon et que ses intentions étaient bonnes, qu’est-ce que ça pouvait lui apporter que je pense le contraire… Tandis que je cherchais une réponse rationnelle, je fis brutalement des yeux ronds. « Oh nan ! Me dis pas que je t’ai brisé le cœur à une soirée où j’aurais pu être tellement décalquée que j’ai pas grillé que c’était toi… et que maintenant tu désires te venger de moi ! » Cela m’était arrivé deux fois. Une fois, un mec m’avait volontairement enfermé dans un placard du fait que je n’avais pas voulu couché avec lui. J’en ai gagné une bonne claustrophobie. Une deuxième j’étais tellement soule, que j’ai dit bêtement "je t’aime" pendant l’acte. Le lendemain, le mec voulait emménager avec moi. Il s’est vengé en venant cambrioler l’appartement –ayant pris le soin de faire les doubles de mes clefs- quand je lui ai dis que c’était l'alcool qui parlait à ma place . Expériences traumatisantes.