Je me réveille dans un endroit inconnu en espérant que ça soit chez une donzelle puis en fait, je me rend compte que je suis quelque part où y'a des sièges bizarres et des barres dans tous les coins. Je me dis : chouette, un club de striptease, encore mieux. Je suis étalé sur ce qui semble être une banquette, je me frotte les yeux. Je suis habillé bizarrement, on dirait un de ces playboys à la con. Je suis en veste de cuir brune avec un pantalon noir moulant et pareil pour le t-shirt. Bordel, j'ai l'air d'une pédale. Mes chaussures manquent à l'appel. Et merde, j'allais devoir rentrer à pied nu, je déteste ça. Trop peur de marcher dans les crottes de chiens que ces starlettes à la con font exprès de laisser là en espérant qu'il y ait un con qui marche dedans. Eux, ils attendent au coin de la rue en se poilant. Enfin du moins, c'est comme ça que je l'imagine et c'est comme ça que je fais avec Rex, ce bulldog puant qui me sert de cobaye. Bref, je me lève difficilement, je sens en dessous de mes bras, ça va, c'est pas terrible. J'ai une furieuse envie de clope alors je fouille dans mes poches, y'en a pas. Mais bordel, qu'est-ce que j'ai foutu cette nuit. Je regarde l'heure, cinq heure du mat'. Je regarde enfin un peu autour de moi, y'a plein de gens qui vont au boulot habillé d'un costard cravate qui me regardent comme si je sortais tout droit d'un asile. « Quoi, vous voulez ma photo ? ». Je leur ris au nez, avant de me rasseoir et de me rendre compte que je suis dans le métro. Dans quel métro serait plus la bonne question. Je regarde à gauche et à droite, que des clampins en costume, pas envie de leur causer, trop propre sur eux que pour être honnête. J'attends vainement que quelqu'un de normal rentre dans le métro mais je vois que des imbéciles en cravate. J'ose pas descendre de cette foutue rame de peur de me perdre. Ouais, il m'est déjà arrivé de me retrouver dans un autre pays et de même pas parler la langue alors maintenant je me méfie. Dans le même état que moi, sur la banquette en face, une autre personne semble émerger... Que s'est-il passé ?

bordel. Tu ouvres les yeux, difficilement. Tu passes dix minutes à regarder dans le vide en attendant que ce p'tain de voile qui te cache la vue disparaisse une bonne fois pour toute. Là, tu passes à l'étape que tu adores le plus: la découverte. Tu te lèves tant bien que mal et sens tes genoux faiblir quand tes pieds touchent le sol. Ton crâne te fait mal. Merde, tu as un peu trop exagéré quant à la quantité de drogue, la veille. Tu n'apprendras jamais la leçon. Tu fronces les sourcils en voyant des gens qui dorment un peu partout dans la pièce. Elle est tellement petite. Tu suffoques. Tu cherches la sortie, impatiemment. P'tain une chambre de motel à 5 dollars. Tu t'es bien rabaissée la veille, apparemment. Pas le temps de porter tes chaussures, tu les tiens dans la main et quittes hâtivement le motel. Tu cherches ta voiture mais ne la trouves pas. Tu te dis alors que tu l'as sûrement laissé à ton hôtel ou qu'on t'a ramené ici. Tu ne te rappelles plus ce qui s'est vraiment passé. Tu as envie de marcher mais tes pieds saignent tellement tu as passé ta soirée à danser. T'as pas trop le choix.Tu cherches donc la première station de métro et attends sagement. Y a plein de monde. Tu ne sais même pas quelle heure il est. Tu t'en fous. Ce n'est guère la première fois que cela t'arrive. T'y es habituée. Enfin. Etant donné que c'est la première fois que t'utilises les moyens de transports publics; tu suis la foule. Tu n'as aucune idée dans quelle station t'es supposée descendre. Tu décides alors d'attendre le terminus. Tu cherches une place. Lasse, tu te laisses tomber sur la chaise. T'allumes une clope. On te regarde bizarrement. Des gens en costards te dévisagent; te jugent - comme ils le font tout le temps. Tu les emmerdes. Tu jures et on te lance un regard noir. Grincheuse, tu leurs tires la langue avant d'aspirer une nouvelle taffe. Tu balayes du regard le métro et tu t'attardes sur un jeune homme dans le même état que toi. Insociable, tu l'es. Mais bizarrement, tu ouvres la gueule et lui offre une cigarette. Une clope. Non ce n'est pas une question. Tu peux très bien deviner l'état des gens et leur besoin de fumer. Il a sûrement passé une soirée aussi bordélique que la tienne. Solidarité entre jeunes. Tu es surprise par ton comportement. Petite princesse bourgeoise qui se soucie des autres. Depuis quand ? Tu grimaces à cette pensée. Non tu ne te soucies de personne. Tu veux juste tuer le temps, rien de plus.


hj: j'me suis permise de réponse. j'espère que ça ne te dérange pas.

N'ayant que ça à faire, dans le but de me concentré un peu sur un truc autre que mon mal de crâne abominable, je regarde cette fille de haut en bas. Jolie même si on dirait une gamine de dix huit ans. J'aime bien les gamines. Elle a l'air d'une petite fille sage, elle a aussi surtout l'air paumé, du moins autant que je le suis. Elle s'approche. « Une clope. ». Ca n'a pas l'air d'une question, je la prend volontiers, je meurs d'envie de fumer déduis que j'émerge. Les gens qui viennent vers moi son rare. En général, on me connait, on m'a déjà vu quelque part et surtout on ne veut pas m'approcher de peur de devenir comme moi. Les filles m'adorent et les mères me détestent. J'aime ce statut et je m'en suis jamais plein. D'ailleurs elle entre plus dans la catégorie des filles. Je présume que ça va bien se passer. « Alors cette fête ? ». Je vois qu'elle est comme moi, encore sourde de la veille. Je me fous de son prénom, je veux juste savoir si des bribes me reviennent. Je la regarde de plus prêt, vêtements chers, cette petite est surement née avec une petite cuillère dans la bouche. Quand je pense que moi aussi j'en avais une et qu'il a fallut qu'on me l'enlève, ça me rend morose, je chasse cette pensée. J'ai enfin la brillante idée de regarder les noms de stations. Ouais, sauf qu'elles me disent absolument rien. Je prends pas trop ce genre de machin, c'est sales, les gens sont cons. J'écrase ma cigarette sur le sol, peu importe que je sois dans un métro, les gens me zieute, je les envois valser. Aucun d'eux ne me fait peur. Un gars fait mine de se lever pour venir me dire quelque chose, je le regarde de travers, il se rassied et baisse la tête, je ris.

hj; vas-y seulement

Tu continues de fumer ta clope sans accorder la moindre attention aux personnes à côté de toi. Des non fumeurs ? Tu les emmerdes. Tu ne respectes personne et ce n'est pas maintenant que cela va changer. Tu es une garce et tu fais tout pour le montrer. Tu aurais très bien pu attendre un quart d'heure le temps de descendre du métro pour allumer ta cigarette mais tu le fis exprès pour agacer les gens. Un sourire se dessine sur tes lèvres au moment ou tu les regardes s'asphyxier presque à cause de la fumée. Des gens en costards s'inquiétant d'arriver en retard à leur boulot. Alors cette fête ? Une voix masculine t'arrache de tes pensées et tu détournes la tête lentement vers ton interlocuteur. Le gars de toute à l'heure. Tu le dévisages. Tu remarques qu'il est dans le même état que toi. Tu te dis qu'il pourrait peut être t'éclairer un peu par rapport à ta soirée de la veille. Tu ne te souviens de rien et tu aimerais bien savoir ce qui s'est vraiment passé. A toi de m'le dire. Tu aspires une autre taffe tout en fixant le jeune homme du regard. Tu essaies de chercher dans ta mémoire et peut être que t'y trouveras - par coup de chance - quelque chose de reconnaissable. Malheur. Rien, le néant. Ce n'est guère la première fois que cela t'arrive mais pour une fois tu ignores ou tu te trouves. Pour la première fois de ta vie, tu te retrouves obligée à prendre le métro. Capricieuse comme tu es, tu commenceras bientôt à te plaindre. Et sinon, on est dans quel quartier au juste ? Ta mère t'aurait sûrement traité d'impolie de t'adresser à des inconnus sans même les vouvoyer ou au moins te présenter. Tu ricanes en imaginant sa tête quand elle te verra dans cet état là. Tu hésites presque à rentrer rapidement juste pour lui causer un arrêt cardiaque à ta mère la bourgeoise.

« A toi de m'le dire. ». Je ris, si je lui demande c'est que les souvenirs m'échappent. C'était comme si elle me demandais la lune, trop beau et un peu trop loin pour que je lui donne. Je regarde autour de moi, à la recherche d'une bribe d'évènement, rien, le trou noir. Ca servait à rien, ce serait comme chercher le Graal, on le trouve pas et on le trouvera jamais. J'avoue que ça me déstabilise un peu. Je sais pas où je suis, c'est limite si je me souviens de mon prénom et en plus je me souviens plus de ce que j'ai fait. Si ça tombe dans neuf mois je serais père et j'ai même pas souvenir de l'acte. Je fixe un mec avec un chapeau et je sais pas pourquoi, ça me dit quelque chose. Ca me rappelle une odeur de vomi. Ouais, ça y est, je me souviens d'avoir vomi dans le chapeau d'un type. Ou peut-être même dans le mien, aucune idée. Voilà peut-être un indice. Ouais, ok, ridicule mais bon, c'est un début. Peut-être qu'à partir du chapeau je pourrais reconstituer le décor. « Je me souviens d'avoir vomi dans un chapeau, la classe hein ? ». En revanche, la fille à côté de moi, elle sent bon. Cette odeur aussi me dit quelque chose mais quant à savoir quoi, c'est une autre affaire. Cette fois-ci, cela ne me revient pas. J'espère que elle ça lui reviendra. « A bien y repenser, tu me dis quelque chose... ». Je la regarde plus attentivement. Mais je me souviens pas ce ce qu'elle me dit. « Et sinon, on est dans quel quartier au juste ? ». Encore une question sans réponse, je hausse les épaules, j'en ai aucune idée. Ben ouais, même les stations de métro me disent rien. Et comme j'ose pas sortir de cette foutue rame ben forcément, je sais pas où je suis.