Elle me regarde -vous savez, ce regard de chienne en chaleur un peu en manque- et me sors le grand jeu avec sa petite robe noire bien moulante accompagné d'un décolletée plongeant qui vous offre une vue panoramique sur son par-choc. Dans un langage plus familier, on appelle ce genre de femme fatale, des chaudasses. Et j'en avais une en face de moi qui titillait ses cheveux depuis une demi-heure et m'assaillait de petits sourires coquins. Je suis un homme, j'ai des besoins, donc ne me blâmez pas de me jeter sur une telle occasion. Je ne suis pas non plus désespéré, mais de nos jours il est rare qu'elles s'offrent à nous sur un plateau d'argent, comme dans le cas présent. Naïf comme je suis, je me suis lancé tête baissée et je suis parti à la charge. Sourire charmeur, petit clin d'oeil, je lui ai poliment offert un verre. Erreur. De file en aiguille, j'ai terminé par lui proposer de venir à mon appartement. «T'as les yeux bleux comme du canard WC, ça te dit de me raccompagner ... ». Bateau, sauf que j'ai l'art de sortir des phrases complètement pourries qui fonctionnent, la preuve ça a marché vu qu'elle a directement accepté. Une coquine, cela ne fait aucun doute. Je l'ai donc emmené jusqu'à mon appartement, j'ai fait pété les bières, je me suis déshabillé plus vite que mon ombre et à cause d'un renversement de situation, je me suis retrouvé à la porte de mon propre logement, nu comme un ver. J'ai tambouriné comme un forcené pour qu'elle m'ouvre, mais rien à faire. Encore une bien belle s**** qui s'est foutue de moi. Désespéré, j'ai donc eu l'idée brillante d'aller chercher de l'aide à côté. Je n'ai jamais vu ma voisine, ni croisé, mais il n'est jamais trop tard pour faire sa rencontre. Paillasson « Welcome » enroulé autour de ma taille afin d'éviter qu'elle soit effrayée par l'engin, je décide de foutre ma fierté de côté et de sonner à sa porte. Il n'y a plus qu'à prier pour qu'elle soit chez elle et qu'elle ne me referme pas la porte au nez.

Les femmes. Elles sont délicates, manipulatrices, garces et sans coeur. Après on dit que les hommes sont de véritables connards à se jouer d'elles, mais dans le cas présent, c'est bien ma personne qui prend cher. Se retrouver nu et à la porte de son propre appartement, il faut le faire. Personne ne me croira quand je raconterais cette histoire, ou pour mon propre bien, il vaudrait mieux que je la garde pour moi si je tiens à ma dignité. Embobiné comme un bleu par une sublime créature, je me sens terriblement con à devoir sonner à la porte de ma chère voisine. Je pris en mon fond intérieur pour ne pas qu'elle me prenne pour un fou ou alors un exhibitionniste et me referme la porte au nez, car cela ne me tente guère d'aller frapper à toutes les portes de l'immeuble. Il me faut déjà gaspiller une bonne partie de ma fierté pour sonner à celle-ci. M'attendant à rencontrer une vieille croutard de soixante-dix ans, c'est une sublime blonde qui vient m'ouvrir. Je perds alors le peu de moyen que j'avais et je reste stoïque sur le seuil de sa porte avec son paillasson autour de ma taille . J'avais préparé une excuse pour ce dérangement, mais celle-ci ne veut pas sortir de ma bouche. Me voyant rester muet, la voilà qui prend parole. « Je peux vous aider peut-être ? » . J'arrive à desseller son étonnement, mais aussi son amusement à me voir dans mon plus simple appareil. Sans oublier les petits coups d'oeil qu'elle me jette de bas en haut, profitant de la vue pour ce rassasier. Il n'empêche que je n'ai toujours pas aligné deux mots, du coup je prends mon courage à deux et me lance. « Je .. oui. En fait je suis nu et ... » Non sans blague, elle ne l'avait pas remarqué. Je soupire et reprend, mais cette fois-ci avec plus d'assurance et de hargne. « Une folle m'a foutu ses nichons en pleine poire, j'ai craqué, je l'ai ramené, elle m'a piégé et je me retrouve donc nu devant chez vous à couvrir mes bijoux de votre paillasson ... ». Je lui lance alors un regard de pauvre chien battu abandonné qui aurait besoin d'un peu de chaleur (je parle de vêtement, pas de sous-entendu pervers, coquine). Du coup pour reformuler mes besoins, je reprends une dernière fois la parole. « Donc j'espérais que vous auriez la bonté de m'aider ... » finis-je par dire tout en lui dévoilant ma parfaite dentition.

Si j'avais su plus tôt que cette ravissante demoiselle vivait à quelques pas de chez moi, je me serais déjà foutu à poil depuis bien longtemps. Là étant intentionnel, je suis comme un con et nu. « Oui, j'avais cru remarquer. » . Et en plus, elle se fout de moi. D'un côté, elle a raison. À sa place j'aurais réagi pareil, ou pire même, j'aurais refermé la porte au nez. Car avec un exhibitionniste sur le seuil de votre porte avec votre paillasson autour de la taille, il y a de quoi se poser des questions. D'ailleurs, avant même qu'elle me questionne sur le pourquoi du comment, je lui explique brièvement -et avec mes mots- la situation. Chose qui semble la faire rire. Bon point, au moins elle ne me laissera pas dehors et à ma merci. « Très poétique... Si je peux me permettre, je trouve la blague de cette demoiselle plutôt réussie. » . Ah, ce n'était pas une blague. J'étais réellement sérieux. Mais je préfère ne rien rajouter sur le sujet et formuler ma demande. Et oui, je ne suis pas venu frapper à sa porte pour qu'elle admire mon corps de dieu grec et écouter mes mésaventures, mais plutôt pour qu'elle m'aide, me prête peut être des vêtements. Car mine de rien, en ces temps hivernal, il fait extrêmement froid. Et bien sûr, les couloirs de ce fichu immeuble ne sont pas chauffés. Du coup cela me vaut quelques frissons et une stalactite dans l'entrejambe. Au final suite à ma demande, elle accepte de m'inviter gracieusement chez elle. « Je pense que nous sommes devenus assez intimes pour nous tutoyer, non ? » . Tout en pénétrant dans son appartement, je lui réponds tout sourire. « Et ce n'est que le début ma jolie, enfin ... je veux dire .. oui ». Par moment il faudrait que je ferme ma gueule et cesse d'être le goujat que je suis. Je vais finir par l'effrayer et elle va me foutre à la porte un bon coup de pied au derrière et en reprenant son paillasson. Je serais bien dans la merde. Quoi que, j'ai d'autres voisins, mais pas sûr qu'ils soient aussi mignonnes qu'elle et aussi accueillants. Finalement je la suis dans son appartement -géant d'ailleurs- et pénètre dans une pièce qui semble être la salle de bain. Jetant par la même occasion des coups d'oeil à droite et à gauche pour faire mon curieux. « Je te laisse te réchauffer, te nettoyer... Enfin comme ça t'arrange. Fais comme chez toi. » « Merci beaucoup. Je te revaudrais ça. Je ne sais pas comment, mais je t'en dois une. D'ailleurs je paye par nature si besoin ... » dis-je d'un sourire malicieux. Je ne suis évidemment pas sérieux. Je ne le suis jamais. Enfin bref, une fois la demoiselle repartie -dommage d'ailleurs, il y a bien de la place pour deux dans cette douche - je me faufilai sous celle-ci. Une bonne dizaine de minutes plus tard, j'en ressors propre, réchauffer et ... habillé d'un peignoir rose. Classe. Après le paillasson, pourquoi pas. Après avoir traversé un long couloir, je finis par retrouver ma charmante voisine dans le salon. Posant comme dans un magasine à l'entrée de la porte, je lui sors. « Beau gosse, non ? ». Autant faire dans l'auto-dérision au point où j'en suis.

Je suis ainsi. Sans gêne, sans tact et je ne prends jamais de pincettes lorsque je m'exprime. Peut-être que je devrais. Cela m'éviterait de passer pour un porc, ou un obsédé. Car mes allusions perverses s'enchaînent et je ne fais pas attention aux réactions de la demoiselle. Mais j'estime qu'elle n'a pas prit au premier degré mes dires, car je suis toujours chez elle. Si elle n'avait pas apprécié mes sous-entendus, je serais à nouveau dehors, me les gelant et faisant le tour des paliers de l'étage à la recherche d'une âme charitable. Mais celle-ci, je semble l'avoir déniché. Après une douche bien réchauffante, je rejoins ma bienfaitrice dans son salon dans un peignoir rose bonbon, qui je dois le dire, me va comme un gant. D'ailleurs je me prends à faire le beau gosse devant celle qui quelques minutes avant n'était qu'une inconnue. Mais j'ai cette qualité qui me permet de rapidement m'adapter et de me sentir à l'aise qu'importe l'endroit ou la situation. « A tomber. » . « Je sais .. ». Dis-je sous un air de pur prétentieux. Puis empoignant la bière qu'elle me tend, je m'installe à ses côtés. Celle-ci reprend la conversation en se présentant. « Au fait, je ne me suis pas présentée. Je m'appelle Camryn. » Il est vrai que c'est plus agréable de connaître le prénom de celle qui m'a sauvé d'une humiliation certaine. Joignant ma main à la sienne qu'elle me tend, je la serre tout en souriant et en lui répondant. « Enchanté, Azhar .. ». Les présentations étant faites, dorénavant nous ne sommes plus que simples inconnus l'un pour l'autre et nous pouvons nous lâcher. Quoi que je n'ai pas attendu qu'elle me dévoile son prénom pour faire le singe. Buvant quelques gorgées de ma bière, voilà qu'elle reprend la parole. «Alors comme ça tu m'en dois une ? Et bien réglons ça tout de suite. Tu proposes de payer en nature : je suis intéressée, allons-y. » . Recrachant le liquide contenue dans ma bouche en plusieurs postillons, je plante mon regard dans le sien. Oui, je suis surpris. Mais d'un air surpris, je passe à celui qui réfléchis. C'est bien trop beau pour être vrai. Jamais une femme ne s'est donnée ainsi, même les plus avenantes. Il y a donc anguille sous roche. Car malgré ce que l'on peut penser, les femmes aussi ont une fierté et jamais elles ne donnent si facilement à un homme. Prenant un air malicieux, je finis par approcher ma main de son visage, de caresser délicatement sa joue, pour finalement remettre une de ses mèches de cheveux qui tombaient. « Tu es une mauvaise actrice ... » dis-je en changeant totalement d'attitude et en reprenant mes distances. Prenant de nouvelles gorgées, je repris finalement sur un air amusé. « Et cela ne serait pas digne d'un gentleman que de sauter sur celle qui l'a si aimablement accueilli .. ». Et oui, il m'arrive d'être un homme respectueux.