☇ once upon a time

Les Reid, c'est toute une histoire. Mes parents ont cherché à faire toutes les villes les plus connues avant de m'avoir : Rio, Paris, Pékin, Melbourne et j'en passe des meilleures. Allez savoir ce qu'ils y ont fait ; personnellement, j'ai toujours pensé qu'ils avaient claqué tout l'argent d'un quelconque héritage dans un tour du Monde en amoureux, mais ça ne regarde que moi. Puis je suis arrivée, et ils se sont posés. Ma vie a commencé à Melbourne, mais elle se terminera à Montsimpa, je n'ai pas de doutes là-dessus. Quelques semaines après ma naissance, je me retrouvais déjà dans cette petite ville d’Amérique, si loin de tout ce qu'ils avaient connu jusqu'à présent. Et il faut croire que ça ne leur a pas déplu, si bien qu'ils ont choisi à l'époque d'investir dans le garage automobile de la ville. Mes parents m'ont racontée (et je suis bien assez naïve pour le croire, si jamais ils se sont joués de moi - ce qui n'est franchement pas anodin chez les Reid) que mon père avait passé ses jours et ses nuits de deux années consécutives pour apprendre la mécanique de a à z. Pour la connaître, ça il le pouvait (c'est plus sur le délai que je me sens bernée, mais passons). Au fur et à mesure, c'est devenu une passion pour lui. Une passion qu'il n'omit pas de me transmettre, à moi qui était si désireuse de passer du temps avec mon paternel. Quand j'y repense, je n'ai jamais été ce qu'il y a de plus féminin, au grand désespoir de ma mère. Peut-être était-ce ce lien fort que j'entretenais avec mon père qui avait fait que j'avais systématiquement besoin de reproduire ses moindres faits et gestes ? Jouer à la balle ou parler de voitures passait largement devant les idées de ma mère (habiller des poupées, ou encore faire des gâteaux : vous avez vu ma tête ? Vous croyez vraiment que j'allais passer mon enfance à devenir une jolie jeune fille alors que je pouvais m'éclater comme une malade du côté des garçons ?) C'est ce qui me valut les plus beaux surnoms des garçons de mon école primaire : sans-couille mais presque, tarabiscotte sans biscotte, et j'en passe. Enfin bon, pas la peine de tergiverser sur le sujet : j'étais et je suis un garçon manqué (mais de toute façon, je m'en fous).

J'atteins vingt-et-un ans et à mon plus grand malheur, mon père eut un accident qui le rendit incapable de s'occuper à temps plein du garage familial. Ce dernier tournait étonnement bien ; oui, les Reid aimaient bien s’étonner de leur propre succès. C'est un trait commun chez nous, de l'auto-dérision qu'on appelle ça, je crois. Alors obligatoirement, c'est moi qui prit la relève. Imaginez cette fierté, je ne passais plus dans les portes. Ça fait maintenant un an que je dirige le garage comme un chef, avec une main de fer (non, pas de gant de velours, ce n'est pas un tissus assez pratique) et cela, tous les employés pourront vous le dire (que je suis un ange, hein).

« Il y a des moments où je regrette Monsieur Reid, vraiment. Mais bon, on ne peut pas dire qu'il a un aussi joli cul que notre rousse. » Un employé du garage, qui n'a plus de dents.

Est-ce que je dois vous raconter ce qu'il s'est passé, il y a de ça trois mois peut-être ? Bon, c'est imbécile et sans valeur, mais je pense que ça me délivrera d'en parler à quelqu'un. C'était un soir, j'étais restée un peu plus tard au garage parce que je n'arrivais pas à comprendre pourquoi le moteur de cet Hudson avait claqué du jour au lendemain (au final, je crois que c'était tout bêtement le joint de culasse qui était fissuré et pas changé à temps ... je me tromperais si je disais que ce n'est pas ce qui vous intéresse ?). Enfin bon, tout cela pour dire que j'étais restée seule, tard le soir. Je commençais à réunir mes affaires, lorsque j'entendis un bruit venant du cagibi. Pas peureuse pour un sou (ouais j'avoue, c'est une phrase de gros mytho), je me saisis de la batte de baseball que mon père avait décidé de laisser sous le comptoir, au cas où. Je m'avançais à pas de chats, quand ... Quand il se passa un truc de ouf, ouais, pendant ce moment où j'étais inconsciente. Je crois que c'est mon père qui m'a retrouvée allongée sur le sol le lendemain matin, en venant faire l'ouverture. Je me souviens qu'à ce moment, il me demanda de retourner me reposer chez moi (après avoir bataillé pour qu'il ne m'emmène pas à l'hôpital) et que je sortis, affrontant ma première aurore. Je dois vous avouer que ça m'a foutu les chocottes de voir que je ne pouvais plus rester au soleil sans carboniser. Mais j'ai mis ça sur le compte de ma peau fragile et d'une quelconque allergie à une crème. Après tout, qu'est-ce qui avait bien pu changer en une nuit ?

Pour continuer brièvement, Lex est tout ce qu'il y a de plus ignare. Même en voyant un groupe de vampires dévorer des gens devant elle, elle pourrait douter sur sa nature. Alors comme dit un peu plus haut, elle s'arrange pour sortir la nuit (dans le garage, il fait assez sombre pour qu'elle puisse y travailler le jour en toute tranquillité), en se disant qu'elle fait juste une mauvaise réaction et qu'il n'y a rien de grave. Le soir, quand il lui arrive de sortir, Lex découvre ses nouvelles aptitudes comme une enfant, mais associe toujours ses espèces de dons à des justifications purement rationnelles : si elle persuade quelqu'un, c'est juste parce qu'elle croit être un peu plus attirante en vieillissant ; si elle se surprend en train d'aller à toute allure, c'est juste que ses chaussures courent plus vite. Alors si un jour un vampire (celui qui l'aurait transformé, peut-être) s'était mis en tête de lui faire comprendre ce qu'elle est devenue, il devrait s'armer de patience. Oh oui, il a intérêt à en avoir, parce que Lex n'est vraiment pas de tout repos.

ton pseudo + cici = bonjour jolie dame bienvenue chez ton nouveau chez toi en tout cas tu as bien fait de tenter l'aventure