Il se fait tard. Vraiment très tard, mais c'est bien pour ton boulot si tu es debout et surtout dehors à une heure aussi tardive. En effet, aujourd'hui débute le tournage de ton prochain film. T'es excitée, tout comme t'es triste. Un film dramatique que tu vas jouer, c'est ça la tristesse. Autour de toi, le monde bouge, il se bouge. Oui, tu le vois. Dès le départ tu as remarqué son nom sur le scénario. Pendant un mois, tu allais le voir tous les jours, manger avec, travailler avec. Rien que le voir te dépite. Tu souffles, rien qu'en repensant à votre dernière entrevue. Comme d'habitude, tu n'avais pas parlé. Tu étais resté silencieuse, distante. Gardant cette part de mystère que tu entretenais avec tout le monde, mais il n'était pas tout le monde. Et ça, rien que de te l'avouer, ça avait le don de t'affaiblir. Ce que tu n'aimes pas. Ta maquilleuse s'occupe de régler les derniers détails de ton apparence, tu es presque prête. À côté, le réalisateur et ton assistante t'adressent plusieurs mots, phrases que tu n'écoutes même pas. Tu le regardes juste s'adonner à sa passion, tout comme tu t'apprêtais à le faire. Rien d'autre n'avait d'importance que lui. Pitoyable quand t'y penses. Tu ne comprends pas pourquoi tu continues toujours de t'accrocher à lui, non vraiment pas. Pourtant, tu fais celle qui n'en a rien à faire, qui ne veut même pas le voir, alors que dans le vrai c'est tout le contraire. T'es comme ça toute façon, accro. Sauf, quand il a sa copine au bras, te rappelant sans cesse qu'il ne sera jamais à toi ou quand tu vois son père et ta mère ensemble. Oui, il ne sera jamais tiens et tu ne t'y fais toujours pas. Ta maquilleuse a finis, comme d'habitude elle fait toujours un sublime travail avec toi. Tu l'aimes bien elle, c'est peut-être la seule personne encore proche de toi dans ce monde. « Merci Rose, un travail magnifique. » Ses yeux brillent, elle est contente que tu sois ravi de ton travail. « Je peux avoir un petit moment seul s'il vous plaît ? » Demandes-tu à l'attention de tout le staff présent dans ta loge. Ils acquiescent, te laissant tous seul. Le silence. Ça fait du bien. Te regardant un instant dans le miroir, tu tournes ton attention sur ton sac à main. Dans lequel, tu t'empresses de prendre ton porte feuille. Tu en sors une photo. Un porte bonheur pour toi. Dans ton monde, tu regardes cette représentation de Isaes et toi sur cette plage de Sicile, qui est jusqu'à présent ta représentation du paradis.