Une semaine venait de passer. Une semaine depuis cette fameuse nuit où tout s'était chamboulé entre le premier baiser, l'envie de construire quelque chose mais la peur de l'attachement qui restait plus forte que tout. En lui donnant mon adresse je lui avais laissé le choix de me rejoindre ou non. Il ne l'avait fait qu'à moitié en s'excusant et en me laissant la sienne sur une carte posée devant ma porte. J'avais été déçu dans un premier temps mais à présent je comprenais un peu mieux. Ce n'était pas si mal de nous laisser cette semaine de réflexion sans aucun contact. J'avais hésité, regardé de nombreuses fois son numéro et son adresse sur mon portable, je m'étais rassuré mais je n'étais toujours certain de rien. Pour l'être il fallait que j'accepte son invitation et c'est précisément ce que j'allais faire. Je n'en pouvais plus de rester dans un tel flou et je ne pouvais pas trouver la solution tout seul.

Totalement affalé sur mon canapé devant une série que je ne regardais qu'à moitié, je posais régulièrement mon regard sur l'heure qui avançait bien trop lentement à mon goût. Je grimaçais face à l'ennui, ou plutôt face à l'impatience de connaitre ce qu'il en était de cette relation qui n'avait pas vraiment eu de réel début pour le moment. Dix minutes après j'étais debout, la télé éteinte. Notre rendez-vous était fixé seulement dans une heure, je filais donc sous la douche en priant pour que l'eau brûlante me détende totalement. Ce fut le cas. En une demi-heure j'étais prêt, lavé, habillé, coiffé. Le principal. Je sortais de chez moi en tentant d'ignorer la boule qui se formait dans mon estomac. Je n'avais aucune raison de stresser puisque je commençais à bien connaitre Cassandre, nous étions même très proches depuis la soirée au verseau. Je soufflais doucement en me dirigeant vers la première bouche de métro. Quelques minutes plus tard je me retrouvais tout près de la rue du monde. Je vérifiais rapidement l'adresse exacte et me mettait en chemin. Je n'étais jamais allé dans ce quartier et le moins que l'on puisse dire c'est que la surprise était de taille. Les rues étaient animées, tout le monde était joyeux, c'était vivant. Un réel contraste avec ma rue. Chez moi les gens étaient snob, le seul jugement se passait sur l'apparence de l'habitation. Je supportais de moins en moins cette vie trop aisée. Ici je me sentais bien mieux mais ça avait sûrement un rapport avec ma destination. Je finissais par l'atteindre quelques minutes plus tard. Un coup d'oeil à ma montre suffisait à voir que j'étais en avance de cinq minutes. J'en profitais pour fermer les yeux et respirer calmement histoire d'être totalement prêt. C'est avec un léger sourire que je toquais à sa porte, le coeur battant la chamade.

⚜

So right now, I wanna leave with you right now
I wanna be with you all night, in the car let's go

- - - - - - - - - - - - - - - -

Le jour fatidique était arrivé. Je revoyais Thomas ce soir, chez moi, dans mon petit appartement qui ne valait pas sa maison de la rue du Bois. D'après ce que j'avais pu entrevoir de son palace et des calculs que j'avais pu faire, mon logement devait mesurer la taille du salon du jeune De Lagarde. Je ne vivais pas non plus comme un ermite mais le danseur avait une vie particulièrement impressionnante et une fortune que je ne pourrais jamais imaginer avoir. Le reste allait donc en conséquence. Je m'y faisais. Il était plus riche, plus beau, plus entreprenant et je lui suivais bien que j'essayais de me distinguer en agissant comme bon me semblait. Cette invitation en était d'ailleurs la preuve. Jamais je ne pourrais tolérais d'être contrôlé par un homme. Jamais je ne serais le compagnon fantôme de quelqu'un. Je voulais être pris pour la personne que j'étais dans sa totalité. Ce rendez-vous, ce dîner que je préparais maintenant depuis un moment me rendrait nerveux, perfectionniste. Je voulais que tout soit parfait, que rien ne laisse transparaître le moindre défaut. Je recevais un De Lagarde et cette pensée m'avait traversé l'esprit depuis que j'étais rentré chez moi une semaine plus tôt. Sur le coup, son nom de famille ne faisait pas parti de l'équation et l'invitation n'était que la suite logique des évènements. Après coup, je m'étais rendu compte, alors que j'étais couché dans mon lit, de l'importance de l'homme que j'avais invité. Et ça m'avait légèrement fait flippé.

La table était prête. Le plat chauffait encore dans le four et je m'habillais devant le miroir de ma chambre et devant mon chat noir qui s'était installé sur mon lit comme à son habitude. J'hésitais. Chemise ou t-shirt ? Jean ou pantalon ? Après de multiples essayages, je terminais par enfiler un jean blanc et un t-shirt bleu. Simple mais adapté à la situation. Je me réfugiais un moment dans la salle de bain, me recoiffant par la même occasion avant de porter quelques sprays de parfum au niveau de ma nuque. On toqua alors à la porte. Surpris, mon réflexe fut de regarder l'heure à ma montre. Il était déjà 20 heures. 20h00. Il était à l'heure et je vins même à me demander comment Thomas avait bien pu monter au sixième étage sans que je ne puisse lui ouvrir d'ici la porte d'en bas. Probablement un voisin qui sortait, ce qui me précipitait soudainement. Peigne en main, je le balançais dans un tiroir que je refermais rapidement. Je courrais presque jusqu'à mon entrée et, une fois devant, je pris une seconde ou deux pour souffler. J'ouvris. « Thomas. » Je lui souris, embrassant sa joue par la suite. « Vas-y, entres et installes-toi confortablement. Je vais juste prendre ta veste et la mettre dans ma chambre. » Je m'exécutais, attrapant son manteau que j'allais poser sur mon lit à côté d'un Pepsy que je réveillais. Il me regarda d'un certain œil. Je le poussais le forçant à descendre et à nous rejoindre dans le salon. Je ne voulais pas qu'il fasse de connerie sur un blouson valant surement plus que mon salaire. Je me détendis quelques instants et retournais dans le salon. « Ca va toi sinon ? » Lui demandais-je gentillement avant de reprendre la parole. « Et désolé pour la semaine dernière. Je pense que c'était le mieux que je ne rentre pas... » Je le fixais, lui souriant par la suite. J'espérais qu'il ne m'en voulait pas et qu'il comprenait mes intentions. Je repris. « Mais j'ai souvent pensé à ce qu'il se serait passé si j'étais resté... » Je finis ma phrase dans un murmure et, rougissant, je tournais rapidement mon visage vers la cuisine.

J'avais toqué et très rapidement Cassandre était venu m'ouvrir, à moitié essoufflé et stressé mais souriant et c'était le principal. « Thomas. ». Il déposa rapidement ses lèvres sur ma joue, ce qui me rassura puisque personnellement j'aurais été incapable de savoir quoi faire après la dernière soirée au verseau et le fait qu'il prenne les devants me rassura immédiatement. « Vas-y, entres et installes-toi confortablement. Je vais juste prendre ta veste et la mettre dans ma chambre. ». Je murmurais un merci avant de m'avancer dans l'entrée, parcourant toutes les pièces que je pouvais voir d'ici du regard. Bien sûr c'était totalement différent de chez moi, c'était plus petit mais aussi plus simple, sans prise de tête, un peu comme lui en fait. Un léger sourire s'afficha sur mes lèvres tandis ce qu'il apportait ma veste dans sa chambre. Je m'installait poliment sur le canapé en le regardant devenir, remarquant au passage son fameux chat dont il m'avait parlé. Immédiatement je me permis de me pencher en avant pour prendre le félin et lui accorder quelques caresses. « Ca va toi sinon ? ». Très bonne question. J'aurais spontanément dit oui mais ce ne serait pas tout à fait vrai tant que je ne saurais pas où en est cette histoire. En me redressant je répondais tout de même. « Ca peut aller oui, et toi ? ». Il n'y avait pas de mal à mentir un peu parfois. « Et désolé pour la semaine dernière. Je pense que c'était le mieux que je ne rentre pas... ». Je me pinçais discrètement la lèvre, soudainement gêné par la situation même si après coup j'avais totalement compris sa réaction. Je soupirais un peu avant d'afficher à nouveau un léger sourire. « T'as pas à t'excuser Cass, c'est.. normal je suppose. ». C'est vrai que j'avais eu du mal à saisir la raison le soir même mais à présent ça allait un peu mieux. « Mais j'ai souvent pensé à ce qu'il se serait passé si j'étais resté... »

Un léger silence s'était installé depuis sa dernière phrase. J'y avais aussi pensé, j'avais pesé tout le pour et le contre pour finalement ne pas réussir à tirer une conclusion définitive. J'ignorais si c'était son cas. Je reposais le chat à terre pour lui demander doucement, comme quand on parle pour soi-même. « Ah.. Tu en as conclut quoi ? ». Je reposais mon regard sur lui pour voir qu'il s'était retourné, tête baissée. Après quelques instants d'hésitation je me levais pour me placer derrière lui et simplement poser mon menton sur son épaule, une main à plat sur son dos. « Moi aussi j'y ai pensé. A ce soir là, à notre relation, à toi et à beaucoup d'autres choses.. ». Mes lèvres se posèrent d'un geste furtif dans son cou avant que je me décide à continuer. « Mais sache que je ne te force en rien Cassandre, tu connais mon avis là-dessus je crois.. ». Sur ces quelques mots je me reculais, comme si j'avais peur de l'étouffer pour revenir à ma place initiale. Je m'enfonçais légèrement dans le canapé en fermant les yeux, retenant tant bien que mal un soupir. Voilà, j'étais à nouveau perdu et je le resterais tant qu'il ne m'en dirait pas plus sur son opinion.

⚜

So right now, I wanna leave with you right now
I wanna be with you all night, in the car let's go

- - - - - - - - - - - - - - - -

Revoir Thomas me faisait sourire bêtement. Après son invitation à le rejoindre chez lui, j'avais su résisté à cette envie qui grandissait en moi. Je ressentais quelque chose d'étrange pour lui, quelque chose que j'avais connu, que j'avais souvent adoré mais que je redoutais aujourd'hui. Était-ce possible d'être devenu aussi peureux, aussi craintif et méfiant ? Oui. J'étais devenu cet homme. J'avais accepté le fait de finir ma vie seule et, finalement, il était arrivé sous un faux nom à ce stupide speed-dating où nous avions été inscrit par nos familles respectives. D'une certaine manière, moi qui avait haït ma sœur cadette pour m'avoir inscrit contre mon gré à ce genre de rendez-vous, j'en venais presque à lui pardonner ces actes quand je constatais l'immense rencontre que j'avais faite. Thomas Charles De Lagarde. La bourgeoisie par excellence. Maintenant que je voyais la personne qu'il était, son nom n'était que son identité et ne définissait pas la personne qu'il était. J'avais mis un certain temps à l'admette mais ce soir j'avais compris qu'il n'était pas la personne dont je m'étais fait l'image à travers le nom de sa famille et la vision que j'en avais.

Le jeune De Lagarde était maintenant chez moi, dans mon canapé. J'avais tout nettoyé pour cette soirée et j'avais installé la plus table pour lui, sa richesse ayant surement joué sur ma folie des grandeurs pour ce rendez-vous que j'avais organisé presque sur un coup de tête pour résister à l'envie de sonner chez le danseur. J'avais souvent repensé à ce qu'il se serait passé si j'avais eu la faiblesse de retourner le voir et d'être entrer chez lui. Au travail, dans la rue ou sous mes draps, des pensées plus ou moins sages me traversaient l'esprit. Et, tandis que je les regardais lui et mon chat ensemble, je fus des plus surpris lorsqu'il reprit la parole en me fixant de ces yeux bleus. « Ah... Tu en as conclut quoi ? » Je restais silencieux, ne sachant quoi répondre en connaissant l'étendu de mes pensées à son sujet. Debout, je me tournais vers la cuisine, échappant ainsi à son regard et au silence que je créais soudainement. Je l'entendis se lever, bouger et me rejoindre. Menton sur mon épaule et main dans mon dos, je frissonnais et relevais ma tête que je tournais dans sa direction. « Moi aussi j'y ai pensé. A ce soir là, à notre relation, à toi et à beaucoup d'autres choses... » Je n'osais bouger de peur de le surprendre et surtout d'arrêter cet instant simple que j'affectionnais particulièrement. Lorsque Thomas déposa légèrement ses lèvres dans mon cou, je me détendis d'un coup. « Mais sache que je ne te force en rien Cassandre, tu connais mon avis là-dessus je crois... » Il se recula, je me retournais. Il s'installa à nouveau dans le canapé et je le regardais. « Oui, je sais... » Lui rappelais-je avec un sourire radieux, définissant admirablement l'état dans lequel j'étais.

Regard perdu sur Thomas, j'en vins à ma perdre dans ses yeux sans pouvoir y échapper et sans pouvoir les lâcher. Toujours debout, je le fixais intensément, oubliant de lui proposer un verre. Cependant, l'odeur fumante de mon plat principal cuisant encore au four me réveilla. Rapidement, je courrais dans la cuisine ouvrant le four et sortant le plat avec une grande agilité. Je soufflais, repoussant ainsi toute la fumée afin de pouvoir constater les dégâts. Je désespérais d'avance. Il était tout bonnement à foutre à la poubelle. Oublié, ce délicieux repas. Oublié, la grande cuisine. Il ne restait plus que deux pizzas surgelées. Je pleurais intérieurement. Je n'étais pas un grand cuisinier mais j'avais toujours réussi mes plats. C'était la première fois que je me retrouvais à jeter tout un repas. Je relevais mon regard vers le danseur. « J'apporte le vin ! » Lui indiquais-je pour ne pas revenir sur mon erreur de l'avoir contemplé plus que je ne l'aurais dû. Gêné, je m'installais à ses côtés sur le canapé avec deux verres à vins et ce fameux rosé que j'avais spécialement acheté pour l'occasion. Bouteille débouchonnée, je nous servais respectivement deux verres dont un que je lui tendais maladroitement. Son contenu ne tarda pas à se déverser sur ses vêtements. Mort de honte, gêné, je m'empressais d'essuyer mes dégâts avec une serviette. « Désolé ! Vraiment désolé ! Excuses-moi pour tout ça. » Le stress grimpait et alors que je ne pensais qu'à l'image que Thomas se ferait de moi, mes mains glissaient le long de ses cuisses.

Tu as eu un geste de tendresse envers lui, tu as eu peur qu'il te repousse mais il n'a rien fait de tout ça mis à part afficher un grand sourire que tu t'es empressé de lui rendre. Depuis le début tu as le cœur serré à l'idée qu'il te repousse au premier geste mais ce n'est pas le cas, sa décision vous concernant ne peut pas être totalement mauvaise. Tu te pinces la lèvre inférieure et retourne sur le canapé où son chat ne te lâche plus, tu as toujours apprécié les animaux mais à choisir tu préfères son propriétaire. Tu sens son regard sur toi mais tu ne dis rien, ce n'est pas le genre de regard lourd ou gênant du coup tu te surprends même à le soutenir. Une légère odeur de cramé brise ce moment, tu grimaces et le laisse se diriger en direction de la cuisine, tu n'es pas un grand cuisiner mais tu devines rien qu'à l'odeur que le plat est sûrement à mettre à la poubelle. C'est dommage, tu aurais bien aimé goûter sa cuisine mais un truc tout fait peut tout à fait convenir, tu auras sûrement d'autres occasions de goûter ses plats. La seule chose dont tu es certain c'est que Cassandre est incroyablement stressé, tu ne peux pas t'empêcher de culpabiliser un peu. « J'apporte le vin ! ». Si tu attaques le vin dès maintenant à la fin de la soirée tu seras sûrement incapable de rentrer dignement mais en y réfléchissant l'idée ne te déplait pas du tout, bien au contraire. Tu le vois revenir avec une bouteille de rosé et deux coupes, il ne fait pas les choses à moitié et ça confirme l'idée de sa nervosité, tu ne peux pas t'empêcher de te demander si toute cette pression qu'il s'inflige est par ta faute, tu as très bien pu faire quelque chose qui le met dans cet état ou justement ne rien faire. Un liquide se répand sur ton haut et un peu sur tes cuisses, ce qui te sors immédiatement de tes rêveries. Tu baisses les yeux vers l'origine et constate que c'est l’équivalent du verre de vin qu'il venait de te servir qui tâche à présent tes vêtements. « Désolé ! Vraiment désolé ! Excuses-moi pour tout ça. ». Tu poses seulement une main sur son épaule, l'incitant à relever la tête alors qu'il s'affaire à essuyer tes habits en vain. Tu te serais énervé sur à peu près n'importe qui dans d'autres situations mais là c'est Cassandre alors tu lui accordes un sourire rassurant.

Doucement, tu t'empares de sa main pour la retirer même si le contact de sa main sur ta cuisse est on ne peut plus agréable. Une de tes mains se glisse lentement sur sa nuque, tu gardes ton visage à bonne distance pour pouvoir plonger ton regard dans le sien comme tu le fais régulièrement. Tu fais ton possible pour garder une voix rassurante et murmure. « Calme toi, d'accord ? » Sans hésiter tu t'empares de ton t-shirt à présent limite trempé pour le retirer, tu n'as aucune problème avec ton corps, encore moins ton torse et si ça gêne Cassandre tu le remettras tant pis. Malgré toutes tes tentatives tu devines qu'il reste tendu alors tu prends quelques initiatives en te levant pour fouiller dans le frigo et mettre une pizza au four, certaines personnes sont choquées par ton côté sans gêne qui se croit chez lui mais tu ne penses pas avoir fait ça avec de mauvaises intentions une seule fois. Et puis le regard des autres, tu t'en fou pas mal. Tu reviens vers le salon pour rejoindre Cassandre. Lentement tu te places derrière lui en tailleur pour débuter un massage par-dessus son haut. Tu ignores si tu les fais bien ou non, ton seul but pour le moment est de détendre l'atmosphère, tu veux qu'il sache qu'en aucun cas tu lui en veux pour sa maladresse due au stress. Tes mains descendes en bas de son dos alors tu te permets de poser ta tête près de sa nuque et murmurer une seconde fois. « Je suis désolé si c'est moi qui te mets dans cet état, je ne veux surtout pas te mettre une quelconque pression tu sais et je peux toujours m'en aller si tu veux te retrouver un peu seul.. »

⚜

So right now, I wanna leave with you right now
I wanna be with you all night, in the car let's go

- - - - - - - - - - - - - - - -

J'étais nerveux et la nervosité me faisait faire d'innombrables conneries les unes après les autres sans que je ne puisse intervenir ou m'arrêter. La présence de Thomas me mettait dans un tel état de panique et, en même temps, de soulagement que je ne savais quoi faire ou comment agir avec lui. Ou pire encore, je lui renversais son propre verre de vin sur lui. Intérieurement, je bouillonnais et me traitais de tous les noms pour cette maladresse. Je m'excusais, n'ayant rien d'autre à proposer dans ce genre de situation. Après le repas qui était calciné (et donc immangeable), je tâchais les vêtements de mon invité. J'étais une véritable catastrophe en plus d'être une pile électrique ce soir. Et, tandis que je frottais la cuisse du danseur pour essuyer mes connerie, ce dernier m'arrêta et attrapa ma main pour poser la sienne contre ma nuque. Il me fixait et je le regardais volontiers. Il m'apaisait. « Calme toi, d'accord ? » Sa voix était d'autant plus rassurante et ce simple murmure me ramena à un état quasi-normal, même si tout ceci n'était tout à fait normal.

Je me calais dans mon canapé, m'enfonçant plus dedans, lorsque je fus surpris d'apercevoir le torse nu de mon invité. Pendant quelques secondes, je restais figé sur ses pectoraux, sur ses abdominaux sans pouvoir dire un seul mot. Je revenais rapidement à mes esprit. Finalement, il n'avait autant réussi à me calmer autant que j'aurais pu le croire. Son déshabillage soudain l'avait frappé et j'étais de nouveau nerveux. J'aurais bien tenté de dire quelque chose, de me manifester pour le remercier de gentillesse mais aucun mot ne sortait. J'arriverais encore à ouvrir la bouche sans pouvoir épeler une syllabe, une seule lettre. Le jeune De Lagarde m'avait pris au dépourvu en laissant tomber son t-shirt. Je le regardais, l'observais sans un mot tandis qu'il s'était levé pour s'occuper du repas. Je me redresse pour le regarder faire. C'était plaisant de voir un homme aussi bien bâti cuisiner. Le spectacle était vraiment enivrant que j'en avais des bouffées de chaleur. Je soufflais, fortement, contrôlant ma libido qui était au plus bas depuis un moment déjà. Et autant dire que cela n'arrangeait rien.

Thomas revint alors vers moi et, sans que je m'y attende, il s'installa derrière moi. Sa peau nu était entrée en contact avec mon bras. J'en frissonnais et j'en frissonnais d'avantage lorsqu'il débuta ce divin massage qui me détendait plus que jamais. Je laissais échapper quelques gémissements à mon encontre, tellement le danseur était doué de ses mains. Délicatement, je le sentis descendre tout en continuant de me procurer ce petit plaisir de la soirée que je n'avais pas imaginé. Je sentis également son souffle contre ma joue. Je n'osais tourné mon visage, même de quelques degrés pour simplement le regarder. « Je suis désolé si c'est moi qui te mets dans cet état, je ne veux surtout pas te mettre une quelconque pression tu sais et je peux toujours m'en aller si tu veux te retrouver un peu seul... » Cette fois-ci, je me retournais vers lui, l'empêchant de continuer son massage. Je posais mes mains sur son torse et d'un air autoritaire, je le poussais pour qu'il tombe sur le dos et qu'il ne puisse plus se relever. « Non, tu restes. Je ne veux pas que tu partes, Thomas. En plus, t'as mis la pizza à chauffer et y'a toujours une bouteille de vin à terminer. » Je lui énonçais les faits pour le retenir. Je n'avais pas envie qu'il parte et le lui avouer de but en blanc sans raison me paraissait bien trop difficile. « Maintenant, si tu veux partir, tu peux toujours le faire mais faudra réussir à me passer sur le corps pour sortir de mon appart'... » Continuais-je en rigolant. « Et crois-moi quand je te dis que ça ne sera pas aussi facile que tu pourrais le croire... » Je le plaquais alors sur le canapé, forçant sur son torse avec mes deux mains pour qu'il reste à moitié allongé et à sa place.

Plus la soirée avance et plus te rends compte que tu ne t'es jamais comporté comme ça avec quelqu'un, que ce soit homme ou femme. Tu n'as jamais vraiment connu le stress ou l'appréhension avant, aujourd'hui ce sentiment s'empare de toi même si tu tentes tant bien que mal de le camoufler et de te montrer confiant. Pourtant intérieurement tu bouillonnes, tu as peur du moindre geste que tu pourrais faire de travers, votre relation est encore très fragile et tu ne veux pas aggraver la situation. Malgré toutes tes peurs tu ne te gênes pas vraiment pour te mettre torse nu, tu préfères encore ça plutôt que de rester avec un haut imbibé de vin. Par la même occasion et pour détendre un peu l’atmosphère tu te diriges vers la cuisine dans le but de lancer une pizza, un des seul truc que tu réussis à vrai dire. Tu es loin d'être un grand cuisinier mais tu fais ton possible pour faire des efforts dans des occasions comme celle-là. En revenant vers le salon tu devines immédiatement le malaise de Cassandre, à certains moments tu as l'impression de le connaitre depuis des années alors que tu ne l'as vu que quelques fois. C'est avec un petit sourire aux lèvres que tu te places derrière lui afin de débuter un massage. Tu ne sais pas si tu es doué mais tu sais que ça lui plait puisqu'il laisse quelques gémissements s'échapper ce qui ne fait qu'élargir ton sourire en plus de nettement faire augmenter la température ambiante. Tu fais ton possible pour retrouver ton sérieux et tu lui demandes s'il veut rester seul. La réponse ne se fait pas attendre.

« Non, tu restes. Je ne veux pas que tu partes, Thomas. En plus, t'as mis la pizza à chauffer et y'a toujours une bouteille de vin à terminer. ». Il fait soudainement preuve d'autorité en plaquant ses mains sur ton torse nu pour te faire tomber sur le dos. Tu es surpris mais tu ne relèves pas puisque le changement est plutôt agréable, tu ne l'as encore jamais vu dominant mais tu en redemanderas sans soucis. « Maintenant, si tu veux partir, tu peux toujours le faire mais faudra réussir à me passer sur le corps pour sortir de mon appart'... ». Tu hausses un sourcil, la proposition est on ne peut plus intéressante, elle n'est pas tombée dans l'oreille d'un sourd même si tu n'as absolument pas l'intention de partir sauf s'il le souhaite ce qui n'a pas l'air d'être le cas. « Et crois-moi quand je te dis que ça ne sera pas aussi facile que tu pourrais le croire... ». Tu prends ça pour une sorte de défi, le désir prends lentement le dessus autant de ton côté que du sien. Pour bien lui faire comprendre tu attrapes doucement son haut pour l'attirer vers toi et l'embrasser avec une certaine passion. Une de tes mains se faufile sur son torse, sous son t-shirt. Pour une fois tu te laisses totalement envie tout en prenant ton temps, il aura bien le temps de t'interrompre si ce n'est pas son intention. En attendant la pizza est bien loin dans tes pensées, tu te contentes de profiter de votre baiser qui a une saveur toute particulière pour toi sans que tu ne saches réellement pourquoi. Ca fait maintenant de nombreux mois que tu n'as pas ressenti une telle chose pour un homme ou même une femme alors tu sais que quel que soit sa réaction ce sera différent de toutes tes relations passées. Bien sûr tu hésites encore à aller plus loin sûrement par peur de sa réaction, ce serait l'occasion rêvée pour lui de fuir. Ses dernières paroles te reviennent alors tu le pousses doucement pour retourner vers la cuisine et surveiller la pizza qui est encore loin d'être cuite, simple précaution histoire de ne pas la cramer comme tu sais si bien le faire. Rapidement tu te diriges une nouvelle fois vers le salon avec un sourire en coin qui en dit long sur tes intentions pas tout à fait catholiques. Pourtant tu te places sagement à côté de lui pour lui demander simplement avec une pointe de timidité dans la voix. « Je ne sais pas encore jusqu'à quelle heure je vais rester mais si jamais je pourrais t'emprunter ton canapé ? ». Évidemment tu espères qu'il te réponde positivement, voir même qu'il t'invite à le rejoindre dans son lit mais tu ne te fais pas d'illusions pour le moment et tes lèvres se plaquent une seconde fois sur les siennes pour reprendre où tu en étais.

⚜

So right now, I wanna leave with you right now
I wanna be with you all night, in the car let's go

- - - - - - - - - - - - - - - -

Le voir partir était impossible. Me quitter serait l'évènement le plus regrettable de la soirée, si l'on oubliait l'excellent repas carbonisé que j'avais préparé. Je ne souhaitais pas voir partir Thomas. J'étais bien avec lui. J'étais serein malgré tout et son comportement me réconfortait dans mes choix et apaisait mes doutes. Ces massages me détendaient grandement et j'étais comme enivré par toute cette ambiance à la fois sensuelle et zen. Les gémissements que je laissais justement échapper en étaient la preuve. J'étais tout bonnement en train de me laisser faire et de me soumette au danseur ainsi qu'à ses mains expertes. Mais soudainement, je me retournais le plaquant de dos contre mon canapé. Il ne pouvait définitivement pas s'en aller et je l'en empêcherais. Il hausse un sourcil. Sa surprise m'amuse plus qu'autre chose et je ne peux m'empêcher d'afficher cette immense sourire sur mon visage alors que je le provoques en même temps. J'attendais qu'il réagisse, qu'il me pousse pour tenter d'échapper à mon emprise. Mais il ne fit rien. Rien à quoi j'aurais pu m'attendre. En effet, il attrapa simplement mon t-shirt pour me tirer à lui et m'embrasser d'une façon beaucoup plus passionnelle que les fois précédentes. Bien que surpris par son initiative, je me laissais facilement conquérir par ses baisers. Je me passais même une main derrière sa nuque au moment où la sienne glissait sous mon haut. Il me rendait cruellement accro, oubliant alors tout le reste pour me concentrer uniquement sur lui, sur ses lèvres, sur son corps à moitié nu.

Subitement, il se leva. Frustré de ne pouvoir continuer cet échange, je le regardais m'affalant dans mon canapé pour le suivre du regard avec cette lueur dans les yeux qui n'était pas apparu depuis des mois. Son sourire me concerta sur la situation et je compris que je n'étais pas le seul à être dans tous mes états. Mon cœur battait la chamade et mon corps tout entier ne désirait qu'une seule chose. Je bouillonnais d'impatience et de désir mais sa soudaine neutralité bienveillante me refroidit légèrement. Je me redressais donc, m'installant à ses côtés. « Je ne sais pas encore jusqu'à quelle heure je vais rester mais si jamais je pourrais t'emprunter ton canapé ? » Il m'embrasse à nouveau et, par une pulsion inattendue, je me glissais à califourchon sur ses cuisses. Je le regardais, observais son torse qui s'offrait à moi tout en le caressant du bout de mes doigts. J'étais faible. « Tu peux rester toute la nuit si tu veux... » Lui répondis-je. J'aurais pu lui dire « Tu peux rester toute la nuit dans mon lit » mais il me semblait inapproprié d'être aussi rapide au vu de nos passés respectifs. Ce n'était pas l'envie qu'il me manquait mais je restais tout de même sur mes gardes malgré l'attirance mutuelle que nous ressentions l'un pour l'autre. « Mon canapé sera ravi de t'accueillir et moi aussi. » Je remontais mes mains vers son cou, lui arrachant alors un sourire qui me faisait fondre entièrement. Je l'embrassais aussi passionnément que lui, profitant de sa présence pour assouvir des envies dont j'avais conscience depuis notre dernier rendez-vous. Malgré tout, je n'arrivais pas à me retirer de l'esprit qu'il était un De Lagarde et qu'il était d'un monde différemment du mien. J'étais probablement idiot de me focaliser sur ses points de sa vie mais, en attendant, une seule pensée me traversait l'esprit « Ça sent pas le cramer ? » Une ampoule s'éclaira alors sur ma tête. « Putain, la pizza ! » Je tombais alors à la renverse, me prenant les pieds dans la table basse lorsque je me relevais. Je me ruais vers la four que j'ouvris immédiatement avec un simple torchon pour en sortir la plaque sans y réfléchir. Je hurlais alors de douleur sous l'effet de la chaleur brûlante du four et je lâchais la pizza au niveau de l'espace libre de la cuisine. Je passais immédiatement ma main sous l'eau froide et jetais un regard à la pizza. « Bon, ça va. Elle n'est pas si noir que ça. » Dis-je d'une voix forte et audible pour que Thomas m'entende du salon. Je me retournais alors et tombais nez à nez avec le danseur que je percutais de plein fouet. Sa présence me surprenait. « T'étais là... » Je rougis.

Tu aimes vraiment la tournure que prends doucement la soirée, plus tendre sans pour autant tourner à la perversion. Sans crier gare il se place à califourchon sur toi en caressant du bout des doigts ton torse. Tu te pinces un peu la lèvre, la chaleur vient de monter d'un cran mais tu dois résister encore un peu, t'as pas vraiment envie de le faire fuir. « Tu peux rester toute la nuit si tu veux... ». Cette phrase pourtant dénuée de sous-entendus - ou t'es juste pas doué pour les reconnaitre quand ils sont là - t'arrache un fin sourire. Tu compte bien y rester pour profiter un peu de la présence de Cassandre, que ce soit dans le calme ou non. « Mon canapé sera ravi de t'accueillir et moi aussi. ». Tu aurais bien voulu répondre mais ses mains se glissent dans ton cou, t'arrachant un nouveau sourire comme la plupart du temps avec lui. C'est quand même fou quand tu y penses, il est capable de t'arracher le plus grand des sourires sans efforts, juste avec quelques gestes simples. Tu te retrouves vite coupé dans tes pensées par un baiser particulièrement fougueux. Tu ne te fais pas prier et prolonge jusqu'à ce qu'une odeur de cramé le stoppe dans son élan, tu maudis vraiment ce four. « Ça sent pas le cramer ? ». Tu n'as pas le temps de confirmer, de toutes façons il n'est pas idiot donc tu n'en as même pas besoin, l'odeur devient de plus en plus forte. « Putain, la pizza ! ». Tu grimaces en le voyant courir vers la cuisine pour tenter de sauver une pizza qui de toutes façons sera sans aucun doute perdue. Vraiment, t'as jamais été doué pour la cuisine, même pour les trucs basiques comme ça. Un hurlement te fait sursauter et tu ne perds pas de temps pour te lever d'un bond et aller le voir. Comme tu le craignais il s'est brûlé en sortant trop vite la pizza, tu t'avances vers lui mais il te coupe dans ton élan. « Bon, ça va. Elle n'est pas si noir que ça. ». Tu ne jettes qu'un rapide coup d'oeil à la fameuse pizza, pour toi ce n'est pas le plus important dans l'immédiat mais effectivement, même si elle n'est pas carbonisée tu doutes qu'elle soit mangeable. En se retournant, Cassandre te percute et tu en profites pour le saisir doucement par les épaules avec un sourire qui se veut rassurant. « T'étais là... ». Tu hoches simplement la tête, en même temps tu n'as pas pu ignorer son hurlement.

Tu poses immédiatement tes yeux sur sa main, elle est rouge mais la brûlure n'a pas vraiment l'air profonde, de toutes façons il est infirmer donc il saura certainement quoi faire dans ce cas. Tu remarques bien vite que comme la plupart du temps ses joues virent au rouge quand il est gêné ou mal à l'aise et étrangement tu ne peux pas t'empêcher de trouver ça adorable. Tu déposes un instant tes lèvres sur son front pour enfin t'éloigner de quelques centimètres à peine, ce qui est déjà pas mal pour vous. « Je vais commander à la pizzeria, ce sera plus simple. ». Tu as sorti ça d'un ton mi-amusé pour tenter de détendre un peu l’atmosphère puis tu prends ton téléphone pour appeler et commander une grande pizza quatre fromages, tu ne connais pas vraiment les goûts de Cassandre alors tu choisis une valeur sûre en espérant ne pas te tromper. Tu reviens finalement vers lui pour le prendre contre toi sans pour autant le serrer, en passant seulement un bras dans son dos. Presque par habitude tes lèvres viennent chercher son cou en évitant de trop t'y attarder, t'as bien conscience que peu à peu tu laisse ton désir pour lui s'exprimer et tu ne veux pas aller trop vite, votre relation est encore très fragile. Tu retournes au salon quelques secondes pour reprendre les verres vides et la bouteille de vin qui t'as offert une magnifique tâche. Tu reviens vers lui et remplit les verres avant de lui tendre le sien. Tes yeux se plongent dans les siens, tu as l'impression que tu ne pourras jamais te lasser de ça même si cette éventualité te fait peur, tu refuses de vivre au dépend de quelqu'un, peu importe la personne. « En attendant la pizza, à nous ! ». Tu fais s'entrechoquer doucement les verres pour porter le tien aux lèvres sans que rien n'ôte ton sourire.

⚜

So right now, I wanna leave with you right now
I wanna be with you all night, in the car let's go

- - - - - - - - - - - - - - - -

Rougir n'était pas la solution. Le percuter non plus mais sa réaction était pourtant adorable. Il me prit par les épaules et fixa ma légère blessure. Je n'avais rien ou rien n'exigeant des soins immédiat. Un coup d'eau froide pendant quelques minutes et c'était bon. Je plongeais mon regard bleuté dans celui de mon invité. J'étais réellement désolé pour toute cette soirée qui tournait au carnage. Le verre, puis le plat et enfin la pizza. Le stress grimpait et malgré le doux massage que Thomas m'avait offert, je restais tendu. Le danseur déposa un baiser sur mon front. Je le laissais faire, appréciant ce simple geste de sa part sans arrière-pensées mais simplement pour ce qu'il était. Je me sentais vraiment bien à ses côtés, ce qui était nouveau car son statut social me revenait souvent en tête. Il était un De Lagarde et, malgré tout, Thomas ne pourrait changer son nom. Cependant, je l'oubliais peu à peu pour finir par me centrer uniquement sur la personne qu'il était, sur l'homme qu'il représentait. « Je vais commander à la pizzeria, ce sera plus simple. » J'acquiesce d'un léger signe de tête et d'un sourire exprimant le soulagement que je ressentais face à son initiative. « Merci. »

Je le regardais faire, jetant la pizza en même temps. Elle ne nous servirait plus et, finalement, commander aurait été plus simple dès le départ. J'avais voulu l'impressionner en lui cuisinant un plat qui lui donnerait l'envie de revenir. Ce fut un véritable fiasco culinaire mais Thomas était toujours là, avec moi, chez moi. J'appréciais sa présence et, alors qu'il revenait vers moi, je me laissais attraper pour venir me serrer contre lui volontiers. J'humais un instant son odeur, appréciant le contact de sa peau contre moi. Il était toujours torse nu après tout. Encore une fois, il s'approche de mon cou, laissant ses lèvres venir s'y déposer. J'étais conquis et je commençais à comprendre certaines choses... Pendant ce temps, il nous ramena deux verres de vin. J'attrapais celui que le jeune De Lagarde me tendait et plongeais mes yeux dans les siens. « En attendant la pizza, à nous ! » Je trinquais avec lui, portant ensuite le verre à ma bouche pour en siroter une première gorgée. Je souris, baissant malencontreusement mes yeux sur son torse en prenant une autre gorgée. « Tu veux peut-être un t-shirt ? » Lui proposais-je gentillement alors que je restais concentré sur sa musculature. Je repris une troisième gorgée de vin pour me forcer à faire autre chose que l'observait dans toute sa splendeur. « Enfin pas que ça me dérange mais... » Mais quoi ? Je n'en avais aucune idée. Je ne savais même pas pourquoi je offrais l'opportunité de se rhabiller. « Mais voilà quoi. » Je me grattais la tête, ne sachant quoi ajouter.

Je m'approchais alors de lui en silence, sirotant toujours ce verre de vin à une vitesse folle que je l'avais déjà presque terminé. Si je continuais, je risquais d'être joyeux bien plus vite que mon invité et d'être complètement désinhiber avant lui. Tant pis, au moins, je n'aurais plus cet air tendu et stressé que j'arborais depuis l'incident du verre de rosé. C'est pourquoi, je terminais le fond de mon verre cul sec et je le reposais sur le rebord du bar, séparant la cuisine du salon. Je retournais donc dans le salon, attendant la réponse de Thomas pour aller ou non lui chercher un autre haut non tâché par ma faute. Avec lui, j'en oubliais presque le reste du monde et les minutes défilaient sans que je ne m'en rende compte. La sonnette retentissante, je sursautais après avoir pratiquement bu mon deuxième verre. Je jetais un regard vers le danseur, lui souris et me dirigeais vers l'entrée avec mon porte-monnaie. C'était bien le livreur. Je le payais et revenais rapidement vers Thomas avec le dîner. L'odeur qui se dégageait m'ouvrait l'appétit. Déposant la boite en carton sur la table basse, je partis chercher un couteau dans la cuisine et ramenais en même temps la jeune De Lagarde avec moi que je tirais en lui serrant la main. Je m'installais au sol en tailleur et découpais alors la pizza en plusieurs parts. « En tout cas, le choix est parfait. » Je me retournais vers mon invité, levais légèrement la tête et l'embrassais sans raison. N'assumant pas réellement cet élan d'amour, je lui donnais rapidement une part de pizza et croquais dans la mienne de manière encore plus vite.

« Tu veux peut-être un t-shirt ? ». Tu pose ton regard sur ton torse nu, l'espace de quelques minutes tu as totalement oublié ton absence de t-shirt. Toi ça ne te dérange pas de te balader torse nu mais tu sais que ça peut éventuellement gêner les autres, surtout que Cassandre tu le connais depuis peu au final. Tu souris un peu pour lui répondre. « Je veux bien. ». Tu vois les choses du bon côté, avec un peu de chance il y aura son odeur dessus et toi t'adore ça même si tu ne l'assume pas vraiment. « Enfin pas que ça me dérange mais... ». Tu hausse un sourcil et attends la suite sans broncher. « Mais voilà quoi. ». T'as l'impression qu'il commence à être gêné et t'aime pas vraiment ça, t'as aucune envie de le mettre mal à l'aise à cause de ton absence de t-shirt, ou pour n'importe quelle autre raison. Tu ne peux pas t'empêcher de laisser un léger soupir s'échapper en prenant une nouvelle gorgée de vin sans pour autant le terminer tout de suite, vu ton attirance évidente pour Cassandre tu ignore encore comment tu pourrais réagir sous l'effet de l'alcool et tu n'aimerais vraiment pas rajouter de la tension entre vous à cause d'un trop gros élan de tendresse.

Perdu dans tes pensées, tu remarque à peine qu'il est parti vers le salon pour ouvrir au livreur. Tu termine donc ton verre d'une traite mais avant de faire quoi que ce soit la main de Cassandre prends la tienne pour te tirer vers le salon, tu te laisse faire sans hésiter un instant. Comme lui tu te place en tailleur mais sur le canapé pour passer un bras autour de son torse, tu t'apprête à prendre une part de pizza mais à ta plus grande surprise Cassandre se retourne pour t'embrasser en mettant toute la gène entre vous de côté pour quelques instants. Tu souris et prolonge un peu en resserrant légèrement ton emprise autour de lui. Finalement ton autre main saisit le morceau de pizza qu'il te tend pour mordre dedans, ton appétit s'est réveillé rien qu'en sentant l'odeur de la pizza, tu peux être un vrai estomac sur patte quand tu t'y met sans pour autant te laisser aller. « En tout cas, le choix est parfait. ». Tu souris un peu et tu lui réponds sans attendre, juste après avoir terminé ta première part. « C'est vrai ? Tant mieux. Après je n'ai aucun mérite, c'est une valeur sûre cette pizza. ». Tu te penche un peu pour attraper une seconde part mais avant tu te permets de déposer tes lèvres dans sa nuque dans un geste très rapide, comme si ce simple baiser pouvait te trahir. Tu attrape finalement ton morceau et te recule à nouveau pour mordre dedans, à toi tout seul tu serais bien capable de manger la pizza entière mais vu que tu n'es pas seul tu fais en sorte de te retenir un minimum. Sans que tu comprennes très bien pourquoi le soucis concernant ton nom de famille te revient, tu grimace un peu et après avoir terminé ta dernière part tu t'allonges sans pour autant déplacer ta main qui à présent caresses du bout des doigts le torse de Cassandre, en toute innocence. Le silence plane encore quelques instants avant que tu te décide à le rompre en posant la question qui t’obsède à présent. « Tu.. Tu penses qu'un jour tu pourras oublier mon nom, mon milieu et tout ce que ça implique ? ». Tu profite du fait qu'il tourne la tête pour te pincer la lèvre inférieure et murmurer. « Enfin je demande juste hein.. Si c'est pas le cas je m'y ferais, je crois.. »