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Qui est le foutu connard à avoir dessiné cette rue en zigzague. Qui est ce branleur sûrement imbibé d'alcool qui a foutu ce portique en fasse de la maison de ma génitrice. Les cieux sont contre moi, c'est Jésus lui même qui a dû venir avec un marteau et des clous pour visser cette barrière, pour que je me casse la gueule dessus, me viande magistralement sur les dalles menant à l'entrée principale. Dos à terre, la face n'a rien, ça tient presque du miracle que mon nez n'ait pas percuté le sol. Et le seul truc que je trouve à faire, c'est éclater d'un rire bruyant à t'en réveiller la vieille Martha et son chien juste à côté. Avant bras posés sur les dalles, j'donne un coup d'élan pour me remettre debout, agrippant les arbustes au passage histoire de ne pas recommencer la même chute dans l'autre sens, sur l'herbe cette fois. Bingo, j'devrais me lancer dans la voyance histoire de tirer un peu de blé à deux trois illuminés de la capitale : la lumière vient éclairer le salon de la vieille Martha, et son foutu Jack Russell se met à hurler à la mort. Allez, je commence à me les geler. J'allonge le pas vers la porte d'entrée, cherchant à tâtons les clés censées se trouver dans les poches arrières de mon jean. Que dalle, la suite serait pas vraiment amusante sinon. J'me retrouve le front collé à la battante rouge vif, à écraser mon poing dessus en espérant qu'on vienne m'ouvrir. J'tiens pas à passer la nuit dans le jardin, même si les pétunias semblent pas dégueulasses comme oreiller de fortune. Et c'est parti pour le décompte. Trois, deux, un, et les pas précipités, pire qu'un tank de guerre résonnent dans les escaliers menant à l'étage. La porte s'ouvre à la volée, et encore une fois, je manque de me casser la gueule sur le perron, me retenant comme je peux à la poignet qui s'éloigne. Les mains de ma génitrice agrippent mon t shirt, me forçant à rentrer totalement dans le hall de notre maison. Home sweet home. « Tu me fais honte Dea'. » Je roule des yeux, éclatant de rire. « J'me fais honte aussi maman. » La porte claque de nouveau, et un autre rire vient s'ajouter au mien. Plus dingue, plus aiguë, plus enfantin. Merde, j'lui avais dit de passer par derrière, il fout ma stratégie à l'eau ce petit merdeux. Mon petit frère s'éclate à genoux devant ma mère, les yeux écarquillés de surprise et effroi. Oh mon dieu, voilà que le magnifique, l'adulé Sylvain est saoule à son tour. Le bébé sur protégé entraîné dans le vice par son foutu grand frère, le vilain petit canard de l'histoire. L'instant de bug terminé, la Sainte Vierge se rue sur son petit, l'encadrant de ses bras potelés. « T'es content de toi ? T'as réussi à le rendre maboule ! » Allez, c'est partit pour le mélodrame. Yeux levés au ciel, tu m'entends petit Jésus, j'ai une requête à te soumettre : fais la taire ou j'me pends. T'auras ma mort sur la conscience salop. « Maman, il est juste ... » Elle me coupe d'un mouvement de poignet, la deuxième main posée sur une de ses oreilles. « Complétement crétin ! Mon pauvre bébé, regarde ce qu'il t'a fait. » Connard de Jésus, t'as perdu ton plus fidèle serviteur. « Maman, il est simplement bourré ton fils. Laisse le dormir et demain il ira mieux. » Et s'il pouvait vomir sur ta moquette, tes tapis orientaux, ça serait pas du luxe. Elle lâche enfin Syl', pointant son index accusateur en direction de mon visage. Déconne pas maman, joue pas à ça, pose ce doigt tout de suite avant de me crever un œil. « Tais toi, tu n'es que de la vermine comme l'était ton père. Dégage, dégage de cette maison. » Ah papa, le sujet qui fâche, la personne que je n'avais jamais rencontré, même pas pour les premières années de ma vie, mais qui revenait hanter le présent à chaque dispute. Sylvain ne craint rien là dessus, on n'a pas le même père, juste la même putain ayant écarté les cuisses. Le père de mon – demi – frère est un général, un gradé, riche maintenant qu'il se trouve être à la retraite. Mieux que l'espèce de vagabond qui avait séduit ma génitrice. « Calme toi, on fait rien de mal. » Pour une fois que j'n'ai pas gerbé dans ses fleurs. « Sort de ma maison, tout de suite. Sort ! » Elle hurle, à s'en arracher les cordes vocales. Une vraie hystérique ce soir. Fallait pas toucher au petit, l'erreur de trop. Fuck off mum, t'auras qu'à me jeter mes affaires par la fenêtre.

Et voilà comment je me suis retrouvé à la rue. A errer dans les ruelles de Montsimpa jusqu'à tomber sur ce petit café. Engagé directement, payé trois fois rien pour servir des sodas toute la journée. Rise and fall.