J'ai un prénom de fille mais,
Ollie, c'est orgasmique
"au lit", c'est orgasmique. Ollie.

Il a horreur de son prénom composé, il le trouve trop féminin. Ҩ Mais, en même temps, il l’adore, sûrement parce qu’il a trouvé un jeu de mots dont il est fier. Surtout parce qu’il estime que ce jeu de mots reflète bien la réalité. Ҩ Il vient d’une famille relativement aisée, très aisée. Ҩ Il a été renié alors qu’il avait treize ans, préférant la rue à ce « trou de pédants » qu’il aime les appeler. Il déteste toute sa famille, parents, oncles, cousins, ancêtres, autres choses éloignées, exceptée sa jeune sœur qui représente l’unique amour de sa vie désormais. Ҩ Il n’hésite pas cependant à aller voir son père en cas de soucis financiers importants. Ҩ Une de ses principales missions dans la vie : soutirer un maximum d’argent à ses parents, par n’importe quels moyens. Ҩ Une autre : survivre. Ҩ Il deale depuis très jeune, mais seulement lorsque le manque d’argent se faire sentir. Ҩ Sinon, il travaille chez un disquaire. Tranquillou, comme il dirait. Ҩ Il ne vit pas d’amour et d’eau fraîche mais bel et bien de débauches et d’alcool. Il connait et est connu de la majorité des bars. Ҩ Il est la cible d’un nombre incalculable de demoiselles prêtes à lui arracher les parties génitales. Ҩ Il possède des cicatrices de ses multiples bagarres avec toute espèce humaine. Il en est fier. Ҩ Son meilleur ami s’est tapé la fille avec laquelle il était en relation – fusionnelle, croyait-il – depuis trois ans, et sa petite sœur par la suite. Seule cette dernière a reçu sa clémence, les deux autres ont vu leur vie sociale réduite à néant. Ҩ Egalement, un œil au beurre noir, un nez cassé et un plâtre pour son ancien ami. Ҩ Il a déjà fréquenté les commissariats, les gardes à vues et tout le baratin, il connait. Il n’en est pas effrayé. Ҩ Il est peut-être bien arrogant, fier, jem’enfoustise, mais il est intelligent le bougre. Ҩ Il n’en fait qu’à sa tête, toujours. Ҩ Il agit souvent pour ses propres raisons, même s’il ne dit rien. Ҩ Il n’est pas bavard de toute façon. Ҩ On dirait pas, mais ça cogite beaucoup dans les méandres de son cerveau. Ҩ Il ne se supporte pas mais ne fait pas grand-chose pour changer. Ҩ En même temps, il s’adore ainsi. Ҩ Imbu de lui-même sur les bords. Ҩ Il est prêt à tout pour que sa sœur ne devienne pas comme lui. Ҩ Les autres, il s’en fiche. Ҩ Il s’est retrouvé deux fois à l’hôpital. Ҩ La première, pour un traumatisme crânien et une arcade en sang. Un de ses potes avait ouvert avec violence et d’un bon coup de pied la porte des toilettes dans lesquelles Ollie était enfermé, complètement défoncé et en proie à un gros bad. Il s’est pris la porte, se trouvant derrière lorsqu’elle été ouverte de force. Ҩ La deuxième, pour une overdose, suite à ses découvertes macabres sur son meilleur pote. Ҩ Quiconque le connaissant dirait qu’il s’est bousillé sa vie. Ҩ Il s’est vraiment ramassé.

[Seuls les modérateurs ont le droit de voir cette image]

« Tu t’souviens pas de qui je suis, c’est ça ? » Ollie ouvrit un œil, puis le deuxième. Cligna, et tourna la tête sur le côté. Sur l’oreiller d’à côté, une brune au visage angélique le dévisageait, l’air perplexe, les traits de son front plissés. C’était la question piège, mais à laquelle il s’était habitué. Il ne se souvenait plus de la vieille, sauf du lieu où il avait commencé sa soirée. Il se réveillait à présent avec une gueule de bois monstre, genre hippopotames et éléphants réunis dans le crâne, avec une merveilleuse créature dans son lit dont il ne se souvenait pas vraiment de son existence. Ollie bascula sur le côté pour se retrouver contre elle et posa délicatement sa main sur son visage, puis la fit glisser le long de son corps, dessinant ses courbes qu’il prit le temps de redécouvrir. Ne plus se souvenir de certaines de ses nuits torrides l’excédait souvent, mais il s’était mis à s’habituer aux trous noirs. La brunette fixa son regard dans celui bleuté d’Ollie, feignant l’indifférence à la chaleur de sa main baladeuse mais le jeune homme voyait bien qu’elle luttait pour se montrer dure. Il se pencha en avant, de sorte que ses lèvres frôlent le coin de sa bouche. « Bien sûr que si. » Puis son oreille. « Péripatéticienne, non ? » Bam. La sentence était tombée. Elle était la fille qui se pavanait dans les bars prête à s’envoyer en l’air avec le premier venu, Ollie en avait juste profité. Mais à ses yeux, elle ne valait rien, n’avait aucune dignité. Ollie-Maxan, ou le type le plus désintéressé et ignoble quand il s’y mettait. La brune ouvrit de grands yeux, hésitant quelques millièmes de secondes sur la réaction de son partenaire de la nuit. Enfin, elle lui administra une magnifique claque et le repoussa en arrière pour se dégager de son emprise. En trente seconde, elle avait récupéré toutes ses affaires – à savoir, très peu – et s’était rhabillée à la va vite. Avant de claquer la porte, elle lui jeta ce regard noir typique de ses victimes. « Connard ! » Ollie sourit. « C’est mon deuxième prénom. » Suivit par tous ses acolytes en troisième, quatrième et énième places. Elle était partie. Le jeune homme se laissa retomber sur son oreiller, dans un rire étranglé. Il attrapa une cigarette qui s’était égarée sur sa table de nuit, l’alluma, prit une bouffée, expira. La journée commençait bien.

[Seuls les modérateurs ont le droit de voir cette image]

Les lumières dansent, dansent et vacillent. S’éteignent et s’allument, tournent autour de moi. J’en suis malade, de ces points lumineux qui me narguent. Ou bien serait-ce ma conscience qui se fatigue. Je ne me sens plus, je ne sais pas où je suis. Je n’ai pas peur, je me sens étrangement calme. Trop calme. Plus qu’avec mes drogues. Je me sens pire qu’assommé, anéanti. Je me sens minable, mais ça, ce n’est pas nouveau. Je sais que je tangue, que je me cogne, que je m’écroule. Ma vision se brouille pour ne plus être qu’un piètre brouillard. La pénombre commence à m’engloutir. Je sais que l’on parle autour de moi, mais je ne veux rien entendre. On me tape, me jette de l’eau glacée, mais je m’en contrefous. Qu’ils me laissent en paix. Pour une fois dans ma vie, je me sens serein. Peut-être un peu trop déconnecté. Puis, j’entends une voix féminine qui s’énerve au-dessus des autres. Sa voix. « Ollie ! » Ma sœur. « Putain, les gars, vous l’avez laissé faire ?! » Je sais qu’elle se trouve au-dessus de moi, ou à côté, je ne sais plus vraiment si je suis allongé, assis, pendu. Peu importe, je suis conscient de sa présence car je ressens encore son parfum, sa main douce sur mon visage. « Mec, t’as pas le droit de flancher. T’as pas le droit de dériver, pas à ce point. T’es pas parfait mais moi non plus. Faut que tu t’accroches Ollie, tant pis s’il faut que tu me haïsses jusqu’au restant de tes jours, tant que je sais que tu vis. Tu m’entends ? Ta mioche te réclame ! On s’en branle, comme tu dirais. On s’en branle de Mathys, de ce qu’il a fait. Tant pis s’il faut que tu m’insultes, que tu me frappes. J’encaisserais tout, tout et n’importe quoi pour toi. Mais merde, me lâche pas, Ollie ! T’sais pas à quel point j’ai honte. J’ai merdé. Je sais si bien le faire, de chuter. Sauf que toi, t’as pas le droit. T’es mon héros, Ollie. T’es le gars que je retrouverais jamais, t’es unique. T’es un putain de connard mais c’est comme ça que je t’aime. Tu m’entends Ollie ? Je t’aime à en crever ! » Bordel, que je t’aime moi aussi.

[Seuls les modérateurs ont le droit de voir cette image]

« Eh, mec ! » La porte s’ouvre à la volée et un jeune homme aussi âgé qu’Ollie entre dans l’appartement de ce dernier. « Tiens, t’étais pas derrière cette fois ? » Un sourire narquois sur le visage, il lui lance une pochette puis vient s’affaler à côté de lui sur le canapé. À peine son derrière posé qu’il se roulait déjà un joint. « C’est les nouveaux morceaux ? » Ollie feuillette les pages, avant de poser le tout sur la table basse, au milieu de cannettes vides, cendres, briquets, et autre bordel. « Ouaip, j’ai pris un peu de tout. On verra c’que ça donne. Tiens. » Faisant passer son joint à son ami, Ethan se penche en avant et récupère la guitare qui jonchait par terre. « Lou fais une soirée ce soir. » Il passe ses doigts sur les cordes, entamant une mélodie calme. Ollie arque les sourcils. « Et ? » Silence. « C’est pas une amie à ma sœur ? » Ethan lui jette un énième sourire enjoliveur. « Attends, tu te tapes l’amie de ma sœur ? » Son ami s’arrête et lève les mains au ciel. « Elle m’a sauté dessus, je suis innocent ! » « Bien sûr. » Les notes de musique reprennent. « Officiellement, on est en couple. » Ollie lève les yeux, soupirent, mais ne cache pas son sourire. « Et officieusement, sex friends ? » Ethan lui donne un coup de coude dans les côtes. « Faut que tu viennes. » « Sûrement pas. » Le guitariste feint un soupire d’exaspération. « Il y aura ta sœur. » « Raison de plus. » Ollie le dévisage, attendant le fond de sa pensée. « Qu’est-ce tu veux que j’y fasse ? » Ethan se décide à capituler, et lui lance un regard appuyé. « Tu vas pas me laisser tomber au milieu d’une bande jeunots ? » « Hm. » « C’était quoi ça ? Un ‘hm’ hm ? » Il secoue la tête positivement. « Ou un ‘hm’ hm ? » Négativement cette fois. Ollie penche la tête sur le côté et hausse les épaules. « Cool. J’prends ça comme un signe de ta soumission envers moi. » « Comme tu veux. » « Dis, ça te dérange pas que je squatte chez toi jusqu’à ce soir ? » « Ethan, tu passes majoritairement ta vie le cul assis sur ce canapé. » « C’est bien c'que je disais. »