Une pause... J'avais juste besoin d'une pause; être mannequin avait ses avantages comme ses inconvénients. Il suffisait de tomber sur un photographe borné pour que ce soit la guerre au studio. J'avais beau essayé de répondre à ses attentes, rien ne semblait lui convenir. Alors, plutôt que de m'acharner sur lui, je préférai encore aller faire un petit tour d'une heure ou deux, histoire de me calmer et reprendre mon boulot dans un état d'esprit plus serein. De toute manière, mon agent savait pertinemment qu'il n'était pas possible que je travaille dans de telles conditions ; c'est peut-être même pour cette raison qu'elle ne m'interdit pas de filer loin du 'bureau' pour souffler un bon coup.
À cette époque de l'année, l'air était particulièrement frais ; non pas froid, mais frais. Heureusement pour moi, j'avais pensé à me munir de mon sweat Superdry doublé en laine. Il n'y avait qu'un seul endroit capable de dissiper ma mauvaise humeur et ramener un peu de gaieté dans la journée : la vallée du bois ; j'ai toujours trouvé ça très réconfortant de se balader au beau milieu de la nature. Je me dirigeai donc vers le parc d'un pas décidé, évitant de passer par les endroits trop fréquentés. À cette heure de la journée, il devait certainement y avoir un monde fou dans le centre ville. Au fil du temps, j'ai pris l'habitude de me rendre à l'autre bout du parc public, où se trouve une sorte de petite clairière. Le guilleret bruit de l'eau et le silence sont particulièrement apaisants et redonnent un petit coup punch quand on a un coup de blues. Je marchai le long du chemin en gravier principal pour rejoindre le fameux petit coin de paradis, quand une demoiselle fit des signes dans ma direction. N'ayant pas l'impression de la connaître, je me retournai afin de vérifier qu'elle ne s'adressait pas à quelqu'un d'autre : personne. Cette interpellation pouvait signifier plusieurs choses : elle avait besoin d'aide ou quelque chose à dire. De nature curieux, je me dirigeai vers elle pour avoir plus d'explications. La jeune fille dut considérer mon geste comme une invitation car elle accourra brusquement vers moi. Arrivée à ma hauteur, elle dit en chuchotant presque : « Bonjour, je suis Léandra Balsey ! Je suis enchantée... Mais vous, qui êtes vous ? Vous êtes une bien gentille personne que d'être venue à ma rencontre... » J'étais plus ou moins surpris ; ce n'est pas tous les jours qu'une fille vous accoste de cette manière, mais ça me plaisait. Je ne me considérais pas vraiment comme gentil d'être venu jusqu'à elle, mais la remerciais quand même : « Je vous en prie ; enfin, je pense qu'on peut se tutoyer. Je m'appelle Maël, et toi ? » Comme quoi, faire des rencontres s'avère être de plus en plus facile. La miss à mes côtés était assez jeune, dans les dix-huit dix-neuf ans et semblait relativement 'déçue'. Je ne saurai dire pourquoi, mais les traits de son visage laissait transparaître une fille tendue avec un air maussade. Cela dit, elle était plutôt mignonne. « J'allais justement me rendre de l'autre côté de parc, tu peux venir avec moi si ça te dit » Après tout, un peu de compagnie n'était pas de refus.