parle russe, anglais, français, mandarin, allemand, latin et espagnol Ҩ championne de Russie en natation de 2004 Ҩ s'entraîne régulièrement à la boxe Ҩ très intelligente Ҩ peut s'avérer fort timide Ҩ a envie de retrouver ses parents biologiques mais a peur de les revoir Ҩ rêve du grand amour Ҩ aime plus la mode qu'elle ne le laisse paraître Ҩ fanatique des films d'horreur Ҩ a toujours eu un peur des monstres sous son lit Ҩ pourrait botter les fesses à beaucoup de gens, mais pas aux araignées Ҩ cache le fait qu'elle ait été adoptée Ҩ se réfugie à travers le chant, le piano et la guitare dans ses moments sombres Ҩ aime bien aller en boîte, mais pas trop Ҩ rêve d'élever des enfants, les siens, pas ceux d'un autre Ҩ quand elle est sur les nerfs, elle court Ҩ l'argent, elle n'en a rien à faire Ҩ rêve de faire le tour du monde, secrètement Ҩ s'attache vite - trop vite - aux gens

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« If you use these principles wisely and intelligently, there can be no uncertainty as to the outcome of any endeavor, and no limit to your possibilities. » - Roger McDonald

Je considère la vie comme étant un cadeau venu du ciel. Un cadeau que plusieurs personnes souhaitent recevoir mais n’ont pas tout le temps. Je me suis promise, dès ma plus tendre enfance, de profiter du moment présent et de surmonter toutes les épreuves que la vie me lançait en l’honneur des gens qui se battent pour garder cette vie. J’ai tôt vite comprise que la vie, on la recevait à chaque jour et qu’il fallait remercier le ciel pour ce cadeau car un bon matin, on ne l’aura plus.

Je me nomme Praskovia Lidiya Dezrodnov. Je suis russe avec des origines espagnoles et je suis née à Irkutsk, en Russie, le 17 février 1990. J’ai donc désormais vingt-et-un ans à l’heure où l’on se parle. Ma vie n’a pas toujours été belle et elle ne sort certainement pas d’un conte de fées alors ne soyez pas surpris par ce que vous lirez. Je ne me confie pas à beaucoup de gens, alors comptez-vous chanceux.

La Russie, cet immense pays pourtant peu peuplé, février 1990. Je n’étais pas souhaité, ma mère et mon père refusaient de me garder. Ils souhaitaient me faire adopter, ils déniaient leur erreur, ils se criaient dessus à chaque jour. Je le sentais, je le savais. Ils ne s’aimaient pas, ils n’étaient pas voués à être ensemble. Ma mère, une espagnole pur-sang et mon père, un russe pur-laine alcoolique. Deux personnes vouées à l’échec qui avaient un peu trop bu en juin de l’année 1989. Ils avaient procréés un petit être : moi. Ils se détestaient, ils ne s’attiraient que physiquement, ils avaient dix-sept ans et se foutaient de tout. Encore plus de moi. Ce fut le chaos à ma naissance. Ma mère ne souhaitait pas me prendre dans ses bras. Elle voulait m’abandonner et partir. Mon père, il avait déjà foutu le camp. Mais les médecins mentionnèrent à ma mère qu’elle devrait me garder jusqu’au jour où ils me trouveraient une famille adoptive. Elle accepta à contrecœur et se trouva un loyer minable dans la moyenne ville d’Irkutsk. Les mois passèrent, je grandissais dans l’absence totale d’amour. Dans un univers qui semblait si grand, rempli de possibilités, moi j’étais limité à une mère qui sortait tous les soirs, me laissant seule avec une gardienne âgée d’à peine dix ans.

J’avais déjà trois ans lorsque les services sociaux débarquèrent à la maison – enfin, à l’appartement – pour parler avec ma mère de la possibilité de m’envoyer dans une famille adoptive située plus au Nord, à Zheleznodorozhnyy. Ma mère accepta, le sourire au visage, et me donna tout de suite à ces gens que je ne connaissais pas, avec, dans un sac, mes trois chandails et mes deux pantalons, ainsi qu’une paire de bottes. Comme pour dire « bon débarras ». Alors ma nouvelle vie débuta. Un chien, deux parents et une maison en bordure de la rivière. C’était un grand changement et moi, âgée de trois ans, je me repliai sur moi-même durant près d’un an. Puis j’acceptai ma nouvelle vie, j’appréciai mes nouveaux parents. Ils aimaient ma présence, acceptaient mes moments de solitude et étaient toujours présents – ou presque – contrairement à ma mère qui avait dû m’élever contre son gré.

Je continuai de grandir dans cette petite famille chaleureuse que j’apprivoisai comme ma vraie famille. J’adorais ma nouvelle vie – ne me rappelant presque plus mes trois années cauchemardesques avec ma mère biologique – et je profitais à chaque instant des petits bonheurs s’amenant à travers mon chemin. Le pire était à l’école, lorsque les enfants parlaient de leurs parents et que moi, je n’en avais plus. J’avais des parents adoptifs merveilleux, certes, mais ce n’étaient pas mes vrais parents. Et ça me faisait mal de me sentir abandonnée. Autant que Jekaterina (ma mère adoptive) et Terenti (mon père adoptif) étaient présents pour moi, autant que le sentiment d’avoir été donné et laissé par ma vraie famille pesait. Tout ce que je savais de mes vrais parents était que ma mère venait d’Estepona (en Espagne) et s’appelait Luciana, qu’elle avait dix-sept ans lorsqu’elle m’eut et qu’elle était étudiante de première année en ostéopathie et que mon père venait de Moscou, s’appelait Germogen et était sans-emploi âgé de dix-huit ans. C’était absolument tout. Jekaterina et Terenti se rendirent vite compte de mon désespoir face à la méconnaissance de mes parents biologiques et, ne pouvant me renseigner, décidèrent de me changer les idées. Ils me proposèrent une liste de sports que je pourrais pratiquer si je le souhaitais. Je décidai de m’inscrire en natation et j’avais quatre cours par semaine. Ça me changeait effectivement les idées et, qui plus est, j’adorais cela. Je me sentais dans mon élément. Je commencai à m’ouvrir aux autres, à ressortir mon mécontentement passé. Âgé de huit ans, je demandai à mes parents adoptifs de m’inscrire en boxe aussi. J’avais envie de prendre du temps pour me défouler, libérer ma colère accumulée. Ils acceptèrent. Lorsque j’entrai au secondaire, âgée de douze ans, j’étais l’une des filles les plus en forme de mon lycée. Je faisais des championnats nationaux de natation et de boxe à travers tous les coins de la Russie. En plus, j’étais bien dans mon corps, dans mon esprit et dans ma tête. J’avais finalement acceptée mon passé. J’étais comblée d’avoir deux parents aussi chaleureux et aimants que mes parents adoptifs et j’avais pratiquement oublié qu’ils n’étaient pas mes parents biologiques. J’excellais dans tous mes cours, j’avais des amis, les garçons m’aimaient bien et j’étais toujours de celles qui réussissaient le mieux dans les cours de sport. J’avais tout pour moi. Ou presque. Lorsque les gens me voyaient, ils ne savaient pas que j’avais été un jour abandonné. Ils ne savaient rien.

À dix-huit ans, désormais majeure, je souhaitai vivre autre chose que la Russie. Je voulais m’éloigner de mon pays natal. Je ne savais pas encore où je souhaitais aller. Ni même si je souhaitais réellement partir. J’aimais ma vie en Russie, j’aimais Jekaterina et Terenti. J’aimais mes amis. J’aimais ma vie, point. Mais un truc à l’intérieur de moi me poussait à aller voir ailleurs. Et cette voix qui ne cessait de me répéter qu’il fallait que je prenne un avion direction l’Amérique revenait toujours. Ah l’Amérique, continent des rêves. Je parlai donc de mon idée à mes parents (adoptifs) dans le but de voir s’ils approuvaient ou non. Étrangement, ils acceptèrent. Ils trouvaient que ça me ferait du bien, que l’aventure n’avait jamais fait de tort à personne. Ils me proposèrent même de payer la majorité de mes dépenses à condition que je sois aux études là-bas aussi. Ce n’était pas trop me forcer : je souhaitais étudier en littérature et je comptais bien le faire. Je commençai donc mes recherches sur Internet dans le but de trouver une ville tranquille ayant une université. Je tombai sur Montsimpa. Le nom m’attirait, ça semblait calme mais suffisamment grand pour avoir tout plein de commodités. Je montrai le résultat de mes recherches à Jekaterina et Terenti et, heureux de mon choix, ils commencèrent avec moi les demandes d’inscription et de visa. Ils cherchèrent aussi assidûment un loyer convenable. Finalement, lorsque tout était conclu, je m’envolai vers les États-Unis en fin juillet de l’année 2008. Mes parents (adoptifs, toujours) me promirent de venir me visiter et de m’envoyer des billets d’avion à quelques occasions.

Ça fait désormais trois ans que je suis emménagée à Montsimpa et j’y suis bien. Ce n’est pas comme en Russie, j’ai dû m’acclimater au nouveau mode de vie américain, mais désormais, c’est mon chez-moi. Je suis étudiante en quatrième année de littérature et je souhaite faire une maîtrise en littérature étrangère l’an prochain. Je revois mes parents à quelques occasions et je suis présentement à la recherche de mes parents biologiques, en quête de la réponse à la question « Pourquoi? »

La vie n'est pas un conte de fées. Mais presque. Il suffit d'y croire.