« Mon père, ce héros... »

24 décembre 1992. J'étais âgé de six ans, et j'attendais avec impatience son retour, agenouillé face à la fenêtre de ma chambre. Je n'attendais pas que le Père Noël vienne, non, je m'en foutais de ce gros lard. C'était mon père, que j'attendais. Il était militaire, mon papa. Je vis des phares de voiture éclairer l'obscurité de la nuit et je descendis les escaliers en courant, près a enlacer mon père. Pourquoi frappait-il à la porte ? Ce n'était pas mon papa. Je partis m'installer dans les escaliers, en soupirant. « Madame Lawsons ? » Ma mère acquiesça face aux deux militaires à qui elle venait d'ouvrir la porte. « Il y a du retard dans les vols ? » Demanda ma mère, apeurée. Au fond d'elle, elle avait comprit ce qui se passait, mais elle ne voulait pas l'admettre. « L'avion qu'ils devaient prendre s'est fait bombardé par les Irakiens... Toute nos condoléances, Madame Lawsons... » Le teint livide, je m'étais rendu près de ma maman qui était au sol, pleurant toutes les larmes de son corps suite à cette annonce. Tout en prenant sa main dans la mienne, je portais mon regard brillant vers les deux grands messieurs. Je n'étais qu'un enfant, et je venais de perdre mon papa. J'essayais de me montrer fort, car c'était ce que mon papa me disait toujours de faire. Que je devais me montrer fort et protéger ma maman, mais c'était si difficile... Je pleurais en regardant l'uniforme des militaires qui me rappelait déjà mon paternel. Un des militaires s'abaissa vers nous et posa sa main sur mon épaule. « Il s'est battu jusqu'à la fin pour notre pays, tu dois être fier de ton papa. » Dit-il. « Il t'aimera et veillera toujours sur toi, petit. » Ajouta l'autre militaire. « Je sais... Mon papa, il m'a toujours dit : Sache que peu importe l'endroit où je suis, la saison, l'année, le jour ; chaque seconde, je pense à toi car je défend pas mon pays, je défend simplement l'amour que j'ai pour toi. Je suis fier de mon papa ! Mon papa, c'est un héros ! » Face à autant de répartie de ma part face à la mort de mon paternel, les militaires furent eux aussi émus. Leurs yeux brillaient de mille-feux... Comme les miens qui réalisaient la triste réalité...

« J'ai parfois envie de la tuer, mais je l'aime... »

Je regardais autour de moi, et mes poings se seraient lentement. Mes lèvres se pinçaient et ma respiration s'accélérait. Je me dirigeais vers la chambre de ma sœur âgée de quinze-ans et j'ouvris la porte brusquement. Pourquoi frapper alors qu'elle venait encore de réveiller en moi cette colère que je tentais de garder pour moi ? « Merde, Wadyslaw, tu ne sais pas frapper à la porte ! » Cria ma sœur âgée de quinze-ans. Autant vous dire que ma colère venait de baissée. Non pas parce que ma propre petite sœur s'était énervée sur moi, mais parce que je venais de la voir en petite tenue, en sous-vêtement. Ma colère laissait place à de la gêne. Cependant, alors que cette dernière s'était retournée pour enfiler son jeans et un tee-shirt, je me surpris de continuer à la fixer. Cette dernière en se retournant, fronça les sourcils. « Bordel, mais qu'est-ce que tu fous encore ici ? Pervers ! » J'étais âgé de vingt-ans, et comme un abrutit, je baissais quelque peu le visage. Est-ce que j'étais un pervers ? Pourquoi ne me suis-je pas retourné comme l'aurait fait n'importe quel frère ? Je posais mon regard dans le sien et fronça à mon tour les sourcils. « Si je ne suis pas partit, c'est parce que je devais mettre certaines choses au clair avec toi ! » Répondis-je, les mâchoires serrées. J'étais lunatique, et ma colère venait de me reprendre. Je m'approchais d'elle à toute vitesse, près à l'empoigner. Cette dernière se recula d'elle-même et se retrouva contre le mur. Je posais les mains contre son mur remplis de papier avec des caricatures qu'elle avait dessinée. J'attendis de capter son regard avant de commencer. « Je sais bien que si je te demande d'aller ranger ma chambre, tu refuseras. Alors je vais me contenter de te dire que si tu oses refaire ne serait-ce qu'une seule fois, cela, je te fais la promesse, que je vais tout exploser dans ta chambre ! » Dis-je sèchement en resserrant mes doigts contre le mur. « Vas-y, fait-le, mais je rigolerais bien de ta gueule quand MON père te demandera : Quel âge as-tu, bon sang ?! » Dit-elle sur un ton narquois, tout en imitant la voix de son père. Je me reculais d'un bond, empoignant un cadre photo que je lançais à travers la pièce. Ce dernier se brisa au contact du mur d'en face et retomba au sol en divers bribes. Je quittais la chambre de Sólveig sans aucunes explications pour aller m'enfermer à clef dans la mienne. Qu'est-ce que tout cela voulait dire ? Pourquoi est-ce que j'avais apprécié la voir en sous-vêtement alors qu'elle me prenait pour de la merde depuis toujours ? Et pourquoi m'être énervé pour si peu ?

« Tu ne le remplaceras pas, mais tu panseras mes blessures à sa place... »

« Wadyslaw, tu peux venir ? » S'écria le père de Némo. Aujourd'hui, c'était le treize janvier. Un jour qui aurait pu être comme un autre, sauf qu'aujourd'hui, j'allais fêter mes vingts-trois ans. Au bout de six années à le côtoyer jours après jours, j'avais forcément lié des liens avec mon beau-père. Et étrangement, je m'y étais attaché très rapidement. Peut-être le voyais-je comme une figure paternel à laquelle j'avais été privé dès mon plus jeune âge ? Je descendis les escaliers lentement, m'approchant de mon beau-père. « Qu'est-ce que Némo t'a dit, cette fois-ci ? Car je n'ai rien fait. » Dis-je en souriant. « Ne ramène pas tout à ta sœur, pour une fois, elle n'a rien dit. J'ai besoin que tu ailles au supermarché, pour moi. » Il me lança un trousseau de clés que j'attrapais. « Qu'est-ce qu'il te faut ? » « Oh finalement, je vais venir avec toi. » Répondit-il en sortant en premier. Je le suivis et je me stoppais net devant le cadeau qui m'attendait. Une voiture... Mon beau-père m'offrait une voiture. Je fus prit de sentiments heureux, mais de regret à la fois. J'aurais aimé que mon père lui-même puisse m'offrir ma première bagnole, afin de partager ce moment entre père et fils. Mon beau-père s'approcha de moi. Il avait comprit. Il s'était vraiment donné dans notre relation. Il m'enlaça, me donnant quelques petites tapes dans le dos. « Je suis bien conscient que ce moment, tu aurais aimé le partager avec ton père, mais... Je t'aime, Wady, je te considère comme mon fils... Et je veux faire plaisir à mon fils... » Dit-il en me serrant un peu plus contre lui. Je me contractais tout, car il me touchait. Je me retenais de pleurer, mais l'émotion du plaisir et de la tristesse à la fois étaient compliquées à gérer. Mon beau-père posa son regard dans le mien. « Tu peux pleurer, tu sais... » Murmura-t-il, en posant ses mains sur mes épaules. Comme si sa permission venait de déclencher en moi quelque chose, je commençais a me laissé aller, serrant mon beau-père dans mes bras. Je venais de m'ouvrir à lui, comme jamais je ne l'avais encore fait. Au bout de quelques minutes d'émotions, je me détachais de lui en séchant mes larmes. « Et si on allait l'essayer ? » Par cette phrase, je savais qu'il comprendrait où je voulais en venir. Que j'acceptais qu'il joue le rôle de mon père pour que ce moment soit merveilleux et inoubliable...

« titre anecdote... »

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