Le froid de l'hiver se faisait plus mordant. Néanmoins, Arya affectionnait particulièrement sentir le souffle gelé de cette saison venir lui embrasser sournoisement le bout du nez. Le reste du corps était emmitouflé bien sagement dans écharpes, bonnets et autres gants de circonstance. L'envie lui avait pris ce matin là de manière bien soudaine. Pourquoi ne pas profiter d'une journée de répit pour aller se défouler à la patinoire ? Et la Studieuse n'avait finalement pas eu besoin d'y réfléchir davantage, elle n'était pas du genre à se tourmenter pour une lubie jaillissante, mais plutôt encline à écouter ses pulsions diverses et variées. C'est donc ainsi que la Jeune Tilney se retrouvait à profiter de la sensation familière des pieds glissant agilement sur la glace. Le patin, elle connaissait, originaire de Boston, on avait aussi pour habitude d'y connaître des hivers neigeux et des étés aussi arides qu'humides. Même si bien entendu, cela n'avait rien à avoir avec la Floride ou la Californie.

Pour l'instant, elle avait tout bonnement décider de se laisser aller confortablement à quelques sensations touchantes de régression et de mettre sérieux et rigueur au placard. Il y avait tout de même un peu de monde sur l'eau glacée, apparemment, elle n'était pas la seule à avoir eu cette idée. En même temps, on faisait plus original en hiver... Non loin d'elle, un gamin se prenait pour le Seigneur des Glaces et ne parvenait en réalité qu'à mettre en danger les quelques individus osant encore lui faire face. De sa prestance toute cartonnée, découlait également un flot de voix bien trop prétentieux pour un individu d'un si jeune âge et d'une si petite taille en plus. Voilà qu'il venait à présent de percuter une fillette, et alors que la gamine à couettes se mettait à pleurer, notre garçonnet avait entrepris de fuir sans un mot d'excuse. Habituellement, Arya se fichait des querelles de gamins, mais aujourd'hui, elle avait envie de réagir. Elle ne savait pas trop pourquoi : était-ce la vanité et la suffisance de ce lardon, ou bien sa témérité, ou encore les couettes de la fillette  qui lui rappelait sa plus jeune sœur ? Elle n'aurait su dire et en vérité n'en avait que faire. Ses actes précédaient sa pensée et elle tenait à présent d'une main ferme et gantée le col de fourrure du coupable.«  Tu pourrais t'excuser quand même ! Ou encore lui demander si tu lui as fait mal, c'est quoi ces manières ? »

Mère la Morale avait parlé. Le gamin balbutia quelques mots l'air gêné, bon il était sans doute moins arrogant qu'il en avait l'air. Sans doute la faute à des jeux qui vous persuadent d'être un preux chevalier... Arya quant à elle se retourna vivement, l'affaire était close, enfin du moins c'est ce qu'elle pensait, mais ses joues rosirent légèrement lorsqu'elle s'aperçut que le bambin n'avait pas été le seul à se donner en spectacle...