Caricature ; c’est ce que tu es, la caricature du pauvre mec qui a tout, mais qui n’est rien. - hell

Que je vous parle de lui ? De Spleen ? Cet homme est si complexe, j'ignore si je le connais réellement, moi qui est passé la moitié de ma vie à l'observer, tapi dans l'ombre. L'histoire a commencé sans lui, elle a commencé dans les années soixante, ils étaient deux, ils étaient jeunes et amoureux. Ils étaient aveugles. Je me souviens de ses parents, elle était trop frivole et lui, trop tendre. Tu vois, quand l'un est plus amoureux que l'autre les choses finissent mal en générale. Durant un moment tout va bien, l'amour lui dans les yeux de l'autre, les sourires se complètent, les corps s'unissent, l'amour laisse des traces, donne la vie et les problèmes restent en suspens, retenu par les minces barrières d'un bonheur extasique et puis brusquement, tous s'écroule. Un matin, je l'ai vu, cachée derrière mes rideaux. Elle avait sur son beau visage un masque de folie, elle faisait des grands gestes, repoussait son mari, elle criait, des mots sans ordre, sans valeur, sans émotion ou peut être qu'ils en étaient saturées. Je ne sais pas, je ne sais plus., après tant d'année ... Il n'avait que neuf ans. Il n'était pas beau, il avait quelques rondeurs en trop, les rondeurs d'un enfant en manque d'affection. Il pleurait, comme n'importe quel gamin. Ses doigts se sont accrochées à sa robe à fleurs, il était trop jeune pour comprendre que toute sa vie il regretterait ce geste, que ce simple touché peau contre robe lui éclaterai le coeur. Elle la repoussée, fermement. Sa main a caressée ses cheveux, l'accablant contre lui, lui démontrant qu'elle n'en avait rien à foutre de lui. J'ai vu ses lèvres trembler dangeureusement et j'ai lu sur ses lèvres, le mot qui demeurerait dans son esprit durant toute sa vie : « Pourquoi ? ». Après ça, les choses ont changées doucement. Il est devenu plus froid, plus mince, un autre. Je crois que c'est la vérité, lorsque sa mère est partie, Spleen a cessé d'être un enfant, il a basculé dans le monde des adultes. Son père s'est remarié quelques années après, une nouvelle femme est devenue sa mère, a pris soin de lui, l'accompagnait aux entrainements de foot, prenait soin de lui lorsqu'il était malade. Mais rien n'a jamais effacé les traces que Kristina a laissée. Spleen, c'est le charme tentateur, tu sais ? Je suis tombée amoureuse de lui, avec le temps. Je voyais les filles tombées à ses pieds, ravagée par son sourire. Ses yeux verts, si profond, si brillant .. si trompeur. Elles espèrent toutes être la fille, celle qui réussira a dompter son coeur. Parfois, je te l'avoue, je doute que cette fille existe. Spleen est trop fragile pour laisser quiconque l'approcher, ne tiens pas compte de ces mots crus qui s'échappent de ses lèvres, de cette arrogance qui vie dans ses yeux. Il est violent envers les autres parce qu'il ne peut pas combattre la haine qu'il se voue a lui même, et il le sait. Tu crois qu'il n'est pas assez intelligent pour éviter ces bagarres à répétition ? Ouvre les yeux, naïve. Cet homme est trop intelligent pour son propre bien. Bien sûr, il est con, arrogant, méchant, violent .. et pourtant comment lui tourner le dos ? A tous ceux qui connaissent les secrets de mon coeur, j'ai mentis. J'ai prétendu que ce n'était qu'une amourette passagère, que je l'oubliais au fil du temps. Mais en réalité, j'en creve de le voir chaque jour, je m'essouffle de le voir embrasser des filles dont il ne connait même pas le nom alors que moi, je suis dingue de lui depuis si longtemps ... Il n'y en a qu'une qui revient, image récurrente d'une fille indomptable. Elle s'appelle MaÏssane, elle est jolie je crois. Je ne suis pas sure, je n'ai pas envie de savoir je crois. J'en sais déjà trop tu ne crois pas ? Il ne l'aime pas, ça je le sais. Je le sens dans mes os lorsque je l'observe avec elle. Ils s'emmerdent, se détestent, se provoquent ... C'est leur jeu, j'en suis exclus que pourrais je ne t'en dire de plus. Maïssane n'est rien pour lui, et pourtant elle est plus que toutes filles ne furent jamais. Parfois, il rie avec lui, comme il ne l'a jamais fais avec aucune autre, c'est si étrange de les voir ensemble. Aucun sentiment et pourtant collé ensemble. Ils sont un peu comme des aimants, ils s'attirent et se repoussent, tous à la fois. Et tu vois, j'abandonne aujourd'hui. Je ne serai jamais celle qui conquerira son coeur. Hier, mon petit ami m'a demandé en mariage, j'ai hésitée. J'ai pris une minute pour penser à lui, lui qui ne connait de moi que mon prénom lorsque je connais sa vie sur le bout de mes doigts, lui qui m'adresse un sourire distrait en sortant ces poubelles parce que nous sommes voisins depuis si longtemps. Il a déménagé, il y a six mois. Au début, j'étais à bout de souffle, ne plus le voir chaque jour et puis la douleur c'est apaisée. J'ai dis oui. Spleen ne pense qu'à lui, il n'est qu'un électron libre en quête de plaisir. Un jour, peut être, trouvera-t-il celle qu'il cherche si désespérément, mais d'ici là, je serai loin. John veut des enfants, il veut quitter Montsimpa, je crois qu'il se doute que mon coeur ne lui appartient pas totalement. Je pars ce soir, je suis venu dire adieu à un amour qui n'en était pas un.