C’est dans la ville de Montsimpa que Lycia vit le jour un 4 septembre 1989. C’était une belle journée et tout étaient prêt. Les cris de la jeune femme se faisaient de plus en plus forts au fur et à mesure que le temps passait. Les médecins étaient sur le point de commencer l’accouchement, il ne manquait plus que le père de l’enfant. Personne n’étaient sûr qu’il daigne venir, il avait si souvent demandé à sa femme de procéder à un avortement que la jeune femme n’avait pas la certitude qu’il serait à ses côtés pour la soutenir dans ce moment de souffrance. Finalement, la porte s’ouvrit sur un homme assez grand, cheveux hirsute et à la respiration saccadé. Il avait couru afin d’assister à l’arrivée de sa progéniture. Au plus grand bonheur de la jeune femme qui put enfin mettre du sien pour pousser et faire sortir le bébé. Ce fut un accouchement sans problème et le petit bébé était magnifique. Il poussa son premier cri sous les yeux émerveillé de ses parents, qui décidèrent de l’appeler Lycia.

La petite blonde âgé maintenant de 4 ans était assise sur son lit, une Barbie dans une main et Ken dans l’autre. Elle s’amusait à les introduire dans des scènes et des situations de couple. Les yeux pleins d’étoiles elle les observait en s’imaginant à la place de sa poupée, dans les bras de son prince charmant. Complètement en contradiction avec les cris de ses parents qui émanaient de la cuisine. Les disputes ne cessaient plus depuis quelques temps et Lycia redoutait que ses parents n’en viennent à se séparer. Car ils n’étaient pas mariés, son père refusait de s’engager de façon définitive et avait donc décidé de garder sa liberté quoi qu’il arrive. Pour lui, l’enfant n’était pas un blocage. Lycia savait à quel point sa mère était amoureuse de lui, et elle n’avait qu’une envie : qu’il reste. Pour la petite fille, les histoires d’amour se finissaient toujours en happy end. Elle ne se faisait donc aucun souci pour ses parents, tout s’arrangerait.

Agé de ses 5 ans, Lycia se rendit dans la chambre de ses parents alarmé par les pleures de sa mère. Elle s’attendait à les voir une fois de plus se disputer mais sans plus. Au lieu de ça, elle ne vit que son père en train de préparer une valise. Il quittait la maison. Ne comprenant pas vraiment, la petite fille alla prêt de sa mère et tira sur son haut pour attirer son attention. « Maman ? Papa part en voyage ? » Voyant la bouille que faisait sa fille, la mère de famille prit la petite dans ses bras en sanglotant et murmura à son oreilles. « Il ne reviendra pas ma chérie » A ses mots, Lycia sauta des bras de sa mère et enroula la jambe de son père de ses bras avant de lever la tête pour regarder son père. « Tu vas pas nous laisser tomber, hein papa ? » L’homme boucla sa valise et partit sans rien dire sous les yeux de sa fille. Lycia ne savait pas vraiment comment aider sa mère à aller mieux. Elle la voyait chaque jour un peu plus mal mais à 5 ans, on n’a pas vraiment de moyen pour réconforter sa mère, sauf en lui offrant une quantité immense d’affection. Et de son côté, Lycia avait du mal à comprendre. Elle qui avait toujours cru que l’amour durait toujours, elle voyait son rêve de petite fille s’évanouir peu à peu.

Un jour alors que Lycia venait d’avoir 8 ans, elle sautillait dans toute la maison à la recherche de sa mère pour lui montrer le beau dessin qu’elle lui avait fait. Mais le sourire joyeux de la petite s’effaça aussitôt qu’elle vit sa mère affalé sur le canapé, une boite de médicament dans la main. Le regard vitreux et le teint blafard. Lycia courut rejoindre sa mère et la secoua. « Maman ? Maman réveille-toi, regarde mon beau dessin. » Elle laissa tomber sa feuille et continua de secouer la jeune femme. Comprenant ce qui c’était passé, elle en eu gros sur le cœur. Son père l’avait laissé tomber, et maintenant sa mère ; Elle n’avait plus rien. Ce fut donc sa tante qui s’occupèrent d’elle durant toute son adolescence. Elle l’ aimait mais rien ne vaut un amour paternel. Sourire était devenu bien compliqué pour elle et pourtant elle a su faire comme si tout allait bien tout ce temps.

Assis en tailleur dans l’herbe fraiche du jardin de sa tante, un appareil photo entre ses mains, elle observait l’horizon en prenant des tas de cliché. En grandissant elle s’était trouvé un réel amour pour la photographie. Elle trouvait fabuleux le pouvoir qu’avait un appareil photo, ce dont de pouvoir immortalisé un moment afin que l’on s’en souvienne à jamais. Quand elle voyait tout ce qu’elle avait perdu dans sa vie, elle aurait aimé découvrir les exploits de la photographie. Bizarrement la jeune femme avait un sourire sincère sur les lèvres. Elle était réellement heureuse. Sentant quelqu’un s’assoir à son côté, elle tourna la tête pour regarder sa tant sans cesser de sourire. « J’en connais une qui est amoureuse » Baissant les yeux sur son appareil, le sourire toujours aux lèvres, elle savait que sa tante savait déchiffrer la moindre de ses pensées, il était impossible de lui cacher. « Pour une fois, tu vas pas t’en plaindre » En effet Lycia avait rencontré un jeune homme il y a peu de temps et elle était tombée sous son charme. Léon, dont la beauté n’était pas passé inaperçu. Certains ne l’aimaient pas mais Lycia oui. Elle voyait au-delà de ce que le jeune homme montrait de sa personnalité. Il avait beau avoir des défauts, Lycia aimait n’en voir que ses qualités pour mieux l’aimer encore. Lycia grandit encore et pris son propre appartement rendant tous de même encore visite à sa chère tante.

Quelques temps plus tard, les deux jeunes hommes sortirent ensemble. Lycia l’aimait et pour elle son rêve de petite fille se réalisait. Elle était au bras d’un beau jeune homme qu’elle aimait que demander de plus ? Quoi à part un bébé ? Lycia commença à avoir des nausées et tous les désagréments d’un début de grossesse. Elle fit donc un test sans en parler à son prince charmant. Le résultat s’avéra positif, nul doute, elle était enceinte. L’idée de former une famille, pour de vrai, pas en manipulant des poupées, mais vraiment dans sa vie la rendait folle de joie. Alors un jour elle se jeta à l’eau. Donnant rendez-vous dans un bel endroit à Léon, elle avait même apporté son appareil photo pour immortalisé cet instant, le moment était venu de lui annoncer la bonne nouvelle. Prenant son courage à deux mains elle s’était exclamé avec un grand sourire « Je suis enceinte ! » Elle aurait aimé que son amant soit heureux lui aussi, qu’il la prenne dans ses bras et lui dise que c’était une nouvelle fabuleuse. Mais au lieu de ça, il avait mal prit la chose. « Je prendrais rendez-vous avec un médecin pour régler les formulaire d’avortement » Cette seule phrase brisa Lycia. Elle n’avait pas l’intention d’avorter. Elle n’avait pas l’intention de tuer l’être qui était en train de se faire une place en elle. Même s’il n’était pas assez développé pour ça, Lycia entendait déjà le cœur du petit, elle sentait sa chaleur et pouvait ressentir ce qu’il pensait. Bien sûr, c’était à cause d’une imagination débordante. « Je… le garde » Elle secoua frénétiquement la tête en soupirant, hors de question qu’elle fasse une chose pareil. « Il est hors de question qu’on ait un enfant, c’est tout » Pour elle, il n’y avait pas de « c’est tout ». Le bébé était dans le ventre de Lycia, dans son esprit c’était à elle de prendre cette grande décision. Et elle l’avait prise en voyant les deux barres apparaitre sur le test de grossesse. Se jetant dans les bras de son homme, elle lui avait fait son plus beau sourire dans l’espoir de le faire craquer. « Tu sais très bien que je n’avorterais pas, fait pas ta tête de bougon »

Ceci dura un bon moment, pendant plusieurs temps ils en rediscutèrent mais la réponse était toujours la même. Quoi qu’il arrive, Lycia garderait l’enfant, avec ou sans le père de celui-ci. Bien qu’elle préférait avec, car même si elle ne lui disait pas souvent, elle l’aimait et ne pouvait plus de défaire de lui. La grossesse se fit sans grand souci. Lycia aimait prendre son ventre en photo pour voir l’évolution, à vrai dire elle prenait tout en photo. Tout ce qui pouvait avoir un rapport avec les bébés et même le reste. Evidemment Léon se faisait mitrailler de photo, un des passe-temps favoris de la jeune femme.

La main dans celle de Léon, Lycia tentait tant bien que mal de faire sortir le bébé qui avait maintenant finit son développement. Une fois dehors, la petite poussa son premier cri. Les deux jeunes parents n’eurent pas à se concerter bien longtemps pour trouver un prénom à la petite bichette. Ils se mettèrent d’accords sur un prénom qu’ils aiment tout particulièrement, Elinor. Elinor et ses parents se mirent ensemble afin de devenir la famille parfaite. Mais vu la réticence que Léon avait eu avant d’avoir l’enfant, Lycia avait peur. Et pourtant maintenant il prenait son rôle à cœur et jouait le papa poule. Lycia avait quand même une grande peur. La peur d’être le remake de sa famille. Que son petit ami ne fasse comme le père de Lycia et ne l’abandonne, alors elle aurait le plus grand chagrin que l’on puisse imaginer. Et elle risquait de finir comme sa mère, déprimée et finir en suicide. Elle ne voulait pas vivre ça, elle en avait trop subit par le passé et ne supporterait pas ça.

Elle n’avait jamais dit à personne ce qu’elle avait vécu dans le passé. Elle fit donc ses bagages à contre cœur et partit pour reprendre sa liberté. Au moins elle n’en souffrirait pas, elle pourrait faire ce qu’elle voudrait sans avoir de retomber et ça, c’était exactement ce qu’elle voulait. Adieu son rêve de fonder une famille. Elle savait que Léon s’occuperait bien d’Elinor et elle pouvait donc partir sans peur. Evidemment elle était encore amoureuse de Léon et même si elle faisait tout pour ne plus y penser, elle savait très bien qu’elle l’aimerait toujours. Quant à sa fille, elle n’avait pas eu l’occasion de bien passer du temps avec elle, mais évidemment on ne peut pas renier les sentiments d’une mère. Et qui sait, peut-être qu’un jour elle comprendra que partir était qu’une erreur, que Léon n’avait pas l’intention de la laisser tomber comme avait fait son père, qu’elle aurait été heureuse en restant avec sa famille. Et elle tentera de retourner voir l’homme qu’elle aime en faisant tout pour se faire pardonner. Ou alors elle restera comme ainsi, sans responsabilité. Qui sait ?

Encore aujourd’hui, Lycia se cache derrière son sourire et fait comme si elle était heureuse, alors qu’au fond. Elle est torturée.