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Et voilà, il faut que ça tombe sur moi. La pauvre idiote qu'on voit partout dans les films, en panne, sur le bord de la route, c'est moi. J'en rate vraiment pas une. En même temps, les voitures et moi, ça fait peut-être bien deux millions, ou quelque chose comme ça. Alors je ne peux pas différencier un problème de la routine. Donc voilà, ce n'est pas de ma faute, simplement celle de cette poubelle que je traîne depuis que j'ai mon permis. Bon d'accord, elle est pas si vieille, et elle est encore en bon état. Alors qu'est-ce qui cloche avec elle, hein ? Et puis en plus, au beau milieu des champs, qui voulez-vous qu'il vienne pour m'aider ? C'est bien ça, absolument personne. Je vais devoir me débrouiller par moi-même. Je commence par vérifier les pneus, parce qu'à tous les coups, c'est sûrement pour ça que je n'arrive plus à démarrer la voiture. J'en change un, plus par hasard que par véritable conscience du problème, sans pouvoir le réinstaller correctement. Ouais, c'est bien ma veine. Tout ce que j'ai réussis à faire, c'est me mettre des traces noires partout sur mes vêtements. Et voilà, j'ai fait ça comme une championne. Oh et puis finalement, j'abandonne, je m’assois juste à côté, dans l'herbe, les deux pneus démontés gisants pas très loin. Décidément, j'en loupe vraiment pas une. Tout ce qu'il me reste à faire à présent, c'est d'appeler le seul et l'unique garagiste que je connaisse, même si je le vois déjà arriver avec ses railleries, ses moqueries et ses grands sourires. Tant pis, une fois encore, je vais m'asseoir sur ma fierté, je l'appelle quand même, et je prie pour qu'il ait le temps de venir me chercher, et par la même occasion, voir ce qui cloche avec ma saloperie de voiture. A tous les coups, je vais devoir aller à la fac à pieds. Foutue voiture.

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Une journée de plus au garage, à attendre qu'un futur client ne se décide à amener sa foutue voiture en réparation. Autant dire qu'à Montsimpa, rares étaient les personnes qui avaient besoin de ce genre de service. Peut-être parce que la moitié des habitants n'avaient pas de voiture, et sa baladaient encore à vélo dans la ville. Plutôt embêtant pour un mécanicien comme moi qui cherchait encore de quoi s'acheter une véhicule plus efficace que l'ancienne voiture de mon père. Les affaires étaient rudes, et je ne roulais pas sur l'or. Je n'ai jamais roulé sur l'or. Mais je me débrouille comme je peux, et je suis encore loin de terminer à la rue. Négligemment assis sur une chaise, les pieds sur mon bureau, je feuilletais un vieux magazine de mécanique lu une bonne dizaine de fois, mais dont je ne me lassais pas. Mon portable se mit alors à vibrer, et je décrochais pour entre les supplications d'une demoiselle en détresse, qui ne semblait pas ravie d'avoir du m'appeler. Panne de voiture, un classique. Abordant d'hors et déjà un sourire taquin, je me levais d'un bond et m'en allais au volant de ma voiture chercher la jeune fille, suivant les indications de sa position. Je ne tarde pas à la trouver dans un coin plutôt paumé, assise dans l'herbe à côté du cadavre de sa voiture, démuni de deux de ses pneus. Comme prévu, je ne manque pas de lui adresser un sourire moqueur en m'approchant d'elle. « Ca va te coûter cher de réparer tout ça. Rassure-toi, je te ferai un prix ! » Toujours aussi drôle. J'aurais bien voulu lui dire qu'elle pourrait me remercier en m'offrant un smoothie, mais je doutais qu'elle trouve la blague aussi drôle que moi. Ce qui était d'ailleurs bien dommage, parce que j'en riais presque intérieurement. Je me posais devant elle, les pieds légèrement écartés l'un de l'autre, un air de sauveur viril au visage.

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Le moins qu'on puisse dire, c'est qu'il n'avait pas mis longtemps à arriver. Et comme je l'avais prédit, il affiche le même sourire moqueur, prononce les mêmes blagues foireuses. Enfin, je ne vais pas commencer à me plaindre, il serait bien capable de repartir en me laissant là sans aucune aide. « Ca va te coûter cher de réparer tout ça. Rassure-toi, je te ferai un prix ! » Hilarant cet enfant. Vraiment. Qu'est-ce qu'on attend pour lui remettre un prix ? Il pourrait être reconnaissant, je lui filais un peu de boulot en plus. Peut-être bien un peu de boulot tout court. « J'espère bien, d'autant plus que, je dois être ta seule cliente, non ? » S'il ne se gêne pas pour me balancer toutes ses blagues, je n'hésite pas à lui rendre la pareille. Bon d'accord, je crois que c'était pas le meilleur moment pour jouer à qui est le plus fort. Je me relève, les mains sur les hanches, regardant l'étendue des dégâts sur mes vêtements. Apparemment, je suis si douée que je m'en suis mise même sur les bras. Je jette un regard inquiet vers la voiture. « Alors, est-ce que tu peux t'en occuper, ou est-ce que je vais devoir te supplier ? » C'est au moment où je glisse un regard vers lui que je comprends que c'était peut-être la seule phrase à ne jamais prononcer. Pitié, faites qu'il ne me demande pas de le supplier. Voilà, maintenant je vais lui être redevable toute la vie. Pourquoi je suis pas tombée en panne à une petite dizaine de kilomètres, pile poil devant un grand garage rempli de garagistes ? Ca aurait été tellement plus simple. Moins gênant, aussi, certainement.

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Dire que je ne m'amusais pas de la situation aurait été un bien beau mensonge. Et puis, en bonus, j'avais l'occasion de voir la jeune fille, chose dont je ne me lassais pas. Pour l'instant en tout cas. Plutôt insupportable cette enfant, mais qui ne manquait pas de ressources, il fallait le reconnaître. « J'espère bien, d'autant plus que, je dois être ta seule cliente, non ? » La vilaine. C'était bien vu de sa part, au moins. La difficulté de mon métier n'était un secret pour personne. Tenir son propre garage à vingt-trois ans n'était pas vraiment ce qu'on pouvait appeler une mine d'or. Mais mine de rien je m'en sortais bien. « Voyons Smoothy, je n'ai certainement pas autant de clients que toi, mais c'est pas une raison pour te montrer désagréable ! » Sous-entendre que Smooth était une prostituée ? Tellement tentant, et surtout bien trop facile. Je lui offris un sourire qui se voulait angélique mais dans lequel l'amusement et la perversion était bien trop visibles. Elle se leva, dévoilant ainsi l'état plutôt pitoyable de ses habits « Alors, est-ce que tu peux t'en occuper, ou est-ce que je vais devoir te supplier ? » Une autre vanne monta bien trop vite, que je ne me privais pas de lui lancer, sans parvenir à me détacher de mon air moqueur et rieur. « Je te dispense de me supplier pour cette fois. Si quelqu'un passait il penserait sûrement que t'es une clocharde en quête d'une ou deux pièces. Je préfère nous éviter cette honte à tous les deux ! » Cette fois ce fut un clin d'œil que je lui lançais, avant de m'approcher de sa voiture. Je commençai lentement mon examen du véhicule, prenant volontairement mon temps.

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Bien que j'étais terriblement en retard, que j'étais prise d'une irréfrénable envie d'aller faire pipi et que j'étais dans un état pitoyable, la venue de Phoenix n'était pas si désagréable qu'elle en avait l'air. Il y avait quelque chose en lui, qui je ne sais pas, le rendait plutôt attachant. Aussi difficile à croire que ça puisse l'être. Et malgré toutes nos âneries, j'avais rarement à me plaindre de sa compagnie. Et puis la plupart du temps, il m'était d'une très grande aide, notamment parce que je ne prenais pas grand soin de ma voiture et que c'était toujours lui qui me la réparait. « Voyons Smoothy, je n'ai certainement pas autant de clients que toi, mais c'est pas une raison pour te montrer désagréable ! » Cette fois, il a gagné, je ne le dispense pas d'une petite tape sur l'épaule, à la fois pour ce surnom affreux qu'il me donne, aussi pour la remarque qu'il sous-entend et que je préfère ignorer. « Je te dispense de me supplier pour cette fois. Si quelqu'un passait il penserait sûrement que t'es une clocharde en quête d'une ou deux pièces. Je préfère nous éviter cette honte à tous les deux ! » Je feins une mine outrée. « Trop gentil. De toute façon, il n'y a personne ici, te voilà rassuré. » Un dernier regard vers ma tenue pour me confirmer que je n'étais certainement pas bonne en mécanique. « D'ailleurs, je ne vais pas pouvoir aller à la fac dans cet état là. Je suis déjà en retard, de toute façon. » Je hausse les épaules, trouvant qu'il s'agit d'une assez bonne excuse, tandis que Phoenix regarde enfin ce qui cloche sur la voiture - avec une lenteur impossible, je précise. Je m'accoude sur le coffre en le regardant à l'oeuvre, alors que je lui lance une remarque qui j'en suis sûre, le fera réagir. « Je dois avouer que le look du mécanicien te va plutôt bien. » Ca c'est pour ta lenteur, mon trésor.