J’ai toujours été un enfant de la ville, un vrai citadin, incapable de voir ma vie ailleurs qu’à New York, où je suis née, où j’ai passé mon enfance, mon adolescence et mes années universités. Je n’ai quitté ma ville qu’une fois, pour aller travailler quelques mois à Montsimpa, en pleine campagne, pour me former au métier d’agent immobilier, y prendre quelques galons, un peu forcé par mon mentor pour qui rien ne valait quelques mois à la dure si on voulait réussir à NY. Je n’aurais jamais pensé que ces six mois allaient complètement me changer, ni que j’allais y retourner pour essayer de reconquérir la femme dont j’étais tombé amoureux là-bas.

Plus jeune, j’étais le stéréotype même du garçon appartenant à la jeunesse dorée qu’on peut voir dans toutes les séries à la mode : sur de lui, un peu arrogant, séducteur, habitué aux soirées arrosées, capable d’assister à un brunch quelques heures plus tard avec le teint frais comme après une nuit de douze heures de sommeil, avalant quelques pilules d’ecstasy aux soirées qui duraient le plus longtemps pour rester en forme jusqu’au bout de la nuit. J’aimais les filles, j’aimais le fait de pouvoir en avoir une différente dans mon lit chaque soir si j’en avais envie. Les relations longues n’avaient jamais été mon fort, peut-être parce que je ne tombais jamais amoureux de mes petites amies. Atteindre les trois mois avait été un exploit qui n’avait été atteint qu’une fois entre mes 15 et mes 21 ans. A chaque fois, je rencontrais une nouvelle fille qui me plaisait bien plus que celle avec qui j’étais en couple. Il m’est même arrivé de sortir avec deux filles en même temps, sans qu’aucune des deux ne s’en rende compte. J’en été fier. Maintenant, je suis conscient que j’avais été un vrai salaud par moment. Même avec Beth.


J’avais vingt ans quand je l’ai rencontrée, pendant une soirée inter confréries à Harvard, l’université que j’avais choisie pour mes études de commerce et marketing. Ses yeux verts et ses cheveux roux m’ont tout de suite fait craquer. Le fait qu’elle n’a pas voulu monter dans ma chambre quand je l’y ai invitée m’a forcé à faire des efforts pour la conquérir. Car curieusement, elle était la première fille qui ne m’avait pas dit oui, qui me résistait. J’étais à la fois vexé et intrigué par son attitude. Elle ne m’a embrassé qu’au bout de trois mois, et c’est donc sa chambre à elle qu’elle s’est offerte à moi pour la première fois. J’étais fou amoureux d’elle, au point que je l’ai demandée en mariage moins d’un an plus tard, demande qu’elle a immédiatement acceptée. Nos parents auraient bien aimé faire une grande réception au Plaza, mais elle préférait un mariage intime à la mairie, juste entourés de notre famille proche. Pour ses yeux, j’ai accepté. Quand mon diplôme en poche depuis deux mois, je lui ai annoncé que je devais partir six mois à Montsimpa, petite ville perdue en pleine campagne pour me former au métier d’agent immobilier, et pouvoir être pris dans la grande agence qui me faisait les yeux doux, elle m’a embrassé et m’a dit qu’elle m’attendrait dans notre nouvel appartement, dans lequel on avait emménagé depuis quelques semaines. Elle me faisait confiance, elle n’aurait pas du. Je l’ai trompée. Pendant quatre mois. Elle a tout de suite remarqué que j’avais changé quand je suis revenu, même si je n’ai jamais su si elle se doutait de la vraie raison. J’ai tenu quatre mois, avant de lui dire la vérité, et de lui demander de le divorce. Elle avait les larmes aux yeux, mais elle a tout de suite signé les papiers, en murmurant qu’elle aurait mieux fait d’écouter sa mère qui lui disait que se marier top jeune n’était pas une bonne idée. Je ne sais pas si je serai toujours avec elle si je n’étais pas parti, mais je savais que j’étais incapable de reprendre ma vie à New York après avoir rencontré Marlow.


Pour moi, Montsimpa était en plein campagne, donc forcément ennuyeux au possible. Les gens s’y couchaient avec les poules, il n’y avait rien à faire après dix heures du soir, et tous les habitants portaient salopettes et chemises à carreaux et conduisaient un tracteur le week-end. Je reconnu bien plus tard que j’avais eu tord. J’avais rencontré Marlow dans un bar, que je pensais être le seul en ville. Je venais d’arriver quelques jours auparavant. Elle ressemblait à un lutin avec ses cheveux courts et son nez retroussé. Comme Beth, elle avait de la répartie et ne se laissait pas marcher sur les pieds. Elle me plu tout de suite. Je sentais que mes anciens tords pouvaient reprendre le dessus à tout moment. Je lui payais un verre. Je la déshabillais dans la cuisine de l’appartement dans lequel je venais d’emménager. Elle finit nue dans mon lit. Elle n’était plus là quand je me réveillais le lendemain, mais je retrouvais un post-it collé sur mon frigo avec son numéro de téléphone. Je passais la journée à hésiter à la rappeler. Je venais de tromper Beth alors que je lui avais été fidèle pendant plus d’un an. Mais le soir arrivé, je cédais à la tentation et appela la jeune brunette qui m’avait fait grande impression. On finit par se voir plusieurs fois par semaine, parfois chez elle, parfois chez moi. Je commençais à me rendre compte que ce que j’éprouvais pour elle était complètement différent que mes sentiments pour Beth, elle me faisait me sentir bien. Quand elle était allongée sur mon torse, à moitié endormie, je n’avais besoin de rien d’être pour être heureux. Entendre sa respiration me suffisait. Je compris que j’étais tombé amoureux d’elle quelques jours avant de devoir lui annoncer que je devais partir, rentrer à Manhattan, retrouver ma femme. Je savais qu’elle n’apprécierait pas la nouvelle, encore moins mon mensonge. Elle était blessée et trahie et je ne lui en voulais pas. Je ne pouvais pas m’empêcher d’être un vrai salaud avec les femmes, détruisant toutes mes relations. Naïvement, je me suis dit qu’en rentrant, en revoyant Beth et en la serrant dans mes bras, en respirant ses cheveux à l’odeur de camomille, j’oublierai Marlow. Mais j’avais tord. Marlow me manquait comme jamais quelqu’un ne l’avait encore fait. Je décidais de quitter Beth, de divorcer, et de retourner à Montsimpa. Retrouver Marlow. Tout tenter pour qu’elle me refasse confiance. Pour à nouveau pouvoir passer ma main dans ses cheveux quand elle dormait, embrasser son petit nez en trompette, l’embrasser dans le cou en la rejoignant sous la douche, compter les grains de beauté dans le bas de son dos. Être heureux avec elle, tout simplement.