La vie s'était faite difficile depuis son Départ. Il était ainsi parti, sans piper mots, sans rien laisser, s'évaporant comme de la fumée. Consciencieuse, elle se remémorait tous les détails de leur première et dernière rencontre, son odeur, son regard, ses mains, qui semblaient avoir énormément écrit dans un passé lointain. Elle avait tout tenté pour le retrouver, allant même jusqu'à harceler amis et famille dans l'espoir de le revoir... Mais rien n'y faisait. La vie n'envoyait aucun signe, et il n'y avait aucune rencontre magique au coin d'une rue digne d'un film hollywoodien. Elle commençait à se demander si il se souvenait d'elle...

En chassant cette vilaine pensée de sa tête, elle enleva la serviette de bain dans laquelle elle s'était faufilée, pour mettre une petite robe d'été et partir explorer l'extérieur, à la recherche de quelques pancakes pour des petits creux nocturnes. Ce qu'il y avait de drôle à Montsympa ? La vitesse avec laquelle filait le temps... Tandis qu'elle se dirigeait vers le petit supermarché de la ville, elle se rendit compte qu'elle avait passé plus d'une demi-heure à observer l'horizon, se laissant ennivrer par les beaux paysages qui l'entouraient. Elle franchi la porte coulissante automatique avec plaisir, se retrouvant dans l'air frais climatisé de la boutique. Elle salua poliment les caissières, qui lui firent un geste de la main, et s'aventura dans le rayon boissons, cherchant avant tout de quoi égayer sa soirée.

Soudain, elle percuta un homme qui allait dans sa direction.

« - Excuse moi, je ne t'avais défintivement pas v... »

Son sang se glaça, et son coeur fit un bond dans sa poitrine.

Grace sentit ses yeux se refermer et son nez se plisser, tandis qu'une chaleur inquiétante commença à se propager sur ses joues, puis sa nuque. Elle rougissait, et c'était un événement assez rare pour la personne d'habitude extravertie qu'elle était. Mais ce sont ses mots qui la blesserent et elle détourna le regard, cherchant une réponse correcte à formuler, pour se donner de la contenance, mais son esprit s'embourbant inextricablement dans les enchêvetrements de sa phrase, dans ses rebondances, dans la rondeur de son « on ne s'est pas déjà vus ? » qui l'avait pourtant transpercée comme une lame.

Ses yeux la piquèrent mais elle soupira et le gratifia d'un sourire aussi faux que douloureux, et lui tendit la main.

« - Non, je ne pense pas t'avoir vu auparavant. » Mentit-elle, rougie de honte.

En espérant que son mensonge passe inaperçu, elle fit mine de chercher quelque chose sur le premier rayon venu, se détournant de lui pour inspirer une bouffée d'air salvatrice.