George regardait sa montre avec nervosité. Huit heures moins vingt. Dans moins d'une heure, il allait donner son premier concert en temps que professionnel à Montsimpa. Il jouerait devant 2000 personnes environ, avec sa guitare, accompagné par d'autres musiciens qui avaient vingt ans de plus que lui et autant d'années d'expérience en plus. Alors, oui, il avait le droit d'être nerveux et d'avoir le trac. Ça arrive même aux plus grands, puis ça disparaît quand on monte sur la scène. George ne se considérait bien sûr pas encore un ''grand'' de la musique, il avait encore du chemin à faire, mais il avait été connu dans plusieurs autres villes du pays. Et tout ce qu'il voulait, c'était étendre sa notoriété à Montsimpa et même au monde entier. Tout ce qu'il désirait profondément, c'était devenir une rockstar, et il deviendrait une rockstar. Le jeune homme sortit une cigarette de la poche intérieure de sa veste, l'alluma. Il recracha la fumée lentement, comme si cela pouvait l'aider à évacuer tout son trac. Puis il enfila ses lunettes noires, empoigna l'étui de sa guitare, sortit de la maison, attendit que le van qui devait l'emmener lui et les autres musiciens arrive. Il n'attendit pas longtemps. A peine dix minutes plus tard, un vieux van noir arriva devant la maison. Un machiniste sortit, serra la main de George, l'aida à charger son matériel à l'arrière du véhicule. Une limousine flambant neuve suivait le van, et George monta à l'intérieur. Il salua chaleureusement ses collègues musiciens, et tous les sept parlèrent musique durant toute la durée du trajet, c'est à dire vingt minutes à tout casser. Deux heures plus tard. George acheva le concert par une improvisation à la guitare de son propre cru. La foule l'applaudissait avec enthousiasme, lui et ses six camarades qui avaient partagé avec lui ses deux heures de musique rock endiablée. Le public ovationna pendant une dizaine de minutes, ce qui était du jamais vu pour George. Un peu gêné par tant de considération, le jeune homme balbutia un petit merci dans son micro, puis les projecteurs s'éteignirent et le rideau rouge se baissa. Le musicien, un peu fatigué, le visage en sueur, prit congé de ses musiciens et se rendit aux toilettes. Il épongea son beau visage, se recoiffa, corrigea son léger maquillage qui avait commencé à couler à cause de la sueur et de la chaleur des projecteurs, puis sortit des toilettes. Devant la pièce qui lui servait de loge, un petit parterre de fans et d'admirateur l'attendait, et George dut signer une vingtaine d'autographes avant de pouvoir enfin entrer dans sa loge se reposer. Alors qu'il pressait la poignée, quelqu'un l'appela et le fit se retourner. C'était un machiniste qui lui demandait de l'aider à ranger la scène. Il l'aida donc, et, lorsqu'il retourna à sa loge, il heurta un homme un peu plus vieux que lui et qui semblait l'attendre. Il s'excusa poliment : - Oups, désolé. Je vous ai fait mal ?