Raspody rentrait du travail, il était environ 18 heures. C'était la plus grosse de ses journées aujourd'hui. Et pour ne rien arranger, il fallait qu'elle passe au supermarché pour faire les courses. Elle n'avait plus rien dans son placard, il était vide et elle en avait un peu marre des fast-food, c'était pas vraiment bon pour la ligne. Elle entra dans le magasin et parcourut les rayons et prit ce qu'elle vu et surtout ce qu'elle aimait bien. Elle ne faisait jamais de liste, elle prenait ce qui lui tombait sur la main. Soudain, alors qu'elle était sur le point de prendre un paquet de pâtes, Lustucru très précisément , elle tomba nez à nez avec Warren. Tous ses souvenirs de son arrivée à Montsimpa lui revinrent en pleine face et qui plus est, beaucoup de mauvais souvenirs. « Warren, qu'est-ce que tu fais là ? » demanda-t-elle en s'arrêtant sur chacun de ses mots, entre ouvrant légèrement la bouche.

Comme si Raspody s'attendait à revoir Warren au supermarché. En fait, à l'arrivée de cette dernière à Montsimpa, elle avait rencontré le jeune homme et elle était tombée sous son charme. En même temps, il y avait de quoi à vrai dire. Ils avaient couchés ensemble et Warren fit comprendre très vite à Raspody qu'il s'en foutait complètement d'elle. Le problème, c'est qu'elle était tombée enceinte de lui mais ça, elle n'avait jamais osé lui avouer. Peut-être elle lui dirait un jour, elle verrait. La manière dont Warren venait de répondre à Raspody était assez arrogante et il n'avait pas changé, il était déjà comme ça quelques années auparavant. « Je .. Je sais pas quoi dire .. » dit-elle en perdant tous ses moyens. Warren était la seule personne à mettre Raspody dans cet était là et ça, elle n'aimait pas vraiment.

Comment on pouvait être aussi méchant que ça ? Raspody se le demandait. Enfin non, elle comprenait Warren car il était pareil qu'elle au niveau méchanceté. En fait, Warren était Raspody au masculin et Raspody était Warren au féminin. Et le pire dans tout ça, c'est que la jeune femme perdait tous ses moyens devant Culligan. D'habitude, elle aurait déjà envoyé chier celui qui se serait trouvé devant lui mais là, elle paraissait faible, trop faible. Cette faiblesse, Warren en avait déjà profité à l'arrivée de Raspody à Montsimpa. En entendant sa dernière réplique, Raspody resta bouche bée et le laissa partir au rayon d'à côté. « Tu crois que je vais te faire ce plaisir Warren ? » dit-elle en le rejoignant quelques secondes après, un sourire assez faux au coin des lèvres.

Raspody venait donc de rejoindre Warren au rayon d'à côté. C'était sûr, il allait lui dire qu'elle était collante, un truc dans le genre mais elle s'en foutait, son seul objectif de la journée était de l'emmerder, de le pousser à bout. Elle savait que ce serait dur d'arriver à ses fins mais du moment qu'elle faisait ce qu'elle aimait le plus au monde, faire chier le monde, c'était le principal. « Je crois que si j'étais faible, je n'aurais pas avorté seule de l'enfant que je portais, venant de toi. » avoua-t-elle d'une pierre d'un coup. Finalement, elle qui avait peur de lui dire, maintenant que c'était fait, elle se sentait plutôt soulagée. Raspody appréhendait sa réaction, elle savait qu'elle allait être basse et mesquine, déjà ça mais elle se demandait ce qu'il allait dire.

Ça y est, c'était fait. Raspody venait d'avouer tout à Warren. Elle s'attendait à n'importe quelle réaction, tout sauf ça. Il n'y avait pas la moindre compassion dans ce que venait de dire le jeune homme. Ce n'était quand même pas rien, il l'avait mise enceinte et elle avait dû avortée seule et lui, il lui sortait un simple cool pour toi. Raspody resta un moment sur place sans rien dire, seulement la bouche bée. Elle ne savait pas quoi dire, malgré qu'elle détestait plus que tout le jeune homme, elle était complètement anéantie une fois de plus de voir qu'il était aussi méchant que ça. « Warren tu peux pas me dire ça, tu te rends compte que tu m'as foutu en cloque, j'ai dû avorté seule, sans l'aide de personne et tu me dis c'est cool pour toi ? » dit-elle en le rattrapant par le bras, sentant que quelques larmes commençaient à monter.

Raspody se rendait compte à quel point elle aimait encore un peu Warren. Sinon, quand il lui aurait dit ça, elle n'aurait pas eu envie de pleurer. Mais certes, Raspody était une vraie garce et dès qu'elle le pouvait elle rabaissait les gens, elle avait tout de même un coeur. Et là, on pouvait dire qu'il en avait prit un sacré coup. Déjà il y a quelques années encore avec Warren. Elle avait l'impression de revivre le moment où il lui avait dit qu'il s'en foutait complètement d'elle alors qu'au contraire cette dernière en était folle. « Tu crois que c'était facile à dire ? Que j'étais enceinte de toi alors que tu venais de me jeter comme une merde ? » s'écria-t-elle cette fois-ci au bord des larmes. C'est alors qu'il eût un geste dont Raspody ne le croyait pas capable, il l'a prit dans ses bras. Aussitôt, elle se recula et le poussa assez fort contre le rayon, faisant tomber quelques paquets de chips par la même occasion. « J'en veux pas de tes remords espèce de salaud ! C'était avant que j'avais besoin de toi ! » dit-elle avant de lui mettre une énorme gifle.

Warren était vraiment un abruti de première. Même s'il venait d'avoir un geste gentil envers Raspody, cette dernière n'en voulait pas. Certes, elle aurait voulu le prendre dans ses bras avec plaisir car c'est vrai qu'elle avait toujours un faible pour lui mais au fond d'elle, elle lui en voulait tellement que plus jamais elle lui montrerait. Avec ce qu'il venait de dire dernièrement, c'était la guerre. Elle reprit rapidement ses esprits et essuya les quelques larmes qui avaient coulées le long de ses joues avant d'inspirer profondément. « Espèce de connard, je suis là encore à te faire chier parce que tu mérites que ça. Tu sais quoi tu mérites même une deuxième gifle ! » dit-elle sans lui en remettre une pour autant. Tous les regards étaient tournés vers eux alors il ne fallait pas attirer l'attention encore plus. Même si Raspody s'en moquait, elle tenait à sa réputation dans Montsimpa.

Ce n'était pas dans l'habitude de Raspody d'insulter des personnes comme ça ou alors quand elle le faisait, elle le disait d'une manière très différente pour toujours sortir du lot. Mais là, c'était plus fort qu'elle, elle était tellement énervée contre lui qu'il fallait que toute cette haine ressorte d'elle. Très vite, elle reprit ses esprits et se calma. Raspody était consciente qu'elle énervait Warren et elle en était très heureuse car c'était ce qu'elle voulait par dessus tout, le faire chier. « Ben tu sais quoi ? Tu baises comme un pied toi ! » dit-elle assez fort pour que toutes les personnes autour d'eux entendre Raspody tout en esquissant un petit sourire mesquin.

Raspody voyait qu'elle était en train d'énerver Warren et c'est ce qu'elle voulait. L'énerver autant qu'il avait pu la faire souffrir auparavant. Raspody était rancunière, très rancunière et elle comptait bien faire payer à Warren tout ce qui lui avait fait. Mais certes, elle était obligée de passer par la case du mensonge pour pouvoir le pousser à bout comme elle le désirait. Elle devait dire qu'il baisait comme un pied, c'était le terme qu'elle avait employé même si elle n'en pensait pas un mot. « Oh oui crois-moi j'ai d'autres arguments mais j'ai pas envie de faire apprendre à tout Montsimpa que Warren Culligan est impuissant ! » dit-elle en élevant la voix à ses derniers mots pour que certaines personnes du supermarché l'entende.

Au moins Raspody l'avouait, elle devait passer par la case mensonge pour énerver Warren. Mais le principal, c'est que son plan marchait à merveille. En même temps, il fallait bien que la jeune femme se venge. Après tout ce qu'il lui avait fait subir, la rupture, l'avortement et tout ça, seule, il y avait de quoi se venger par la suite. « T'inquiètes pas pour ma réputation, je sais ce que j'en fais. » dit-elle avec un petit sourire narquois sur le coin des lèvres. Elle sortit son portable et fit semblant de tapoter un texte sur ce dernier. Lentement, elle s'éloigna de Warren, sans lâcher son sourire avant de dire assez audiblement pour qu'il puisse l'entendre ; « En revanche, je serais toi, je ferais attention à la mienne désormais. »