Lundi matin, huit heures. Je faisais le pied de grue devant le commissariat qui venait à peine d'ouvrir ses portes. Mais pourquoi le commissariat ? A voir mes cernes, c'était rapidement vu. Je n'avais pas dormi de la nuit à cause de musique forte provoquée par des petits jeunes. Quand on a un bébé, c'est encore plus difficile. Bonnie avait pleuré toute la nuit et autant dire que pour calmer les cris d'un bébé qui n'arrivait pas à dormir, il fallait se lever tôt. Je n'avais dormi que deux heures, j'étais exténuée. J'avais quatre tasses de café dans l'estomac pour tenir éveillée. Et je commençais déjà à m'énerver en voyant les flics à deux kilomètres à l'heure. « Oh, on se réveille là ! » Mauvaise humeur bonjour ! Un des flics arrivait enfin pour déverrouiller la porte. Bah dis donc, c'était sympathique les forces de l'ordre ici. Je me présentais à l'accueil, en essayant de parler calmement. « Je viens déposer plainte.» disais-je, sèchement.

J’avais l’impression de fonctionner au ralenti. Avec quelques heures de sommeil et des litres de café dans l’estomac, j’étais aussi speed qu’une formule 1. Je devais absolument me calmer et ne pas me taper un scandale dans le commissariat pour finir ensuite en cellule de dégrisement ou pire encore, en prison. Ce serai le comble pour moi, célébrité montante qui refuse toute notoriété, d’avoir un mauvais article sur moi. Enfin les critiques étaient naturelles et les journalistes étaient malheureusement payés pour ça. Je n’avais pas le choix. Je m’adressais toujours à l’officier qui était à l’accueil. « Des jeunes ont foutus le bordel toute la nuit, ma fille et moi-même n’avons pas dormi. » Je montrais ma tête, remplie de cernes pour le prouver. Le tapage nocturne, très peu pour moi. J’avais un bon sommeil d’habitude, et lorsque je ne l’avais pas, inutile de préciser à quel point je pouvais être ignoble. J’entendais des bruits de téléphones pas loin de moi, mais je n’y prêtais pas attention. Je tapotais mes ongles sur le comptoir de l’accueil, le temps que l’officier démarre son ordinateur. « Vous ne pouvez pas carrément partir à leur domicile, pour leur dire que le tapage nocturne est puni par la loi ? Ou vous êtes trop fatigué pour faire ça ? » Bah dis donc, ils n’étaient pas trop motivés les agents de police à cette heure-ci.

Les flics n’étaient pas vraiment en grosse forme le matin. Je le constatais amèrement. Ce qui m’énervait le plus, c’est la lenteur du flic. A croire que ce qu’il entendait ressortait automatiquement par l’autre oreille. Autant dire que c’était une situation énervante en plus d’être gênante. Le policier commençait à réagir en ouvrant la bouche… Pour bailler. Exaspérant. « Patientez sur les sièges mademoiselle, on va vous appeler. » disait-il, nonchalant. « Mais j’ai pas envie d’attendre ! Je travaille moi, je ne vais pas camper dans votre bureau pendant 36 ans le temps que vous vous bougez votre c*l de votre chaise ! » Ok, là j’étais vraiment en colère. Un peu plus et je pouvais me faire coffrer. Je constatais aussi qu’il y avait une jeune femme qui riait, tout en notant des trucs sur son carnet. Mon dieu, une journaliste. J’étais dans la merde. En plus, elle avait son téléphone qui enregistrait tout avec un peu de chance. D’un coup de colère, un coup arrivait sur le carnet de la jeune femme qui n’avait rien fait non plus. Mais à vrai dire, ce n’était pas un bon jour pour moi. « Arrêtez d’enregistrer vous ! » disais-je, en hurlant. Je me tournais vers le flic. « Je veux voir votre chef, IMMÉDIATEMENT ! » disais-je, en tapant du poing sur le bureau. Le flic se levait enfin. Je me tournais vers la journaliste. « Ca y’est, vous êtes contente ? Vous avez votre petit article qui va sauver votre carrière misérable ? » Blaine Fawkes, méchante. Ce n’était pas moi, mais vraiment pas.