☇ once upon a time

« Je me demande si tu as eu raison de te mettre avec lui.. » Skye-Blüe fixa sa mère d'un air inquiet, elle avait toujours eu ce don pour pressentir les choses, peut-être aurait-elle dû déjà l'écouter ? « Que veux-tu dire, mum ? » Sa mère soupira un grand coup, elle n'avait pas envie de blesser sa fille. « A la moindre difficulté, il te laissera seule. » Skye-Blüe sentit la colère lui monter et ses yeux la piquer. « Je te prouverai que tu as tort ! » lança-t-elle à sa mère avant de prendre ses affaires et de s'en aller. Sa mère secoua la tête, pleinement consciente de la naïveté de sa fille qui la perdrait un jour. Elle aussi avait été bête de croire en l'amour véritable, en cet Amour avec un grand A. Lin Wang, le seul qu'elle n'ait jamais aimé dans sa vie et qui avait fini par la quitter pour une autre et repartir dans son pays natal la Chine. Ni Skye, ni elle-même n'eurent de nouvelles de lui depuis, comme s'il avait effacé toute une partie de sa vie, ne désirant plus y être mêlé. D'ailleurs, Skye-Blüe s'était appliquée un jour à lui envoyer une lettre après la naissance de son fils, Maximilian Lin.

« Papa,
je ne sais pas par quoi commencer exactement, si ce n'est qu'il me manque une part de moi ici. J'avais seize ans lorsque tu as décidé de quitter le domicile familial pour refaire ta vie ailleurs. J'ai aujourd'hui vingt ans. C'était une dure période, je ne savais plus vers qui me tourner lorsque ma mère ne me comprenait pas. Toi qui avais toujours le sourire, qui était plus compréhensif qu'elle, où es-tu dont passé ? Pourquoi avoir tout rompu ? Maman est dans un sacré état depuis ton départ, elle ne vit que pour moi et tu sais que ton départ l'a totalement bouleversée. Tu es un idiot, pire que cela, je n'en trouve plus les mots. Je sais d'avance que de toute manière tu ne prendras même pas la peine de me répondre...
D'abord, tu as manqué la naissance de mon fils, qui a deux mois depuis hier ! Maximilan se nomme-t-il et nous avons décidé que son deuxième prénom sera Lin pour toi. Mais visiblement tu n'en as que faire de ce qui se passe dans notre vie. Mais que devrais-je dire à mon fils lorsqu'il grandira et se demandera où est passé son grand-père ? Qu'il est parti, qu'il se fiche de sa famille...
Je te donne ma nouvelle adresse si jamais il te prend l'envie de m'écrire, aies pitié, je t'en supplie, répond-moi.

Ta tendre fille,
Skye-Blüe. »

Mais les jours passèrent et jamais elle ne reçut de réponse si bien que son compagnon la rassura en lui disant qu'il devait certainement avoir ses raisons, mais quelles raisons ? Quelles raisons pour pouvoir oublier sa femme et sa fille depuis quelques années maintenant ? Skye-Blüe ne le comprenait pas et ne le comprendrait jamais. Elle se souvint d'une des conversations qu'ils avaient eue un soir à table tous les trois, Lin assis en bout de table et Violet faisant face à sa fille. « Pourquoi est-ce que mon deuxième prénom est Victoire ? » avait demandé la petite fille de huit ans à ses parents qui sourit à sa réplique suivant : « et pourquoi mes prénoms sont normaux alors que mon nom est chinois ? C'est Anna tout à l'heure qui me l'a fait remarqué ! » ajouta-t-elle en croisant les bras sur sa poitrine, comme une personne adulte, sérieuse. « Chaque chose en son temps, Skye. » commença le père en posant sa fourchette et prenant la main de sa femme dans la sienne. « Tu t'appelles Skye-Blüe parce que d'une part ta mère est américaine mais qu'aussi nous trouvions ce nom très joli, comme cette petite fille qui se tient devant nous. Ensuite, Victoire parce que tout simplement, la maman de ta maman est française et s'appelait comme ça. » L'imparfait retint l'attention de la petite fille, « S'appelait ? » demanda-t-elle d'une petite voix en décroisant ses bras. Cette fois-ci se fut au tour de sa mère de prendre la parole sous le regard interrogateur de la petite fille. « Oui, elle n'est plus ici malheureusement, elle est partie rejoindre les étoiles. » Skye-Blüe regarda son père et sa mère tour à tour avant d'attendre la suite qui vint de son père, « Et tu t'appelles Wang parce que c'est mon nom de famille et que je viens de Chine. » expliqua-t-il avec son petit accent chinois qui ressortait malgré les années qu'il avait passées à New York. « Ah oui, je comprends mieux. » conclut-elle reprenant un peu de salade dans son assiette. C'était ce genre de dîner qu'elle aurait espéré trouver lors de sa seizième année bien que les choses n'allaient plus très bien entre ses parents. « Où étais-tu ? De toute façon tu ne fais jamais rien dans la maison ! » Et une assiette avait volé, s'écrasant contre le sol tandis que le steak-haché qui s'y trouvait avait trouvé refuge contre le mur. Tant de scènes de disputes qui avait poussé la jeune fille à s'enfermer dans sa chambre pendant de longues heures. Ses parents avaient fini par trouver un accord et prendre des rendez-vous pour tenter de calmer le jeu et alors que tout semblait aller mieux, il avait disparu du jour au lendemain sans que l'adolescente ne comprenne ce qui s'était passé réellement.

Dix heures vingt-cinq. Le téléphone sonne, elle ne répond pas. Maximilian pleure, elle tente de le rassurer, lui disant qu'ils seraient bientôt rentrés à la maison. Une main sur le pied du petit garçon sur la banquette arrière, installé sur son siège auto et une autre sur son volant, elle tentait de se concentrer sur la route. Son feu passa au vert et ce fut un choc. Un bruit sourd retentit. Deux vitres se brisèrent, sa tête cogna contre le volant et ce fut le noir. Elle entendit au loin les sirènes retentirent et alors qu'elle tentait de rester éveillée et de trouver la force de regarder comme allait son fils, ses paupières tombèrent lourdement et plus rien. Elle se réveilla dans une chambre d'un blanc éclatant, avec sa mère à son chevet. « Que... Maximilian ! » s'écria-t-elle commençant à enlever les perfusions tandis qu'une infirmière l'arrêta, aidée de sa mère. « Repose-toi, il est dans une chambre à côté. » dit-elle simplement. « Mademoiselle Wang, vous ne devez pas vous lever. Restez allongée encore un peu. » La jeune femme constata que sa jambe avait une atèle que son bras était plâtrée. Bon sang, comment cela avait-il pu arriver ? [colorindianred]« Je veux voir Max', comment va-t-il ? Son père est avec lui ? On l'a prévenu ? »[/color] s'enquit-elle. Sa mère roula des yeux, devait-elle avouer maintenant qu'il n'était plus conscient ? « Reste ici. » ordonna-t-elle simplement d'un ton que Skye préférait ne jamais défier. Elle se tut alors et une larme perla le long de sa joue. Elle finit par s'endormir. Le lendemain matin fut pénible mais elle trouva la force de se lever contre les indications des infirmières. Elle arriva dans la chambre de son fils, en fauteuil roulant, aidée de sa mère. « Max ! » s'écria-t-elle remarquant les yeux clos de l'enfant et les branchements. Elle leva les yeux vers son compagnon qui était assis la tête entre les mains. Skye était presque certaine qu'il n'avait pas dormi de la nuit et à en croire ses yeux rougis lorsqu'il releva la tête vers sa fiancée, il avait dû pleurer. Etait-ce si grave que cela ? Se demanda la jeune femme en approchant le petit garçon. Un médecin vint alors, confirmant ce qu'elle redoutait alors que Violet préféra se retirer. « Il a subi un lourd choc. Il a également plusieurs fractures et malheureusement, il est dans un coma plutôt profond... Je ne veux pas paraître pessimiste, surtout après cette épisode tragique, mais il se peut qu'il ne se réveille jamais, il est trop jeune pour un tel choc. Cela relèverait du miracle si un jour il reprenait conscience... » Coma...Un mot qui résonna étrangement fort dans l'esprit de la jeune femme. Il ne se réveillera sans doute jamais... ce jamais qui résonnait également, deux mots qui s'entrelaçait plutôt bien et une fois que le médecin sortit, son fiancé explosa, « Tu te rends compte de ce que tu as fait ! De tout ça ! » fit-il en faisant un grand geste désignant probablement l'hôpital entier. « Tu l'as détruit ! Ton propre fils ! Tu es une idiote ! » s'écria-t-il tapant contre le mur tandis que les larmes montaient. La jeune femme dut prendre sur elle pour encaisser chaque mot qu'il disait. C'était à peine croyable, alors qu'elle voyait tant de tragédies, de morts, d'accidents aux informations, comment aurait-elle pu deviner qu'un jour cela lui arriverait également ? « Je suis désolée... » souffla-t-elle doucement.
Mais c'est après un long mois de convalescence qu'elle sortit enfin et lorsqu'elle arriva à son appartement, elle ne trouva que ses affaires, il était parti, emportant tous leurs souvenirs, comme s'il n'était jamais apparu dans sa vie. Il s'arrangeait pour aller voir Max alors qu'elle n'était pas là, s'arrangeant à faire demi-tour lorsqu'il l'apercevait au loin, au chevet de l'enfant. Mais pas un jour, il ne passait pas le voir sans qu'elle ne le sache.

« Mademoiselle Wang. » fit une voix dans son dos alors qu'elle tenait la petite main du garçonnet. « Il n'y a plus rien à faire, il ne se réveillera pas d'après les derniers examens. » Elle explosa, « Comment ça ? Vous êtes des médecins ! Vous êtes censés sauver des vies pas les écourter ! Vous trouverez quelque chose mais vous devez chercher, par pitié... » et sa voix se brisa tandis qu'il quitta la chambre sans un mot, le cœur lourd face au tourment de cette femme. « Je suis désolé. » fit alors une nouvelle voix. Elle se retourna et découvrit un garçon blond, d'une trentaine d'années. « Qui êtes-vous ? » demanda-t-elle en détournant son regard sur celui de son fils. « J'ai entendu votre histoire, je suis ici pour de la rééducation. Ça me fait vraiment de la peine pour vous mais je sais que tout ce que tout le monde dira ne servira à rien pour assouvir votre peine. » C'est ainsi qu'il trouva les mots justes, ressentant incroyablement ce qu'elle-même pouvait ressentir. Il n'y avait que lui qui arrivait à trouver les mots justes sur tous ces sentiments. Elle a fini par s'attacher à lui et tandis qu'il lui proposa de prendre un verre dans un café un de ces soirs, il déposa un léger baiser dans le cou de la jeune femme. Elle se laissa faire face à cette tendresse qu'elle n'avait ressentie depuis son ex fiancé. Mais bientôt, une douleur aiguë se fit ressentir et son destin fut en marche.

Des facultés décuplées, une incapacité à rester au soleil trop longtemps, ce fut s'en attendre la confirmation par le blond de ce qu'elle était devenue : un vampire. Elle lui rit d'abord au nez avant de prendre conscience que ce mot vampire prenait enfin tout son sens. Elle prit alors peur, se désignant de monstre et surtout, abandonnée une nouvelle fois par un homme qui non seulement l'avait trahie mais ne voulait qu'agrandir sa lignée. Elle tenta de recouvrer une vie normale et décida de partir à Montsimpa et de transférer son fils à l'hôpital réputé de Bridgeport. Mais c'est par un nouveau matin là-bas qu'un des médecins lui dit, « Nous ne pouvons rien n'y faire, comme nos confrères vous l'ont déjà dit... Je suis désolée, mademoiselle Wang mais tôt ou tard il faudra prendre une décision pour Maximilian. Pensez qu'il est déjà parti et qu'il ne vit plus dans ce corps. » Elle pâlit un peu plus – déjà que son état de vampire n'arrangeait pas les choses – mais elle était mise devant les faits mais refusait tout de même de mettre un terme à la vie artificielle de son fils, elle n'était pas encore prête à le laisser partir.
Elle tente de s'intégrer à ce nouveau mode de vie, ayant un projet en tête : celui d'ouvrir son propre café.

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