Elena-Katarina Petrovska & Olive Lloyd.


Elle avait beau faire tous les efforts du monde, elle n'y arrivait pas. Leroy occupait toutes ses pensées. C'était constamment, tout le temps. Quand elle se couchait le soir, ou lorsqu'elle se réveillait le matin. Depuis quelques jours maintenant Olive tentait tant bien que mal de s'occuper l'esprit et de se distraire en participant à diverses activités comme la poterie ou l'art floral. Le matin même elle s'était rendue dans une des boutiques de fleur de Roméo Ferrini, où elle avait dégoté des perles rares. Les fleurs avaient toujours fasciné Olive, et depuis elle s'amusait à en faire des compositions. Certes elle n'excellait pas dans ce domaine, mais elle se débrouillait assez bien quand même. Dans le grand salon de sa maison, elle déposa sur la table les fleurs, un ciseau, plusieurs vases, de la ficelles et tout ce qui pourrait lui servir pour son activité. A la télévision elle s'amusa à mettre le dvd d'une série, profitant que son colocataire ne soit pas là, pour savoir si oui ou non elle le dérangeait. C'est seulement lorsqu'elle entreprit de prendre son portable pour téléphoner à Kat qu'on sonna à la porte de sa maison. Reposant soigneusement le téléphone sur la table et la paire de ciseaux qu'elle tenait dans l'autre main, elle se dirigea d'un pas pressé vers la porte d'entrée. Si habituellement peu de personne venait rendre visite à Olive durant la journée, elle ne fut néanmoins pas surprise de découvrir que sa visite surprise était orchestrée par Elena-Katarina. Un grand sourire fendit le visage de la scientifique lorsqu'elle ouvrit la porte pour faire face à son amie. « Elena ! » la salua Olive, d'humeur étrangement joyeuse. « Entre entre entre, j't'en prie. » Elle l'invita à entrer dans la maison, se poussant pour lui laisser le passage. « J'allais justement te téléphoner pour qu'on passe l'après-midi ensemble. » l'informa-t-elle alors que les deux amies se dirigeaient vers le salon.

• Le mercredi, c'est royal pour moi. C'est la seule journée de la semaine, avec le dimanche, ou je ne travaille pas. C'est l'avantage d'une maîtresse d'école vous me direz mais même si ça a l'air d'un emploi plutôt calme, les enfants, c'est fatiguant. Je les aimes énormément, j'en veux même mais il me pompe mon énergie à longueurs de journée. Le pire, c'est l'heure de la récréation ou ils se défoulent. Quand le retour en classe est annoncé, je dois hausser assez souvent la voix pour rétablir le calme. J'ai souvent mal au coeur de les gronder mais je m’abstiens de démontrer le moindre sentiment, de peur que ça ne joue pas en ma faveur. C'est fûté aussi jeune. Pour alimenter ma journée, j'ai décidé de me rendre chez mon amie Olive, la femme de mon frère de coeur, Leroy, décédé. C'est grâce à lui que nous nous sommes rencontrées et depuis, nous sommes tellement proche toutes les deux qu'on arrive même à se confier l'une à l'autre. Je sais dans quelle circonstance, la mort de Leroy l'a laissée et je ne compte pas l'abandonner. Bien au contraire. Frappant à sa porte, elle m'ouvre quelques secondes après, un air joyeux sur le visage. Elle me fait peur. Je ne l'ai personnellement pas vu craquer et c'est pas bon du tout. Salut Honey ! J'esquisse un magnifique sourire avant de m'approcher de quelques pas pour la serrer dans mes bras, histoire de la saluer. Quand elle m'invite à entrer, je n'hésite pas et m'exécute, prenant avec elle, une fois la porte fermée, la direction du salon. Je t'ai devancée. J'ai été plus rapide que toi. Souriant à nouveau, je m'installe sur le canapé et pose mon regard sur mon amie. Quand je l'a vois elle, je vois automatiquement Leroy ... Comment tu vas aujourd'hui ma belle ?

« Salut Honey ! » Le sourire présent sur les lèvres de la scientifique s'agrandit alors qu'elle adressa un regard complice à son amie. Passer du temps en compagnie de Kat lui était nécessaire et bénéfique. Non pas par intérêt, mais simplement par amitié. C'était plaisant à ses yeux d'avoir une amie qui partageait, comme elle, une passion certaine pour les fleurs et l'amour de la décoration florale. Bras dessus, bras dessous, les deux amies prirent le chemin menant au salon, tandis que Elena, également de bonne humeur, répondit : « Je t'ai devancée. J'ai été plus rapide que toi. » Un rire s'échappa des lèvres de la scientifique alors qu'elle prit la télécommande pour baisser le son de la télévision. « Tu es médium c'est ça ? Enfin, quelque chose dans ce style ? » Un clin d'œil complice plus tard à Elena, Olive reposa le téléphone à son emplacement initiale avant de faire signe à l'enseignante de s'assoir sur le sofa. La présence de Kat rendait Olive systématiquement de bonne humeur. Sa joie de vivre était communicative, et Olive était assez réceptive il fallait croire. Elle aimait bavasser avec la maitresse d'école qui lui racontait passablement comment se déroulait ses journées durant lesquelles elle devait s'occuper d'une foule de petits montres, néanmoins adorables. « Comment tu vas aujourd'hui ma belle ? » Son sourire se fana légèrement, et elle haussa négligemment les épaules. C'était une question qu'elle esquivait généralement, parce que après tout, elle ne savait jamais trop quoi y répondre. Non ça n'allait pas, ça n'allait jamais d'ailleurs depuis le décès de Leroy. Mais aux yeux des autres, en présence de ses amis, même des plus proches, Olive préférait faire bonne figure et ne pas s'apitoyer sur son sort. « Bien mieux depuis que tu es là. » se contenta-t-elle de répondre alors que son habituel sourire revint sur ses lèvres. Même si Kat était l'une des amies les plus proche de Leroy durant son vivant, et que c'est par l'intermédiaire de celui-ci que les deux amies s'étaient rencontrées, Olive n'arrivait pas à parler de son mari. Ni avec Elena, ni avec personne d'autre d'ailleurs. Néanmoins elle hésita à lui raconter ce qui s'était déroulé l'autre matin dans sa maison, lorsqu'elle avait entendu la voix de Leroy dans son salon. « Et toi ? Et comment vont les petits monstres dont tu t'occupes ? » Elle se leva, prit la main de son amie dans la sienne et l'entraina vers la grande table qui occupait le milieu du salon. « On fait une composition ensemble ? » demanda-t-elle alors qu'elle désigna les fleurs d'un signe de la tête.