⊰ one more night
TOP PARTENAIRES DE PWL

plus?vous?voter


MEMBRES DU MOIS
PWL

RPGISTE DU MOIS
Adel De Lavauderie

RPGISTE DU MOIS
Chuck B. Onekung

AccueilAccueil  Dernières imagesDernières images  RechercherRechercher  S'enregistrerS'enregistrer  ConnexionConnexion  
Fermeture de PWL.
Le Deal du moment : -45%
WHIRLPOOL OWFC3C26X – Lave-vaisselle pose libre ...
Voir le deal
339 €

Partagez

⊰ one more night

Voir le sujet précédent Voir le sujet suivant Aller en bas
AuteurMessage
Invité
Invité



⊰ one more night Empty
MessageSujet: ⊰ one more night ⊰ one more night EmptyLun 3 Sep - 19:28

« T’as bientôt fini Sully ? On va rater toute la fête ! » Je lève les yeux au ciel même si elle ne peut pas me voir depuis derrière la porte de ma salle de bain. « Je t’ai déjà dit qu’arriver à l’heure à une fête, ce n’est pas cool Reese ! » Et pourtant, je tends mon bras libre pour déverrouiller la porte et la laisser entrer. Occupée à parfaire mon maquillage, elle doit sûrement se demander ce qui me prend autant de temps. Pourtant, je sais qu’elle fait aussi attention à son apparence que moi. Cette soirée dont j’ignore presque tout sauf le lieu où elle se déroule est une des plus importantes de l’année. Toutes les célébrités y seront, les journalistes immortaliseront le moment. Bref, il faut être parfait pour se rendre à une telle soirée. Parce que, comme toujours, on sera en couverture des magazines ou au moins dans la page people. Le moindre faux pas est surveillé, voire traqué. Et je ne leur ferais pas le plaisir d’être celle qui en fera un ce soir. « Mais arriver une fois que tout le monde est ivre mort, c’est pas cool non plus alors bouge-toi. » Un dernier coup de rouge à lèvres et je repose tout en bordel sur l’étagère. Je ne range jamais rien. Mon bordel, c’est ma façon de ranger et je m’y retrouve la plupart du temps. « On y va ma chérie, Reese et Sully vont mettre l’ambiance, tu vas voir ! » Une course en taxi plus tard, on réalise que l’ambiance est déjà là. Depuis l’extérieur de l’hôtel, on entend du brouhaha et de la musique. « C’est la soirée de qui déjà ? » Ce n’est pas n’importe qui pour organiser une telle soirée. La personne doit avoir plein d’argent et surtout, beaucoup de contacts. « Un gosse de riche, j’ai oublié son nom. » répond mon amie alors que nous entrons. Je lève les yeux et découvre à mon grand désespoir que des guirlandes gigantesques annoncent ‘Joyeux anniversaire Wade’. Et des Wade, il n’y en a pas des dizaines en ville. Et maintenant que j’y pense, son anniversaire est en septembre. Je m’en souviens facilement grâce à une autre date importante pour moi. Pour nous deux en fait. Avec la foule qu’il y a à l’intérieur, j’ai peut-être un espoir de ne pas croiser l’organisateur mais je n’y crois pas vraiment. Le destin ne m’aime pas en règle générale. A croire que Dieu m’en veut personnellement. « Je vais nous chercher des verres, évite de te perdre ! » Et je pars vers le bar installé pour l’occasion dans le hall, sachant que j’ai peu de chances de retrouver mon amie. Il nous reste toujours nos téléphones pour nous joindre. Un des barmans se dirige directement vers moi alors qu’il y a foule autour du comptoir et je me félicite d’avoir choisi une robe si décolletée. Je prends deux cocktails et je m’adosse quelques instants contre le bar, examinant les lieux. S’il y a une qualité que je peux accorder à Wade, c’est qu’il sait faire la fête à merveille. Il l’a toujours su, à croire que ça coule dans ses veines. Tout le monde s’amuse, l’alcool coule à flots et faire ça dans un hôtel permet aux invités de ne pas perdre de temps pour se retrouver dans l’intimité. Il pense toujours à tout. Je suis tirée de mes pensées par une voix masculine à côté de moi. « Deux verres à la fois, vous attaquez fort vous ! » L’haleine déjà trop alcoolisée de l’homme me pique les yeux. Il n’est même pas beau. Mais l’alcool qui traverse son corps doit lui donner trop de confiance en lui. « Un des verres est pour mon copain, il arrive bientôt. » En espérant que ça suffira à le faire changer de fille à draguer. Si ce n’est pas le cas, je suis mal. Enfin je trouverais toujours un moyen de m’en sortir, comme toujours. Je bois une gorgée de mon verre, attendant je ne sais quoi, repoussant le moment où je risque de croiser Wade. Sans même penser qu’il pourrait venir au bar aussi.
Revenir en haut Aller en bas
Invité
Invité



⊰ one more night Empty
MessageSujet: Re: ⊰ one more night ⊰ one more night EmptyMar 4 Sep - 5:23

i wish she knew.
« This girl that moved up the road from me, she had the nicest legs I've ever seen. Back then, she wrote me letters just to say she loved me, but now her face is just a memory. Now three years have gone and I've grown up but she's moved on, and somehow I'm still holding on to her. I still got so many unsaid things that I wanna say, and I just can't wait another day. I wish she knew. I still wait up wondering if she will remember me, but there's no way for me to know. And I want her to know, before she's married and has her baby, that I need her. ∂ wally. »


«Allez, debout connard, c'est une grosse journée. » Les orteils de Tom étaient en train de pénétrer dans mes narines. Comme bien souvent, je me réveillais dans mon lit avec mon petit demi-frère qui dormait avec sa tête à mes pieds. Bien souvent, il était tard dans la matinée, voir déjà après-midi, et on n'en avait pas grand chose à foutre, parce que nos règles, c'est nous qui les faisions. Mais aujourd'hui, c'était un jour spécial. C'est pour ça qu'on avait tous les deux mis nos réveils si tôt, à huit heures du matin. Aujourd'hui, j'avais vingt-et-un ans. Ca voulait dire que je pouvais aller jouer au casino et boire de l'alcool, louer une voiture dans n'importe quel endroit. Enfin, légalement. Aujourd'hui, j'allais avoir pas mal de visites ; mon père, une jolie bloggeuse prénommée Danae et sûrement quelques uns de mes proches « amis », qui viendraient à l'hôtel pour la before. Parce que ce soir, c'était la soirée de l'année, à ne pas manquer. Bien sûr, je n'avais pas à m'en occuper ; j'avais beau être l'hôte, j'étais bien trop pris pour avoir à organiser ça. Des gens étaient payés pour rendre cette nuit magique. À vingt heures, j'avais droit à un repas de famille extrêmement gênant dans notre suite, à Tom et à moi, que nous avions pris la peine d'essayer de ranger le soir d'avant – mais maintenant, c'était le bordel, avec les jeux de cartes et les jetons de poker qui flottaient dans des fonds de vieux bourbons et des cendriers, preuves d'une soirée de mecs par excellence. Et après l'effort, le réconfort : nous descendrions, vers vingt-deux heures, dans la salle des fêtes de notre résidence, où tout le gratin de Monsimpa et Bridgeport m'attendrait. Je me levai de mon lit et, finalement, me décidai à ouvrir mes yeux. Ça faisait mal, comme toujours. J'ouvris le petit flacon de ma table de chevet et versai deux gouttes en-dessous de chaque pupille, pour être sûr de ne pas avoir l'air d'avoir fumé trop de joints pour les caméras qui m'attendraient en bas de chez moi. C'était un jour important, et médiatiquement bien couvert. J'ai enfilé un t-shirt et un jean, habillé décontracté, et Tom et moi sommes descendus au garage. Il me fallait un cadeau, c'était mon anniversaire. On allait aller faire un peu de shopping.

« Woooooh ! Ça déchire ! » disais-je au volant de ma nouvelle voiture de collection. Un vieux machin qui avait été bien retapé et dont le moteur avait été boosté, puis la carrosserie repeinte en mauve, avec des flammes sur le côté. C'était trop cool. Pas très classe, mais parfait pour me faire remarquer dans la rue. C'était mon anniversaire, j'avais le droit de me faire plaisir. « Bon, bro, je vais pas te mentir... C'est en grande partie un cadeau de papa. Mais bon, c'est quand même mon cadeau hein. » Sans blague ! Tom n'avait même pas besoin de le préciser ; on avait beau l'air d'être tous les deux Crésus, nous n'étions que leur fils. Je savais bien où il allait à l'argent étant donné que c'était mon cas aussi. Pour moi, l'important, c'était pas d'où ça venait, mais l'intention. Et j'étais sûr qu'un cadeau comme ça, c'était pas mon père qui l'avait choisi. J'aurais peut-être un stylo Mont Blanc hors de prix et inutile, ce soir, ou, si j'ai de la chance, une Rolex vieux jeu. « C'est costard cravate, ce soir, Tommy. Faut qu'on passe chez le tailleur. » qui me dégotta un fabuleux Armani, chemise blanche, pantalon bien repassé et noeud papillon très sobre. Je serai présentable pour le repas de famille et j'aurai l'air trop cool à la soirée après. Génial. Arrivé chez moi, vers dix-huit heures, mes potes étaient déjà en train de faire la fête dans mon appartement privé. Il était séparé de celui de Tom par une sorte de living-room qui faisait aussi office de salle à manger. J'ai choppé une clope dans un paquet. C'était mon anniversaire, ma fête, et tout le monde avait le besoin de me le rappeler – à mon plus grand bonheur, évidemment. J'ai reçu pas mal de cadeaux, des gadgets hors de prix, des bouteilles d'alcool de la même valeur et qui seraient vides d'ici demain matin. C'était assez cool, jusqu'à présent. Deux heures à déjà boire pas mal et j'ai proposé à mes potes de descendre, de nous laisser en famille avant que mon père et la mère de Tom n'arrivent. J'étais bien joyeux avant le repas, et après celui-ci, je me considérais comme saoul. Tom et moi avions vidé chaque bouteille de vin dès qu'elle atterrissait sur la table, histoire d'avoir la bouche occupée à autre chose que parler avec nos parents. Ils étaient devenus de vraies peaux de vaches avec le temps, et passaient le temps à nous critiquer, l'un comme l'autre. Et quand nous eûmes terminé notre dessert, je me suis empressé de faire les embrassades et de les foutre royalement à la porte. Une fois qu'ils furent dans l'ascenseur, Tom et moi nous sommes regardés et, d'un geste théâtral, on s'est tapé dans la main. On était des rois. « PARTY TIME ! », qu'on s'était écriés au même moment.

On a attendu le retour de l'ascenseur avec impatience. Il avait enlevé sa cravate et déboutonné le premier étage de sa chemise, et moi j'avais enlevé ma veste. Mes cheveux étaient déjà ébouriffés. Quand les portes se sont ouvertes, des dizaines de gens se sont exclamés. J'étais là, ils n'avaient attendu que ma venue, bien sûr. J'ai même pas regardé autour de moi, j'ai juste levé un bras, choppé un verre, embrassé une fille et vidé mon verre. C'était pas un gala, c'était une soirée où on allait tous finir wasted. Une heure, deux heures s'étaient passées et la soirée battait de son plein. Des gens continuaient à arriver – bien évidemment ; ils allaient venir pendant toute la nuit. Après avoir bu une tequila dans le nombril d'une des girls de Playboy, je me suis dirigé vers le bar en guise de « pause ». J'étais bien imbibé, mais comme toujours, je répondais de classe, bien sûr. Je regardais avec un autre regard les gens autour de moi, de la tête au pied, pour voir qui méritait d'être là et qui je ne connaissais pas. Je me suis arrêté sur des hauts talons noirs, pour continuer à remonter les jambes bronzées, épilées, parfaites. Cheveux bruns, quasi noirs, une fille pas très grande mais pas trop petite non plus, au physique athlétique mais très intéressant dans la robe qu'elle portait. Un pas, deux pas et j'étais à son niveau. Elle parlait avec un type rond comme un petit pois. « Un des verres est pour mon copain, il arrive bientôt. » Bon, ça puait la phrase de « dégage tu me dégoutes », alors j'ai fait mon gentleman et, par derrière elle, j'ai pris le verre et jeté un coup d'oeil au type qui faisait face. Ma bouche s'est déposé sur sa joue. « Allez, prends une photo et barre toi, gros lard. » Je n'avais aucune idée de qui pouvait être ce type, mais il s'est vite faufilé dans la file. Puis l'inconnue très belle de dos s'est retournée vers moi. Je puais l'alcool aussi, probablement, mais moi au moins j'étais beau. Et elle, elle était... « Sully ! Ah ben tiens, ça c'est marrant ! » J'ai fait un large sourire. Le monde est petit, parfois, et en ce moment je n'étais pas dans un moment dramatique où je voulais me faire petit face à cette fille qui continuait d'exercer cet étrange pouvoir sur moi. En étant saoul, tout ce à quoi je pensais, c'est qu'elle était plaisante et que j'avais envie de discuter avec elle, même cinq minutes. Pas comme deux inconnus, mais pas comme deux ennemis non plus.
Revenir en haut Aller en bas
Invité
Invité



⊰ one more night Empty
MessageSujet: Re: ⊰ one more night ⊰ one more night EmptyMar 4 Sep - 13:00

Il ne m’est pas difficile d’imaginer ce que Wade a pu faire pour sa journée d’anniversaire. Grand fêtard superficiel, sa journée a sûrement été remplie de folies. Après tout, il a vingt-et-un ans aujourd’hui, ça se fête. L’âge auquel on peut tout faire légalement, auquel on se sent vraiment libre. Bien sûr, personne ne se prive avant cet âge fatidique, ce serait ridicule. Tous les jeunes boivent bien avant et Wade le premier. Cette loi comme quoi on ne peut pas acheter d’alcool avant nos 21 ans, c’est exactement ce qui nous pousse à faire la fête. Dès le lycée, on se retrouve avec les élèves de notre âge, on découvre les cuites, on découvre la vie. Depuis nos seize ans, on enfreint les règles sans même y penser mais le jour où on atteint nos vingt-et-un ans, ça ne nous empêche pas de faire la fête comme jamais. Celle dont on se souviendra toujours – à moins d’avoir vraiment trop bu. Et Wade n’a pas fait les choses à moitié, en invitant tout le beau monde de Montsimpa et Bridgeport. Sa soirée sera sûrement considérée comme une des meilleures de l’année deux mille douze et je sais très bien que c’est son but. Faire parler de lui, toujours plus. Il est impossible de ne pas le connaître, on le voit partout dans les journaux, dans les lieux les plus à la mode. Il a toujours été célèbre, grâce à sa famille au départ puis grâce à ses frasques et son sens de la fête. Il ne vit que pour ça. Qu’on entende parler de lui en bien ou en mal, il s’en fiche tant qu’il est le sujet de conversation. Et ce soir, c’est sa soirée. Même si je n’ai pas tellement envie de le voir, je sais que faire partie d’une telle soirée est excellent pour ma notoriété. Wade, je ne le vois pas beaucoup, juste à quelques occasions quand il vient chez mes parents ou pour la date anniversaire de la mort d’Erwan, mon jumeau et son meilleur ami. Parfois, ça me gêne de devoir partager ça avec lui, de savoir qu’il a vécu la même chose que moi, la même souffrance et que mon frère, ma moitié lui manque aussi. Mais ça a un côté réconfortant de savoir que je ne suis pas seule. Parce que mes parents n’ont pas du tout la même façon de gérer cette peine. Ils vivent dans le passé, ne veulent pas me perdre à leur tour et sont donc devenus les parents poules qu’ils n’avaient jamais été. Wade, il me comprend à ce niveau-là. Erwan est parti, il ne reviendra pas mais on avance quand même. On fait quelque chose de nos vies. Wade fait la fête. Je cours et je deviens championne olympique. Chaque personne a sa façon propre de gérer le deuil et Wade m’a aidée. Même si c’est un sacré con. Je ne vais pas faire semblant de l’apprécier pour honorer le souvenir d’Erwan, de leur amitié. Je fais quelques efforts pour ne pas l’engueuler quand je le vois mais je ne serais jamais aussi proche de lui que je l’ai été les semaines suivant la mort de mon frère. Alors je ne suis pas à cette soirée pour lui puisque j’ignorais encore il y a quelques minutes que c’était sa soirée. Je suis là pour la célébrité et pour l’attrait d’une telle soirée. Le dragueur lourd à mes côtés ne semble pas comprendre le message sous-entendu qui lui dit de dégager et de me laisser tranquille. J’envisage de quitter le bar pour aller me mêler à la foule, danser et profiter quand un bras saisit le second verre que je tenais. Me préparant à engueuler la personne qui a osé prendre le verre de mon amie, je fronce les sourcils quand je sens des lèvres se poser sur ma joue. « Allez, prends une photo et barre toi, gros lard. » Une voix que je reconnaitrais entre mille. L’hôte de la soirée en personne qui m’accorde de son temps. L’homme bourré n’attend pas qu’on le lui répète et s’éloigne de nous. Qu’importe les motivations de Wade, il m’a sauvé la mise. Je me retourne et je lis sur son visage qu’il est surpris de voir que c’était moi. C’est flatteur de se dire qu’il a commencé à me draguer sans savoir que c’était moi. Pour une fois qu’il a bon goût pour les femmes. « Sully ! Ah ben tiens, ça c'est marrant ! » C’est évident qu’il est déjà bourré. Il a dû passer sa journée à boire et, comparée à lui, je suis aussi sobre qu’une bonne sœur. Mais il tient quand même debout. Ce serait le comble de s’évanouir le jour de son anniversaire. « Donc je suis la copine du roi de la soirée aujourd’hui, quel honneur ! » J’ai déjà eu affaire au Wade bourré, je sais bien qu’il est encore plus fou que d’habitude et que je vais m’amuser. Mais moi, il faut que je boive un peu plus. Pas pour être à égalité avec lui, juste pour pouvoir le supporter. Alors en deux gorgées, je finis mon premier verre de la soirée. Sûrement pas le dernier. « Je suppose qu’un ‘bon anniversaire’ serait le bienvenu alors joyeux vingt-et-unième anniversaire Monsieur Pop-Corn ! » Surnom que je lui donnais quand nous étions enfants en référence à son nom de famille. L’époque où on ne faisait que se faire chier mutuellement est terminée depuis longtemps mais il en reste encore des vestiges. Nous ne sommes plus les gamins qui jouaient à embêter l’autre, nous avons grandi depuis, nous nous sommes éloignés, nous avons traversé des choses ensemble. Mais comme son nom n’a pas changé, je peux toujours le surnommer comme avant. « Par contre, je n’ai pas amené de cadeau donc considère que ce cocktail est ton cadeau. Même si tu n’en as visiblement pas besoin, profites-en ! » Il peut difficilement être encore plus ivre de toute façon alors un de plus, un de moins, ça ne changera rien. Et un verre offert par moi, ça doit être son plus cadeau d’anniversaire, au moins. « Super soirée au fait, tout le monde va parler de ça jusqu’à la fin du mois, voire de l’année. » Je sais très bien rester polie même si je lui en voudrais toujours pour ce qu’il a fait il y a trois ans. Mais là, nous sommes en public et je suis civilisée tout de même. On verra bien combien de temps je vais tenir.
Revenir en haut Aller en bas
Invité
Invité



⊰ one more night Empty
MessageSujet: Re: ⊰ one more night ⊰ one more night EmptyMer 5 Sep - 6:35

i wish she knew.
« This girl that moved up the road from me, she had the nicest legs I've ever seen. Back then, she wrote me letters just to say she loved me, but now her face is just a memory. Now three years have gone and I've grown up but she's moved on, and somehow I'm still holding on to her. I still got so many unsaid things that I wanna say, and I just can't wait another day. I wish she knew. I still wait up wondering if she will remember me, but there's no way for me to know. And I want her to know, before she's married and has her baby, that I need her. ∂ wally. »


Retour à mes sept ans. À cet âge, Wade était un sale gosse qui s'en fichait pas mal de faire du mal aux gens. Je n'ai pas honte de le dire. C'est à cet âge-là que s'est formé mon caractère et ma première victime, c'était Sully. Je lui disais qu'elle était grosse, je lui disais qu'elle était moche, je shootais mal dans mon ballon exprès pour que ça arrive dans ses Légos ou, si j'étais chanceux, dans sa tête. Je ne pouvais même pas dire que c'était un « jeu entre nous », qu'on s'appréciait quand même, parce que ce n'était pas le cas. J'ai passé mon enfance à lui pourrir la vie, elle a passé son adolescence à me détester alors que je ne la calculais simplement plus. Puis est venu le temps des premiers émois et, croyez-moi, c'était la dernière fille à laquelle j'aurais pensé. Mais un évènement tragique, pas du genre qui me pince le coeur quand j'y pense mais plutôt qui me rappelle qu'il est déjà broyé, nous a étrangement rapprochés. Et peut-être que c'est, maintenant, la seule chose que je déteste chez elle ; le fait qu'elle me rappelle trop Erwan. Et en même temps, elle me rappelle où j'en suis maintenant : l'étudiant en médecine qui se camoufle, le gars qui a enfin un objectif dans sa vie. Un type en voie d'amélioration. Et à côté de tout ça, ce qui n'a plus rien à voir avec feu mon meilleur ami, c'est Sully. Sully en tant que personne, non pas en tant que « la jumelle de mon pote ». Sully en tant que fille, femme, appelez-ça comme vous voulez. Et même si j'avais été un sale gosse et que je devrais m'excuser pour ça, le seul acte que je regrettais avoir fait envers Sully s'était déroulé bien après. Quelques jours après le décès d'Erwan, donc quelques jours après mon anniversaire. Ça allait bientôt faire trois ans. Bien sûr, ma fierté m'empêchait de lui en parler. Et le temps avait passé, elle devait probablement m'avoir oublié. Dommage que ça ne soit pas mon cas. En effet, c'était presque tous les jours que, en ouvrant mes bouquins de médecine, je repensais à pourquoi je faisais ça ; pouvoir soigner les gens comme Erwan, et donc sauver les gens comme Sully. Et donc je pensais à Sully. Et puis je repensais à comment elle avait été avec moi. Puis j'ouvrais le journal, et je voyais à la une qu'elle avait encore remporté une médaille. Puis on se croisait dans la rue, ou bien dans la maison de ses parents, ou bien au cimetière. C'était juste impossible pour moi de passer à autre chose – d'un point de vue sérieux. C'était pas comme si on avait eu une relation, mais je peux jurer que j'avais vécu un truc avec elle. C'est un sentiment bizarre qui m'envahissait quand je la voyais. Puis elle me rappelait bien qu'elle me détestait toujours autant, comme quand on était petits et que je lui jetais du sable dans les yeux pour rigoler.

À côté de ça, aujourd'hui, je me devais d'être le plus superficiel que possible. C'était donc malvenu de sa part, la seule personne qui arrivait à faire ressortir la profondeur de mon âme (un petit peu), de se pointer ici. Malgré ça, mon niveau d'alcool m'empêchait de lui en vouloir. Quand je suis saoul, ma spontanéité dépasse mon self-control à tous les coups. Physiquement, j'avais l'air du même blaireau de magazines, le Mickael Vendetta de Montsimpa, et au final c'est ça qui apparaîtrait sur les photos. « Donc je suis la copine du roi de la soirée aujourd’hui, quel honneur ! » j'ai bu un coup de mon cocktail. Peu m'importait le goût, j'aurais pu boire de la pisse de clodo ça n'aurait pas changé grand chose du moment qu'il y avait de l'alcool dedans. Mon oeil a fait une clignette. « C'est pas moi qui l'ai dit ! Mais mine de rien ça rapporte pas mal de privilèges. Tu peux même choisir la musique si tu veux. Quoi que, j'éviterais à ta place. Le DJ est un assez gros trou du cul. » J'ai fait mon sourire, celui des magazines, pas le vrai. Le vrai, j'avais du mal à le faire, depuis quelques temps. Alors ma bouche s'est fendue en une demi-lune parfaite, mais fausse. Elle l'aurait bien évidemment remarqué. C'était gentil de sa part de me souhaiter un joyeux anniversaire, mais c'était violent de m'appeler comme ça. Ça commémorait une période de ma vie qui me rendait très nostalgique, évidemment, à l'époque où j'étais juste un petit garçon avec des valeurs certes peu présentes mais inculquées, et où je trouvais encore des façons pour m'amuser sainement. « Par contre, je n’ai pas amené de cadeau donc considère que ce cocktail est ton cadeau. Même si tu n’en as visiblement pas besoin, profites-en ! » J'ai bu encore un coup. C'était drôle. « Tu réalises que c'est moi qui paye pour tout ça, hein ? » J'ai rigolé, un peu. Et c'était vrai que c'était une bonne soirée. J'acceptai son compliment sans remerciement, parce que j'avais bien remarqué par moi-même que cette soirée était épique. C'était normal puisque c'était la mienne. « Je suis sûr que t'avais aucune idée que c'était mon anniversaire quand tu t'es pointée ici, pas vrai ? » J'ai souri. Elle me détestait à nouveau depuis le fameux événement qui nous avait rapprochés puis éloignés encore plus. Je supposai que, si elle ne passait pas au-dessus, alors ça voulait dire qu'elle en était peut-être au même stade que moi. J'ai vidé mon verre et l'ai déposé sur une table à proximité. J'ai glissé mes mains dans mes poches. On avait peut-être pas grand chose à se dire, après tout. Et elle attendait son copain, aussi. J'avais vidé son verre. « C'était sympa de te voir, mais je suppose que je vais te laisser. Ton copain va arriver, non ? » Je lui ai jeté mon regard. Celui qui me rendait à moitié pitoyable et à moitié beau gosse. Si j'avais été sobre, j'aurais probablement fait le rapprochement et compris que le copain n'arriverait pas. Mais mon cerveau fonctionnait plus lentement et, parfois, il manquait des bonds. Je me remémorais à peine la phrase qu'elle avait jeté au poivrot et le pris au pied de la lettre, comme si j'étais ce type à mon tour.
Revenir en haut Aller en bas
Invité
Invité



⊰ one more night Empty
MessageSujet: Re: ⊰ one more night ⊰ one more night EmptyMer 5 Sep - 9:33

Qui aurait pu imaginer que Wade et moi en arriverions ici ? Les deux enfants qui passaient leur temps à se taper, à faire enrager l’autre. Aussi loin que je m’en souvienne, nous nous détestions. Je ne sais même pas si Erwan et lui étaient déjà amis à l’époque, je me souviens juste du visage de Wade, un grand sourire aux lèvres alors qu’il venait de détruire la plus grande tour que j’avais faite. Et je me souviens aussi de la façon dont j’avais anéanti son vaisseau star wars en lego, le dernier cadeau de ses parents. Je ne sais pas si toutes ces méchancetés partaient d’une vengeance au départ ou bien si j’étais juste naturel pour nous de nous détester. Et puis du jour au lendemain, il avait décidé de ne plus m’accorder son temps, comme si je ne servais plus à rien. Au début, ça me manquait de ne pas avoir à l’embêter tous les jours et puis j’avais fini par l’oublier, ne lui parlant presque pas quand on se croisait, vivant simplement ma vie d’adolescente. Je devenais une jeune fille et parfois, je me dis que je serais peut-être restée un garçon manqué si je ne m’étais pas éloignée de Wade. J’avais grandi normalement, me faisant des amis, comme toute adolescente de mon âge. Aujourd’hui, j’ai l’impression d’avoir opéré à un retour en arrière avec Wade. Je ne le déteste peut-être pas autant que quand nous étions gosses mais au moins, je lui en veux pour une raison que je connais. Parce qu’il m’a fait du mal. Tout ça n’est qu’une vengeance. Parce que, quand je le revois, je repense à ma réaction lorsque j’ai vu cette photo où il semblait manger le visage d’une fille, au mal que ça m’avait fait. J’avais sûrement été idiote de penser que, parce que nous partagions la même souffrance, parce que nous nous comprenions, Wade pouvait être différent. Et il avait su faire disparaître tous mes espoirs d’un seul tour de main. Une seule soirée après nos longues journées passées l’un avec l’autre en silence, ça avait suffi. J’avais cru être différente à ses yeux, que ce baiser que nous avions échangé voulait dire quelque chose pour lui. Mais il restait toujours le même Wade, insouciant et insensible. Et ce qui m’énerve le plus, c’est sans doute de penser automatiquement à lui quand je pense à Erwan. Je ne pourrais jamais empêcher ça. Ils étaient toujours ensemble. Wade et Erwan. Et moi, la sœur jumelle. Et mes parents adorent toujours Wade, comme s’il était leur fils. Sauf que considérer Wade comme un frère, ça m’est absolument impossible. Ce serait comme comparer Erwan et lui. Le jour et la nuit. En tout cas, en ma présence. Peut-être qu’ils se ressemblaient plus que je voulais bien l’accepter et qu’ils n’étaient pas meilleurs amis pour rien. Mais peu importe, je ne pourrais sûrement jamais être aussi amie avec Wade que je l’étais avec mon frère. Wade… c’est Wade quoi. Toujours le même, qui a à peine évolué depuis nos huit ans.

Ça fait quelques temps que je ne l’ai pas croisé, trop occupée à aller dans tous les coins du monde pour courir ou faire quelques interviews. Mais il n’a pas changé. Il a toujours la même tête d’ange – ironie quand tu nous tiens – et la même désinvolture dans sa façon de se coiffer. Il porte quand même un costume avec un nœud papillon, tenue très classe pour lui. Je me demande quand je l’ai vu pour la dernière fois aussi bien habillé. Quelques fois dans les journaux sûrement mais l’image qui me revient à l’esprit, c’est l’enterrement. Alors que j’avais les yeux rougis par les quelques journées remplies de pleurs que je venais de passer, je n’avais pas pu m’empêcher de penser qu’il portait bien le costard. Chassant cette image de mon esprit, je reviens à la réalité. C’est-à-dire avec le célèbre Wade Corn-Jagger, toujours le même. « C'est pas moi qui l'ai dit ! Mais mine de rien ça rapporte pas mal de privilèges. Tu peux même choisir la musique si tu veux. Quoi que, j'éviterais à ta place. Le DJ est un assez gros trou du cul. » Que d’honneurs ! J’ai le droit de choisir la musique de la plus grande soirée de l’année. Je ne le ferais pas et je ne sais pas si Wade ne fait que plaisanter tellement il est bourré mais c’est l’intention qui compte. « Et il y a quoi d’autre comme avantages ? Que je fasse une liste de pour et de contres. » Contre : Wade est un con. Pour : … je n’en sais rien. Les listes, je déteste ça de toute façon. On ne prend pas de décision en réfléchissant autant. Il faut vivre sa vie spontanément et s’occuper des conséquences plus tard. Il n’y a pas de bonne décision, pas de mauvaise. C’est à nous de décider ce que l’on veut, pas besoin de listes. Le sourire qui s’affiche sur son visage me paraît faux. Comme si ce n’était qu’un rôle à tenir. Mais j’ignore si je le connais encore assez pour démêler le vrai du faux chez lui. « Tu réalises que c'est moi qui paye pour tout ça, hein ? » Il ne va quand même pas se plaindre que je lui offre un verre. Même si techniquement, c’est lui qui s’est servi sans mon avis et aussi, c’est un bar à volonté. Mais c’est l’intention qui compte, n’est-ce pas ? « On ne t’a jamais dit de ne pas critiquer tes cadeaux devant ceux qui ont la gentillesse de t’en offrir ? » Phrase qui sous-entend que je suis vraiment trop gentille avec lui. C’est vrai qu’il ne mériterait même pas que je lui adresse la parole alors il peut s’estimer heureux. Après tout, c’est lui qui m’accorde son temps alors que c’est sa soirée d’anniversaire. J’ignore pourquoi d’ailleurs. Il devine facilement que je ne savais pas dans quelle fête je mettais les pieds avant d’y arriver. Ça se voit donc tant que ça ? « Comment tu as deviné ? » Mes lèvres se tendent dans un sourire ironique. Il sait bien que le voir ne fait pas partie de mes priorités alors venir à sa soirée d’anniversaire, c’était sûrement une erreur. Mais pour le moment, je n’en suis pas au point de regretter. « C'était sympa de te voir, mais je suppose que je vais te laisser. Ton copain va arriver, non ? » Cette espèce de gêne entre nous me trouble. Et je réalise qu’on n’a peu de choses en commun, pas de sujet de conversation à exploiter. Les meilleurs moments que nous avons passé ensemble ont aussi été les plus silencieux. Et je ne compte pas parler d’Erwan ce soir. Pas lors de l’anniversaire de Wade. L’anniversaire de sa mort arrivera bien assez tôt. « Mon copain ? Alors dernièrement, on a dit dans les journaux que j’étais avec Justin Timberlake – qui fait cocue Jessica du coup – un acteur à la mode dont j’ai oublié le nom et pas mal d’autres. Lequel est-ce à ton avis ? » Voir les tabloïds m’inventer une vie sentimentale me faisait toujours rire. Sous prétexte qu’on est célèbre, on doit forcément sortir avec quelqu’un de célèbre. Ridicule. Un geste poli sur le tapis rouge et pouf, ça leur suffit à se faire des films ! Mais la vérité est bien souvent loin. Ce que les journalistes ne comprennent pas. Je fais un signe au barman de tout à l’heure qui arrive rapidement, surtout quand il voit avec qui je suis en train de parler. Les gens adorent souvent Wade, je n’ai jamais compris pourquoi. Peut-être grâce à son argent. « Dix shoots de tequila please ! » Ne faisons pas les choses à moitié ! Une fois les dix verres sur le comptoir, j’en pousse seulement trois vers Wade. Je suis venue là pour m’amuser, non pas pour le rendre encore plus ivre qu’il ne l’est déjà. « Quoi ? Tu ne voudrais pas oublier cette soirée quand même ? Et j’ai besoin d’alcool ! » Il me fallait toujours du temps et beaucoup d’alcool pour être ivre, ce qui pouvait être un avantage comme un désavantage. Mais ce soir, je n’ai rien dans le ventre, ça devrait faciliter les choses. Prenant le premier verre entre mes doigts, je le lève vers Wade pour trinquer « A ta fête Wade ! » Et je descends le verre d’un seul coup, grimaçant à peine. Quatre shoots plus tard, déjà un peu plus pompette, je me baisse vers Wade et murmure sur le ton de la confidence. « Tu sais qu’à force de passer ta soirée avec moi, on va se retrouver à être un couple sur la couverture de Public demain ! » Jamais les journalistes n’ont parlé de Wade et moi. Peut-être parce que nous ne nous voyons pas beaucoup en dehors de chez moi et du cimetière. On sort de notre contexte habituel et ce n’est pas si mal.
Revenir en haut Aller en bas
Invité
Invité



⊰ one more night Empty
MessageSujet: Re: ⊰ one more night ⊰ one more night EmptyJeu 6 Sep - 4:56

i wish she knew.
« This girl that moved up the road from me, she had the nicest legs I've ever seen. Back then, she wrote me letters just to say she loved me, but now her face is just a memory. Now three years have gone and I've grown up but she's moved on, and somehow I'm still holding on to her. I still got so many unsaid things that I wanna say, and I just can't wait another day. I wish she knew. I still wait up wondering if she will remember me, but there's no way for me to know. And I want her to know, before she's married and has her baby, that I need her. ∂ wally. »


Après avoir embrassé Sully, je m'étais empressé de rentrer chez moi et de retrouver mes pairs, ceux qui me rappelaient qui j'étais vraiment. Parce qu'au final, j'avais toujours été un connard imbuvable qui ne s'excusait de rien et qui était trop bien pour les autres. Alors je ne vois pas pourquoi j'aurais du m'en vouloir de m'être rejeté dans les bras de n'importe quelle fille qui passait. Et ce qui était étrange, c'est qu'en fait je m'en voulais. Comme si une once de conscience s'était révélée au fond de mon âme à force de la fréquenter, j'apprenais presque à distinguer le bien du mal. Mais cette part de moi étant bien trop infime que pour s'imposer face à mon égo titanesque, je m'en voulais de m'en vouloir. Je ne voulais pas m'en vouloir, je voulais juste m'amuser, et puis en même temps, je pensais à elle. Souvent. Et, plus inquiétant encore, je pensais à elle sans même penser à Erwan. Je la distinguais complètement de lui, chose que je n'avais jamais fait auparavant. C'était comme si elle avait pris une place dans ma vie. Il m'a fallu du temps pour le réaliser, je dirais bien quelques mois, et quand je me suis enfin rendu compte de la bête erreur que j'avais faite, il était trop tard. Faute de pouvoir retourner vers elle, je m'obstinais alors à penser à elle. Quand j'étais seul, je m'imaginais ce à quoi ça pourrait ressembler de partager un truc vrai avec quelqu'un avec qui j'avais un passé et un futur – même un présent. Ce qui ne m'empêchait pas de me taper n'importe quelle allumeuse sans aucun scrupule. C'était presque devenu un échappatoire ; quand je ne savais pas à quoi penser, ou quand je ne savais pas m'endormir et que j'avais trop la flemme que pour sortir de mon lit, je m'imaginais mon espèce de vie parallèle avec « ce que ça aurait été si jamais. » Si jamais quoi ? Si je n'avais jamais été un imbécile égocentrique. Et, croyez-moi, après trois ans de recherches approfondies, ça aurait pu être bien. Mais bien sûr ma vie ne pouvait pas être parfaite, et c'était à peu près le seul point noir sur le tableau.

J'avais l'impression que Sully et moi n'avions pas grand chose à nous dire. Enfin, c'était pas vraiment une impression. Le fait n'était pas qu'on n'ait rien en commun ou que nous ne pouvions pas trouver de sujet de conversation. La gène, c'était que les quelques rares conversations que nous avions eues au cours des trois dernières années s'étaient déroulées autour d'une pierre tombale ou bien à la table où, plus tôt, nous ne nous adressions qu'à Erwan, et jamais directement l'un à l'autre. J'étais sûr qu'il nous aurait été possible d'entretenir des conversations animées et sans plus penser à Erwan tout le temps, mais il nous aurait fallu de l'entrainement, ce qu'elle ne voulait probablement pas et que j'étais trop borné pour en avouer mon envie. Mais ce soir, c'était comme si l'ambiance festive qui, pour une fois, nous entourait tous les deux nous avait mis en condition. Elle souriait, moi aussi, et on papotait un peu. « Comme si j'allais dévoiler mes charmes comme ça ! C'est le genre de trucs qu'il faut découvrir par soi-même. » Petit sourire. Je ne savais pas trop où aboutirait cette conversation. À rien, probablement. On était en train de passer le temps, c'était ça. Même si ça me faisait un truc bizarre d'être avec elle. Quand elle m'a demandé comment j'avais deviné, j'ai levé les yeux au ciel sans même répondre, avec un sourire de côté. C'était évident pour elle comme pour moi qu'elle m'évitait un maximum. Venir ici, c'était se jeter dans la gueule du loup et le voir dans son habitat naturel en train de chasser de la femelle. Apparemment, tout ce qu'elle ne voudrait pas. « Sûrement pas Timberlake, les blonds c'est pas ton genre. » Dans mes rêves. À peine répliqué, je me retrouvais avec des shots de tequila entre les mains – ou peut-être que le temps venait de passer trop vite parce que je m'étais endormi, c'était aussi une possibilité. « Et tu crois que ton coach serait d'accord que tu te pourisses les artères avec cette dose, madame la championne du monde ? » C'était le genre de trucs pour lesquels je me devais de la féliciter, et c'est à peu près ce que je venais de faire, d'ailleurs – à ma façon. Juste lui faire remarquer que j'étais au courant, comme tout le monde, me suffisait pour alléger ma conscience en politesses pour la journée. « A ma fête, alors ! » La conversation continuait d'elle-même, ce qui m'aurait probablement surpris si j'avais été sobre. Cela faisait partie des bienfaits de l'alcool sur l'être humain. Après quelques verres, elle se pencha vers moi. « Tu sais qu’à force de passer ta soirée avec moi, on va se retrouver à être un couple sur la couverture de Public demain ! » J'ai souri. Mes yeux se fermaient presque d'eux-même, j'étais bien imbibé. Il commençait à se faire tard mais il y avait toujours autant de monde. L'ambiance se faisait un peu plus intime et je voyais régulièrement des gens emprunter l’ascenseur, sûrement pas pour descendre à la piscine (quoi que). J'ai rigolé de ce qu'elle venait de me dire. C'était presque absurde. Que je rigole, bien sûr. « ça pourrait être drôle, n'empêche. Après tout, on a le profil, on le sait bien. » Je l'ai regardée dans les yeux, profondément, comme si j'essayais de la pénétrer du regard. Histoire qu'elle comprenne le double-sens que j'avais essayé d'impliquer, j'avais marqué une pause dramatique. Ça allait faire trois ans. Il fallait bien qu'on en parle un jour – bien que le Wade sobre n'aurait pas été d'accord avec moi. C'était sûrement le bon moment, car si la conversation tournait mal, elle l'aurait oubliée d'ici demain... Avec un peu de chance. « Genre. Tu sais bien. Tu vois de quoi je parles. Hein ouais ? » J'avoue, je venais peut-être d'être un peu lourd. Ce n'était pas trop ma façon de faire, d'habitude, mais là j'avais une excuse. Elle m'avait saoulé avec sa tequila, donc c'était sa faute.
Revenir en haut Aller en bas
Invité
Invité



⊰ one more night Empty
MessageSujet: Re: ⊰ one more night ⊰ one more night EmptyJeu 6 Sep - 10:47

Je n’ai jamais été le genre de fille à croire au grand amour, au romantisme et à tout ça. Je n’étais pas contre non plus. Neutre dirons-nous. Je sais qu’il est possible d’aimer quelqu’un, d’être heureux avec cette personne mais que ça dure pour toujours, j’ai du mal à l’imaginer. On se lasse de tout et une personne à laquelle on tient finit toujours pas nous taper sur le système. Alors on change de partenaire, on en essaye certains comme on essayerait des robes dans les magasins. Sans jamais y croire totalement. Les âmes sœurs et tout ce blabla, ça n’existe pas. Vision assez pessimiste mais je m’y suis habituée, je me suis créé un style de vie qui convient à ma façon de penser. Et quand on souffre d’une maladie comme la mienne, on sait bien que le ‘happily ever after’, on ne le connaîtra jamais. Et si j’entraîne quelqu’un là-dedans, quelqu’un que j’aimerais vraiment, je sais que je lui ferais plus de mal qu’autre chose. Je ne sais pas à quel âge je vais mourir, ça peut arriver dans quelques mois comme dans une dizaine d’années. Mais dans tous les cas, je ne veux infliger cette souffrance que j’ai connue à personne. Parce que je sais très bien à quel point c’est dur de s’en relever. Mais il y a des personnes qui ont une vision de l’amour bien pire que la mienne. Ou qui n’en ont tout simplement pas. Wade en a toujours fait partie. Alors j’avais cru à une époque que c’était possible qu’il change. Et tout ce que j’avais récolté, c’était une déception. Enorme. Mais j’aurais dû m’y attendre, ne pas penser que, parce que nous partagions la même peine, nous avions une chance. Je m’en étais remise, bien sûr. J’avais rencontré d’autres hommes, j’avais continué ma vie, je m’étais concentrée sur le sport. Mais une partie de moi lui en voulait toujours pour ce trou laissé dans mon cœur. Déjà blessée par le départ définitif de mon frère jumeau, j’avais pensé bêtement que Wade pourrait combler ce trou béant dans ma poitrine. Mais il n’avait fait que le saccager. Sûrement sans même s’en rendre compte, c’était ça le pire. Il n’avait réalisé que quand je l’avais écarté de ma vie. Et encore, ce n’est même pas sûr qu’il l’ait regretté. Après tout, il a toujours été comme ça, à se foutre de tout et de tout le monde. Pourquoi donc aurais-je fait exception, moi la sœur de son meilleur ami ? Je n’ai rien de plus qu’une autre, à part quelques médailles mondiales, rien de moins à part des années de vie.

Je suis sûrement la première surprise de lui parler normalement ce soir. Bien sûr, personne d’autre ne pourrait s’étonner de nous voir ensemble vu qu’aux yeux du monde, nous sommes juste deux célébrités qui ne nous connaissons pas. J’ignore moi-même pourquoi je reste là à lui parler alors que mon bon sens m’encourage à partir d’ici. Le voir une fois de temps en temps, dans la maison Geller ou sur la tombe d’Erwan, c’est suffisant. Je ne sais pas si c’est parce qu’il est ivre ou parce que je n’ai pas assez de volonté mais je reste là et je n’ai la moindre envie de partir en courant. Je vais peut-être le regretter mais pour le moment, il me semble inoffensif. Il est toujours celui qui a perdu son meilleur ami trop tôt après tout. Je sais bien à quel point Erwan comptait pour lui et combien sa mort l’a affecté même s’il ne l’avoue jamais. Pour lui, ça reviendrait sûrement à avouer une faiblesse, à ne plus être aussi superficiel. Et à mes yeux, c’est son lien avec mon jumeau qui le relie à la Terre, qui me fait penser qu’il n’est pas totalement perdu. Je me trompe sûrement mais c’est ce que mon instinct me dit. « Sûrement pas Timberlake, les blonds c'est pas ton genre. » Je n’ai jamais eu de genre de mec. Enfin je n’y ai surtout jamais réfléchi. Mais tout bien considéré, c’est vrai que j’ai toujours eu une préférence pour les bruns. Allez savoir pourquoi. Mais Timberlake, faut avouer que je ne lui dirais pas non. « Oh je suis sûre qu’il accepterait de se teindre les cheveux pour moi. » Je ne vais pas non plus lui donner totalement raison. Mais la question ne se pose même pas puisque je n’ai pas de copain. Je ne sais même pas si la presse saurait faire la différence entre une vraie relation et toutes celles qu’elle me prête. Je suppose que je le découvrirais bien un jour. « Et tu crois que ton coach serait d'accord que tu te pourrisses les artères avec cette dose, madame la championne du monde ? » dit-il en parlant de tous les verres de tequila posés sur le comptoir. Mais ce n’est pas ça qui va me tuer. Ni m’empêcher de courir. Je serais juste incapable de me lever demain matin, voilà tout. Je louperais l’entraînement et je me rattraperais en courant deux fois plus dans deux jours, comme à chaque fois. Mon entraîneur me connait, il sait comment je fonctionne et a compris depuis longtemps qu’il ne pouvait rien y faire. « C’est une occasion spéciale ce soir alors laisses-moi faire papa. » Accuser Wade de faire le moralisateur, je ne pensais pas vraiment que ça m’arriverait un jour. Moi qui pensais qu’on allait s’arrêter naturellement de parler, n’ayant plus rien à dire et qu’il allait partir à la recherche d’une autre fille avec qui parler, je suis étonnée de voir qu’on continue la soirée ensemble. Et ça n’a pas l’air de le déranger de passer la soirée la plus importante de sa vie avec une fille comme moi. Pourtant, il serait plutôt du genre à se trouver une prostituée – pas de métier, juste d’attitude – pour la nuit. Mais un verre après l’autre, il faut croire que je l’intéresse de plus en plus. « ça pourrait être drôle, n'empêche. Après tout, on a le profil, on le sait bien. » Lui. Moi. Nous. Non c’est totalement impensable. Ce nous n’existe pas, il l’a toujours refusé. Alors pourquoi parle-t-il de ça tout à coup ? Bien sûr, si les journalistes parlaient de nous comme un couple, ils seraient plus proches de la réalité que lorsqu’ils me casent avec Johnny Depp. Mais ils savent bien que Wade n’est pas du genre ‘petit copain’, tout le monde le sait. D’ailleurs, il ne me semble pas l’avoir déjà vu soi-disant en couple dans les pages peoples. Et ça, ce n’est pas une coïncidence. Nos visages proches l’un de l’autre depuis que je me suis approchée pour faire ma confidence, il ne lâche pas mon regard des yeux. Et je ne parviens pas à me détourner non plus. « Genre. Tu sais bien. Tu vois de quoi je parles. Hein ouais ? » Il est indubitablement ivre mort, ça se voit. J’ai envie de croire à ce qu’il raconte mais il est toujours le même. Bourré ou pas. Sincère ou non. « Tu veux me faire croire que le roi de la fête, des clubs de strip-tease et de l’alcool veut se caser ? Je ne suis pas aussi naïve que les blondes superficielles que tu ramènes dans ton lit chaque soir Wade. » Je me redresse et descends un autre shoot. Je voudrais qu’il n’ait rien dit de tout ça. Ce serait plus simple s’il était le même que d’habitude, celui qui se fiche de tout et surtout de moi. Je baisse les yeux vers le comptoir mais il ne me reste plus de verres. Ça se boit vraiment trop vite ces trucs-là. Alors je prends celui qui reste devant Wade. « Tu as déjà assez bu pour ce soir, tu racontes vraiment n’importe quoi. » Et si ce n’était pas le cas ? Et si ? Me torturer l’esprit avec ça, c’est sûrement la dernière chose que je m’attendais à faire en sortant de chez moi ce soir. Je bois le shoot et le repose sur le bois. Je sens les effets de l’alcool sur mon organisme mais ça ne m’aide pas à savoir quoi faire, au contraire. « Mais admettons que tu ne racontes pas tout ça juste parce que tu es bourré. Pourquoi maintenant Wade ? Nous deux… » Je secoue la tête, essayant de mettre mes idées au clair et je reprends. « Il n’existe pas de nous deux. Il y avait Erwan et toi. Erwan et moi. Mais jamais de toi et moi. Alors je préfère partir avant que ce ‘nous’ existe dans les journaux. » Et je lui tourne les talons, avançant vers une destination inconnue, sans savoir si je vais vers la sortie ou si je m’enfonce dans la fête qui bat encore son plein. Le principal, c’est qu’il me faut du temps pour réfléchir, pour oublier ou pas. Je ne sais même pas ce que je veux. Ou ce que veut vraiment Wade. C’est en arrivant devant l’ascenseur que je comprends que je ne suis pas au bon endroit. Mais j’appuie quand même sur le bouton, souhaitant mettre de la distance entre Wade et moi. Rien de logique dans ma démarche, je suis tout simplement ivre et perturbée. Et l’ascenseur met des heures à arriver même si j’insiste sur le bouton plusieurs fois.
Revenir en haut Aller en bas
Invité
Invité



⊰ one more night Empty
MessageSujet: Re: ⊰ one more night ⊰ one more night EmptyDim 9 Sep - 5:52

i wish she knew.
« This girl that moved up the road from me, she had the nicest legs I've ever seen. Back then, she wrote me letters just to say she loved me, but now her face is just a memory. Now three years have gone and I've grown up but she's moved on, and somehow I'm still holding on to her. I still got so many unsaid things that I wanna say, and I just can't wait another day. I wish she knew. I still wait up wondering if she will remember me, but there's no way for me to know. And I want her to know, before she's married and has her baby, that I need her. ∂ wally. »


Niveau relationnel, on peut dire que j'en étais au point mort. Niveau zéro, mais pas encore game over. Tous les gens que je connaissais, que je fréquentais, même mon petit frère Tom, tout ce qui se passait entre nous était étalé dans les journaux à ma convenance, et ce n'étaient que des rapports superficiels. Dans un monde où on se ruine à acheter des gadgets pour impressionner des gens qui n'en ont rien à faire, c'était pourtant ce que je considérais comme ma « raison de vivre ». Taper dans l'oeil, choquer, faire bling-bling. C'est bien pour ça que je m'étais tenu aussi longtemps à l'écart que ce que les grands poètes – et naïfs – de ce monde appellent communément l'amour. Les relations sérieuses. La relation la plus longue que j'eus eu s'était déroulée avec mon moi-même féminin. Elle s'appelait Leslie et s'était créée une réputation grâce à l'argent de ses parents. La même que moi. Et nous deux n'étions pas du tout exclusifs ; on aimait juste passer du temps ensemble, se montrer en public, s'exhiber sur les plages. Nous étions bien entendu faits pour nous rencontrés, mais certainement pas faits l'un pour l'autre. Nos égos se multipliaient entre eux lorsque nous étions ensemble et ça finissait toujours en explosion. Tchernobyl dans mon salon. Cependant, même si nous ne nous supportions plus tout le temps, nous passions toujours autant de temps ensemble. Pendant des années – toujours un peu maintenant, d'ailleurs. Elle était mon « plan B » tout comme j'étais le sien ; si on n'avait pas de rencart pour une soirée, c'était le premier numéro à appeler. Si elle me demandait de l'accompagner, il me suffisait de plaquer celle que j'avais invitée avant. On était un peu « premier de la liste » l'un de l'autre. Je n'étais qu'un ramassis de cliché, tout en surface et rien en profondeur, et je me décevais parfois moi-même. Si bien que je perdais tout espoir en moi – mais pas ma confiance – et n'ai jamais concrétisé mes projets d'amélioration de moi-même. Je m'étais condamné à rester le même salopard pour le reste de mes jours – pour le moment. Et puis, par moments, je pensais à Sully ; dès que j'ouvrais mes bouquins de médecine, dès que j'allumais la télé sur une chaîne sportive, dès que je pensais à Erwan. Et à tous les coups une petite étincelle s'allumait en moi, comme un petit coup qui me poussait vers le « devenir meilleur » mais qui s'éteignait bien vite, compressée par ma flemme majestueuse. Je ne changeais pas, sauf pour ce qui était de mes vêtements – et encore, ils étaient toujours nouveaux mais toujours du même style. En fait, je m'éloignais de toute prise de risque ; le monde m'aimait comme je suis et je ne voudrais pas risquer de perdre ce que j'avais, pour n'importe quoi. Sauf qu'en y réfléchissant, je me serait bien teint les cheveux pour Sully aussi, et même si elle me les demandait en vert. L'homme bourré a parlé.

Avec le temps et la conversation qui s'écoulait, je sentais mon cerveau différer de ce dont il avait l'habitude de faire. Je disais des trucs bizarre. Je m'ouvrais plus que je ne l'avais jamais fait. Bien sûr, le moment où elle m'a appelé « papa », je ne risquerais pas de l'oublier – combien de type rêve qu'une fille comme ça l'appelle papa. C'est juste qu'après quelques tequilas – sur quelques bières sur quelques Vodkas – je n'avais qu'une idée en tête, et c'était de lui parler de nous. C'était débile de ma part, mais si je ne l'avais pas fait maintenant, je ne l'aurais probablement jamais fait. J'avais arrêté de prendre les choses à la légère. Je déconnais peut-être un peu aussi. « Tu veux me faire croire que le roi de la fête, des clubs de strip-tease et de l’alcool veut se caser ? Je ne suis pas aussi naïve que les blondes superficielles que tu ramènes dans ton lit chaque soir Wade. » Me caser. C'était un mot puissant, ça c'est certain. Un mot qui venait juste de me retourner le cerveau. Mon niveau d'alcoolémie, cependant, m'empêchait d'avoir tout raisonnement logique – tout raisonnement tout court, d'ailleurs. Juste des réponses spontanées, un peu stupides, peut-être sincères, qui sait. « Qui sait. Les gens changent, et même si c'est dur à croire, même moi. » Je l'ai regardée dans les yeux. J'ai vu sa main approcher de la mienne, qui était posée sur le comptoir, et à un moment j'ai cru qu'elle voulait la prendre. Je ne sais pas comment j'aurais réagi. Je n'aurais probablement rien fait du tout, mis à part attendre qu'elle concrétise sa pensée. Mais, déception, elle ne fit que saisir le dernier de mes verres et de le boire, me disant que j'avais trop bu. « Tu crois que c'est l'alcool qui parle ? » Toujours un regard aussi sincère, plus sincère que je n'en avais jamais eu, plongeait dans le sien. Je n'avais pas réellement été explicite, mais elle avait très bien compris où je voulais en venir – peut-être plus vite que je ne l'avais compris moi-même. Le fait est que je ne faisais que chercher mes mots quand elle avait de belles longues phrases qui réfutaient ce à quoi je pensais. « Mais admettons que tu ne racontes pas tout ça juste parce que tu es bourré. Pourquoi maintenant Wade ? Nous deux… » Elle marqua une courte pause pendant laquelle je comptais réagir. Pourquoi maintenant ? Parce que je n'en avais eu ni le courage ni l'occasion plus tôt. Et au lieu de réfléchir à comment former ma phrase j'aurais simplement du dire mes mots dans un ordre aléatoire, parce que son cerveau étant plus réceptif que le mien, elle continua sans me laisser de temps. « Il n’existe pas de nous deux. Il y avait Erwan et toi. Erwan et moi. Mais jamais de toi et moi. Alors je préfère partir avant que ce ‘nous’ existe dans les journaux. » Et elle tourna les talons.

J'ai réfléchi une seconde, deux, trois. J'ai commandé un verre. Les gens ont recommencé à venir me parler étant donné que j'étais maintenant seul au bar. Pour eux, rien ne s'était passé, bien entendu, à part la meilleure soirée de l'année. J'ai bu un coup, et ça m'a remis les idées en place. Je n'avais aucune idée d'où Sully était, maintenant ; soit elle avait rejoint son amie, soit elle était partie. Je me suis levé et j'ai haussé la tête pour la chercher dans la foule. Il se faisait assez tard et il y avait déjà moins de monde, mais l'ambiance était toujours chaude ; je n'étais tout simplement plus dedans. On me tapait dans le dos, Tom venait danser avec l'une de ses conquêtes juste à côté de moi pour que je lui donne mon avis. Mais je ne voyais pas Sully, alors après quelques petites minutes qui m'avaient semblé être une éternité, j'ai pris une décision ; écourter ma fête. Pas pour les autres, bien sûr, c'aurait été cruel étant donné qu'ils s'éclataient de la meilleure des façons. Mais j'ai juste décidé de me diriger vers mon ascenseur, direction ma chambre, tout seul. Pour l'une des premières fois de ma vie, je n'avais plus la tête à faire la fête. Et si l'on me demandait la raison, je répondrais simplement que je m'étais pris une mauvaise cuite. Après avoir traversé une marrée humaine pour rejoindre le couloir où peu de gens s'étaient aventurés – mais la fête continuait tout de même là-bas, en fait elle se déroulait dans tout l'hôtel à présent – j'ai vu mon chemin. Au bout, il y avait cette fille aux belles jambes, Sully, du même angle que la première fois où je l'avais aperçue aujourd'hui, si bien que j'ai cru que j'avais une petite hallucination. Mais arrivé à son niveau, j'ai bien vu que c'était elle. D'un coup, j'ai su quoi faire et quoi dire pour enfin qu'elle sache à peu près où j'en étais. J'ai poussé une mèche de cheveux derrière son oreille d'un geste assuré. J'ai capté son regard et, suffisamment rapidement pour qu'elle n'ait pas la possibilité de me couper, j'ai parlé. « Tu sais, ça fait bien longtemps que j'ai plus pensé à Erwan alors que je pensais à toi... » Pour moi, c'était bien assez. J'étais sûr que ça en dirait long pour elle aussi. J'ai attendu un geste, mais je n'ai pas attendu longtemps. J'ai attiré son visage vers le mien et l'ai embrassée du bout des lèvres, comme je n'avais pas du tout l'habitude de faire. Je n'avais pas fait attention à qui pouvait être autour de nous, l'alcool jouait encore un rôle dans l'affaire, mais j'étais suffisamment lucide pour ne pas regretter ce que je venais de faire. J'ai ouvert les yeux et je l'ai regardée, puis un « ding » a retentit et m'a sorti de ce moment 'romantique'. L'ascenseur venait d'ouvrir ses portes.
Revenir en haut Aller en bas
Invité
Invité



⊰ one more night Empty
MessageSujet: Re: ⊰ one more night ⊰ one more night EmptyDim 9 Sep - 10:17

Pendant ces dernières années, Wade avait été rangé dans un coin de mon esprit, un bout de ma vie qui ne comptait plus autant. Je pense rarement à lui, préférant me trouver d’autres occupations au lieu de ressasser une déception. On ne peut pas appeler ça un cœur brisé, ç’avait été trop rapide pour ça. Il n’avait même pas pris la peine d’attendre que je sois amoureuse, il avait préféré tout briser avant. Je devrais sûrement lui être reconnaissante pour ça. Mais un espoir ruiné reste ce qu’il est. Surtout à une époque où j’étais si faible. Il s’était joué de moi, profitant de mon état lamentable pour se venger une dernière fois de notre haine d’enfants. Et il avait royalement réussi. Par le même coup, il n’a eu aucun problème à me faire le détester pour de bon. Et pas comme quand nous étions enfants. Cette haine avait une raison et était donc bien pire. Car il n’y a rien de pire qu’une femme déçue. Alors je passais mon temps à éviter de lui parler ou bien à seulement lui dire des phrases bateau. On n’a pas eu de vraie conversation depuis des années. Si tant est qu’on n’en est jamais eu. Nous n’avons jamais été amis, jamais eu de conversation plus poussée que des méchancetés quand nous étions enfants ou des « salut, ça va ? » quand nous étions adolescents. La vérité, c’est qu’on ne savait pas comment se comporter l’un avec l’autre. On avait tout fait. On était passés de la haine à l’indifférence. De l’indifférence à l’amitié. De l’amitié à une attirance. Pour finalement revenir à l’indifférence. A croire que c’est ce à quoi nous sommes destinés. Ou bien c’est juste ce qu’il voulait. Mais je m’en étais remise. J’avais commencé une nouvelle vie, plongée dans le sport. J’avais même épousé. Quelques mois seulement, rien de bien long. Mais avec lui, j’avais oublié tout ce qui n’allait pas dans ma vie. Wade, l’absence d’Erwan, ma maladie, le manque de sens à ma vie. J’avais une raison de vivre, une raison de continuer à me battre. Et je lui serais toujours reconnaissante pour ça. Mais j’avais aussi réalisé avec lui que l’amour, ce n’était pas pour moi. Une fois le divorce prononcé seulement quelques mois après notre union trop rapide, je m’étais longuement demandé ce qu’il me restait. Sans trouver de réponse autre que la course. Celle qui me pourrit la santé, qui réduit mon espérance de vie. Mais sans ça, je n’ai tout simplement plus de vie. Alors pourquoi pas ? Après toutes ces années, j’avais cru pouvoir oublier Wade. Mais nous étions liés à jamais, qu’on le veuille ou non. Que ce soit par rapport au souvenir d’Erwan ou juste par rapport à nous, je n’en sais rien. Je suppose que je ne le saurais jamais vraiment.

Trop d’alcool, beaucoup trop d’alcool. Je suis sûrement en train d’imaginer toute cette conversation, de mal interpréter ce que dit Wade, c’est la seule solution plausible. Mais, même en me forçant, j’aurais du mal à imaginer Wade raconter tout ça. Il est bourré, je le sais. Et il m’a toujours été difficile de savoir ce qu’il pense vraiment. Doué pour se cacher derrière un masque de superficialité. A moins que ça ne soit le vrai lui. Trop difficile comme question alors que je commence à ne plus avoir les idées claires. Peut-être que boire avec lui n’était pas une si bonne idée finalement. « Qui sait. Les gens changent, et même si c'est dur à croire, même moi. » J’ai beau chercher, je ne vois pas pourquoi Wade changerait. Il adore sa façon de vivre, il aime s’amuser, être vu partout et avec tout le monde. Il ne connaît sûrement pas la définition du mot ‘couple’, s’imaginant sans doute qu’il s’agit d’une nouvelle expérience pour lui. Mais la vraie question, c’est pourquoi moi ? Pour mener une telle expérience – qui s’achèvera sûrement au bout de peu de temps sur un échec – il devrait choisir une inconnue. Une fille qui pourrait le croire. Pas moi, cette fille qu’il connait depuis toujours et qu’il a déçu. Mais peut-être est-ce seulement parce qu’il est ivre et ne se rend pas compte de ce qu’il dit. « Tu crois que c'est l'alcool qui parle ? » Comment pourrais-je le savoir ? Comment pourrait-il le savoir lui-même ? L’alcool est bien souvent l’excuse la plus facile quand on regrette d’avoir fait quelque chose. Mais beaucoup de gens croient que, justement, on n’est jamais aussi sincère que quand on a bu. Parce qu’on ne maîtrise pas ce qu’on dit, on raconte ce qu’on cache d’habitude avec tant d’efforts. Mais devant ces deux théories sur l’alcool et les révélations, je ne sais pas laquelle choisir. « J’en ai vraiment aucune idée Wade, et toi ? » Je sais juste que je suis sûrement moins bourrée que lui – difficile de faire pire en même temps – puisque je réussis à l’envoyer balader avant de partir. Mais en vérité, je réagis comme ça uniquement parce que j’ai trop bu. Si j’étais sobre, j’aurais sûrement déjà pris une décision. Et le pire, c’est que je sais laquelle ça aurait été. Mais pourtant, j’hésite. Alors je me dis que je ferais mieux d’attendre demain matin pour savoir quoi faire. Ou bien pour tout oublier, au choix.

Bloquée devant les portes de l’ascenseur, attendant indéfiniment que les portes s’ouvrent, je n’arrête pas d’entendre encore et encore les mots de Wade. « Après tout, on a le profil, on le sait bien. » Le profil. Peut-être que moi, je l’ai. Mais lui, ne l’a jamais eu. Il n’a jamais été le genre ‘petit copain’. Il est Wade, le célibataire, célibâtard. Je regrette d’avoir fait la connerie monumentale de venir à sa fête. Espérer ne pas le voir à sa propre soirée d’anniversaire avait été incroyablement stupide. Et avoir pu penser qu’on pourrait avoir une conversation normale, de laquelle je ressortirais indemne, c’était pire. La meilleure des choses qui pourrait arriver désormais, c’est que j’ai tout oublié d’ici demain matin. Mais je sais bien que je n’ai pas assez bu pour ça. Il me faudrait bien plus. J’aurais dû piquer une bouteille au bar avant de partir. Mais hors de question d’y retourner. Ou même de chercher la vraie sortie de cet hôtel. L’ascenseur me paraît la meilleure solution pour m’échapper d’ici. Je sens une main sur mon visage et je m’apprête à repousser le mec lourd qui fait ça quand je vois Wade apparaître devant moi à nouveau. Qu’est-ce qu’il fait là ? Le fait que ce soit lui plutôt qu’un autre me donne encore plus envie de le repousser mais je n’en ai pas le temps. « Tu sais, ça fait bien longtemps que j'ai plus pensé à Erwan alors que je pensais à toi... » Penser à moi ? Je ne comprends même pas ce qu’il veut dire, trop obnubilée par son visage qui s’approche du mien. J’ai beau ne pas avoir les yeux en face des trous, je sais bien ce qui va se passer. Non, non, non. C’est une erreur, ce serait le pire qui pourrait arriver ce soir. Mais je me sens tellement faible que je n’essaye même pas de résister et nos lèvres se touchent. Un peu comme la dernière fois sauf qu’on n’est pas dans la chambre d’Erwan cette fois-ci. Et j’avais beau ne pas vouloir de ce baiser, j’apprécie le contact. Wade est doux et il ne me force pas. Ou bien s’il le fait, ça ne change rien parce que je ne résiste pas. Et j’oublie tout pendant ces quelques secondes. Jusqu’au bruit qui annonce l’ouverture de l’ascenseur. Bruit qui me fait revenir à la réalité. Je prends sur moi pour m’écarter de Wade. Je regarde autour de nous pour constater avec horreur que la plupart des gens nous regarde. Il n’aurait pas pu faire pire, même s’il le voulait. J’attrape sa main et le tire dans l’ascenseur, virant au passage les fêtards qui y sont encore, restés figés par la scène qu’ils ont découvert en arrivant en bas. D’autres personnes essayent d’entrer mais mon regard noir doivent les en dissuader puisque, quand les portes se referment, il n’y a plus que Wade et moi. Je me laisse glisser contre le mur, réfléchissant aux dégâts qu’il vient de causer en venant m’embrasser comme ça. « C’était ça ta solution ? Nous montrer tous les deux devant tout le monde pour me forcer ? » Pathétique. Aussi bien lui que moi. Parce que j’aurais dû comprendre, j’aurais dû empêcher ça. Maintenant, je ne doute pas que ce baiser sera dans tous les journaux demain. La championne olympique avec le roi de la fête. Sully avec Wade. Et tout ça me dégoûte déjà. No coming back. Il nous a condamnés, peut-être sans même le réaliser. Et je ne sais même pas si c’est un jeu pour lui ou s’il est sérieux. « Je sais que t’as pas une grande expérience dans les relations sentimentales mais crois-moi, c’est pas comme ça qu’on fait. » Sullivan Geller, la pro des relations amoureuses, quelle blague. Mais comparé à Wade, je suppose que n’importe qui est meilleur. Il n’a sûrement jamais eu de relation sérieuse, il n’y connait rien. Et comme il ne doit pas vraiment regarder les comédies romantiques, il n’a aucun espoir de savoir comment fonctionnent ces histoires. « Et c’était quoi ce délire dehors ? Tu penses à moi ? Depuis quand est-ce que tu penses à moi ? Ou à des personnes autres que toi d’ailleurs ? Tu es Wade, tu es ce connard insensible que tu as toujours été, tu ne peux pas changer. » Ce n’est pas bon pour mon équilibre, pour ma santé mentale. « On n’a rien à voir l’un avec l’autre, on a toujours été différents, bien trop différents. On ne peut pas être ensemble. Enfin je suppose que c’est fichu maintenant. » C’est lui qui est revenu vers moi ce soir, il n’a plus qu’à accepter ma sincérité. Enfin je ne sais même pas si c’est vraiment ce que je pense. Je laisse ma tête reposer contre la paroi de l’ascenseur, fermant les yeux en espérant les rouvrir et découvrir que tout ça n’était qu’un rêve. Ou un cauchemar, je n’en sais rien.
Revenir en haut Aller en bas
Invité
Invité



⊰ one more night Empty
MessageSujet: Re: ⊰ one more night ⊰ one more night EmptyLun 10 Sep - 4:56

i wish she knew.
« This girl that moved up the road from me, she had the nicest legs I've ever seen. Back then, she wrote me letters just to say she loved me, but now her face is just a memory. Now three years have gone and I've grown up but she's moved on, and somehow I'm still holding on to her. I still got so many unsaid things that I wanna say, and I just can't wait another day. I wish she knew. I still wait up wondering if she will remember me, but there's no way for me to know. And I want her to know, before she's married and has her baby, that I need her. ∂ wally. »


Après réflexion, je me souvenais de ce que j'avais exactement ressenti ce soir-là, dans la chambre d'Erwan. C'était de la culpabilité. Je me sentais coupable vis-à-vis d'Erwan, qui venait à peine de nous quitter et qui aimait sa soeur, qui m'aimait moi, mais qui me détestait quand je détestais sa soeur. Il aurait été furieux d'apprendre une quelconque relation entre elle et moi étant donné qu'il me connaissait très bien et qu'il savait comment je me comportais avec les filles. Jamais il n'aurait, de son vivant, accepté que je la touche. Alors, à une date si proche de celle où il avait disparu, je me mordais les doigts. J'avais l'impression de lui manquer de respect, à lui, la seule personne que je respectais réellement. Mais par dessus tout, je me sentais coupable d'avoir adoré ça. Je me sentais mal d'avoir tant loupé de Sully, de ne pas avoir su l'apprécier plus tôt, de m'être comporté comme un con pendant des années – toute notre vie, en fait. J'avais fui, j'avais pris peur, je m'étais comporté en lopette et je l'avais faite souffrir, bien évidemment. Le quatuor gagnant du parfait enculé de base. Cependant, il ne s'était pas passé un seul jour depuis lors où je ne l'avais pas regretté. Mais la mémoire d'Erwan était toujours présente, et c'est probablement ça qui me retenait loin d'elle. Je ne voulais pas manquer de respect à mon défunt meilleur ami une fois de plus. J'avais l'impression que je le trahirais si jamais je m'approchais de sa soeur. Et ça, évidemment, ça me torturait. J'avais alors préféré laisser couler ma vie, tranquillement, de la façon dont je l'avais toujours fait. Je prenais énormément de plaisir à faire la fête, à me montrer, à passer mes journées à acheter des fringues, mais je me sentais comme qui dirait pousser une âme. Après un an, j'ai pris la décision de commencer des études. Cependant, effrayé de ce que ça pourrait apporter à ma réputation, je m'étais retenu à le dire au grand public. D'ailleurs, à part mon père, Tom et quelques personnes du corps de l'hôpital de Montsimpa, personne n'était au courant de ça. Je voulais protéger mon image par dessus tout au cas où j'échouais, comme ça je pourrais m'y rattraper et passer ma vie dans la superficialité. Jouer dans un film d'horreur ou deux, faire des pubs, peut-être une télé-réalité. Puis, plus vieux, écrire mes mémoires et intituler le bouquin « comment j'ai raté ma vie ». C'était à cause de la plus basse estime que j'ai de moi que je m'étais toujours attendu au pire, et donc que j'avais toujours provoqué le plus facile. Me défiler, rester chez moi, ne jamais partir à l'aventure. Mais évidemment, il fallait bien que je me torture un peu l'esprit. Alors, quand je fermais les yeux, je voyais les montagnes du Canada, moi en grand chirurgien, je voyais le visage heureux de Sully, des photos de famille, tout ce que je n'osais pas tenter. Et c'était ce qui me rendait vraiment heureux.

Quand elle m'a demandé ce que je pensais, si c'était l'alcool qui parlait ou non, je n'ai pas répondu. Parce que, en effet, c'était bien l'alcool qui parlait, dans le sens où je n'aurais jamais osé lui avouer tout ça, ou même y faire allusion, si j'avais été sobre. C'était juste stupide de ma part, et c'était à cause de l'alcool. Et c'était aussi l'alcool qui me poussait à continuer, peut-être à la forcer un peu, la forcer à comprendre. Je me perdais dans mes pensées, pensées qui se transformaient en paroles, paroles qui se transformaient en regrets mais qui n'auraient pas du. Je n'avais jamais appris la valeur de la vérité, personne ne me l'avais jamais enseignée. J'en avais entendu parler dans les films, je l'avais lue dans les bouquins en pensant que c'était aussi loin de moi qui l'amour ou l'humilité. Et, pour la première fois de ma vie, j'en testais les bénéfices. Pour le moment, ce n'était pas tellement positif. Les gens me regardaient quand elle a tourné les talons. J'avais probablement une gueule déconfite, j'étais déçu. Je n'ai même pas remarqué que j'étais suivi du regard jusqu'à ce que, après ce baiser – qui était quasi magique, un poil nostalgique et assez collatéral – elle a regardé tout autour. J'avais beau être un peu obnubilé par son visage, guettant une quelconque réaction, je n'ai pas manqué de remarquer que nous étions épiés de tous les côtés. Moi qui cherchais chez elle un simple froissement de sourcil pour savoir à quoi m'attendre par la suite, j'ai été presque surpris de voir sa main saisir la mienne – pas du tout d'une manière romantique – pour me tirer violemment dans l'ascenseur. On était maintenant tout seuls. Les portes se ferment et, machinalement, je regarde la caméra dans le coin supérieur droit. Je sais que Roger, le garde de nuit, est derrière l'écran, guettant ma venue. En me voyant, il appuie sur son bouton spécial qui fait monter l'ascenseur dans ma suite privée ; il ne fait ça que pour Tom et moi, je lui ai même donné l'ordre d'interdire l'entrée à mon père s'il n'avait pas d'autorisation, même s'il était celui qui payait pour tout ça. C'était presque magique, et impénétrable pour quelconque imposteur. La pression atmosphérique se fit ressentir sur mes épaules, me faisant comprendre que nous montions déjà. « C’était ça ta solution ? Nous montrer tous les deux devant tout le monde pour me forcer ? Je sais que t’as pas une grande expérience dans les relations sentimentales mais crois-moi, c’est pas comme ça qu’on fait. » J'ai souri, même un peu rit. Son sourcil arqué me força à m'expliquer. « Tu me fais la morale pour un bisou alors que c'est toi qui nous fait monter dans ma chambre ? C'est un peu un comble... » L'alcool n'était toujours pas descendu d'un poil, je me sentais rond pour un bon moment. « Et c’était quoi ce délire dehors ? Tu penses à moi ? Depuis quand est-ce que tu penses à moi ? Ou à des personnes autres que toi d’ailleurs ? Tu es Wade, tu es ce connard insensible que tu as toujours été, tu ne peux pas changer. On n’a rien à voir l’un avec l’autre, on a toujours été différents, bien trop différents. On ne peut pas être ensemble. Enfin je suppose que c’est fichu maintenant. » ça, par contre, c'était le genre de trucs qui me refroidissait un peu. Elle était adossée à un des murs, et je me collai à mon tour à la paroi de la porte. Si jamais elles s'ouvraient, je me serai retrouvé les quatre fers en l'air, mais je n'y pensais pas maintenant. « Oui, tu me détestes, j'ai bien compris ça ! Et c'est légitime. J'ai été un vrai connard, c'est vrai. J'te mérite pas, je mérite personne d'ailleurs, je sais. Mais ouais, je pense à toi, et ça je peux pas m'en empêcher tu vois. Ça fait des années que j'pense à toi. Je suis pas un insensible. » J'étais ce type hors-la-loi qui, pourtant, continue à aller à l'église tous les dimanches pour prier et demander pardon pour chacun de ses péchés. « Il y a des tas de trucs que tu sais pas sur moi. Ce que je fais vraiment de mes journées, pourquoi et pour qui je le fais. Je sais même pas pourquoi je te dis ça, ça sert à rien t'en as rien à foutre de moi. Et je me suis voilé la face beaucoup trop longtemps que pour que ça puisse jamais marcher. T'as raison, c'est fichu, maintenant. Si tu ne me donnes pas de chance, c'est fichu. » Je la voyais déjà venir avec ses « je t'ai déjà donné une chance », tous ces trucs pour me faire encore plus culpabiliser. L'ascenseur a sonné, signe qu'on était arrivé chez « moi ». Je me suis décollé des portes avant qu'elles ne s'ouvrent puis j'ai avancé à reculons, jusqu'à ce que je sois de l'autre côté de la porte. « Alors c'est à toi de choisir, maintenant. Soit tu redescends soit tu viens avec moi. » Redescendre correspondait à affronter une armée de peoples curieux et rester avec moi signifiait risquer de se torturer un peu plus. Moi, je savais ce qui valait la peine, mais c'était à elle de décider.
Revenir en haut Aller en bas
Invité
Invité



⊰ one more night Empty
MessageSujet: Re: ⊰ one more night ⊰ one more night EmptyMar 11 Sep - 7:26

Wade avait toujours été doué pour cacher ce qu’il ressentait vraiment, ce qu’il voulait que personne ne sache. Je ne sais pas pourquoi il fait ça, ni comment mais, en se cachant derrière cette montagne d’argent et ce masque de superficialité, il est doué pour ça. La seule chose dont j’ai jamais été sûre sur lui, c’est qu’il aimait vraiment mon frère. Et qu’il me détestait quand on était petits. L’amitié qui le liait à mon frère était forte, bien que je ne comprendrais sûrement jamais ce que mon frère trouvait d’appréciable chez Wade. Mais à eux deux, ils semblaient s’être trouvés. L’amitié entre deux garçons est différente de celle des filles de toute façon alors comment pourrais-je affirmer y comprendre quelque chose ? Quand je me rappelle des deux garçons ensemble, je me souviens à quel point je me sentais laissée pour compte, sur le banc de touche. Erwan avait ses moments avec Wade et ses moments avec sa sœur jumelle. On évitait juste de trop se mélanger à l’époque. Pourtant Wade pouvait passer des journées entières chez nous et mes parents n’étaient pas loin de le considérer comme un fils, au même titre qu’Erwan. Moi, j’avais ma vie à côté, je n’en avais pas grand-chose à faire. Mais quand je regarde en arrière aujourd’hui, je ne peux m’empêcher de me dire que j’aurais pu supporter Wade afin de passer plus de temps avec mon frère avant qu’il ne parte. Mais le passé est le passé, on ne peut rien y changer. Erwan nous a quittés et ne reviendra pas. On ne peut que continuer notre vie pour le temps qu’il nous reste. Wade avait fait partie de ce passé puis avait fini par abandonner le navire. Et le revoilà ce soir, voulant tout changer, oublier ces années d’un simple claquement de doigts – ou plutôt d’un simple baiser.

Rien n’est aussi simple qu’embrasser quelqu’un quand on y réfléchit. Deux paires de lèvres qui se rencontrent, une envie mutuelle. On oublie tout pendant ces moments-là. Ce qu’il y a de compliqué, c’est ce qui suit. Les sentiments. D’habitude, je n’ai pas de problème pour me laisser embrasser par des hommes, même plus que ça. Je suis même souvent celle qui prend l’initiative. Mais si Wade était comme les autres, ça se saurait. Les hommes avec qui je couche, je ne les connais pas beaucoup en général. Le ‘pas de sentiments’ est tellement plus simple. On ne se pose pas de question, on se laisse juste aller au moment présent, profitant. On ne se torture pas l’esprit comme je le fais en ce moment. Mais Wade n’est plus un inconnu pour moi depuis des années et des années. Et niveau sentiments, il est loin du simple désir physique que je peux ressentir pour les autres. Bien sûr, Wade est attirant, je ne peux pas dire le contraire. Et je pourrais sûrement me laisser aller avec lui, mettre mon cerveau en mode off et coucher avec lui. Mais une voix dans ma tête me dit que je le regretterais demain matin. Que je mettrais tout sur le compte de l’alcool. Et je ne veux pas être faible. Je ne veux pas lui céder aussi facilement alors qu’il a mis trois ans à venir vers moi. Je l’ai attendu à l’époque, j’aurais accepté trois ans auparavant. Et peut-être que si j’avais bu encore un peu plus, je lui aurais déjà cédé ce soir. Mais là, coincée dans l’ascenseur avec lui, je m’en veux seulement. J’aurais dû le repousser là dehors. Ne pas le laisser m’embrasser. Pas devant tout le monde en tout cas. Et je semble être la seule à réaliser les conséquences de son geste. Sûrement qu’il a trop bu pour comprendre quoique ce soit. « Tu me fais la morale pour un bisou alors que c'est toi qui nous fait monter dans ma chambre ? C'est un peu un comble... » Je n’avais même pas remarqué que l’ascenseur avait commencé à monter, trop occupée à penser à tout ça. Wade aurait appuyé sur un bouton ? Mais il a raison, cet ascenseur mène uniquement à des chambres d’hôtel et c’est exactement là où nous allons. « J’ai appuyé sur aucun bouton moi, ne m’accuse pas. » Après tout, c’est sûrement mieux de continuer à monter, s’échapper de cette foule qui nous attend en bas. Je ne suis pas prête à affronter les regards et les questions ce soir. Pas encore. Il me faut déjà du temps pour réaliser. « Oui, tu me détestes, j'ai bien compris ça ! Et c'est légitime. J'ai été un vrai connard, c'est vrai. J'te mérite pas, je mérite personne d'ailleurs, je sais. Mais ouais, je pense à toi, et ça je peux pas m'en empêcher tu vois. Ça fait des années que j'pense à toi. Je suis pas un insensible. » Boum, aussi brutal qu’un train qui fonce dans une voiture arrêtée sur les rails. Une déclaration. Et de la part de Wade, ça relève du miracle. Je dois sûrement halluciner. Toute cette soirée doit être un rêve. Mais ce que je ne comprendrais sûrement jamais, c’est pourquoi il me dit ça maintenant. Surtout si, comme il le dit, il pense à moi depuis longtemps. N’aurait-il pas pu faire cet effort trois ans auparavant ? Là, j’aurais été sûre de ma réponse. Aujourd’hui, je ne suis plus la même. Peut-être que lui n’a pas changé – même s’il prétend le contraire – mais moi si. J’étais naïve à l’époque. Plus maintenant. « Il y a des tas de trucs que tu sais pas sur moi. Ce que je fais vraiment de mes journées, pourquoi et pour qui je le fais. Je sais même pas pourquoi je te dis ça, ça sert à rien t'en as rien à foutre de moi. Et je me suis voilé la face beaucoup trop longtemps que pour que ça puisse jamais marcher. T'as raison, c'est fichu, maintenant. Si tu ne me donnes pas de chance, c'est fichu. » Je suis curieuse de savoir de quoi il parle, ne comprenant pas vraiment. Mais je sais bien que ce n’est pas le plus important. « Pourquoi c’est aussi compliqué ? Pourquoi tu n’es pas aussi simple à comprendre que cette image que tu donnes de toi au monde extérieur ? » Et voilà que je me plains qu’il ne soit pas aussi superficiel qu’il le laisse paraître. C’est le monde à l’envers. C’est à ce moment-là que je réalise que je suis en train de chercher des excuses. Je ne veux pas lui donner de réponse. Ni négative ni positive. Je ne veux pas avoir à y réfléchir, je veux juste que tout ça ne soit pas arrivé. Pourquoi a-t-il fallu que je vienne ? Pourquoi a-t-il fallu qu’il boive assez pour me raconter tout ça ? Les portes de l’ascenseur s’ouvrent. Pas sur un couloir comme on pourrait s’y attendre mais sur une pièce meublée directement. La chambre de Wade de toute évidence. Le calme qui y règne me fait du bien. L’agitation dans mon esprit jusque-là m’avait empêché de voir à quel point il n’y avait pas de bruit dans l’ascenseur. « Alors c'est à toi de choisir, maintenant. Soit tu redescends soit tu viens avec moi. » Je n’ai pas vraiment le choix. Et il est tellement gentil avec moi que je m’en voudrais de partir maintenant. Entrer ne m’engage à rien de toute façon, non ? « Je pourrais aussi camper dans l’ascenseur. » Mais je me lève et passe les portes. La chambre n’est pas aussi impersonnelle que je m’y attendais. Wade en a fait son appartement, son nid. En jetant un regard vers le lit, je ne peux m’empêcher d’avoir une pensée pour toutes les filles faciles qui y sont passées. Et je m’en veux d’être jalouse. « Alors c’est ça ton chez toi ? » Je sais qu’il y vit depuis longtemps mais je n’ai jamais eu l’occasion de venir. Pour la simple et bonne raison que c’est son univers. Tout comme lui n’est jamais venu à l’appartement que je possède à Bridgeport. Notre univers en commun, ça a toujours été la maison de mes parents. Un terrain neutre en quelques sortes. Ici, je ne me sens pas à l’aise. Comme si je passais en territoire ennemi. Je m’avance sans rien ajouter, curieuse de voir à quoi ressemble cet appartement. Mon regard est attiré par une photo accrochée pas loin de son lit. Je m’approche, déjà sûre de ce que je vais voir. Une photo d’Erwan, lui et moi. Le papier porte encore le pli qui devait sûrement m’enlever de la photo. Mais la photo est affichée en entier maintenant. Ça me fait sourire. « C’est marrant, la mienne est pliée dans l’autre sens. » Je ne précise pas qu’elle n’a pas été dépliée, que c’est toujours seulement Erwan et moi qui sommes affichés dans ma chambre. Je comprends pourquoi c’est cette photo que Wade a choisi. C’était pas longtemps avant la mort d’Erwan mais il était heureux. Heureux d’être avec nous, avec les personnes les plus proches de lui. Je m’assois sur le lit, me demandant ce que le reste de la soirée nous réserve. Parce que je sais que je ne redescendrais pas avant la fin de la fête au moins. « Tu sais, c’est pas vrai ce que tu as dit tout à l’heure. Je ne te déteste pas. Je t’en veux simplement. Ok, je t’en veux beaucoup. Mais je ne te déteste pas, pas comme quand on était gosses en tout cas. » Si ça se trouve, je suis la seule à me souvenir de cette haine mutuelle qui nous animait quand on avait sept ans. Mais je ne crois pas que ce soit le genre de choses qui s’oublient. « Au fait, tu parlais de quoi quand tu disais que j’ignorais de quoi sont faites tes journées ? T’es agent secret en fait ? » Et je me laisse tomber sur le matelas, le regard fixé au plafond. C’est plus simple que de le regarder. Et je suis épuisée de tout ce remue-ménage dans ma tête.
Revenir en haut Aller en bas
Invité
Invité



⊰ one more night Empty
MessageSujet: Re: ⊰ one more night ⊰ one more night EmptyMar 25 Sep - 6:05

i wish she knew.
« This girl that moved up the road from me, she had the nicest legs I've ever seen. Back then, she wrote me letters just to say she loved me, but now her face is just a memory. Now three years have gone and I've grown up but she's moved on, and somehow I'm still holding on to her. I still got so many unsaid things that I wanna say, and I just can't wait another day. I wish she knew. I still wait up wondering if she will remember me, but there's no way for me to know. And I want her to know, before she's married and has her baby, that I need her. ∂ wally. »


Moi, j'ai compris très tôt que la vie était une affaire facile. Un cri quand je n'étais qu'un bébé, une crise quand j'étais un gosse, du dédain dans l'adolescence et, maintenant, c'était l'habitude qui me donnait tout ce que je voulais. J'avais été moulé non pas dans l'argile mais plutôt dans l'argent, et je m'étais défini de la sorte. Mais me concentrer sur l'avoir et non pas l'être avait simplement pourri mon âme. Mais une personne m'avait toujours rattaché à une certaine réalité, me poussant à faire attention de temps à autres à ce que je faisais ou ce que je disais, à prendre conscience de mes actes et m'avait donc permis de ne pas me transformer en crétin galactique. Bon, je l'ai déjà dit mille fois, c'est Erwan. Mais donc, genre, après qu'il soit mort, je me suis un peu perdu en essayant de devenir un type cool. Bien sûr, cool, je l'ai toujours été. Donc j'ai essayé de devenir un type bien à la place, et ça, c'était difficile pour moi. Non pas que je n'en aie pas les capacités, mais plutôt que je n'avais pas les couilles de l'être. De m'assumer en tant que quelqu'un avec de l'ambition. J'étais un jet-setteur, j'étais un modèle pour mon ex demi petit frère qui vivait avec moi et qui devenait assez bon dans un domaine où j'excellais. Lui comme moi connaissions du monde et bien plus de monde nous connaissaient, mais notre réputation s'arrêtait probablement aux frontières de notre région. J'étais bien nanti et trop effrayé par le monde extérieur que pour en sortir. Il n'existait sur cette terre qu'une seule personne vivante – à ma connaissance – qui pouvait me faire changer un minimum, me pousser à un peu mieux, en théorie. Souci ? Elle ne le savait pas, elle-même. Parce qu'elle me détestait en pensant que j'étais celui qui la haïssait, ce qui ne me convenait qu'à moitié évidemment. Et comme elle n'avait appuyé sur aucun bouton, moi non plus. Parce que le courage qu'il me fallait pour tout lui avouer était probablement aux abonnés absents, au contraire de l'envie qui me prenait de lui dire. J'étais donc tiraillé d'une guerre intérieure déclenchée par l'alcool et la période de l'année qui, mélangés, donnaient cette réaction. Comme quand le soleil et la lune s'alignaient et qu'on avait droit à une belle éclipse.

« Pourquoi c’est aussi compliqué ? Pourquoi tu n’es pas aussi simple à comprendre que cette image que tu donnes de toi au monde extérieur ? » J'ai esquissé un sourire. « Ben... ça serait un peu triste si c'était le cas, non ? » Mon problème était que je me rendais moi-même compte d'à quel point j'étais ridicule et que je persistais à l'être. Encore une fois, coincé dans mes limites et ma routine, bloqué par la peur de décevoir qui que ce soit, ne réalisant pas que je me décevais moi-même. « Ouais mais si campes tu vas le bloquer, plus personne pourra monter. C'est égoïste un peu. » Traduction : rentre. Ou ne rentre pas, mais rester indécise n'était définitivement pas la chose à faire. J'avais été indécis pendant trois ans, si Sully s'y mettait à son tour nous n'étions probablement pas sortis de l'auberge. Et elle était à l'intérieur. C'était étrange de la voir chez moi. Il y en avait eu tellement, des filles, ici. Et elle, c'était la première qui signifiait vraiment quelque chose, en pesant mes mots. Je l'ai laissée découvrir ma garçonnière pendant que je me dirigeai vers mon mini-frigo pour prendre un Mars® réfrigéré, le déballer et mordre dedans. Tous les événements m'avaient creusé l'estomac, et rien n'était mieux que du chocolat, de la graisse et du caramel pour me remplir un peu. J'entendais ses pas qui, très légèrement, découvraient où elle mettait finalement les pieds. C'était étrange de réaliser que, malgré qu'elle fut la personne à laquelle j'avais probablement le plus pensé avec Erwin dans cet appartement, elle n'y ait jamais mis les pieds. « Ouais, c'est chez moi. J'aurais bien aimé que ça soit temporaire et que je me trouve un truc plus... « Personnel » qu'une chambre d'hôtel, mais on s'y fait bien, en fait. » Je me suis retourné vers elle, prenant une deuxième grosse bouchée de mon Mars®. « T'en veux un ? » Je lui lançai un regard innocent et interrogateur. J'avais une pression énorme sur les épaules, c'est vrai, Sully était finalement chez moi, dans ma chambre d'hôtel, à deux pas de mon lit, dans « l'antre de la bête » comme j'aime à l'appeler... Et je lui proposai un Mars® pour faire mon désintéressé. C'était peut-être une bonne solution, ou bien non.

Elle avait vu la photo d'elle qui était dans ma chambre, notant bien évidemment le pli bien tracé qui la marquait. Je m'assis sur le lit à côté d'elle et pris le cadre, genre regard vide mais dents brunes à cause du chocolat que je n'avais pas encore terminé. C'était une sacrée cool photo, quand même. Je souris quand elle me dit pour le pli. C'était normal, après tout. Erwan était aussi important pour elle que pour moi, voir même plus étant donné qu'ils avaient ce truc de jumeaux que j'avais toujours jalousé chez elle. On ne se calculait pas l'un l'autre, et l'avoir sur cette photo l'avait gâchée pendant tout un temps. Mais je m'étais maintenant fait à l'idée qu'elle avait toujours été là, et que c'était sa place. Que sa place était auprès d'Erwan mais aussi auprès de moi, et que je ne devais pas me sentir gêné de la voir joncher ma table de nuit tous les matins – c'était même plutôt agréable. « Tu sais, c’est pas vrai ce que tu as dit tout à l’heure. Je ne te déteste pas. Je t’en veux simplement. Ok, je t’en veux beaucoup. Mais je ne te déteste pas, pas comme quand on était gosses en tout cas. » C'était la conversation que j'attendais depuis longtemps, celle où on jouait cartes sur table, où on se disait la vérité. Je l'avais compris car elle ne pouvait pas mentir sur ce sujet ; pourquoi le ferait-elle ? Elle ne me détestait pas. Je me sentais soulagé, genre, beaucoup. Ça ne pouvait être que positif, évidemment – sauf si je l'indifférais, ce qui m'étonnerait beaucoup étant donné que, j'aime le dire, elle était présentement assise sur mon lit. Quand on était gosse, je la détestais, c'était bien vrai. J'étais jaloux d'elle, en réalité, parce qu'elle était tout pour Erwan. J'étais le copain, elle était la soeur jumelle. Je n'aurai jamais pu rivaliser, et ce n'était pas la place que je souhaitais quand j'étais gosse. J'avais envie d'être le jumeau de mon meilleur ami, d'avoir un vrai frère, un frère de sang avec lequel j'aurai partagé un utérus pendant neuf mois. C'était à elle que cela revenait. « Et je ne pense plus que ça soit utile de te dire que je ne te déteste pas non plus. Du tout. » Je lui ai souri – par chance, j'avais nettoyé le chocolat qui tapissait l'intérieur de ma bouche avec ma langue pour la priver du sourire dégueulasse que je lui aurai fourni quelques secondes auparavant.

« Au fait, tu parlais de quoi quand tu disais que j’ignorais de quoi sont faites tes journées ? T’es agent secret en fait ? » J'ai rigolé, un peu. J'avais eu l'air si cool et mystérieux quand je lui avais dit ça, que j'avais un secret et tout, que je me sentais un peu ridicule, maintenant. Je ne savais surtout pas comment présenter ça. J'ai laissé mon buste se dérober sous le poids de ma tête et je me suis allongé, mains derrière le crâne, sur mon lit. « J'aimerais bien ! » Wade agent secret. Comme si j'avais les couilles pour ça. Non, c'était plutôt Wade l'étudiant en médecine qui utilise sa thune pour le cacher au public étant donné qu'il n'a même pas les roubignoles pour avouer ça. Et je disais quoi, maintenant ? Je lui avais dit que j'avais un truc à lui montrer, un truc à lui dire, et c'était ça. C'était pour ça qu'elle était dans ma chambre, par curiosité. J'aurais juste l'air d'un imbécile doublé d'un pervers si je faisais comme si de rien n'était. Mais quoi, alors ? « J'étudie la médecine en secret parce que je veux te sauver la vie même si c'est super compliqué » ? « Tu sais, c'est genre super facile d'être moi, pour le moment. Une interview qui tourne autour de rien du tout me rapporte de la thune, puis je la dépense en boisson, je me tape qui passe... Et les gens s'intéressent à moi. » Je perdais des points à lui expliquer comment je profitais de mon statut de façon malsaine. « Et si j'disais, dans la prochaine interview, un truc du genre « ça fait trois ans que j'fais médecine, par correspondance, et je veux faire de la recherche et trouver des remèdes à des maladies génétiques, genre, la mucoviscidose, par exemple. Et je suis plutôt bon pour le moment. Et je compte continuer, quitte à passer mon temps libre dans les bouquins et plus devant vos caméras ». Si j'disais ça... » Je me suis redressé sur les coudes pour capter son regard. « Ben qui ça intéresserait ? » ça n'intéresserait personne, voilà ce que je sous-entendais. Mon regard était tellement sincère qu'elle ne pouvait décemment pas croire que j'étais en train de lui mentir.
Revenir en haut Aller en bas
Invité
Invité



⊰ one more night Empty
MessageSujet: Re: ⊰ one more night ⊰ one more night EmptySam 29 Sep - 9:36

Mentir, ce n’est pas bien compliqué. Ça commence le jour où on accuse le chat pour le vase qu’on a fait tomber en jouant et, une fois qu’on a réalisé que ce n’était pas si difficile qu’on le pensait, on en profite. On ment naturellement souvent, pour se protéger soi-même ou pour protéger les autres de la vérité qui pourrait leur faire mal. Je mens à mes parents en leur disant que je mène une vie saine en dehors du sport, je mens aux médias en leur cachant la maladie dont je souffre. Et, tant que la personne en face n’a de preuve du contraire, elle ignore qu’on ment. Personne ne peut se vanter d’avoir toujours été honnête. Tout le monde a essayé au moins une fois pour voir ce que ça donne. Certains ont peut-être abandonné après avoir constaté qu’ils étaient nuls mais ils ont essayé. Je m’estime heureuse d’être douée pour les mensonges. De toute façon, avec l’expression adaptée sur le visage, on peut tout faire croire. Et puis il y a l’ennemi numéro un du mensonge. L’alcool. Quand on ne contrôle plus ce qui sort de notre bouche, comment limiter les dégâts ? On se contente de dire la vérité, qu’importent les conséquences. C’est pourquoi je fais attention en général, ne buvant que rarement en grandes quantités. Mais Wade, lui, ne fait jamais les choses à moitié. Et c’est la cause de tout ça ce soir. De tout ce bordel.

« Ben... ça serait un peu triste si c'était le cas, non ? »
C’est sûrement vrai. Personne ne peut être que superficiel. En général, ce n’est qu’une façade. Wade, le fêtard, le dragueur. Peu de gens connaissent le Wade meilleur ami de mon frère, le Wade qui aurait tout fait pour lui. Mais ça, c’est parce qu’il le cache bien. Il ne faudrait pas gâcher son image. Sauf que devant moi, il n’a aucun problème à dire la vérité, à se montrer autrement qu’avec les autres. Parce que je l’ai connu avant qu’il devienne ainsi. Parce qu’on a partagé des choses et qu’on partagera toujours la même douleur. Parfois, je suis jalouse d’avoir partagé mon frère avec lui. Mais il avait son meilleur ami, il le méritait. Mon frère l’aimait, voilà tout. « C’est pas plutôt d’être comme ça qui est triste ? Tu n’es jamais vraiment toi-même. » Sauf ce soir. Il avait fallu que ça tombe sur moi. Il ne doit jamais dire des choses pareilles aux autres femmes. Ou bien c’est juste du baratin pour les séduire. Pour moi, il sait sûrement que ça ne suffit pas. A moins qu’il soit vraiment stupide. Et finalement, j’entre dans sa chambre d’hôtel, un peu forcée. Et à quoi bon fuir ? Il l’a fait il y a trois ans, regardez où ça nous a mené. Surtout que je ne peux pas fuir, à moins de m’échapper par les toits et ce serait sûrement du suicide. Alors je me jette dans la gueule du loup et j’entre dans cette chambre d’hôtel dans laquelle vit Wade. Mais on ne dirait pas une chambre d’hôtel, on pourrait croire à un appartement. Il y vit depuis longtemps, c’est normal. Pourtant, il a assez d’argent pour se payer un appartement de luxe. Tout comme je l’ai fait il y a peu de temps. Mais peut-être qu’il préfère simplement vivre ici. Comment pourrais-je le comprendre de toute façon ? On est semblables sur certains côtés mais bien trop différents sur d’autres. « Ouais, c'est chez moi. J'aurais bien aimé que ça soit temporaire et que je me trouve un truc plus... « Personnel » qu'une chambre d'hôtel, mais on s'y fait bien, en fait. » A partir de quand peut-on considérer qu’un endroit est notre maison ? Personne ne le sait. Ça dépend des gens, des endroits. Moi, j’ai toujours du mal à me sentir chez moi autre part que chez mes parents, même si j’évite leur maison assez souvent. C’est sûrement parce que mon appartement n’a jamais connu Erwan. Mais c’est aussi à cause des souvenirs que j’évite la maison familiale. Peut-être que je devrais vivre dans la rue, ça serait plus simple. Ou bien je devrais prendre une chambre d’hôtel, comme Wade. « Au moins, tu n’as pas à faire le ménage. » J’ignore pourquoi je suis gênée. Sûrement parce que cette situation est inédite. Et comme on semble tous les deux éviter de parler de ce qui s’est passé en bas, il faut bien parler d’autre chose. Le temps d’y réfléchir, de mettre tout ça au clair. « T'en veux un ? » Il me montre le mars qu’il est en train de manger et je souris en me disant qu’il fait pareil que moi. Il évite la question principale. « Je veux bien oui. » Je n’ai encore rien mangé ce soir, je n’ai fait que boire. Alors une barre glacée ne peut pas me faire de mal.

Après avoir remarqué la photo d’Erwan, Wade et moi sur sa table de nuit, je décide d’enfin parler sérieusement. L’état de Wade a l’air de s’être un peu arrangé mais pas encore assez pour qu’il refuse d’en parler. Les conversations sérieuses, ça n’a jamais été mon truc. Surtout que la plupart de celles que j’ai sont au sujet de ma maladie. Parlons donc sentiments, ça me changera. Surtout qu’on ne me demande jamais vraiment ce que je ressens. On me demande juste ‘pourquoi’. Alors pour une fois, je décide de parler réellement. Même si Wade n’a rien demandé. Nous sommes prisonniers de sa chambre alors autant y passer. C’est pas comme si on allait juste s’endormir et ignorer tout ça demain matin – même si l’idée est assez tentante. « Et je ne pense plus que ça soit utile de te dire que je ne te déteste pas non plus. Du tout. » En effet, les événements de la soirée le prouvent. Dire que j’avais naïvement pensé qu’il m’avait oublié, que je n’avais jamais rien signifié pour lui. Quelque chose ce soir, me pousse à croire qu’il est sincère pour une fois. Que c’est sûrement une des premières fois qu’il l’est avec moi. « Comment est-ce qu’on a pu autant changer ? C’est dingue, on n’est vraiment plus les mêmes qu’il y a cinq ans. Ou dix ans. » Peut-être est-ce le temps, le deuil ou juste une évolution normale. Ma question n’appelle pas de réponse particulière, je doute que Wade la connaisse de toute façon. Personne ne sait jamais comment il est devenu ce qu’il est aujourd’hui. On le devient, c’est tout. On ne peut que constater après. Et la Sully qui était au lycée a totalement disparue. Tout comme le Wade de l’époque. Wade et Sully, version 3.0. Après deux versions qui ont ratées.

Et je lui demande de quoi il parlait tout à l’heure, curieuse de savoir ce secret. A moins qu’il veuille vraiment que ça reste secret mais j’en doute, il ne m’en aurait pas parlé sinon. Couchés côte à côte sur le lit, je ne trouve pas la situation étrange. Ne pas le regarder, c’est plus facile pour lui parler en fait. J’ai plus de courage. Les yeux rivés au plafond, je me sens bien. « J'aimerais bien ! » dit-il à propos d’être un agent secret. C’est le rêve de beaucoup de jeunes garçons. Après avoir regardé James Bond, ils rêvent tous de faire comme lui. Mais que Wade soit un agent secret, ce serait une surprise encore plus grosse que le baiser de tout à l’heure. Le playboy de la ville qui s’avère travailler pour la nation et sauver le monde. Mais ce n’est qu’un fantasme. « Tu sais, c'est genre super facile d'être moi, pour le moment. Une interview qui tourne autour de rien du tout me rapporte de la thune, puis je la dépense en boisson, je me tape qui passe... Et les gens s'intéressent à moi. » Il n’a aucune honte à décrire sa vie ainsi, c’est fou. C’est vrai que ça semble simple, ainsi décrit. Et il parle toujours de ces filles qui passent dans son lit. Filles que je déteste d’office, bien entendu. Même si être à leur place reviendrait à supprimer tout mon amour propre. Si je n’ai encore jamais couché avec Wade, ça me rend sûrement spéciale à ses yeux. Mais c’est aussi sûrement stupide de penser ça. S’il l’avait voulu, j’aurais sûrement couché avec lui sans problème il y a trois ans. Alors peut-être que je ne suis pas comme les autres, peut-être qu’il ne me considère pas comme ça. Même s’il vient de m’embrasser en public. Je ne sais plus que penser et ça m’énerve. « Et si j'disais, dans la prochaine interview, un truc du genre « ça fait trois ans que j'fais médecine, par correspondance, et je veux faire de la recherche et trouver des remèdes à des maladies génétiques, genre, la mucoviscidose, par exemple. Et je suis plutôt bon pour le moment. Et je compte continuer, quitte à passer mon temps libre dans les bouquins et plus devant vos caméras ». Si j'disais ça... » Je tourne la tête vers lui, surprise de ce qu’il vient de raconter. Il regarde toujours le plafond, comme si c’était normal de dire tout ça pour lui. J’ai du mal à comprendre. « Ben qui ça intéresserait ? » Il se dévalorise, c’est fou. Il veut être ce mec superficiel que les gens aiment regarder. Il ne veut pas être différent. Mais il l’est, il vient de me l’avouer. Et il sous-entend aussi qu’il fait ça pour moi. Parce que la mucoviscidose, c’est la maladie dont je souffre. Et à l’entendre parler de ça, je sais qu’il est sérieux. Même pour lui qui ne prend pas la vie au sérieux, ce n’est pas un sujet sur lequel il peut plaisanter. Parce que cette maladie nous bouffe la vie. Autant à lui qu’à moi malgré qu’il n’en souffre pas. Chaque personne qui a un proche atteint est touchée, c’est comme ça. Et on se met à détester cette maladie, plus que toutes les autres. Même si ça ne changera rien. « Tu… tu étudies la médecine ? » Je suppose que j’ai besoin de le dire pour réaliser. C’est tellement différent de l’image qu’il laisse paraître. J’ai même du mal à l’imaginer étudier tout court. Je n’ai pas envie de lui dire que je n’ai pas grand espoir que quelqu’un trouve le remède à ma maladie. Et c’est l’intention qui compte après tout. Mais je ne sais pas quoi dire après une telle révélation. J’aurais sûrement eu plus de répondant s’il avait été agent secret tout compte fait. « Moi, ça m’intéresse. Mais pourquoi tu fais ça ? Erwan est mort, ça ne sert plus à rien. » C’était lui qu’il fallait sauver, pas moi. Maintenant qu’il n’est plus là, je me suis faite à l’idée de partir aussi. Tout le monde part un jour de toute façon. « Un jour, tu devras bien l’annoncer que tu es médecin. A moins que tu veuille pratiquer par correspondance aussi. Mais par contre, si tu dois m’opérer un jour, je t’interdis de me mater. » J’essaye tant bien que mal de détendre cette atmosphère trop sérieuse alors que c’est moi qui ai amené le sujet sur le tapis. Mais c’est trop pour moi. J’ai l’impression que les rôles sont inversés maintenant. Que c’est lui qui fait plein d’efforts et que je ne fais rien. Et je m’en veux aussi de gâcher ma santé en faisant le sport alors qu’il veut me sauver la vie. « T’es un vrai super-héros en fait, tu veux sauver les gens tout en gardant ton anonymat. No offense mais je ne l’aurais jamais imaginé. Pour un peu, on pourrait te donner une médaille, toi qui fais tout pour détruire la maladie qui t’a fait perdre ton meilleur ami. » Je n’ose pas dire qu’il le fait pour moi, ça me paraît trop égoïste. Et c’est vrai que c’est la maladie qui a tué Erwan après tout. « A quoi bon ? » Les mots sont sortis tous seuls de ma bouche et je les regrette aussitôt. Je ne veux pas lui montrer que je n’ai plus aucun espoir. Que j’attends juste la mort sans rien faire pour l’empêcher de venir me chercher. Pour aller rejoindre mon frère. Mais vivre n’est pas si déplaisant non plus. De toute façon, je ne sais pas quand les symptômes me toucheront alors que faire d’autre qu’attendre ? Mais Wade espère, lui. Alors que ça devrait sûrement être le contraire.
Revenir en haut Aller en bas
Contenu sponsorisé



⊰ one more night Empty
MessageSujet: Re: ⊰ one more night ⊰ one more night Empty

Revenir en haut Aller en bas

⊰ one more night

Voir le sujet précédent Voir le sujet suivant Revenir en haut
Page 1 sur 1

Sujets similaires

-
» Skyla ♦ In the night, the stormy night, away she fly. (délai 15/02)
» LEOCADIE ► every night has its dawn, but sometimes the night seems endless
» My name is Night ; Ashley Elyza Night. [UC]
» ❝ in the night the stormy night away she’d fly ❞
» Jules ✖ day turns to night, night turns to whatever we want

Permission de ce forum:Vous ne pouvez pas répondre aux sujets dans ce forum
THE SIMS™ play with life. :: 404 ERREUR :: DEMOLIR LE TERRAIN :: Corbeille PWL 2.0 :: Cimetière rpgique-