❝ Aujourd'hui on va réveiller les esprits ! ❞

« oui oui, "on" ! quoi ? comment ça tu veux pas ? mais si, tu vas adorer ! non ? raaah, j'aurais du ramener ma pelle... »© Loon

Pour la plupart, l'ennui est un fléau, une peine dans le cul. Pour d'autres ce n'est qu'une émotion passagère. Et pour Ashley, c'est une source d'inspiration et de motivation, et même une arme destructrice vu l'étendue de sa folie. Ashley haïssait tellement l'ennui qu'il était prêt à tout et n'importe quoi (surtout n'importe quoi) pour s'en débarrasser, et ce n'importe quoi était les idées engendrées (vomies, plutôt, vu leur état) par sa folie, qui ne connaissait aucune limite. Ashley était un sociopathe, un psychopathe même, et il n'en n'avait que faire des règles de la société, de la bienséance et de la conventionnalité. Et donc, si son cerveau génial lui disait de courir dans la rue en slip, tâché de sang, en chantant à la gloire de Satan -en qui il ne croyait pas mais c'est juste pour emmerder les gens, et bien il le ferait. Et tant pis s'il finissait en prison à cause de ça, car il considérait cela comme une ruse ; on le prenait pour une personne dérangée et non pas dangereuse, ce qui lui offrait plus de tranquilité et de discrétion pour la concoction de ses plans machiavéliques.

Passé ce récit philosophique sur la mentalité burlesque d'Ashley, ses actions sont encore plus surprenantes, et aujourd'hui son absence totale de bon sens l'avait poussé à... Faire du ouija dans un cimetière. Ashley était loin d'être superstitieux, il ne croyait pas en le paranormal, mais il s'ennuyait vraiment. Et si cela lui permettrait de se faire une armée de fantômes qui l'aiderait à dominer le monde, et bien tant mieux ! Notre Taühmatt s'était au début déçu lui-même d'avoir recours au spirituel et tralala, mais il était à présent aussi excité qu'un bébé mouillé qui avait les dents coincées dans une prise, et c'était tout frétillant qu'il tripotait sa planche de ouija nouvellement acquise. Il faut dire qu'il avait lu et entendu des choses et phénomènes très intéressant au sujet de ce jeu, et les expériences partagées de personnes pourtant non liées lui donnaient très envie d'essayer lui-même.Ashley avait passé l'après-midi à préparer soigneusement le matériel nécessaire, sous les yeux incompréhensifs et confus de sa chère femme. Même si les règles du jeu voulaient qu'au moins deux personnes y participent, Ashley le ferait tout seul car 1° "j'aime pas les gens", 2° "les gens ça fait chier" et 3° fuck la police d'abord. Le papa diabolique aurait volontiers impliqué son fiston chéri dans l'opération mais sa femme l'aurait sûrement sodomisé avec un rouleau de pâtisserie en apprenant la nouvelle.

C'est donc tout seul qu'une fois la nuit tombée, Ashley se dirigea vers le cimetière avec son sac à dos sur l'épaule et sa boîte de ouija sous le bras. Planche, curseur, bougies, sel, briquet, tout était là. Manquait plus que les esprits.Le hongrois taré s'accroupit sur le sol humide du cimetière, entre deux tombes désordonnées, à moitié détruites. Il avait choisi de s'installer dans le coin des morts des années 1900, qui étaient tellement moisis qu'aucun con ne serait soudainement pris d'une crise de nostalgie et emmerderait Ashley qui serait concentré sur sa cérémonie. Son large cercle de sel tracé, il se claqua intérieurement de gaspiller du si bon sel pour des futilités pareilles et s'installa au milieu. Les bougies étaient allumées, il ne lui restait plus qu'à déballer la planche.

Il ne le fit pas.
C'est pas pour dire, mais Ash ressentait un mélange de peur et de montée d'adrénaline. Il voulait le faire mais il était seul, contrairement aux règles du jeu. Il flippa donc intérieurement, sans se l'avouer car il était trop fier, puis il se lança dans un long et profond débat avec lui-même jusqu'à ce qu'un bruit de craquement le sorte de ses pensées et le fasse hurler « Sa mère la ventouse gwaaah! ». Il se retourna vivement, prêt à étrangler son potentiel agresseur, mais il ne vit qu'une silhouette plus humaine qu'autre chose et visiblement aussi effrayée ("ta gueule j'ai pas peur!") que lui. Ah, bien, un con venu troubler sa tranquilité, c'était exactement ce dont il avait besoin! Ni une, ni deux, Ashley reprend ses esprits et saute sur le jeune garçon.

« Salut salut! Tu tombes bien, j'avais besoin d'un cobaye -euh un partenaire pour ma séance de ouija, c'est très fun tu vas voir, au pire tu vas juste mourir haha ! »

Sans même attendre sa réaction (comme s'il en avait quelque chose à foutre) Ashley l'attrapa par le poignet et l'attira vers son coin de rituel tout en faisant bien attention à ne pas détruire son cercle de sel, avant de s'asseoir et de lui faire signe de s'installer juste en face de lui. Ashley savait bien que le jeune homme refuserait sûrement de prendre part aux jeux tordus d'un inconnu tatoué, mais de toute façon il n'avait pas le choix. C'était soit il jouait, soit il passerait le reste de la nuit (et de sa vie) à se serrer avec un cadavre dans son cercueil. Ashley n'avait pas apporté sa pelle, mais avec l'expérience, il avait appris à faire sans.