 |  Sujet: ∆ my mother had me tested. Lun 15 Oct - 23:53 | |
|  Consulter un psychologue, voilà quelques années que cette idée me rebute. Il faut avouer que le seul psy que j'ai dû un jour consulter n'était autre qu'un pervers qui souhaitait faire de mon cas une expérience de laboratoire. Alors forcément, retourner dans un cabinet de psychologie m'effraie, Pépie l'est autant que moi en réalité. Nos deux paniques mélangées n'arrange pas vraiment la situation, je suis tellement nerveuse que debout sur le trottoir faisant face aux bureaux, je me retrouve comme paralysée. Incapable de savoir ce que je dois faire. « On est obligée ? » me demande Pépie, mais impossible pour moi de répondre une réponse correcte. D'un coup je ne suis plus vraiment sûre de rien. Et si on retombait sur le psychologue que j'avais vu quelques années auparavant ? Que se passerait-il ? Je suppose qu'il ne m'a oublié. Difficile d'oublier une fille qui a une double personnalité qui se manifeste parfois à ma propre place. « On est vraiment obligée d'y aller Juno ? » Pépie s'impatiente et sa nervosité me gagne. J'arrive pratiquement à douter de ce que je m'apprête à faire. Il y a douze ans je faisais tout pour me débarrasser de cette petite voix agaçante au fond de ma tête, et voilà qu'aujourd'hui je vais consulter un psy pour que la cohabitation se passe au mieux. C'est un peu étrange quand on y pense, accepter que l'on soit définitivement deux dans le même corps. Devoir le partager à tour de rôle sans jamais savoir qui aura les commandes en se réveillant le matin. « C'est comme le casino, on ne sait pas qui gagnera la manche. » Je souris, malgré que je sois assez perturbée par la situation. L'idée a beau plaire à Pépie, ce n'est pas vraiment mon cas. J'ai encore du mal à admettre que ça va être officiel, qu'au lieu de repousser la petite voix au fond de ma tête je vais apprendre à m'en faire une alliée. Accepter ma folie, c'est vraiment la dernière chose que j'avais prévu aujourd'hui. « On aurait peut-être dû prévenir Pink, non ? » Étonnée qu'elle cite Pink et non Danaé, je réalise tout de même que Pépie n'a pas tout à fait tord. Venir seule n'était peut-être pas une si bonne idée. Mais maintenant il est un peu trop tard pour faire demi tour, alors je finis par traverser la rue déserte et entre dans le cabinet de psychologie. La secrétaire m'adresse un sourire amicale et chaleureux lorsque je croise son regard. Je m'approche de son bureau et passe une main sur ma nuque, gênée de me trouver ici. Pépie se trouve dans le même état que moi, j'essaie de me persuader qu'au moins on se soutient dans cette épreuve. Il me faut plusieurs minutes avant de réaliser que la secrétaire attends que je me présente. Seulement je bafouille une première fois avant de me reprendre, plus calmement. « Juno Stark, je viens pour le rendez-vous de 9H30. » Mais je n'ai même pas le temps de m'assoir sur un siège que la psychologue débarque. Difficile de ne pas la remarquer avec sa blouse blanche et son sourire parfait. C'est supposé rassurer les patients je crois, mais avec moi ça ne marche pas, au contraire, je panique encore plus. « Dis-lui bonjour. » Soudainement je réalise que je suis debout au milieu de la salle d'attente, le regard dans le vide et que je ne fais absolument rien. Cela m'arrive souvent lorsque je discute avec Pépie, j'ai tendance à ne pas réussir à suivre deux conversations en même temps. « Bonjour docteur. » Ma voix se fait plus sûre cette fois-ci, et je serre la main de la psychologue avec gentillesse en guise de bonjour. Elle m'indique de la suivre et lorsque nous rentrons dans son bureau, la panique me gagne de nouveau. C'est pire que cela en réalité, j'ai les mains moites, je tremble et mon cœur qui s'emballe. Je déteste cet endroit. J'ignore si la jeune femme a constaté mon malaise, mais j'aime espérer que non. « Elle a l'air gentille. » Pépie essaie de me rassurer, mais ça ne fonctionne pas. Gentiment la psychologue m'indique un fauteuil sur lequel m'assoir. Je suis tellement nerveuse que je ne me fais pas prier. Je m'y installe et fixe la jeune femme. Mais je reste dans mon mutisme car je ne me sens pas capable de prendre la parole. Et puis de toute façon, c'est à elle de poser des questions, pas à moi. |
|
