-------------------T'es sur le point de craquer, de te laisser enivrer par la folie et l'hystérie. Dans ton crâne, tout se bouscule, les choses se frappent l'une contre l'autre et peu à peu, tu le sens sur le point d'exploser. Peut-être qu'au final, t'aurais dû les gober ces fichus comprimés pour maux de tête et peut-être qu'ainsi, tu ne te serais pas retrouver abîmée dans le fond des chiottes à te plaindre de tout et de rien. L'eau coule délicatement contre tes mains et d'un geste las, tu envoies cette dernière valser contre ton visage, avec toute espérance qu'ainsi, tu iras beaucoup mieux, que tu pourras même filer au bar et flirter avec quelques bombes. Peut-être même un homme ou deux, question de se marrer. C'est ridicule, tu es ridicule. T'es pas débile, tu sais pertinemment que ton attention va très vite se porter au fond du bar, à la recherche - et l'espoir - d'entrevoir cette conne de Singh. Conne. Tu souries. Tu ne fais que dire la même chose depuis quelques semaines et pourtant, tu ne le penses aucunement. Tu restes là, à la traiter de conne alors que c'est faux, elle est tout sauf ça. Malheureusement. La musique traverses les murs de carton (ou du moins, tu as l'impression que c'est le matériaux qui les constitue. peu importe) et vient rageusement frapper contre tes tempes, t'arrachant des gémissements de douleur chaque fois que Rihanna (si tu ne trompes pas) hurle ces putains de conneries. Tu la détestes. Non, pire, tu détestes tout le monde. Oui, voilà. Ils te donnent tous envie de te tirer une balle à la tête, de te fracasser le crâne contre les murs, de t'enterrer vivante ou même de t'attacher la corde au cou, quelque part dans une ruelle. Ça pourrait être marrant remarque. La tête des gens lorsqu'ils retrouveraient ton corps innamé, pendu au bout d'une corde dans l'un des coins les plus malfrats de MontSimpla. Tu souris. Il faut dire, quand on dit coin malfrat dans cette ville à la con, faut pas s'attendre aux gang de rues et tout. Loin de là. On passe plus par petite ruelle sombre où traînent des gamins en manque d'Adrénaline, rien de plus. C'est drôle, si bien que ça t'arrache même un sourire, le premier de la journée. Ce n'est pas rien. Tu traînes ici chaque soir, chaque jour de ta piètre existence et pourtant, tu n'as jamais entendu - où peut-être étais-tu trop déchirée - de musique réelle, autre que ces stupides divas à la con qui se prennent pour des reines. Des reines de quoi ? Un soupire. Lassée d'être seule, tu finis par prendre la porte, direction le bar. T'es pas stupide, tu sais très bien qu'elle ne seras pas là et pourtant, tu diriges presque automatiquement ton regard vers sa place habituelle. C'est vide, bien entendu. Malgré ton mal de tête, une envie soudaine de faire la fête s'empare de toi. T'es d'humeur sociable d'un seul coup, ce qui n'est au moins pas rare. Oh certes, tu es une véritable garce, une fille sans réelle attaches et c'est parfait ainsi. Mais on peut au moins te donner la sociabilité comme qualité, sans même que ce soit hypocrite. Ce qui est bien. Supposons. De cette même démarche féline que tu prends chaque fois, tu te diriges vers le bar, prête à sauter sur le ou la première venue. Si elle a des nibards, vous passerez probablement la nuit ensemble, s'il ressemble à James Dean, tu profiteras sans doute de la soirée à ses cotés avant de subtilement t'éclipser, après l'avoir pleinement allumé. Comme à l'habitude, cette option risque d'être plutôt amusante. Tu prends place au bar, ne prenant pas la peine de regarder qui peut bien se trouver à tes cotés. Avant tout, Tequila.

Toujours cette musique chiante qui, a chaque fois, menace de te faire sauter un plomb. Tu voudrais bien rester de marbre et faire comme si de rien était, mais c'est plus fort que toi, cette voix criarde et ces paroles dénudés de sens te donnent envie de vomir, tout simplement. D'un geste las, tu attrapes ton verre avant de venir le poser contre tes lèvres, avalant d'un trait le chaud liquide qui se trouve à l'intérieur. Elle te coule au travers la gorge et te causes même une petite grimace. T'as beau être une habituée, c'est toujours la même réaction. Tu aurais très bien pu prendre le sel et le citron, mais pas ce soir. Non, t'as envie de te la jouer dur, de prendre les grands moyens. Malgré ta haine pour ce genre, ta tête finit par suivre le mouvement de la musique et tes doigts se mettent d'eux-même à clapoter contre le comptoir. Balayant la salle d'un regard, tu ne peux t'empêcher de soupirer. Personne d'intriguant, pas la moindre trace de quelqu'un qui pourrait te motiver à te bouger de là. Et voilà le mal de tête qui revient de plus bel. Boire, ce n'était peut-être pas une si bonne idée, mais en même temps, après quelques bouteilles, tu ne ressentiras probablement plus rien, aussi bien continuer donc. Tant perdue dans tes pensés, tu ne remarques pas tout de suite la jolie blonde qui vient se planter devant-toi. Ce n'est que lorsqu'elle t'adresse la parole que ton regard dévie vers-elle. Étrangement, sa tête ne t'es pas inconnue non-plus. Tu es même certaine de l'avoir croisé plus d'une fois, aujourd'hui même. Un vague sourire vient se poser sur tes lèvres et tu te contentes de hausser légèrement les épaules. « Je crois que oui, même si .. j'ignore de où. » Elle est belle, mais clairement sur une autre planète. Elle semble perdue, à moitié coma et tu ressens même une pointe de pitié. Son début de soirée n'a pas du être bien rose. Puis, lumière. Ça te reviens maintenant, tu sais d'où tu l'as vu celle-là. Quelques plus heures tôt, elle t'avait acheté du weed. Une bonne quantité même. « Ça me revient en fait. » Tu passes brièvement une main dans tes cheveux et enchaîne. « T'es venu m'acheter quelque chose tout à l'heure, pas vrai ? » À lui voir la gueule, soit elle a sur-consommer, soit elle n'a pas fait que fumer. Cependant, tu t'abstiens d'en faire commentaire, ça ne te regarde pas et puis toute manière, qui es-tu pour jugé quand chaque matins, tu réveilles dans un état comateux et avec un paquet de trou de mémoire. Vous devez êtes sur la même longueur d'onde à ce niveau, ou pas loin. Face à toi, la jolie semble sur le point de tomber. Elle t'inquiète de plus en plus et, quoi que restant sur tes gardes, tu poses ta main sur son avant-bras, les sourcils relevés. « Ça va pas ? » À la voir, elle ne doit probablement même pas savoir où elle se trouve, limite.