Il existait deux manières de tirer un bilan. L'optimiste et la pessimiste. On ne jugeait la vie que sur deux critères : ses conséquences dans le futur et ce que tout apporterait, ce qui était plutôt optimisme, mais aussi les actes en eux-mêmes, les erreurs du passé. Tout n'était qu'une question de regard sur soi-même. Se tourner vers la suite ou se pencher vers l'antérieur. Parfois, les deux manières pouvaient se regrouper, menant à essayer de comprendre ce que serait l'avenir en fonction des actes du passé. Cette neutralité correspondait parfaitement à Colleen. Son je-m'en-foutisme ambiant faisait qu'elle ne pouvait pas focaliser sa vision sur un seul point. Elle avait aimé. Elle le reconnaissait désormais, mais elle avancerait. Sans refaire la même erreur par contre. Son départ loin de la ville lui avait fait du bien. Elle avait beau se retrouver à nouveau à Montsimpa mais sans job, ce départ l'avait aidé à retrouver sa définition de l'existence qu'elle avait égaré entre deux envies de changer. Devenir gnan-gnan, non mais sérieusement, on parle de Colleen ! Avec conviction, elle avait fini par réussir son challenge et revenait plus forte que jamais. Il faut dire qu'elle n'avait encore revu ni Chuck ni Eliott. Bon, certes. Mais quand même. Le sourire aux lèvres, le mépris ouvert à tous, Colleen était redevenue la charmante, euh faute de frappe, il s'agissait de chiante en fait, jeune femme que tout le monde avait déjà aperçu, même sans s'en rendre compte. Au petit matin sortant de la maison du voisin, au bar en train de servir aux gens, bien que ce n'était plus possible actuellement, ou tellement d'autres situations plus cocasses les unes que les autres. Une cigarette au bec, elle se dirigeait ce jour-là vers un magasin de fringues. Eh oui, s'il y avait bien un domaine où elle allait rester elle-même, c'était bien la mode. Elle entra dans le magasin où elle avait souvent été avant son départ. Le sourire du vendeur semblait lui dire "Oh chouette que tu sois revenue, tu vas bien ?", mais fut surtout trop gentil pour Colleen qui voulait seulement s'acheter des fringues rapidement pour retourner fumer une clope dehors. Le tour des rayons se fit cependant avec tranquillité et décontraction. Il ne fallait jamais aller trop vite, THE article pouvait passer à la trappe sinon. Les essayages furent de rigueur. Elle rentra dans la dernière cabine qui était libre et entendit derrière elle un "HEY !". Etait-ce quelqu'un qui râlait de se faire piquer la dernière cabine ou une vieille connaissance qui la reconnaissait ? Quoi que, elle était aussi capable de tomber sur une folle qui s'était trompé de personnes et qui voudrait insister... Personne ne pouvait prédire, alors elle tourna rapidement la tête, histoire d'apercevoir la personne, tout en fermant le rideau, faisant bien comprendre qu'elle voulait éviter le dialogue.

Les chemins nous menaient souvent à un point qui nous auraient été des mois si ce n'est des années en arrière. Aurions-nous été là si nous avions eu le choix ? Aurions-nous fait ce bout de chemin-là si nous avions pu prendre la route à côté ? Colleen n'aurait jamais pensé en arriver à fuir la ville. Jamais. Ni même en être à retrouver doucement ses marques dans ce qui avait été si longtemps sa maison, son habitude et sa vie. Elle se sentait presque étrangère à tout ça et haïssait presque plus que jamais tous les gens qui ne savaient pas marcher sur le chemin qu'elle imposait. Comme tout le monde, elle pouvait devenir bestiale dans ce genre de situations. Le shopping était l'exemple type. Malgré l'apparence de cette activité comme étant uniquement possible par l'Homme, elle était celle qui rendait ce dernier des plus bestiaux par moment. Cherchez l'erreur. Enfin bon, passons. Colleen n'avait jamais connu le mot pitié, et elle n'en ferait certainement pas preuve. Quand il s'agissait de prendre une cabine avant quelqu'un d'autre, elle ne se gênait particulièrement pas. Ce fut d'ailleurs le cas ce jour-là, passant devant une jeune femme qui marmonna avec colère quelques mots qu'elle ne put qu'à peine entendre à travers le rideau. Elle n'y fit pas attention, pas le moins du monde. Ce n'était pas demain la veille qu'elle se préoccuperait du fait d'avoir dérangé quelqu'un. Elle était revenue à Montsimpa, ce n'était pas pour y devenir un ange après tout. Elle aimait rire des autres, leur marcher sur les pieds, même si elle ne le faisait jamais complètement gratuitement. Quand elle était de bonne humeur, elle restait aisément à sa place. Enfin pratiquement. Alors qu'elle sortait de la cabine, elle marcha doucement pour sortir de cette zone et remarqua un sac à main. Sa mémoire visuelle lui permit de rapidement l'identifier comme étant celui de la jeune femme qu'elle avait dépassé. Moqueuse face à cet oubli important, elle ne pouvait qu'avoir un regard machiavélique envers cette femme qui partait apeurée à la recherche de l'objet. L'envie de lui faire regretter d'avoir fait un acte si bête. Elle l'interpella d'un "Hey" assez neutre qui fit que la femme se tourna vers elle. A ce moment précis, Colleen tendait le sac posé dans la cabine une minute avant et s'approcha de cette dernière avec un air mesquin très prononcé "- Alors comme ça on oublie son sac à main dans n'importe quelle cabine... heureusement que c'était moi... enfin, vérifie quand même, sait-on jamais... Je n'ai jamais su m'empêcher d'être curieuse... mademoiselle Romanov." Faire peur juste en regardant un nom sur une carte d'identité histoire de faire croire qu'on a commis un vol ? CHECK. Elle venait de le faire, et elle savait que la réaction de la jeune femme qui semblait plutôt timide n'allait pas tarder. Comme quoi le shopping apporte vraiment plus de moments de détente qu'on ne le croit... Elle lâcha le sac aux pieds de cette femme qui ne s'attendait sûrement pas à atterrir sur une blonde explosive comme l'était Colleen.


HJ : pardon pour la médiocrité et le retard ♥