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beaumarchais ◊ notre étoile a le goût du souffre mais elle éclaire comme un millier.

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MessageSujet: beaumarchais ◊ notre étoile a le goût du souffre mais elle éclaire comme un millier. beaumarchais ◊ notre étoile a le goût du souffre mais elle éclaire comme un millier. EmptyVen 18 Jan - 16:00

beaumarchais ◊ notre étoile a le goût du souffre mais elle éclaire comme un millier. 750862lsv01
What is the price, am I supposed to pay ? For all the things I try to hide ? What is my fate, am I supposed to pray ? That trouble's gone with the sunlight ?


Je suis en bout de table. Parce que c'est la place du chef. Et parce que c'est moi, le chef. Enfin c'est plutôt pdg qu'on m'appelle. Président directeur général. Ça fait un peu exagéré comme titre, rien que pour moi. Le seul titre qui me va à moi, et qui me plait, est celui de danseur étoile. Celui que la maladie m'a arraché. J'écoute mes conseillers me parler de la construction du nouvel hôtel Beaumarchais que nous prévoyons à Dubaï. Je suis pensif, mélancolique. J'ai le regard absent, mais ils s'en fichent. Ils débattent entre eux. Même si c'est à moi que reviendra la décision finale. "Très bien, ça suffit. Arrêtons." Je mets fin à leur débat, parce qu'ils commencent à me sortir par les yeux, eux tous, avec leurs costumes trop bien repassés. Je me lève, et marche jusqu'à la fenêtre, tout en passant une main dans mes cheveux. Il fait beau aujourd'hui. Jour de mon anniversaire. Mes conseillers m'ont tous ramené quelque chose. Chocolats, livres, bons d'achat dans des magasins de luxe. Mais mon cadeau préféré est le Château Margaux de 1982 que l'un d'eux m'a offert. Comment s'appelle-t'il déjà ? Je me retourne vers eux, et lis son nom, inscrit sur le badge qu'il porte. "Faisons ce que monsieur De La Bruyère a proposé. Je vous laisse en discuter. Je serai dans mon bureau si besoin est." Je ne sais même pas ce qu'il a proposé. Je sais juste qu'il a d'excellents goûts en matière de vin français. Alors j'imagine qu'il doit avoir de bonnes idées ce monsieur. Je quitte la salle de réunion, et m'enferme dans mon bureau. Il y a une photo de Louise et moi cachée derrière toute cette paperasse. Une photo datant d'une époque où nous étions heureux, et fous amoureux. Une époque qui me semble fictive. Je sais bien que Louise ne m'aime plus comme avant. Je sais bien qu'elle partira, bientôt. Parce que si la maladie ne m'a pas encore emporté, moi je suis déjà mort.

Je quitte enfin le bâtiment, heureux de me débarrasser d'eux. J'ai qu'une hâte, rentrer chez moi, et boire un bon verre de rouge. Avant de me remettre au travail, bien sûr. Je suis surchargé. D'un bras, je porte les cadeaux que l'on m'a offert, et de l'autre je porte la paperasse dont je dois me charger. Et pour couronner le tout, plusieurs paparazzis m'attendent à la sortie. Ils me crient un joyeux anniversaire alors que je marche jusqu'à ma voiture, et me mitraillent avec leurs appareils photos. Je souris à peine, essayant de faire bonne figure. Et lorsque j'ai enfin grimpé dans ma voiture, j'appuie sur l'accélérateur, et je me tire d'ici. Parce que je ne suis pas à ma place. Devant cette entreprise qui me transforme en lui. Ce père que je n'ai jamais aimé. Et qui ne m'a jamais aimé en retour. Puis j'arrive enfin à Montsimpa. L'ambiance est plus calme. Je me sens mieux. Libre. Je me gare devant la maison, et décharge mes affaires. Et enfin, j'ouvre la porte d'entrée. Je ferme les yeux, et inspire un bon coup, me sentant enfin chez moi. Et quand j'ouvre les yeux, Louise et Valentine sont là, souriant jusqu'aux oreilles. Je fronce les sourcils et regarde autour d'elles. "Vous faites chier merde." Je pose mes affaire à l'entrée, et retire ma veste. Elles m'ont préparé une soirée d'anniversaire. Elles ont tout décoré. Et vu l'odeur, je dirais aussi qu'elles ont cuisiné. "J'ai pas l'temps pour ça. J'ai du boulot. Vous avez qu'à faire la fête sans moi." Puis j'aime pas les surprises. Non, j'aime pas les surprises depuis que cette maladie d'merde est entrée dans ma vie sans prévenir. Depuis qu'ma soeur est tombée dans l'coma alors que je ne m'y attendais pas. Et depuis qu'j'suis trop con pour dire "Merci les filles, c'est gentil. Fallait pas faire ça pour moi. Mais vous savez, ça me fait plaisir. Vous rendez ma vie plus belle." Parce que moi, je rends la leur plus moche, de vie. Parce que j'vais crever. Alors comme j'veux pas leur briser l'coeur, j'suis obligé de faire le con. Elles finiront bien par arrêter de m'aimer, un jour ou l'autre. Et je partirais avec le regret de ne pas leur avoir dit que moi, je n'ai jamais arrêté de les aimer. Et que Louise, elle était mon évidence. Mon plus beau cadeau. Ma plus belle surprise.

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MessageSujet: Re: beaumarchais ◊ notre étoile a le goût du souffre mais elle éclaire comme un millier. beaumarchais ◊ notre étoile a le goût du souffre mais elle éclaire comme un millier. EmptyVen 18 Jan - 19:33


❝ find what you love and let it kill you. ❞


beaumarchais ◊ notre étoile a le goût du souffre mais elle éclaire comme un millier. Tumblr_liha9rckzQ1qhtttzo1_500Dans mes mains un violon. Ce violon. On m'a dit que j'étais une virtuose, que je savais manier l'instrument mieux que personne, peut-être pas comme une pro, mais mieux que la moyenne. Qu'avant je passais mes journées à créer des notes résonnant dans le couloir de la joie. Or je ne sais plus rien. Je ne les crois pas. Je pose mon regard sur le machin ; quel est cet objet qui m'indiffère, qui me désespère. J'attrape l'archet et constate que je ne sais même pas comment le tenir. Ma belle-soeur me l'a assuré, j'avais un don, le talent c'est de famille, qu'elle a dit. J'ai eu beau regarder sur le net ou dans mes bouquins comment me servir de cet instrument, je ne sais tout simplement pas comment faire. J'ignore par où commencer. Mais je crois Louise, si elle le dit, c'est que ce doit être vrai. Je contemple l'objet, je me demande où est passé tout ce savoir qui est censé être imprimé dans ma cervelle. Mais il n'y a rien à faire. Tout est à réapprendre. J'ai tout oublié. J'ai tout laissé dans cette voiture qui m'a fauchée en plein vol. Même mon goût pour la musique n'y est plus. Je me demande depuis combien de temps je n'ai plus écouté de musique. En fait, j'n'ai même pas envie de réapparendre à me servir de ce bidule qui n'a plus aucun sens pour moi, même si Louise m'affirme le contraire, même si elle veut m'ancrer dans la tête qu'avant c'était l'objet le plus précieux à mes yeux. Je repose sur le lit le violon que m'a offert mon frère pour mes huit ans. Alors quand Louise vient me chercher dans
beaumarchais ◊ notre étoile a le goût du souffre mais elle éclaire comme un millier. Tumblr_m5x69w8wxS1ru6l9no1_500ma chambre et me dit qu'elle est prête, qu'elle n'attend plus que moi pour lui préparer les surprises, je fais semblant d'avoir oublié. Je fais semblant mais c'est débile. Comment oublier un jour pareil. L'anniversaire de Simon. Je me lève en silence et cligne des yeux pour lui faire savoir que j'arrive. Je ne sais pas ce qui m'a retenu d'avoir refusé sa proposition. A elle. De lui faire des surprises. A lui. Pourtant, lorsqu'elle m'a soufflé l'idée, je n'ai pas eu le coeur de lui dire non. J'aime mon frère de tout mon être pourtant je ne lui ai jamais dit. Je ne le lui dirai pas. Jamais. Il n'est même pas venu me voir à l'hôpital. Je hausse les épaules. Je n'ai pas le coeur à penser à ça. Dévalant les marches de l'escalier quatre à quatre, je rejoins ma meilleure amie. Ou plutôt devrais-je dire la meilleure des amies qu'il était donné d'avoir sur cette terre. Nous préparons pendant des heures la décoration, deux gâteaux parce que même si on est qu'trois et qu'on en bouffera sans doute pas la moitié il faut marquer le coup, on s'active et ça me fait plaisir de partager ce moment avec elle. Bien sûr lorsqu'il arrive tout n'est pas fini. « Vous faites chier merde. » Mon coeur a un râté lorsque j'entends sa voix. Il est déjà là. Son ton agressif me donne envie de chialer. Trop émotive, trop impulsive. Je sais pas ce qui me retient de lui envoyer le gâteau au chocolat dans la gueule. Jamais reconnaissant. Jamais content. Un Beaumarchais en somme. « Ça te fait pas plaisir ? » Mes sourcils se froncent et je cherche à savoir quel est son problème. Car honnêtement j'ai beau chercher je ne trouve pas. Je le fixe d'un regard noir, je n'arrive pas à me forcer à sourire, tout simplement. Mais pour Louise j'ai envie que tout se passe bien, alors je maitrise mes pulsions et j'essaie de calmer le jeu. « Viens manger avec nous. » Je cherche à savoir si vraiment ça lui casserait la tête de se poser cinq minutes avec nous et de discuter un peu rien que le temps de faire semblant. Comme si tout allait bien. Car on est tous les trois conscients que déjà rien ne va plus depuis longtemps. Tout ça nous a rattrapés un peu trop vite. « J'ai pas l'temps pour ça. J'ai du boulot. Vous avez qu'à faire la fête sans moi. » Je le fixe désinvoltement. Mon frère, cet étranger. « Une fois dans l'année c'est trop te demander ? » Mon coeur se serre lorsque je prononce cette phrase. J'ai conscience d'avoir employé un ton un peu trop froid mais les mots s'échappent de mes lèvres sans que j'aie le temps de maitriser quoi que ce soit. C'est pas moi. Je sens mes doigts se crisper sur la table et Louise tendue à côté de moi. Simon s'il te plait ne pars pas.


Dernière édition par Valentine Beaumarchais le Sam 2 Fév - 2:49, édité 2 fois
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MessageSujet: Re: beaumarchais ◊ notre étoile a le goût du souffre mais elle éclaire comme un millier. beaumarchais ◊ notre étoile a le goût du souffre mais elle éclaire comme un millier. EmptySam 19 Jan - 11:56


wait for the light to come back on, you seem lost, your back against the wall. it’s cold outside, it is winter in your heart and your eyes go blind, you are shrouded in a fog. so can we change? or is this surrender? where is your dignity? where is your pride? where is the love that you once had inside?


Il y a les jours joyeux et puis les jours Simon. Ceux-là sont des jours qui ne devraient pas exister mais qui sont quand même là. On aimerait les enterrer, les jeter par la fenêtre. Mais on peut pas. Ils reviennent toujours, les jours Simon. Parfois, même, on croit vivre un jour joyeux et on se trompe. C'est en fait un sale jour déguisé. C'est juste un peu de répit au goût d'amer, au goût d'enfer. Aujourd'hui est un jour Simon. Je n'irai pas danser. Et ça lui fera plaisir, même s'il ne l'admettra jamais. Il dira juste c'est normal, c'est normal si tu vas pas danser parce qu'on est marié et j'ai bien cru entendre qu'c'était pour le meilleur comme pour le pire Lou, j'ai bien cru entendre qu'ça voulait dire affronter les naufrages ensemble. Alors pourquoi t'irais danser, hein ? Pourquoi t'irais vivre quand moi j'dois mourir ? Et je hocherai la tête pour dire oui même si j'aurais arrêté d'écouter dès le deuxième mot, même si j'aurais arrêté de faire gaffe à ses paroles, moi qui les buvais il y a encore quelques mois. Alors voilà, aujourd'hui est un jour Simon. Un jour qu'j'aimerais bien vivre normalement mais qui r'ssemblera à un calvaire. Et si ça doit ressembler à un calvaire, j'essaye quand même de cacher un peu tout ça, sous des tonnes de papier cadeau et de décorations qui ne lui plairont sûrement pas. Et comme j'y arrive pas, comme j'y arrive de moins en moins, j'appelle Valentine à la rescousse et on finit ensemble. Parce qu'on finit toujours ensemble. Parce qu'on est toujours toutes les deux sur le chemin ou toutes les deux sur le bord de la route. Y'en aura jamais une à genoux et l'autre debout. On vit à deux on souffre à deux. « Merci, princesse. » Merci d'être là d'puis des années, d'être revenue après les coups de gueule et les coups de mots. Merci de t'être réveillée, aussi. Merci d'm'avoir attendue pour te barrer là-haut. Merci un millier de fois. Pour hier et les jours à venir. Pour les passés et les futurs.

« Vous faites chier merde. » Simon est là. Il devait finir plus tard mais on sait tous qu'il n'en fait plus qu'à sa tête. On fait chier. On fait chier mais lui aussi. Lui aussi fait chier. Avec ses yeux vidés d'passion, avec son coeur vidé d'amour. Il fait chier et moi, ça m'fait chier d'passer mes journées à essayer de rallumer quelque chose en lui. Alors qu'y'a rien. Alors que ce type en face de moi, mon mari, n'est plus qu'un enfoiré. Un enfoiré qui laisse sa soeur croire qu'elle aurait pu crever qu'ça lui aurait rien fait, à lui, le mordu de danse qu'on a mordu pour qu'il tire sa révérence. Un enfoiré qui s'fout bien qu'on passe des heures à lui préparer une surprise qui pourrait faire un peu d'bien à tout le monde si on essayait vraiment. Sauf qu'il n'essaye pas. Sauf qu'on essaye pas. Pas vraiment. Juste un peu. On emballe des cadeaux dans du joli papier, on accroche des ballons aux murs et des sourires à nos visages. Mais on ne va pas plus loin. On fouille jamais. En nous. On laisse les vrais éclats d'joie là où ils sont, sous des kilos d'amertume et de chagrin. « Ça te fait pas plaisir ? » Silence. « Viens manger avec nous. » Il y a des moments où je ne n'en peux plus de faire semblant, des moments où je me mets à rêver d'une autre vie, une vie dans laquelle Simon n'aurait pas sa place, une vie où on me laisserait tomber amoureuse plus souvent que tomber malheureuse. « J'ai pas l'temps pour ça. J'ai du boulot. Vous avez qu'à faire la fête sans moi. » « Une fois dans l'année c'est trop te demander ? » Je mets un peu de temps avant de me rendre compte que Valentine me fixe, qu'elle attend que je la soutienne comme elle me soutient. Je n'ai toujours rien dit. Parce que j'sais pas quoi dire. Parce que j'ai pas envie d'le forcer à fêter ses vingt-cinq ans. Parce que j'arrive même plus à savoir si j'ai envie d'être là quand il retrouvera le goût de quelque chose, s'il retrouve le goût de quelque chose. « Joyeux anniversaire mon Amour. » Mais c'est plus fort que moi, j'peux pas me détacher de ce vieux rituel qui consiste à m'réinventer cette vie que j'avais avant, quand lui pouvais encore me soulever dans l'air au beau milieu d'une danse, quand elle, se battait contre ses ordures de parents sans pour autant se retrouver entre la vie et la mort. J'sors un de mes plus beaux sourires, ceux qui rendrait n'importe quel sale type fou amoureux dans les films à l'eau de rose. « On a préparé ton gâteau préféré. Et puis vingt-cinq ans, ça se fête. Pas vrai ? » Je vais jusqu'à Simon et dépose un léger baiser sur ses lèvres qui ne savent même plus comment attraper les miennes. Puis je regarde le salon. C'est vrai qu'c'est beau, tout ça. C'est vrai qu'on a fait un bon boulot. Et si on pouvait monter dans le même bateau, est-ce qu'on le ferait ? Hein, est-ce qu'on s'y jetterait ?

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MessageSujet: Re: beaumarchais ◊ notre étoile a le goût du souffre mais elle éclaire comme un millier. beaumarchais ◊ notre étoile a le goût du souffre mais elle éclaire comme un millier. EmptyDim 27 Jan - 21:29

beaumarchais ◊ notre étoile a le goût du souffre mais elle éclaire comme un millier. 750862lsv01
What is the price, am I supposed to pay ? For all the things I try to hide ? What is my fate, am I supposed to pray ? That trouble's gone with the sunlight ?


Elles sont là, toutes les deux. Je ne sais pas si elles sont tristes ou juste déçues. Je dirais plutôt qu'à la longue, elles sont tout simplement déçues. De m'avoir comme frère, comme mari. Déçues d'avoir préparé un anniversaire surprise alors qu'en toute honnêteté, je n'en voulais pas. Déçues de ne pas voir de sourire sur mon visage alors qu'elles se sont données tant de mal pour moi. Déçues que la maladie m'ait fait pencher du mauvais côté. J'aurais pu choisir la vie, la joie. J'aurais pu décider de me battre. De mourir heureux, de mourir aimé. De mourir en dansant. Mais j'ai choisi l'inverse. J'ai choisi la facilité. J'ai choisi de vivre une vie dont je n'avais jamais voulu, de ne pas me battre. J'ai choisi de vivre haï, et tant pis si personne ne pleure le jour de mon enterrement. Tant mieux plutôt. Je ne veux pas que l'on verse de larmes pour moi. Ça serait du gâchis que de pleurer pour un mec qui n'a jamais su pleurer pour personne. Qui n'a jamais su montrer qu'il était capable d'aimer, ou de ressentir la moindre chose. Même infime. Ça serait du gâchis que de pleurer pour un mec qui n'a jamais su vivre. "Ça te fait pas plaisir ?" Valentine fronce des sourcils. Et je l'imite, en lui offrant un magnifique sourire forcé. Je la provoque. Je lui donne des raisons de s'énerver. Je lui donne des raisons de m'aimer encore moins. "Est-ce que ça a l'air de m'faire plaisir, franchement ?" Je prends un air blasé, avant de reprendre. "Alors arrête un peu de poser des questions à la con." Je fais plusieurs pas en avant, entrant davantage dans la maison. Elles se sont vraiment données du mal pour moi. Alors que je suis sûr qu'elles se doutaient que j'enverrais tout valser. Je crois que ça me fait mal au coeur de leur faire ça. Je sais qu'au début, je me forçais un peu. Quand il fallait les énerver. Je sais qu'il fallait que j'aille chercher ce que j'avais de moins bon en moi pour le leur envoyer en pleine figure. Mais maintenant, c'est différent. Maintenant, ça vient tout seul. Je n'ai même plus à me forcer. Je crois que ça fait parti de moi. Mais pourtant, il y a toujours ce petit pincement au coeur. Quand je vois leurs visages. À toutes les deux. Se doutent-elles seulement qu'elles sont ce que j'ai de plus cher ?

"Viens manger avec nous." Je secoue la tête, laissant mon regard se balader sur les différents trucs qu'elles ont dû mettre l'après midi à préparer. "J'ai même pas faim." Je plonge à nouveau mon regard dans celui de Valentine. Serait-elle lassée ? Pire que ça, à lassée, j'ajouterais énervée, et fatiguée. Alors j'enfile mon masque du frère insensible, et je souris à nouveau, les lèvres pincées. Puis mon regard se pose sur Louise. Même si officiellement elle est passée à côté du grade, pour moi, c'est ce qu'elle est. Une étoile. Sauf que là, elle ne scintille que par sa beauté. Mais c'est tout. Il n'y a plus le bonheur qui pétillait dans ses yeux. Je ne sais même pas si elle est vraiment là avec nous , ou si elle s'est plutôt envolé sur un nuage. Si elle s'est plutôt envolée ailleurs, où la réalité serait moins dur à supporter. Peut-être même qu'elle a une vie parallèle, et un mari en pleine santé. Et un mari qui sait encore la rendre heureuse. "Une fois dans l'année c'est trop te demander ?" Je soupire, et j'attrape le premier ballon accroché au mur que je vois. Je l'éclate entre mes doigts. Louise sursaute. Elle a quitté sa bulle. "Joyeux anniversaire mon Amour." Et par dessus le marché, elle se met à sourire. Je crois que c'est le plus beau sourire qu'elle a en stock. Celui qu'elle faisait encore quand je la couvrais de bonheur, et qu'elle a appris à imiter. "On a préparé ton gâteau préféré. Et puis vingt-cinq ans, ça se fête. Pas vrai ?" Elle s'approche de moi, et m'embrasse brièvement. C'est un baiser bien trop court. Je n'ai même pas su en profiter à sa juste valeur. Mais Louise sait s'y prendre. Pour me faire changer d'avis. Pour me faire craquer. Je fais la moue en baissant la tête. Et si je disais oui. Rien que pour cette fois. Et si j'essayais juste de leur faire plaisir. Juste aujourd'hui, pour mon anniversaire. C'est vrai que ça serait beau. Mais demain, demain tout redeviendra comme ça a toujours été. Je ne dînerai pas avec elles. Je redeviendrai Simon le con. "D'accord. Juste pour cette fois. D'accord." Je ramasse les morceaux du ballon que j'ai éclaté. "Mais ne venez pas me chercher demain. Ou après demain. Ça sera non." Je les regarde toutes les deux, puis j'avance vers la poubelle pour jeter les restes du ballon. Et je regarde le gâteau qu'elles ont cuisiné. Je regarde la déco. Puis je marmonne à peine assez fort pour qu'elles entendent. "Merci."

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MessageSujet: Re: beaumarchais ◊ notre étoile a le goût du souffre mais elle éclaire comme un millier. beaumarchais ◊ notre étoile a le goût du souffre mais elle éclaire comme un millier. EmptySam 2 Fév - 4:35


❝ you can't choose what stays and what fades away,
and i'd do anything to make you stay. ❞


Les vagues qui déferlent, le ballon en plastique qui vole au vent, les parents qui surveillent au loin. Et puis il y a lui. Lui et moi. Simon joue avec sa petite soeur sur la plage. Avec moi. Nos sourires innocents traduisent la naïveté de nos regards. On savait pas encore à cette époque. On savait pas, non, que la vie allait nous faucher au vol sans prendre garde. Lui, par sa maladie. Moi, par mon accident. Deux cassés par la vie foutrement pathétiques. C'est fou c'que je donnerais pour retourner à cette époque. Cette époque où tout me paraissait joli, doux, léger. L'insouciance dans nos yeux d'enfants, oh oui, je donnerais tant. Et puis il y a elle. Belle. Radieuse. Merveilleuse. « Joyeux anniversaire mon Amour. » Je ne dis rien, mais mes yeux lui chantent combien je lui suis reconnaissante d'être là. Toujours. Encore. Malgré tout, malgré nous. Je pourrais devenir la plus monstrueuse personne que la Terre ait jamais porté que Louise serait toujours là. Je le sais. « On a préparé ton gâteau préféré. Et puis vingt-cinq ans, ça se fête. Pas vrai ? » Ça se fête. Tout se fête toujours, avec Louise. Les bons moments comme les mauvais. Surtout les bons. Mais. Depuis quand marcher un an de plus en avant vers la mort est quelque chose de réjouissant, quelque chose d'épatant ? Je n'ai jamais voulu fêter mon anniversaire. Juste celui des autres. Et aujourd'hui, celui de Simon. Cette journée ne représente étrangement pas l'image que je m'en faisais. Mais ce n'est pas grave. Rien n'est jamais grave. Mes yeux se lèvent délicatement vers lui. Je n'ai pas envie que Simon parte. Qu'il parte comme l'a fait papa. Ou plutôt comme il ne l'a jamais fait. Toujours là, omniprésent, derrière moi, derrière lui, derrière nous, à guetter le moindre faux pas, le moindre geste de travers. C'est même plus qu'une envie, c'est un besoin. J'ai besoin que Simon reste. C'est clair. « D'accord. Juste pour cette fois. » Blanc. Mon coeur fait un bond, flirte avec les montagnes russes de l'incompréhension. J'attends que le rideau s'ouvre sur la supercherie mais la chute ne vient pas. Ou presque. « Mais ne venez pas me chercher demain. Ou après demain. Ça sera non. » Je ne dis rien. De toute façon, je me fiche bien de la fin de sa phrase. J'avais prévu de m'énerver, de m'agiter dans tous les sens, d'envoyer tout valser ; mais non. Il vient de changer. Il vient d'accepter. De se joindre à nous, de partager un petit moment qui signifiera beaucoup. Une chaise qui grince, une part de gâteau, quelques mots. Tout ce que nous, Louise et moi, lui demandions depuis des mois. La bataille chaque jour pour qu'il vienne déjeuner ou bien dîner entre nous, qu'il nous raconte sa journée, qu'il agisse comme un mari ou un frère, en somme. Et voilà qu'il nous balance tout ça à la figure d'un air insolent comme si c'était la moindre des choses. La moindre des choses qu'il ne nous avait plus donnée depuis longtemps. Je m'asseois à table en silence tout près d'eux car je me dis que c'est la première fois depuis un moment et aussi la dernière avant longtemps. Je suis censée être heureuse et voilà que je ne sais plus comment faire.

« Merci. » Je n'en crois pas mes yeux. Je cligne un peu. « Simon. Tu viens de sourire. » Je le dis à haute voix comme pour me pincer, pour être certaine d'ancrer ce moment dans ma mémoire qui déraille. Pour être certaine que je ne rêve pas, que je ne suis plus dans le coma. Et dans le cas contraire j'attends d'eux qu'ils me réveillent. Peut-être bien qu'j'ai juste rêvé. Qu'ma vue me joue des tours. Comme ma remarque peut paraitre idiote, je m'applique à préciser ma pensée. « T'avais pas fait ça depuis longtemps. » Puis je me mets à sourire, moi aussi. Comme une imbécile heureuse. Mais jusqu'à quand ? Jusqu'aux prochains éclats de tristesse, jusqu'aux prochains pots cassés, qu'il faudra à nouveau réparer. Je sens bien que nous trois sommes mal à l'aise, on a appris à apprivoiser le malheur, mais jamais le bonheur. Ça nous a jamais traversé l'esprit qu'on pouvait juste s'trouver là, assis à une foutue table de cuisine un gâteau devant le nez et une ébauche de sourire collée aux lèvres, et que ça nous rendrait joyeux. Peut-être pas heureux, mais joyeux. Au moins. Ou peut-être que si. Peut-être que le bonheur c'est juste ça. Des petits rien qui font tout. Maman disait que courir après le bonheur était le meilleur moyen de lui faire peur. Peut-être alors lui ai-je couru après trop longtemps, peut-être pas de la bonne façon, peut-être dans la mauvaise direction. Peut-être me l'a-t-il fait savoir cette tristement belle après-midi de mai. Prends garde. Tu cours trop vite, Valentine. Qu'est-ce que j'en sais moi ? Ça existe vraiment ça, un mode d'emploi du bonheur ? Peut-être que lorsqu'on joue avec trop longtemps il finit par se jaunir, par s'estomper jusqu'à ne plus qu'on puisse le lire. Alors pourquoi, pourquoi personne ne prévient ça ? Je fronce les sourcils en direction de Simon, puis en direction de Louise. Pourquoi on ne me dit jamais rien, à moi ? A leur vue, je ressens à nouveau cette sensation de bien-être indescriptible. C'est bête mais je laisse ma joie se coller à nouveau sur mes lèvres de peur que cette fois celle-ci ne s'échappe.
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MessageSujet: Re: beaumarchais ◊ notre étoile a le goût du souffre mais elle éclaire comme un millier. beaumarchais ◊ notre étoile a le goût du souffre mais elle éclaire comme un millier. EmptyDim 10 Fév - 19:26


wait for the light to come back on, you seem lost, your back against the wall. it’s cold outside, it is winter in your heart and your eyes go blind, you are shrouded in a fog. so can we change? or is this surrender? where is your dignity? where is your pride? where is the love that you once had inside?


"Est-ce que ça a l'air de m'faire plaisir, franchement ?" Silence. "Alors arrête un peu de poser des questions à la con." Je n'ose même pas les regarder. Ni elle. Ni lui. Parce que ses pupilles à elles me rendraient triste à mourir. Parce que ses pupilles à lui me feraient m'effondrer encore plus. Alors je ne les regarde pas. Alors je ne regarde plus. Je vogue d'un bout à l'autre de la pièce et j'attends. Qu'il se passe quelque chose. Qu'il ne se passe rien. Que la nuit tombe ou que chacun retourne à sa place, bien loin des deux autres. Il y a une époque où on était beau, tous les trois. Vraiment beaux. Pas comme maintenant. Parce ça fait même pas un an mais on dirait bien qu'on a pris vingt piges, comme ça. Qu'on s'est levés un matin et que rien n'était plus pareil. Des rides plein la gueule. D'la rancoeur plein les tripes. On dirait bien qu'on a pris vingt piges, p'tet même trente, que les gosses se sont barrés, que les disputes sont restée, qu'les je t'aime ont disparu pour ne laisser que des silences. C'est bien comme quand on devient vieux. On oublie de parler, d'écouter, on pense juste aux jours qui défilent et à l'espèce de lumière dégueulasse au fond du tunnel. Tout est d'sa faute, à cette lumière dégueulasse au fond du tunnel. Y'a trop d'hommes qui y ont cru, trop d'hommes qui se sont laissés crever pour elle. La lumière les a envoûtés et on les a plus jamais r'vus. Simon fait partie de ces hommes. Il n'est plus qu'une pâle copie de lui-même, une sale copie qu'a plus aucun éclat, une sale copie qui fait perdre toute envie d'se battre, toute envie d'y croire. Je n'ai jamais osé me l'avouer, et maintenant que j'pense aux dernière vingt-cinq années de mon mari, c'est là. Encré en moi. Suspendu à mon organe gorgé d'sang. Et ça tire, ça tire partout en moi, ça s'décroche, ça reste dans l'vide ça reste là. Je n'ai jamais osé me l'avouer, c'était comme penser à un bateau qui vole, à un grand-père qui ressuscite, à des fleurs qui ne fânent jamais. C'était comme imaginer l'amour qui dure, l'amour qui tient. Je n'ai jamais osé me l'avouer mais Simon attend lui aussi le bout du tunnel. Comme d'autres avant lui. Comme d'autres après lui. Il attend qu'on vienne faucher la vie qui est en lui, ou alors que la vie elle-même vienne le faucher. Il attend que tout ça soit terminé. Les gâteaux d'anniversaire un peu cramés. Les je t'aime un peu pourris. Les espoirs un peu foutus.

"D'accord. Juste pour cette fois. D'accord." J'ai mal au ventre. J'fais bonne figure mais j'suis à l'ouest, j'suis même pas là, même son anniversaire ne me donne plus envie. Il est d'accord. Maintenant que j'veux plus, lui est d'accord. Et j'peux pas m'empêcher d'me dire que tout ça c'est pour nous faire chier, sa soeur et moi. Rien d'autre. Parce qu'il est évident qu'il s'en fout, de tout ça. Il est évident qu'son gâteau préféré finira à la poubelle, qu'les décorations finiront dans le grenier. "Mais ne venez pas me chercher demain. Ou après demain. Ça sera non." Voilà, c'est exactement ce que je disais. Simon ne le sait pas, mais je le connais plus que je ne me connais moi-même. Il se contente de nous jeter à la gueule le gramme d'espoir qui nous manquait pour qu'on s'accroche encore à lui. Il nous le jette en pleine figure et après, il s'en va à nouveau. Puis quand le temps s'est écoulé, quand le sablier est vide et qu'on a trop attendu, il dépose sous le paillasson un autre gramme d'espoir. Tout petit. Infime. Mais suffisant pour qu'on reste là à l'attendre, encore et encore. C'est à ça que nous passons nos journées, ma meilleure amie et moi. A attendre ce fantôme. Ce putain de fantôme. Le fantôme de nos vies. « Simon. Tu viens de sourire. » Je sors de ma torpeur. J'l'ai loupé, son sourire. J'l'ai loupé. J'étouffe. Alors j'me lève, parce que j'étouffe, parce que j'implose. "Je reviens. J'ai oublié quelque chose dans la cuisine." Un sourire fabriqué et mes pas m'éloignent d'eux. Une fois dans la cuisine, je m'appuie contre le plan de travail et ma tête bascule en arrière. Je me concentre. C'est plus dur que d'habitude. J'essaye de ne pas écouter ce qui se dit à côté, j'essaye de ne pas penser à ce sourire manqué, à toutes ces choses ratées. Je me concentre. Pour redevenir une bonne femme, une bonne meilleure amie. Et tant pis s'il arrive que ce ne soit plus vraiment moi. Tant pis si je ne suis à mon tour qu'une pâle copie de moi-même. Comme lui. Comme elle après son accident. Quand je suis prête, j'attrape le gâteau pour ne pas revenir les mains vides et j'affiche une nouvelle fois un sourire. Léger. Suffisant. Peut-être même un peu sincère. J'en sais rien, en fait. "Gâteau à la crème de marron." On saute l'entrée et l'plat, on saute les étapes pour arriver plus vite à la case départ. J'les suis dans leurs éclats, dans leurs non-dits, dans leurs mensonges. "J'espère qu'il sera meilleur que celui de la dernière fois." C'est vrai qu'il avait été sacrément mauvais, la dernière fois. Jolan -l'ancien petit ami de Valentine- avait tenu à faire le gâteau lui-même. Le gâteau était resté dans l'four et nous, ça nous avait bien fait marrer d'le voir danser sur ses pieds pour nous présenter ce truc carbonisé. On avait quand même mangé, tous les quatre, pour la forme, et parce qu'un anniversaire sans gâteau n'en est pas vraiment un, on l'avait mangé et on avait ri à s'en faire exploser l'estomac. On avait ri à cause du gâteau, à cause de l'amour, l'amitié, à cause de la vie. Peut-être que c'est pour tout ça, qu'on ne rit plus. Pour Jolan qui s'est barré en même temps que la mémoire de ma meilleure amie, pour l'amour qu'existe plus qu'à moitié, pour la vie qui s'fait écraser. Et pour les gâteaux qui n'sont plus cramés. Pour les gâteaux qui sont bien cuits, tellement bien cuits qu'on en veut même plus. Tellement bien cuits qu'on les jette à la poubelle. Avec les pots cassés. Avec les morceaux de nous.

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MessageSujet: Re: beaumarchais ◊ notre étoile a le goût du souffre mais elle éclaire comme un millier. beaumarchais ◊ notre étoile a le goût du souffre mais elle éclaire comme un millier. EmptyMer 6 Mar - 15:38

beaumarchais ◊ notre étoile a le goût du souffre mais elle éclaire comme un millier. 750862lsv01
What is the price, am I supposed to pay ? For all the things I try to hide ? What is my fate, am I supposed to pray ? That trouble's gone with the sunlight ?


"Simon. Tu viens de sourire." Je fronce les sourcils, un peu perplexe, puis mes doigts viennent toucher mes lèvres, comme pour vérifier. C'est vrai, j'ai souri. Sans faire exprès. Pourquoi est-ce que cela a l'air si extraordinaire ? Je suis vraiment cet homme, celui que je vois dans les yeux de ma soeur lorsque l'on s'engueule ? Celui qu'a l'air complètement dénué de coeur ? Je sais que j'ai rien d'un gars marrant, d'un gars heureux. Je sais que je fais le con à longueur de journées pour m'assurer de jamais leur manquer. Mais je n'ai jamais réalisé que je ressemblais autant à un monstre. Je n'ai jamais réalisé que sourire serait un fait extraordinaire, à marquer d'une croix rouge dans le calendrier. "T'avais pas fait ça depuis longtemps." Pourtant si, apparemment. J'hausse les épaules. "C'est un reproche ?" Je fais comme si de rien n'était. Comme si je m'en foutais réellement d'être ce genre de monstre. Tant pis si c'est faux. Tant pis si j'aurais aimé me montrer sous mon vrai visage rien qu'une journée. Rien que cette journée. Tant pis. Puis ça serait mauvais pour tout le monde. Je voudrais pas qu'on découvre mon petit jeu. "Je reviens. J'ai oublié quelque chose dans la cuisine." Louise se volatilise en moins de deux. Est-ce qu'elle fait semblant elle aussi ? De m'aimer encore ? Je suis sûr que oui. Elle ne le dit pas, mais ça se voit comme le nez au milieu de sa figure. Elle est malheureuse. Je la rends malheureuse. Même dans La Belle et la Bête le monstre est moins pire que moi. Puis à la fin, il redevient homme. Chose bien plus difficile pour moi que pour lui. Même avec une greffe du coeur, je ne sais pas si j'arriverais à redevenir moi-même. Bref. Mon regard se pose sur ma soeur. On dirait que pour une fois, elle est agréablement surprise par mon comportement. Comme si elle s'attendait constamment au pire. Peut-être qu'elle devrait s'y attendre. On ne sait pas comment se terminera cette journée, qu'importe comment elle a bien pu commencer. Qu'importe mon comportement actuel, je pourrais très bien tout envoyer chavirer en un claquement de doigts pour leur montrer que les faux-espoirs sont toujours là, quelque part. "T'as fait des progrès avec ton violon ?" Est-ce que je m'intéresse à ma soeur ? Ou bien est-ce que je lui donne de faux-espoirs ? Cela restera un mystère. Autant pour vous que pour moi.

Louise revient, le gâteau dans les mains, et un sourire aux lèvres. Je me concentre sur ses yeux. Car eux ne mentent pas aussi facilement que sa bouche. J'ai l'impression que son sourire est un peu sincère. Juste un peu. Peut-être que ça lui fait plaisir que je fasse des efforts, pour une fois. "Gâteau à la crème de marron." Je regarde le fruit de leur labeur, d'un air un peu méfiant. Il a pas l'air si mauvais, mais je ne vais pas me réjouir trop vite, étant donné mon précédent anniversaire. "J'espère qu'il sera meilleur que celui de la dernière fois." Mes lèvres se pincent. "Je crois qu'il serait bien difficile de faire pire, sans vouloir vous sous-estimer." Le gâteau posé sur la table, nous nous asseyons autour tous les trois. "Pas de chanson ni rien hein, ça ira." Et comme le veut la tradition, celle qui oblige chaque personne dont c'est l'anniversaire à couper son gâteau, j'attrape le couteau, et je m'y mets. Je dépose une part dans chacune de nos assiettes, puis je m'assieds, en bout de table, Valentine sur ma droite, et Louise sur ma gauche. "Je pensais que tu pourrais essayer de nous faire un truc au violon pour ce jour aussi spécial soit-il." Je regarde ma soeur, et je me demande si elle acceptera ou non. Alors je pose un ultimatum. "C'est ma condition pour goûter à ce gâteau." Je tourne mon regard vers ma femme, à l'air stoïque. "Allez, dis lui Louise, qu'elle peut le faire. Pour mon anniversaire." J'insiste du regard, puis je tourne ma tête vers Valentine. "Alors ?" Allez vas-y soeurette. Attrape ton violon. Fais-nous grincer ces cordes. Montre nous que tout est parti. Ton talent. Puis avec notre bonheur.

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MessageSujet: Re: beaumarchais ◊ notre étoile a le goût du souffre mais elle éclaire comme un millier. beaumarchais ◊ notre étoile a le goût du souffre mais elle éclaire comme un millier. EmptyMar 19 Mar - 15:12


❝ there's a hole in my heart
and i don't know why. ❞


« C'est un reproche ? » Oui et non. « Non. » Simon qui sourit c'est un peu de nous d'avant. Je suppose. J'en sais rien, je me rappelle plus. Mais j'imagine que c'est comme ça qu'on était, avant. Avant que tout se barre en vrille. « Je reviens. J'ai oublié quelque chose dans la cuisine. » Je pose mes yeux sur le plafond blanc comme pour que quelqu'un me réponde. Alors, j'ai raison, c'était comme ça avant ? Il souriait mon frère ? Mais rien ne vient. Louise, mon pilier, ma moitié, est partie. Elle va revenir. Mais elle me manque déjà. Et je sais pourquoi elle est partie dans la pièce d'à côté et je dis à mes jambes de se lever pour la rejoindre mais elles m'écoutent pas. Mon cerveau n'envoie pas les informations. Alors ce blanc s'installe dans l'atmosphère. Ça ne me dérange pas. J'ai toujours trouvé le vide du silence magnifique. Apaisant. Parfait. « T'as fait des progrès avec ton violon ? » Violon. Louise m'a dit que c'est le nom que porte l'instrument caché sous mon lit. Que j'en faisais avant. Que j'étais douée. Que c'était ma passion. Ma vie. « Je m'améliore de jour en jour. Presqu'autant qu'avant. » Un sourire faux s'accroche à mes lèvres tandis que je glisse ce mensonge sans tremblement aucun. Je sais que ça fait plaisir à Louise quand je dis ça. Que j'y prends goût à nouveau, que je n'ai pas tout perdu. Qu'il reste encore quelque chose de la Valentine d'avant. Alors je le dis même si elle n'est pas là. Je suis obligée de la croire sur parole lorsqu'elle m'assure que Simon et moi on s'entendait lorsqu'on était enfants. Que sur les photos on avait l'air complices et heureux. Elle ne semble pas avoir tord. Ou si on ne l'était pas vraiment on en avait au moins l'air. Mais quand je vois leur regard vide, à lui, à elle, je me demande quelle tornade est passée pour avoir tout emporté. J'aurais aimé savoir à quoi elle ressemblait, cette tornade. Mais c'est l'ange blond qui revient. « Gâteau à la crème de marron. J'espère qu'il sera meilleur que celui de la dernière fois. » Cette pensée me fait sourire. Je ne me rappelle pas du dernier anniversaire de Simon ni même du mien. Mais ce devait être un sacré râté pour qu'ils s'en souviennent à ce point. Simon fait même une grimace. « Je crois qu'il serait bien difficile de faire pire, sans vouloir vous sous-estimer. » On s'asseoit. « Il était comment, la dernière fois ? » Et mes yeux qui se plongent dans ceux de Louise et lui disent raconte-moi. Je prends sa main, allez, raconte-moi. « Pas de chanson ni rien hein, ça ira. » De toute façon je ne me rappelle plus l'air. C'est le premier anniversaire que je fête depuis mon réveil. Je crois. Et même si Louise m'a fait répéter dans la cuisine tout à l'heure j'ai déjà oublié. Tout oublié.

Puis je sens une main. Cette main sur mon épaule. Mais je ne me retourne pas. Je sens sa présence et ça me suffit bien assez. J'entends sa voix qui me dit que tout va aller bien, qu'il ne faut pas m'en faire. Du coup je souris, moi aussi. Je baisse un peu les yeux sur le gâteau qui me fait face et commence à le goûter, tout en écoutant les paroles qu'elle me murmure à l'oreille. Sa présence me rassure. Je n'arrive plus à m'arrêter de sourire. C'est tuant. J'ai des crampes aux joues. Mais ça ne m'arrête pas. « Délicieux. » je commente à l'intention de Louise. Je suis fière de nous. Et la voix qui susurre à mon oreille ne cesse jamais. Elle ne m'aime pas mais elle est là. Je me laisse bercer tout doucement et ça me chatouille l'oreille alors je ris doucement. Et ça continue comme ça, un peu. En portant la cuillère à ma bouche un éclat de rire me fait perdre l'équilibre et ma bouchée tombe sur le sol. Je regarde Louise d'un air désolé, on vient juste de tout laver. Rapidement je me baisse pour réparer les dégâts. Quand je me relève, elle n'est plus là. Alors je me retourne cette fois. « Maman ? » Mes yeux ronds comme des soucoupes expriment la peur. Peur de la perdre, peur qu'elle s'en aille. La voix. Mais elle est déjà partie. « MAMAN ? » J'hallucine pas. Elle était là, j'en suis sûre. J'en senti sa main sur moi et je reconnais sa voix. C'était elle. Elle est venue en avion pour l'anniversaire de Simon, lui faire une surprise, c'est obligé. Où s'en est-elle allée ? Peut-être dans la salle de bain. Je me lève d'un coup brusque et fais tomber la chaise par terre. Je m'y rends. Je crie son nom. Maman, maman. Maman qui ne m'aime pas et qui n'est plus là. Pourquoi les gens partent-ils toujours, un jour ? Pas aujourd'hui. Je ne veux pas. « Elle est plus là. » Je sanglote dans l'encadrement de la porte à l'attention de Louise et Simon. Je me rasseois et tente de me calmer mais je n'y arrive pas. Alors mon frère a soudain l'idée du siècle. « Je pensais que tu pourrais essayer de nous faire un truc au violon pour ce jour aussi spécial soit-il. » Je cligne des yeux. Une fois. Deux fois, trois fois, quatre fois. Je sonde ma meilleure amie du regard. Qu'est-ce que je fais, aide-moi. J'ai menti, il va savoir que j'ai menti. Mais il s'en fout peut-être. Ça m'étonne qu'il s'intéresse à moi de cette façon. Ça doit être parce que c'est son anniversaire. C'est un jour de famille, il faut faire semblant. Semblant d'être compatissant. « Alors ? » « C'est d'accord. » Je sors de table à nouveau et monte à l'étage. Rapidement je sors l'instrument, et le couche sur le sol. Je m'allonge à côté de lui. « Maman est en haut, qui fait du gâteau, Papa est en bas, qui fait du chocolat. Fais dodo.. » Ma voix angélique résonne dans la pièce. Elle me chantait ça. Je crois que ça vient de là. J'ai des bribes qui me reviennent parfois. Mais je sais plus la suite. « Fais dodo.. » Je ferme mes yeux mais ils ne veulent pas, faire dodo. Je reste un instant étendue sur le sol puis me relève à nouveau, l'instrument dans mes mains. Violon, oui voilà c'est ça. Simon c'est toi qui me l'a offert, Simon t'en rappelles-tu. Triomphante d'apparence, je reviens dans la cuisine. J'ai même pas oublié l'archet. Je le regarde, je sais pas comment le tenir. Je rougis pas. C'est à l'intérieur que ça se passe. Comme toujours. Louise et Simon sont devant moi, ils attendent. Ils attendent quelque chose qui ne viendra pas. Ils attendent des notes de musique, une mélodie harmonieuse, un son qui viendrait bercer leurs oreilles pour ce jour si spécial. Mais c'est un long grincement qui fait mal aux tympans qui sort de l'instrument. Et c'est tout ce qu'ils auront, ça et une larme qui coule sur ma joue. Merde. J'écrase l'eau salée sans pour autant oser les regarder. « J'ai menti Simon. Je sais pas. Je sais plus. » Le violon s'échappe de mes mains. Il aura eu raison. J'aurais bien tout laissé dans cet accident.
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