Je suis dans le salon, affalé comme une porc ou porcinette, je ne sais même pas c'est quoi le féminin du cochon. On s'en fout, je sais. J'ai faim, genre comme jamais. En fait, faut pas chercher j'ai toujours faim, mais y a rien de chez rien. C'est la zone, c'est la dèche, c'est rupture de stock chez les Coolidge. Même pas foutu de faire des courses, ils font chier quoi. Je m'ennuie en plus. J'suis une râleuse et alors ? J'fais ce que je veux, quand je veux. Tellement affamé, que sur le canapé je passe ma main dans tous les recoins au cas-où il resterait des bouts de pizza, de chocolat, qu'importe du moment que ça se mange, mais y a rien, même le canapé fait son crevard. Un con ce canapé, toute façon je l'ai jamais aimé, c'est même pour ça que je m'amuse toujours à le couper avec le couteau de cuisine. Il n'a que se qu'il mérite cet insolent. D'habitude j'aime bien regarder Bob l'éponge, mais même lui me cherche. Il arrête pas de m'emmerder avec ses crab croustillant, même pas il pense à moi le salop. Elle va voir l'éponge quand je vais m'occuper d'elle, elle n'en ressortira pas indemne. Enfin si je ne la confonds pas avec de l'emmental. Quoi qu'elle sera toujours foutu, mon ventre c'est la guerre toute façon. Et comme le duo de l'éponge et l'étoile de mer, j'ai mon duo également, ma conscience, mon miroir, ma Valentine. C'est le genre de fille, que dès le départ, on apprécie. Pour ma part ça a été le coup de foudre, limite si je l'aurais pas sauté sur place, mais si je l'avais fait avec notre cerveau à l'envers, on aurait finis en mode SM. Je sors dans mes pensées en entendant, mon téléphone annonçait un sms, sans même lire l'écran, je sais pertinemment de qui il s'agit, c'est toujours comme ça. Flemmarde jusqu'au bout, je demande à mon siri de me lire le message. J'avais raison, c'est bien Valentine. Sans même prendre la peine d'enfiler des vêtements pour supporter le froid d'hiver, je sors de la maison avec mon short et mon débardeur en ajoutant quand même la chemise de mon frère par dessus, j'ai gardé mes chaussons au pied. Tant pis, ils font classe je trouve. Dans le bus, j'étale tranquillement mes jambes sur le siège à côté, ils ont tous peur de moi, ils oseront jamais approcher la folle. Ouai, folle parce que je suis une warrior qui supporte le froid. A fond, je regarde montsimpa défilé sous mes yeux avec écouteurs dans les oreilles. J'emmerde le monde, je chante à haute voix si je veux. Ma chanson passe, c'est encore pire, pendant les dix minutes restant de mon trajet avec le but, je chante en monde répète sur ce son merveilleux qui embaume mes oreilles. Puis, enfin, le plaisir qu'ils attendent tous, je suis arrivé à destination. Ma tepu m'attend déjà, elle a sa poupée en main. Vingt ans et toujours un doudou, les autres ont juste pitié de nous, mais plus pour très longtemps. Surtout quand ils se rendront compte de ce qu'on est capable de faire avec ses poupées. Folle, la dalle au ventre, je l'empoigne sa main pour entrer dans la supérette. Pas d'hésitation, on commence par le rayon des sucreries. Je prends un paquet de kinder et tranquille je l'ouvre, j'en prends d'abord un et le mange à moitié, l'autre moitié je le donne à Valentine qui a aussi faim que moi. « Tu sais pas là, mais j'ai tellement les crocs que je pourrais manger la caisse avec la caissière tu sais. T'as pas envie d'un filet en passant ? » Dans le genre sérieuse, je le suis. J'ai faim et puis c'est tout.

J'sais pas vraiment comment j'ai connu ma Valentine, j'sais juste que je l'ai connu. The end. Faut pas chercher une histoire derrière cette amitié, il n'y en a pas. Je la regarde entamer joyeusement la moitié de mon kinder, elle me donne un petit sourire de fierté. Oui, dans ma famille je suis la plus jeune, mais quand je suis avec Valentine c'est différent. Y a pas de petite ou de grande, on se protège des autres. Quelqu'un qui fait du mal à ma blonde, je ne le supporte pas. Non, quand c'est le cas j'suis un désastre. Je me transforme en mode kenzo qui saute tout ce qui bouge, surtout si c'est largement plus grand que lui, ouai j'deviens un chaman du bled. Bref. J'reflechis, mais comme je le disais à Valentine, j'ai la dalle de filet o'fish et j'aime pas ne pas être combler quand j'en ai envie. Surtout que y a même pas l'ombre d'une putain de queue d'Ariel dans ce magasin. J'ai la rage. Et ma blonde qui me met l'eau à la bouche en m'évoquant tout ce que j'aime. Juste de la torture. Les joues en feu, je chope une bouteille de coca au frais et l'entame sans plus attendre. « As-tu un bled ? » Je suis concentré sur ma bouteille, j'attends de finir d'avaler ma gorgée pour lui répondre, une fois dans le ventre, je lui montre une bouteille de vodka. « Mafia russe, mon bled. » Je ne suis pas du genre à aligner les phrases donc j'ai souvent tendance à ne dire que les mots clés, tout le monde trouve ça bizarre, sauf Valentine. Elle m'accepte tel que je suis et ne m'a jamais traiter de folle. Sûrement parce que on se ressemble beaucoup. « C'est où les filets déjà ? » J'approuve sa question, je ne voyais pas mon filet. On avait beau avoir fait tous les rayons, il n'y avait rien. Une petite colère pour ne pas avoir trouvé ce que je voulais, plutôt que de faire un gros caprice avec des pleurs, j'avais une autre idée en tête. Sous les yeux de tous, je m'assois sur le sol sortant de mon sac un couteau suisse et une aiguille. Ma poupée est allongée au sol. Il lui manque un œil, elle est canon comme ça. Un peu à la Chucky. Je vois un mec dans l'allée entrain de ranger les rayons, il ne nous prête aucune attention. Pas grave, il va m'en accordé maintenant. Laissant un peu Valentine derrière moi, je me mets au niveau du bonhomme. Il me regarde avec un sourire, que je lui enlève immédiatement en lui montrant mon couteau. « J'sais pas comment mon petit, mais tu te démerdes pour me trouver un filet o'fish, si tu veux pas que je crève les yeux de ta femme, comme je l'ai fait à cette poupée. » Et je plante le couteau sur l'oeil manquant de ma poupée. J'suis naturel dans mon attitude, j'ai toujours été comme ça et c'est vrai Valentine et moi sommes connu ici. Patiente, je t’assois sur le sol du magasin jouant avec mes chaussons kovu. Je fais mon lion. Valentine, s'installe près de moi. « Toi ton bled, c'est le pain et le jambon ? »