+ you're a shooting star I see, a vision of ecstasy.

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Ça fait un moment qu'il est là. A attendre. A compter les livres. A regarder la poussière voler. Ça fait un moment qu'un livre d'algèbre est ouvert et repose sur ses genoux. Ça fait un moment, aussi, qu'il ne s'y intéresse plus. Il n'est pas venu pour étudier les chiffres, mais le sujet le passionne assez pour qu'il décide d'en feuilleter un ouvrage. Parfois, lorsque la lourde porte de la bibliothèque s'ouvre, grince, et racle le sol, il coule un regard vers l'entrée. Il sait patienter. Parce que généralement les personnes qu'il attend l'indiffèrent. Mais cette fois-ci, il s'agit d'une toute autre personne qui se fait désirer. Roxane Clarke. Sa prof d'architecture. L'unique femme qui avait le don de provoquer chez lui un tourbillon de sensations incontrôlables. Presque aussitôt, à sa pensée, chaque fibre de son corps se met à brûler, n'aspirant qu'à toucher et effleurer la peau de Roxane. Il aurait aimé qu'elle soit en avance, que ça soit elle qui l'attende et non l'inverse. Il serait arrivé les mains dans les poches, aurait viré tous les gens de la bibliothèque et se serait dirigé vers la brune ténébreuse qui hante ses pensées. Sans perdre de temps avec les préliminaires ils se seraient débarrassés de leurs vêtements aussi vite que leurs corps n'auraient plus fait qu'un. Il lui aurait fait sauvagement l'amour sur la table sans jamais penser au fait qu'ils étaient là pour étudier. Il rêve de retrouvailles torrides avec sa prof.

Jolan Scott @jolanscott
cours particulier, ne pas déranger.

Le portable toujours en main, un coup d'oeil rapide vers celui-ci, il est presque dix-sept heures. Alors il place sur la grande table les livres dont il est supposé avoir besoin pour le cours. Il les a tous lu, sans exception, mais sans leur porter grand intérêt. Seule la prof l'intéresse dans cette histoire. Tout le monde le sait. Tout le monde s'en amuse. Il n'y a que la principale concernée qui ignore tout apparemment. Et lorsque celle-ci franchit les portes de la bibliothèque, il ne contemple plus qu'elle. Petite comète qui passe dans son ciel trop noir. Trop vide aujourd'hui. Populaire, égocentrique et totalement hors de contrôle, il caresse sa silhouette de regards brûlants et désireux. Tandis que dans ses pupilles s'accroche une certaine fascination. Grande brune perchée sur des talons trop hauts. Un visage fin et délicat comme celui d'un ange. Inconsciemment, tout son être tend vers sa prof. Elle est toujours aussi jolie. Toujours la même perfection à l'usure du temps. « Mademoiselle Clarke. » Il esquisse un sourire, se montre poli, presque gentleman. Mais dans ses pensées il l'a déjà déshabillé. Sans doute ne réalise-t-elle pas que sa présence est aussi agréable qu'insoutenable. Pour jouer parfaitement son rôle d'élève incompétent, il s'autorise même à lui faire un signe de la main pour signaler sa présence à l'autre bout de la bibliothèque. Resserrant sa cravate, il retrouve sa posture déterminée, impatient de commencer ce cours. Il la salue poliment et se félicite d'être l'archétype même de l'élève modèle et trop dévoué à son enseignante. Il tire une chaise pour Roxane, jouant à l'homme galant. Il est parfait, il le sait, tout le monde le sait et il est décidé à le montrer à la belle qui l'accompagne. Il prend place face à sa prof, lui adresse un sourire et pose un regard furtif sur les livres. « Alors. » Il tapote son crayon sur l'un des bouquins qui trainent sur la table. « On commence par quoi ? Notre-Dame de Paris ? Ou l'architecture de ma chambre ? » Le ton détaché, il s'affale presque sur le dossier de sa chaise et attrape son téléphone alors que de son autre main, il agite les clés.

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Encore un peu de rouge à lèvres. Je resserre mes lèvres, sourit au reflet dans le miroir et range le tube dans mon sac à main. Je me remaquille sans savoir pourquoi. J’ai rendez-vous pour un cours particulier avec un élève, rien de romantique. Mais c’est un réflexe. Il faut toujours être bien maquillée, dès qu’on est en public. Je sors mon téléphone, soupire en voyant qu’il n’est toujours pas dix-sept heures et finalement, vais faire un tour aux toilettes. Arriver en avance, pas question. Une femme doit toujours se laisser désirer, même pour un cours. Alors quand j’entre dans la bibliothèque de l’université, il est déjà l’heure. Chaussée de talons hauts et vêtue d’un jean et d’un pull tout à fait normaux, j’avance entre les tables et les livres. Il n’y a déjà plus grand monde dans les lieux. J’entends mon nom et remarque qu’il s’agit de Jolan Scott, l’élève que je suis venue aider. Cette heure en plus ne me sera pas payée alors il a intérêt à travailler. J’avance vers lui, le regard perdu dans le vide – sans me douter que dans la tête du jeune homme, j’arrive au ralenti. Il tire ma chaise. Il agit comme un homme lors d’un premier rendez-vous à la fin duquel il espère coucher avec vous. Bizarre comme élève. Peut-être essaye-t-il de gagner quelques points sur son prochain examen en faisant cela. Points qui ne lui seraient pas inutiles vu qu’il ne s’agit pas de sa première année dans mon cours. Le genre d’élève qui pourrait me faire douter de mes capacités à enseigner. Mais beaucoup réussissent donc je suis rassurée. Je dépose mon sac sur mes genoux et en sors quelques livres. Je ne sais pas encore de quoi il va vouloir parler mais ils peuvent toujours être utiles. « On commence par quoi ? Notre-Dame de Paris ? Ou l'architecture de ma chambre ? » Je relève la tête vers le jeune Scott, surprise. Le sous-entendu est plutôt clair. Pense-t-il vraiment que c’est à ça que sert un cours particulier ? Très subtil en tout cas. « Les chambres, c’est surfait je trouve. Et tellement peu original. » Je lui souris sarcastiquement et laisse tomber mon sac sur le sol. Posant mes coudes sur la table, je le regarde un instant. Je n’ai aucune idée du jeu auquel il joue mais je peux très bien jouer aussi. « Tu sais ce qui est bien pas contre ? La tour Eiffel, la ville de Pompéi et à peu près tous les monuments de Rome. Tu n’as pas idée d’à quel point c’est mieux qu’une chambre tout ça. » Je rigole doucement, amusée de l’expression sur son visage. Je tends le bras sur la table et rapproche un livre de lui. Je tape mon ongle dessus pour attirer son attention vers celui-ci, je me redresse ensuite. « Tu peux commencer par me dire ce que tu n’as pas compris lors du cours de ce matin peut-être ? »

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Son corps se fraie un passage parmi les tables et les chaises de la bibliothèque. C'est le point de ralliement de tous les étudiants sérieux. Lui, il n'a pas sa place ici. C'est même la première fois qu'il vient. Et contraint de jouer le rôle de l'intello coincé, empoté, sérieux, à la petite vie bien rangée et tranquille, il retient un soupir lorsqu'il voit Roxane Clarke installer ses affaires sur la table. Des centaines de fois il a imaginé cette scène. Ce moment privilégié qu'elle lui accorderait à la bibliothèque. Cette façon qu'elle aurait de bouger jusqu'à lui, les vêtements qu'elle porterait et les paroles qu'elle dirait. Il a imaginé, rêvé cet instant. « Les chambres, c'est surfait je trouve. Et tellement peu original. » qu'elle répond. Surpris qu'elle rentre si vite dans son jeu, il coule un regard autour d'eux. Personne ne semble s'intéresser à leur rencontre. Normal. « Faut bien commencer quelque part. » Simple murmure. Il lui accorde une œillade complice. Ils sont semblables. Si ce n'est qu'il se considère mieux qu'elle, évidemment. Quand bien même il s'agisse de Roxane, ce fantasme vivant. Sexy et beau gosse de la tête aux pieds, ses allures de roi reprennent indéniablement le dessus. « Tu sais ce qui est bien pas contre ? La tour Eiffel, la ville de Pompéi et à peu près tous les monuments de Rome. Tu n’as pas idée d’à quel point c’est mieux qu’une chambre tout ça. » Elle accapare l'attention du prince. Pendu à ses lèvres, il écoute chaque phrase qu'elle confie avec l'expérience qui s'en dégage. « Paris ? J'en garde des bons souvenirs aussi. » Avec Valentine, sa plus belle conquête. Sa plus belle déception aussi. Mais il ne le précise pas. Et n'ajoute rien d'autre également. Il s'imagine alors une scène plus délicieuse dans laquelle il lui agripperait la taille, la plaquerait contre un mur où il l'embrasserait. Ses doigts experts glisseraient sur sa peau et il couvrirait son cou de baisés brûlants avant de la débarrasser de son jean et de son haut. Bien que sublime habillée ainsi, sa tenue ne rend pas grâce à ses courbes parfaites. Il la déshabille du regard et n'écoute pas un mot de ce qu'elle dit. Dans ses rêves les plus fous, il lui fait l'amour. Et non en train d'étudier. « Tu peux commencer par me dire ce que tu n’as pas compris lors du cours de ce matin peut-être ? » Il ouvre un livre, feuillette quelques pages, l'air de rien et referme le manuel presque aussitôt. A quoi bon faire semblant alors qu'il a nullement l'intention de travailler ? Il hausse les épaules, pousse sa chaise et se lève. Indifférent aux regards des rares étudiants qui occupent la bibliothèque, il s'assoit sur le bout de la table et pose son regard sur sa prof. Armé de son sempiternel air impérial, il croise les bras contre son torse. Tout l'attire chez cette femme. Autant son physique que ses paroles. « On s'en fout. Non ? » qu'il répond, aussi nonchalant que d'habitude. Bien loin de son rôle d'étudiant empoté, le prince s'amuse. « Et vous, vous pouvez commencer par me dire si vous préférez la réserve ou le rayon des cités grecques ? » Son visage se tourne vers les étagères pleines de livres. Il attrape son téléphone, commence à pianoter sur Google avant de relever les yeux. Quand ses pupilles croisent les siennes pendant une fraction de seconde, il semble oublier qu'ils sont là pour qu'elle lui donne un cours d'architecture, que ses propositions sont déplacées et mal-venues, pire encore, qu'elle n'en a rien à faire de lui. Grande brune perchée sur dix centimètres de talon, le monde à ses pieds et Jolan Scott qui n'attend qu'elle. « Ou sinon, deux billets d'avion pour Rome, j'achète et on part ce soir. Vous et moi. » Et dans sa splendeur, il se contente d'un sourire. L'art subtil d'être parfait quotidiennement. Il glisse le téléphone sur la table, dans sa direction, pour lui montrer qu'il est sérieux. Proposer de partir avec un inconnu à l'autre bout du monde ou du pays, il n'y a que Jolan Scott pour faire ça. Il veut la faire rêver, à défaut d'obtenir autre chose. « Sauf si vous préférez Rio ou Vegas pour la destination ? »

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