us against the world
POSY HAWKINS & CALLIE HAWKINS

Encore une journée de plus accomplie en tant que commis au bistrot le Petit Corse. Encore une journée où je rentrais agacée par les multiples commentaires de mon patron sur ma façon de travailler. Ouvrant la porte de notre petite maison, je la claquais avec la porte avec entrain pour faire comprendre à ma sœur jumelle que j’étais bien rentrée. Ma tension était au maximum. Mon patron – bien que je le trouvais ultra sexy – me sortait vraiment par les yeux parfois. « Il a beau être terriblement sexy, il me fait sortir les griffes… » disais-je, à l’intention de ma sœur jumelle qui revenait de la petite bibliothèque. Je posais mon tablier de travail sur une chaise, avant d’aller m’effondrer sur le canapé. Fermant les yeux pendant quelques secondes, je sentais ma moitié venir s’effondrer avec moi sur le canapé. Elle avait ce don de me réconforter à chaque fois que je me sentais irritée par mon travail. Malheureusement, je n’avais pas le choix : je me devais de payer les factures. Je ne voulais pas que ma sœur souffre autant que moi de cette situation financière exécrable. « Dis-moi par pitié que l’héroïne de ton bouquin était riche et n’avait pas besoin d’éplucher des patates et des carottes tous les jours… » disais-je, sur un ton las. Un léger sourire se dessinait sur mes lèvres. Je jetais d’un œil ouvert un coup d’œil à ma sœur. Je savais qu’elle lisait beaucoup, c’était son rituel. Elle m’attendait toujours avec un bouquin à la main.

Je m'étais levée très tôt ce matin, non pas que je devais aller travailler tôt, mais juste que je n'avais plus sommeil. J'étais ce genre de personne qui n'avait pas besoin de dormir tellement pour être en grande forme. Je passais en toute discrétion devant la porte de ma jumelle, et je n'entendais aucun bruit, elle devait sûrement dormir à point fermé. Je me rendais dans la salle de bain, je prenais une petite douche et me préparais pour aller prendre mon petit déjeuner. Une fois prête, je prenais ma voiture et j'allais à mon travail. Il fallait que je prépare ma tournée, que je m'habille en tenue, et que je n'oublie pas de vérifier mon vélo. J'avais encore une demie heure devant moi, et j'attendais avec un café dans les mains. Après avoir salué mes collègues, je partais faire ma tournée. Elle n'était pas longue, mais il fallait avouer que c'était épuisant. Je n'aimais pas tant ce boulot, mais à vrai dire c'est grâce à celui ci que je pourrais faire le métier de mes rêves. Une fois ma matinée de travail fini, je rentrais me mettre au chaud et je me préparais quelque chose de rapide à manger. Mon après midi allez se résumer à me mettre sur mon fauteuil favori, et à me lire un roman. Je n'avais pas vu le temps passer, et quand j'entendis la porte claquer je compris que ma jumelle venait de rentrer. Elle râlait, et je comprenais rapidement que c'était à cause de son patron. Je la rejoignait rapidement et m'affalait à ses côtés sur le canapé. Je posais ma tête sur son épaule et écoutais ce qu'elle avait à me dire. "Non pas dans celui là. Ce héros là, c'est plus un aventurier en quête d'amour je crois. Enfin j'en suis qu'à la moitié donc bon, on verra à la fin." Je relevais la tête et lui souriais. "Je suppose que ta journée fut rude ?" Je n'aimais pas la voir en colère, mais il fallait avouer que ce boulot la rendait parfois aigrie.

Ma sœur raffolait de ces histoires d’amour à l’eau de rose. Moi ça me filait tout simplement la nausée. Depuis mon ex-mari batifolait avec ma belle-mère, je refusais tout ce qui avait un rapport avec l’amour et toutes ces conneries. Plus jamais le mariage, je me l’étais promis. J’avais trop souffert pour repartir dans cette connerie de papier pour prouver que l’on s’aimait. Au final, j’avais été trompée du début jusqu’à la fin. Je ne m’étais tout simplement rendue compte de rien et c’était ça le plus désolant dans l’histoire. « Dommage… Ca aurait pu rendre le bouquin intéressant au point que je l’ouvre. Je sais, c’est inédit. » disais-je, en souriant en coin. Moi avec un bouquin dans les mains ? Même pas en rêve. J’étais plus souvent avec un couteau dans les mains… Pour couper les légumes évidemment ! Ce soir, je me sentais trop mâchée pour faire à manger. Cela m’arrivait que très rarement. « Hum… Ca te dit qu’on commande une pizza ce soir ? » disais-je, en tournant la tète de ma sœur qui avait comprit que ma journée n’était pas des plus agréable. Je rentrais presque tous les soirs dans une colère habituelle. La question de ma sœur jumelle ne tardait pas à me faire réagir négativement. « D’où est-ce qu’on peut se permettre de critiquer le goût de tes plats tout ça parce que la carotte n’est pas coupée au millimètre près ? » disais-je, en serrant les poings. J’acceptais difficilement la critique, mais venant toujours de la même personne… Je n’en pouvais plus. Malheureusement, je n’avais pas le choix que de le caresser dans le sens du poil si je voulais plus rapidement monter en grade. C’était la loi des carrières. J’étais presque certaine que ma sœur faisait la même chose. Elle n’avait pas vraiment trop le temps de voir son patron elle, puisqu’elle passait ses journées à livrer le journal et à faire le tour de Sunset Valley en un temps record. Elle connaissait mieux Sunset Valley que moi d’ailleurs. Je secouais la tète pour essayer de sortir Adrian de ma tète. Je l’entendais encore avec son ton autoritaire juste par-dessus mon épaule. A te rendre folle.

Je la regardais attentivement, et il fallait avouer que nous étions vraiment complémentaires. Elle était la force, j'étais la douceur. Nous étions en équilibre à chaque moment de notre vie. Elle me faisait rire, dans n'importe quelle circonstance, et elle trouvait toujours le moyen de se faire rire elle même. Je voyais son petit sourire en coin, elle lire non mais la bonne blague. "Arrête, si je te trouve un livre qui parle de vengeance sur son ex mari et sa belle mère, tu le lirais avec tant d'envie je suis sûre." disais-je en souriant de toute mes dents. Il fallait avouer qu'elle n'était pas très lecture. Dans notre duo, c'était moi la littéraire et elle la manuelle. Je l'écoutais à moitié quand elle me proposa une pizza, j'étais assez d'accord avec son idée, je n'avais pas envie d'attendre qu'elle fasse à manger, je voulais passer du temps à parler avec elle. "D'accord, mais c'est toi qui appelle !" Il fallait se lever, et je n'avais pas envie, du moins pas pour le moment. Elle ne tardait pas à répondre à ma question précédente, sur sa journée de boulot. Je voyais son regard changer en un quart de seconde. J'étais plutôt d'accord avec elle, il était vraiment tyrannique ce mec, pas moyen de tirer un seul sourire. Les seules fois où j'allais manger au restaurant de Posy, je me posais souvent cette petite question ridicule; a-t'il des dents ? Oui non mais c'est vrai quoi, à force de pas sourire on pourrait se demander. Je suis quelqu'un de très aimable, mais en sa compagnie, je me refroidissais automatiquement. "De toute façon, il est con.." disais-je entre mes dents. Je savais qu'elle l'entendrait, mais j'avais vraiment pas tort. Cependant malgré son caractère de cochon, il fallait bien avouer qu'il était sexy à mourir. Et je me doutais bien que même s'il sortait par les trous de nez de ma jumelle, elle devait bien le trouver attirant.

Je n’étais pas si grognon que ça finalement. Ma sœur y était pour beaucoup dans tout ça. Elle m’apaisait rien que par sa présence. Je n’arrivais pas à tenir plus d’une semaine sans elle. Je n’avais plus qu’elle après tout dans ma vie, elle était le pilier sur lequel je me reposais quand je m’apprêtais à rendre les armes. Tout ça, c’était pour elle. Je ne voulais que son bonheur, même s’il devait passer avant le mien. Callie me connaissait assez bien pour savoir que je n’ouvrirai jamais un bouquin. Sauf si c’était un bouquin de cuisine. D’ailleurs, elle savait sur quel genre de bouquin j’aimerai tomber. « Le bouquin de mes rêves… » disais-je, en soupirant. Depuis mon divorce, je cherchais par tous les moyens de me venger de mon ex-mari mais aussi de ma belle-mère. Cette croqueuse de diamants qui n’avait que 4 ans de plus que moi, bouffait à tous les râteliers. Je n’arrivais toujours pas à croire que mon ex-mari folâtrait avec cette gonzesse. Mon père portait les cornes hautes, il ne se doutait probablement de rien. « Fais gaffe elle sera capable de chercher à allumer Eliott, juste pour nous pourrir un peu plus chaque jour. » disais-je, avec un sourire en coin. Je savais que ma sœur n’allait pas apprécier la remarque. J’avais cette fâcheuse manie de taquiner toutes les personnes que je connaissais. Mon côté mesquin – sombre – remontait souvent en ce moment. Je pensais beaucoup trop à mon ex-mari à vrai dire, et à cette croqueuse de diamant. Je rêvais de la voir derrière les barreaux avec mon père. Trop beau pour être vrai malheureusement. Je me levais du canapé, trainant du pied pour téléphoner au livreur de pizza. Une fois le coup de téléphone passé, je me décidais à enlever mon tablier et mes chaussures de sécurité. Je retrouvais une tenue à peu près normale. J’entendais Callie insulter mon propre patron de con. Un rictus se dessinait sur mes lèvres. « Con certes… Mais terriblement sexy. » disais-je, en levant l’index en l’air. Prenant un élan, je sautais sur le canapé en manquant de me vautrer par terre. Je posais la tète sur l’épaule de mon double, en regardant le vide. « Mais c’est un con quand même. » Je soupirais, regrettant presque de craquer sur les mauvaises personnes à chaque fois. Le destin n’était jamais avec moi, de toute façon.

Je savais très bien que ma soeur n'était pas du genre à lire, mais comme je lui disais elle n'était pas tombée sur le livre parfait. Un bouquin qui pourrait apaiser son désir de vengeance envers notre belle-mère. Je me doutais qu'au fond jamais elle n'en finirait de cette haine, moi j'étais passée à autre chose, même si je ne lui pardonnais en rien tout ce qu'elle nous avait fait. Cette femme n'était qu'une pourriture. Dans la vie, et dans mes bouquins j'ai toujours appris que le pardon était signe d'un grand pouvoir. La seul faiblesse c'était de s'enfermer dans ses bêtises. Ma sœur avait beau être une jeune femme forte, elle était faible face à son désir de vengeance. Elle n'était pas dans le bon, il fallait que ça cesse. Je l'écoutais me parler d'Eliott, et mon sang ce mit à bouillir. Il fallait toujours qu'elle mette ça sur le tapis. Eliott c'était sans compter le mec le plus beau que j'avais rencontré, mais c'était aussi le meilleur ami de ma chère et tendre jumelle. Je ne lui avais pas encore confié mes sentiments pour le jeune homme, et j'avoue ne pas avoir eu envie de le faire. "Arrête un peu tu veux ! Oublie la un peu, ce n'est qu'une femme stupide qui ne connaîtra jamais l'amour ni la joie d'être aimé. Faudra qu'un jour tu apprenne à contrôler ta haine envers elle. Je t'ai toujours répété que ça ne te mènerait nulle part. Et laisse ton cher meilleur ami en dehors de tout ça !" disais-je en croisant les bras. Je ne souriais plus, à quoi bon quand Posy se mettait à devenir aussi malsaine que notre père. Je m'apaisais cependant quand la vis lever le doigt en l'air pour parler de son patron. Je m'apaisais également quand la vis sauter à mes côtés sur le canapé. Moins une et elle se rétamait la tête sur le tapis. Je souriais timidement, comme pour essayer de cacher mon fou rire. Mais en imaginant Posy la tête par terre et les fesses en l'air, j'explosais de rire. "T'en a pas marre de toujours me faire rire.." disais-je en lui tapant dans l'épaule. Elle déposait sa tête sur mon épaule, et comme pour lui dire que je serais toujours là dans les bons comme dans les mauvais, je posais ma tête sur la sienne. Nous n'avions plus qu'a attendre notre pizza. "C'est un patron après tout, mais bon un sourire et un peu d'amabilité ne font pas de mal !"

Je levais les yeux au ciel, agacée par les remarques de mon double identique. Elle avait raison, je me laissais trop emportée par la vengeance et la colère que j’avais envers ces personnes. Mon avenir ainsi que mon présent était gâché par ces personnes… Je me laissais totalement aveugler par ces sentiments négatifs que j’éprouvais envers ma belle-mère et mon ex-mari. « Non c’est vrai. Tu n’as pas eu de mari qui t’a planté trois jours après ton mariage pour coucher avec sa belle-mère, qui je suis certaine à bien prit son pied. » disais-je, sèchement. L’expression sur mon visage s’assombrissait petit à petit avant de montrer une expression de dégout total. L’imaginer avec elle me donnait littéralement la nausée. En voyant la tronche presque désolée de ma sœur, je changeais immédiatement d’attitude. « Excuse-moi… On arrête de parler de ça. » disais-je, en grimaçant. Je n’avais pas envie de la blesser, ni même d’avoir un mot de travers envers elle. Je savais qu’elle ne supportait pas cette partie de moi rancunière, aigrie et mesquine qui n’attendait que le bon moment pour mettre au point la pire vengeance juste pour leur faire payer. Je savais que cette vengeance n’allait pas atténuer ma peine bien au contraire, mais au moins je pouvais me sentir soulagée dans un sens. Pour le moment, je n’en étais qu’au stade de réflexion. A vrai dire, mon cerveau fusait d’idées tordues. Bon finalement, elle ne l’avait pas mal prit puisque je l’entendais rire. Ma petite cascade sur le canapé faisait toujours son effet de toute façon. « J’ai loupé ma vocation darling. » disais-je, en callant ma tète sur son épaule. Elle m’apaisait immédiatement, me faisant presque oublier mon excès de colère de tout à l’heure. « Autant demander à un mort de danser la macarena… Le sourire, il ne connait pas. A part quand il me voit partir. » Je fronçais les sourcils. J’étais persuadée pourtant qu’il se passait quelque chose de louche. Il était tout le temps sur mon dos, ça en devenait étouffant. Bien que sa vue ne me dérangeait pas bien au contraire. J’entendais la sonnette de notre porte d’entrée retentir. « Tu ne veux pas y aller ? Mon porte feuille est dans mon sac à l’entrée. » disais-je, en enlevant ma tète de son épaule pour qu’elle bouge. Je tâtais le canapé afin de trouver la télécommande. Il devait bien y avoir une émission culinaire à cette heure-ci, pour apprendre une nouvelle recette.  

C'était absurde, on arrivait encore à se prendre la tête pour une femme qui n'en valait pas la peine. J'écoutais ces mots, et j'essayais de ne pas m'énerver. Je préférais donc me taire, et hausser les épaules, et souffler un bon coup. Elle voulait être sèche pourquoi pas, je serais indifférente, c'est ce qui la rendait encore plus folle. Seulement ce soir je n'avais vraiment pas envie de me prendre la tête une énième fois avec ma sœur sur ce même sujet. Je changeais rapidement d'expression, et je me radoucissais. Je l'écoutais se raviser, et j'étais plutôt d'accord avec elle. "Bien sûr qu'on arrête, jamais j'ai voulu qu'on en arrive à ce sujet, tu le sais !" disais-je en souriant en coin. Ma sœur c'était une bombe à retardement, et je savais qu'un jour où l'autre elle l'aurait sa vengeance. Tant qu'elle m'en parlait pas, je m'en fichais, mais je ne pouvais m'empêcher d'avoir peur de ce qu'il pourrait lui arriver. Cette femme n'était qu'une folle, et je n'imaginais même pas la folie dans son cerveau. Je riais de bon cœur, quand je l'entendais me dire ces mots. Avec sa tête sur mon épaule, je m'apaisais autant qu'elle. Je savais que c'était comme ça qu'on étaient les plus heureuses. "Un mort qui danse la macarena ? Hum dis donc je me l'imagine bien ça ! Mais non je suis sûre que secrètement il est fou de toi !" disais-je en riant de bon cœur. Je l'imaginais dans son bureau avec une photo de Posy, et en train de baver dessus. Oui ma sœur était la plus belle, et non je ne suis pas objective c'est clair. J'entendais la sonnette retentir, et je voyais ma sœur me faire les yeux doux, en me demandant si je ne pouvais pas y aller. Je lui souriais et je me levais pour aller payer. Je prenais les sous, et me dirigeai vers la porte d'entrée. Je payais rapidement les pizzas, et je revenais vers ma sœur. "Una Quattro Formaggi pour la bella !" disais-je en exagérant mon bel accent italien, et lui faisant un clin d'oeil.

Le soufflet de ma colère était aussitôt retombé. Ma sœur avait parfaitement compris qu’une énième dispute ne servait à rien surtout à cause de notre belle-mère. Je me demandais simplement comment j’arrivais à passer du rire à la colère en quelques secondes. Cette femme avait un tel pouvoir sur moi, ça en était presque flippant. Je ne savais pas ce que j’allais lui faire subir encore, mais vu ce qu’elle provoquait en moi… Ca allait être terrible. Mon humour en tout cas avait tout surpassé encore une fois. La potentielle dispute avec elle n’était déjà qu’un lointain souvenir. Je n’arrivais jamais à vraiment me disputer avec elle. A vrai dire, elle n’était pas vraiment au courant des sujets qui pouvaient fâcher. La réflexion de ma sœur sur les potentiels sentiments de mon patron m’écarquillait les yeux. « Tu crois qu’aimer ne se réduit qu’à te dire t’es toujours en retard, t’es pas bien habillée ou tes légumes sont mal taillés ? » disais-je, avec un sourire légèrement moqueur. Elle avait raison en tout cas sur un point : j’étais celle avec qui Adriàn se disputait le plus. Cela en devenait presque normal au boulot de nous voir nous disputer pour un simple tablier mal mis ou un chignon mal fait. Ma sœur se décidait à aller chercher la pizza pour mon plus grand bonheur. Son accent italien me fit rire. « Depuis quand tu es allée en Italie toi ? T’es partie sans rien me dire c’est ça ? » disais-je, en penchant la tète sur le coté. Je la regardais se rasseoir à mes cotés. Une bonne pizza devant la télé. Ces petits plaisirs simples ne faisaient que renforcer nos liens encore plus forts. Prenant une part de pizza dans mes mains, je regardais ma sœur. Elle était si secrète, si mystérieuse. « Et toi, tu n’as pas un beau livreur de journaux qui te fait tourner la tète sur son fidèle destrier vélo ? » disais-je, en mordant un bon coup dans ma pizza. Bon sang, que ça faisait du bien.  

Comme nous n'avions pas envie de nous prendre la tête, nous étions rapidement passé d'un sujet à l'autre. J'avoue que pour le moment je préférais me concentrer sur ce patron complètement frappadingue, plutôt que sur cette vieille mégère de belle mère. Je la voyais écarquiller les yeux, et je gloussais. Elle avait de ces réactions parfois. Je la connaissais par cœur, mais elle me surprenait toujours. J'avais toujours voulu une relation aussi fusionnelle en amour, mais jamais je n'avais eu le droit à cette chance. "Et bien écoute, comment te dire que je n'ai jamais eu vraiment la chance de connaître l'amour, du moins celui qui te rends folle à un point inimaginable !" disais-je en lui faisant un clin d’œil. Bon ok, je mentais un peu, mais comment lui dire que j'étais folle amoureuse d'un homme qui n'en avait rien à faire de mes états d'âme. Une fois la pizza payée, je m'installais à ses côtés. Mes pauvres mots en italien la faisait rire, tant mieux. Je préférais la voir heureuse, que mal ou en colère. "Oh et bien tu sais comment je suis, si mystérieuse.. Je ne révélerais pas mes secrets.." disais-je en riant et en lui assénant un coup de coude dans les côtes. Je prenais un morceau de pizza, l'odeur, le goût, tout me rendait plus sereine. J'avais besoin de ces petits moments avec ma sœur, j'avoue que vivre tout le temps n'était pas facile, mais il fallait avouer que nous étions vraiment compatibles. Comme j'aurais aimé que cela soit pareil avec Ethan. Je manquai de m'étouffer quand elle me parlais de ma vie sentimentale. Qu'allai-je lui répondre, c'est vrai quoi là elle me prenais un peu au dépourvu. Je n'allais pas lui dire pour Ethan, mais comment mentir alors qu'au fond je n'aimais pas lui faire ça. "Son fidèle destrier vélo, non mais tu as toujours le mot pour rire toi décidément." Je réfléchissais à ce que je pourrais bien inventer encore pour éviter le sujet, mais pour une fois je décidais d'être sincère avec elle, mais pas totalement. "Et bien il y a bien quelqu'un qui me fait tourner la tête, mais bon c'est trop compliqué quoi." disais-je en levant les yeux au ciel, et en m'affalant dans le canapé. Je ne savais plus quoi faire avec cet homme qui me faisait tourner la tête. Il avait quoi à toujours m'ignorer, à croire que cela lui faisait plaisir.

Mes réactions étaient à la hauteur de mon caractère : totalement imprévisible. Ce coté sombre me rattrapait beaucoup plus que je ne le pensais finalement. Je n’étais pas certaine que ma sœur puisse y arranger quelque chose. J’étais bouffée, rongée par la rancœur. Si elle savait tout ce que je faisais en dehors du travail pour ramener un peu plus d’argent à la maison. Je n’en avais jamais assez. En tout cas, ce n’était pas pour aujourd’hui la promotion. J’étais bien loin de l’avoir avec la relation que j’entretenais avec mon patron. A moins d’avoir une promotion canapé, chose que je me refusais à faire. « Tu lis un peu trop de bouquins, et tu devrais plutôt faire comme moi : sortir… Avoir une vie sociale ! » disais-je, avec un petit sourire en coin. C’est vrai que sur ce coté là, Callie ne me ressemblait pas. Je sortais quasiment 3 soirs par semaine, si ce n’était pas plus. Avec un patron pareil, je me devais de m’aérer la tète et ce n’était certainement pas dans mon appartement que j’allais faire le vide. Je dégustais ma pizza, silencieusement. J’avais du mal à m’imaginer ma sœur me cacher des trucs. Je me sentais presque honteuse de lui en cacher moi. Nous n’avions pas de secrets l’une pour l’autre. Mais j’étais obligée de lui cacher ça, je ne pouvais pas faire autrement. « Tu sais te téléporter, et tu ne me le dis même pas ? » disais-je, en prenant un faux air outrée. Je mordais une nouvelle fois dans ma pizza en riant. Ma blague « destrier vélo » avait son charme, et son effet sur mon double. J’avais toujours ce petit mot pour détendre, mais également pour blesser. J’étais à double tranchant. Il fallait parfois me prendre avec des pincettes. Je manquais pourtant de m’évanouir lorsque ma sœur me fit l’aveu d’être en effet amoureuse de quelqu’un. Je l’observais s’avachir sur le canapé, la fusillant du regard. « Depuis quand tu me caches un truc pareil ? T’es tombée sur la tête ? Allez dis-moi qui c’est ! Il est grand, brun et sexy ? » disais-je, toute excitée de découvrir le mystérieux homme qui faisait tourner la tète de ma jumelle. « Il est pas comme dans tes bouquins rassure-moi ? » disais-je, en prenant un faux air sérieux.

Je savais que j'étais loin d'être comme ma sœur. Nous étions certes identiques sur certains points, mais nos vies sociales étaient complètement à l'opposé. Elle avait beaucoup d'ami, moi beaucoup moins. Je ne me fiais pas trop aux gens, pour moi rien ne comptait plus que ma sœur et mon meilleur ami. Elle n'avait pas tord de vouloir me bouger, mais comme on dit on est jamais mieux que chez soi. En l’occurrence le dicton s'accordait bien avec moi. J'avais besoin de mon cocon, de mon confort et surtout de ma tranquillité. Non pas que je ne sorte jamais, mais à vrai dire je n'aime pas trop ça, du moins pas tout le temps. "Ecoute que veux tu je suis comme ça, c'est pas maintenant que tu vas réussir à me changer. J'ai toujours aimé mon petit confort et mes bouquins, même si je sais bien que ça ne me mènera nulle part de me noyer dans mes histoires.." disais-je en lui souriant timidement. J'étais belle et bien casanière et je l'assumais. La pizza était tellement bonne, que certains silence entre notre discussion nous faisait du bien. On avait besoin de la savourer comme il le fallait. Pourtant entre nous tout roulait, même quand ça n'allait pas, et bien on trouvait un moyen de se réconcilier rapidement. Comme deux âmes sœurs, nous étions sur la même longueur d'ondes, et nous nous cachions rien, à part mon amour pour son meilleur ami. "Attends tu crois que je vais partager ce don ? Tu rêves là !!" disais-je en arquant un sourcil, et avec mon air le plus ironique qui soit. L'ironie c'est clair que c'était pas pour moi d'habitude, mais avec ma sœur tout passait. Evidemment, rien ne lui échappait, et il fallait toujours qu'elle est le dernier mot, enfin qu'elle sache tout sur tout quoi. J'avais pas envie de lui révéler mes sentiments, elle qui me protégeait tant, je ne pense pas qu'elle puisse me laisser partir avec un homme. Non pas qu'elle serait jalouse, juste qu'elle a ce besoin de tout contrôler et il faut avouer que je m'y complaît dans cette situation. Je la regardais en souriant, me fusiller du regard. "Je ne te dirais pas qui c'est, et puis de toute manière je ne pense pas que je l'intéresse... ! Tu n'es pas loin du compte si tu savais. Bien sur qu'il est sexy, j'en rêve la nuit tellement il l'est.." disais-je en riant. C'est vrai que ces derniers temps j'avais beaucoup rêvé d'Ethan, et pas forcément que des bisous et des câlins. De toute façon cela ne se résumait qu'à mes rêves, dans la réalité je ne l'intéressais pas assez pour qu'il me porte une quelconque attention. "Non, du moins je ne crois pas.." disais-je en levant les yeux au ciel. Bon sang mais toute ma vie ne se résumait pas qu'aux livres, quoique.

Il y a une chose dont j’étais certaine : je ne pouvais pas changer le caractère de ma sœur. Elle avait beau faire de nombreux efforts pour sortir à quelques soirées pour moi, elle préférait se réfugier dans son monde un peu trop parfait avec ses romans. Je préférais largement la réalité, le vrai contact physique. Je me demandais si un jour ma sœur pouvait trouver le véritable amour, un homme qu’elle aimera pour ses nombreuses qualités et non pas parce qu’il ressemble à tel héros de bouquin. Ou alors, je me trompais carrément sur la ligne. Elle était tellement secrète sur sa vie amoureuse. J’avais tellement envie de lui soutirer ces informations. Je savais que c’était peine perdue. « Au moins, tu en es consciente. Un petit effort pour sortir à la fête du bateau qui va avoir lieu prochainement ? » disais-je, avec les yeux du chat potté. Elle était incapable de refuser cette invitation. Elle n’avait pas le choix. Je terminais ma première part de pizza rapidement, avant de prendre un faux air de fille scandalisée. « Je pensais qu’entre sœurs jumelles on partageaient tout ! A part les petits amis… » disais-je, en riant. En parlant de petit ami, elle n’osait pas me révéler la personne qui faisait battre son cœur. Légèrement agacée, je ne manquais pas de lui faire ressentir en soupirant bruyamment. Callie avait du mal à me parler de ses petits amis à chaque fois, parce que j’avais tendance à un peu trop empiéter sur son couple. J’avais tellement ce besoin de la protéger, que j’étouffais parfois les relations amoureuses de ma sœur. Elle ne s’en était jamais plainte pour le moment, mais je redoutais ce moment. « Comment ça, tu ne l’intéresses pas ? Tu n’en sais rien puisqu’il ne le sait pas ! Puis t’es belle comme un cœur, aussi belle que moi d’ailleurs… Comment on ne peut pas craquer pour toi hein ? » disais-je, en regardant ma sœur comme la huitième merveille du monde. Je ne comprenais pas pourquoi il n’y avait pas de prétendants tous les jours devant la porte de notre domicile. Soudain, révélation. Je tapais dans mes mains. « JE LE CONNAIS ! C’est ça ? C’est un mec que je connais et t’a envie de me faire poireauter jusqu’au bout avant que je devine ! » C’était un cas particulier cette fois-ci. De qui ma sœur pouvait-elle être amoureuse, dans mes connaissances ? J’en avais tellement…

Je n'en voulais pas à ma sœur d'essayer de me sortir, après tout c'était dans sa nature. J'avais besoin d'elle pour toute les bonnes choses de la vie. Elle me donnait envie de me battre pour chaque chose importante qui pourrait m'arriver. Après tout son meilleur ami était le mec dont j'étais amoureuse, et pourtant ce petit détail m'empêchait de lui dire tout. Ce n'était pas dans mes habitudes, car elle savait tout de moi, mais avec le temps j'avais appris à lui cacher une partie de ma vie, ma vie sentimentale. C'était un échec, elle commençait à vouloir en savoir, un peu trop à mon goût. "Ouais pourquoi pas, après tout ce sera un bon moyen de faire la fête ensemble." disais-je en lui souriant. Après tout j'étais incapable de lui résister avec ses yeux suppliants. Je faisais ma mine de petite fille qui ne comprenais rien, quand elle pris son air faussement scandalisé. Je riais, je ne répondais même pas à sa question. En même temps elle n'avait pas forcément besoin de réponse, tout ce passait dans le regard entre nous. Et puis pensant qu'elle allait changer de sujet, je me retrouvais devant le fait accompli, nous allions parler de cet homme si secret qui hante mes jours comme mes nuits. Je ne voulais pas lui en parler, non pas qu'elle se mettrait en colère, mais juste parce que ça aller être un énorme bordel, je le pressentais. Posy voudra toujours faire de son mieux pour mon bonheur, et c'est justement ce dont je n'ai pas besoin avec Ethan. "Oui certainement, mais un mec un tant soi peu intéressé, me ferait sûrement des avances non ? Bon après peut être que je suis belle comme un cœur, mais bon j'en suis pas convaincue. Ma vie sentimentale est comment dire ... chaotique ?!" disais-je en baissant les yeux et croisant mes mains. Je n'étais pas à l'aise avec ma vie sentimentale, car je n'ai pas confiance en moi. Je sais que je dois rapidement changer ça, si je veux qu'Ethan s'intéresse un minimum à moi. Et là je rougis deux fois plus, elle a tout compris mais je ne veux pas qu'elle le sache. Alors je m'enfonce encore un peu plus dans mon mensonge, et je m'enferme un peu plus dans ma mutinerie. "Non tu ne le connais pas, sinon tu crois quand même pas que je te l'aurais caché ?" disais-je en relevant les yeux vers elle, et en lui souriant timidement. Elle allait m'en vouloir à mort quand elle l'apprendrais, c'est clair. Je pense même qu'elle pourrait ne jamais me le pardonner, mais je ne voulais pas tout gâcher, du moins s'il y avait quelque chose à gâcher entre lui et moi.

Première victoire pour ce soir, réussir à convaincre ma sœur de venir à la fête des souvenirs. Elle savait très bien ce que j’allais amener à cette fête. Je répétais toujours la même chose chaque année à vrai dire : j’amenais une photo, toujours plus différente, de notre père. Je prétextais faire le tri des photos dans l’album photo de « famille » mais en réalité, c’était ma haine contre lui qui m’amenait à bruler tout ce qui me rappelait qu’il était mon géniteur. « Et faire cramer quelque chose qu’on ne regrettera pas d’avoir brulé ! » disais-je, en pensant à mon père. J’étais affreusement dure avec lui, mais je ne pouvais même pas lui donner l’occasion de se racheter. En sa présence, j’étais capable de faire une connerie. Fini de penser à cette enflure de première catégorie. J’essayais de trouver le nom de cet homme que ma sœur aimait tellement qu’elle m’en cachait l’identité. Je finirai bien par le découvrir un jour, je pouvais au moins en avoir la certitude. Elle n’était pas prête à tout me dire, et moi j’étais pressée. Je ne lui laissais aucune part de jardin secret. « Je t’interdis de te rabaisser comme ça ! Tu crois que je suis mieux moi ? La fille amoureuse de son patron, qui ne cesse de s’engueuler avec lui pour lui montrer un quelconque intérêt ? Crois-moi, nous sommes sur le même radeau. » J’étais aussi chaotique qu’elle : un mariage raté, une belle mère que je haïssais du plus profond de mon être, une pseudo haine contre mon patron. J’étais en fait très mal placée pour lui donner des leçons de vie. « Bon ok ! Quand tu te sentiras prête à me dire qui est cet homme mystérieux, tu me le diras… Ou alors j’enquêterai dans ton dos… » disais-je, avec un petit sourire malicieux. Elle savait que je plaisantais mais qu’en réalité j’en étais capable. C’était le pire avec moi. J’étais un peu trop protectrice avec mon double.

Je savais que cette fête du bateau était juste une bonne excuse pour brûler un truc venant de notre père. Elle voulait à tout prix effacer les souvenirs du passé, mais même ça, ça ne changerait rien aux choses. J'allais moi même emporter une vieille photo de maman et papa, histoire de tirer un trait sur ma vie d'avant. Je n'avais bien entendu pas montrer cette photo à Posy, elle aurait sûrement explosé en voyant notre chère mère inconnue avec notre enfoiré de père. "Comme tu dis, mais bon ça changeras rien à notre vie de tout les jours" disais-je en lui souriant. Je voyais dans ses yeux, qu'elle pensait à lui et qu'elle lui en voulait à mort. Je ne pouvais rien faire contre ça, cette envie irrépressible de le tuer. Je ne lui en voulais pas franchement qui pourrait, mais il fallait qu'elle tire un trait sur lui, qu'elle passe à autre chose et qu'elle vive sa vie comme il le fallait. Elle est si belle et si adorable, quand elle veut ! Deux minutes plus tard, alors que je continuais à regarder mon double, je me faisais limite engueuler. Non je ne me rabaissais pas, j'étais sincère avec moi même. Comment se pouvait-il que je sois tombée amoureuse du seul type qui ne voudra jamais de moi. J'étais pathétique après tout. "Non mais tu comprends alors, être amoureuse d'un mec qui ne veut pas de toi c'est juste trop dur à gérer au quotidien. Si encore il ne te connaissait pas, ça m'aiderait peut être..." disais-je en baissant les yeux. Cependant me rendant compte que je venais de dire une connerie, je mettais ma main devant la bouche et j'essayais de la détourner de ces derniers mots. "JE LE SAVAIS QUE TU ÉTAIT AMOUREUSE DE TON PATRON !! disais-je en levant les bras au ciel, et en criant à moitié. J'en étais sûre à 100 pour 100, seulement j'attendais une révélation de sa part. Je ne voulais pas qu'elle sache pour Elliot, je voulais qu'elle l'apprenne quand je serais sûr qu'il s'intéresse un minimum à moi. Et pour l'instant il faut dire que c'est pas gagné, mais alors pas du tout. "Je serais prête, mais pas pour le moment. Je préfère être discrète parce que bon merci quoi, déjà qu'il est limite indifférent, alors si il sait que je suis amoureuse et que lui non, ça va être horrible.." disais-je en baissant les yeux. J'en avais marre de cet éternel mal-être au fond de moi. On avait donné toute la confiance à mon double et moi on m'avait oublié.