Comme souvent, Aleksandar était au centre sportif de Montsimpa. Il y va au moins une fois par jour, mais c’est bien souvent plus. Il faut dire que c’est son lieu de travail en quelque sorte ! Il entraîne l’équipe de Montsimpa en handball, il commente les matchs, en fait il fait un peu tout ce qui est en rapport avec le sport. Actuellement il était là pour s’entraîner car dans deux jours il a un match très important avec les « seniors » de l’équipe de Montsimpa, il espère gagner, comme les fois précédentes. Il faut bien avouer que même si sa carrière de professionnel est arrêtée depuis déjà quelques années, il ne peut s’empêcher de jouer en amateur. Il aime bien trop le handball pour arrêter et puis c’est un atout majeur pour l’équipe. Même si avec son sale caractère il se met quelque fois ses coéquipiers à dos. En effet, plusieurs, les entraîneurs et tous ceux qui font parti du club lui ont demandés de changer poste, car d’après eux, à la place où il est « il ne développe pas assez son potentiel ». Alek’ n’a jamais joué d’autres postes que ceux d’ailier, il ne sait faire que ça et il a envie de ne faire que ça. On ne peut pas le nier, à la place où il est, il est très fort !

Il était tout seul sur le terrain, seul le bruit de son ballon, de ses pas et des jacassements des filles et des garçons dans les vestiaires se faisaient entendre. Il peut très bien s’entraîner tout seul, c’est ce qu’il aime faire d’ailleurs, il n’a pas réellement l’esprit d’équipe. Enfin, un peu quand même sinon il n’aurait jamais fait une carrière aussi brillante ! Mais il préfère être tout seul dans son coin, c’est un solitaire. Bon après c’est sur que s’entraîner tout seul à des inconvénients, on n’a pas de gardien, on ne peut pas faire des attaques-défenses ou ce genre de choses, on est obligé d’utiliser des marques et des plots pour simuler les adversaires, mais cette technique convient très à Aleksandar !

Aleks continuait de lancer son ballon contre le mur, pour le faire rebondir et le rattraper. Il réfléchissait à ce qu’il n’avait pas encore fait aujourd’hui , dans son entraînement. Il y a certaines règles à suivre pour faire un bon entraînement, comme s’étirer, faire des séances de tirs au but, des attaques défenses, mais lorsqu’on est tout seul ce n’est pas ce qu’il a de plus simple. Il fallait aussi qu’il prévoit l’entraînement hebdomadaire de l’équipe de jeunes de Montsimpa, il les entraîne une heure toutes les semaines, ainsi que pendant les matches, le week-end. Parfois, certains le trouve un peu trop dur et brusque avec les jeunes, mais il est comme ça, il a appris comme ça, celui qu’il l’a formé l’a fait à la dure, mais ça ne l’a jamais dérangé, il dit même que si on ne l’avait pas autant brusqué, il ne serait jamais arrivé là !

M. Kovacevik arrêta de faire rebondir son ballon, lorsqu’il sentit des pas se rapprocher ; il se retourna et vit arriver un jeune homme, à peine plus vieux que sa fille. Il devait avoir la vingtaine, si ce n’est moins ! Celui-ci dit « Bonjour...je...euh. » Alek’ fit un petit sourire comme pour l’encourager à continuer. Beaucoup de personnes sont « timides » quand ils le voient, c’est l’une des choses qu’il n’a jamais vraiment compris, lui qui est resté simple et sans prétentions. En fait, il n’aime pas spécialement ce genre d’attitude, ça ne le dérange pas, pas du tout même. Mais il se dit qu’après tout il n’est qu’un homme parmi tant d’autres. Le jeune homme continua tout aussi…timide « Je ne sais pas vraiment quoi faire, si je gêne je trouverais bien quelque chose à faire. » Ensuite il fit un petit sourire à Alek’, que bien sur celui-ci lui rendit. Ce jeune homme venait d’arriver au bon moment. Il se demandait ce qu’il pourrait faire, maintenant, il sait ce qu’il pourra faire : un petit « match » avec le jeune homme. Aleks dit alors « bonjour. Oh non, ne t’inquiètes pas, tu me dérange pas du tout ! » Il lui tendit ensuite sa main gauche, mais se ravisa lorsqu’il vit l’état de celle-ci. En effet, elle était toute noir et collante, dut à la résine qu’il avait mit sur ses doigts et sur la balle, afin que cette dernière lui tienne mieux dans la main. Comme beaucoup de joueurs de handball, qu’ils soient connus ou non, il utilise de la résine. Au début il était réticent à l’idée d’en utiliser, mais plus il changeait de catégorie, plus les balles étaient grosses et moins elles tenaient dans ses mains, qui ne sont pas de tailles extraordinaires, il se résigna donc à mettre de la résine.

Il dit ensuite « enchantée. Je m’appelle Aleksandar Kovacevik, mais tu peux m’appeler Aleks, comme tout le monde. » Il se présente comme n’importe quelle personne normal. C’est une habitude qu’il a, il ne veut pas être différent en disant « tu dois sûrement savoir qui je suis ou ce genre de choses ». Quelque part, il ne se rend pas compte de la notoriété qu’il a et ne veut pas s’en rendre compte.

« Vous ! » Aleks se mit un peu à rire. Ce genre de réaction l’étonne toujours beaucoup et le fait bien rire il faut dire. Il a de moins en moins l’occasion qu’on lui dise ça, maintenant les habitants de Montsimpa sont habitués à lui et le considère comme n’importe quel habitant, mais quand des nouveaux arrivent, ou bien qu’il rencontre un nouvel habitant, il a le droit à ce genre de réaction. Bien que sa notoriété ait baissé depuis le temps qu’il ne fait plus du handball en pro, il reste quand le handballeur reconnu de tous. Et puis, il est aussi le commentateur sportif le plus demandé. On pourrait dire que tout ce qu’il fait fonctionne, il joue au handball ; ça fonctionne, il devient commentateur ; ça fonctionne, il se marie ; ça fonctionne…pas. Il y a une chose qu’il n’a pas réussi c’est son mariage, enfin il ne l’a pas complètement loupé, son ex-femme vit encore avec lui et sa fille, il considère même celle-ci comme sa meilleure amie. « Nooooooooooooon ! » parfois les gens était réellement hystérique quand il le voyait, mais ça faisait longtemps que ce n’était pas à ce point là. La dernière fois que quelqu’un l’a reconnue, c’était un de ses anciens fans, qui le détestait à présent parce qu’il avait arrêté !

« Désolé. Dans ma famille, on vous aime beaucoup. Adriel. Adriel Fawkes. » Comme environ trois quart des familles du monde. Enfin, il ne faut pas non plus exagéré, Aleks n’est pas non plus connu et aimé jusqu’au fin fond de l’Inde. Il a certes été élu plusieurs fois sportif préféré, mais il n’est pas plus connu que Brad Pitt ou Johnny Depp. Adriel lui saisit la main et vu à présent pourquoi Alek’ ne lui avait pas serré plus tôt, maintenant il devait avoir les mains pleines de résine. « Une petite partie de basket ? Je suis nul, mais tant pis ! » Al’ n’est pas non plus super fort en basket, mais il se débrouille, en fait, il ne s’est pas dirigé vers le basket, car il n’était pas assez grand, ce n’est pas du haut de son petit mètre soixante-dix-neuf qu’il va battre un colosse de deux mètres. En même temps s’il avait fait une partie de hand’, Adriel aurait eu aucune chance. Car ce n’est parce qu’il a dépassé la quarantaine qu’il ne peut pas battre un petit jeune de dix-neuf ans. Il n’a pas perdu la main, il pourrait peut être même retourner sur un terrain et battre une équipe de « petits jeunes ». Il répondit « pourquoi pas. Par contre, il va falloir qu’on se lave les mains. Je ne suis pas un pro’ du basket mais je doute que de la résine sur un ballon de basket soit super. »

Adriel déposa son sac sur un banc, puis se dirigea vers les toilettes des hommes pour se laver les mains, Aleks à sa suite. Il lui demanda alors « Je ne t'ai jamais croisé à Montsimpa, ça fait longtemps que t'es ici ? » Son arrivée à Montsimpa rappela quelques très mauvais souvenirs, la vie d’Aleksandar a connu, mais aussi des bas, même de très gros bas. Il y en a une qui le poursuivra jusqu’à la fin de sa vie.

Ce soir du quatre janvier deux mille deux, non loin de Londres ; il n’avait pas spécialement bu, juste un petit verre, mais rien qui l’empêchait de conduire, loin de là, surtout qu’il n’est pas un grand amateur d’alcool. Son frère jumeau, lui avait un peu plus bu, mais pas de là à ne plus pouvoir mettre un pied devant l’autre ! Les deux frères était très proches et se ressemblaient comme deux gouttes d’eau, leur différence est que l’un est droitier et l’autre gaucher, autrement, ils sont pareils en tous points, même en caractère, ce sont les mêmes. Aleksandar conduisait, son frère, Djordje, lui était sur le siège passager. La musique et l’ambiance était bonne. Un camion leur faisait face, il dévia de sa trajectoire et toucha le côté droit de la voiture. Très vite Djordje fut transporté à l’hôpital, mais mourut à la suite de ses blessures.

Mais quel rapport avec la date d’emménagement d’Aleks à Montsimpa ? Il emménagea, exactement un moins avant l’accident à Montsimpa. D’ailleurs le nouvel an était initialement prévu là-bas, mais la famille de Lus, l’ex femme d’Aleks, ne pouvant pas venir, ils avaient décider de ses rendre en Angleterre. Voilà comment il sait précisément quand il est venu habiter à Montsimpa. Avant qu’il n’est pu répondre, Adriel lui dit « Cela ne te dérange pas que je te tutoie, hein ? » Il n’avait pas remarqué qui le tutoyait. Alek a toujours trouvé ça bizarre quand quelqu’un le vouvoyait, il ne s’est jamais réellement habitué à ça, c’est pour cela que lorsqu’on le vouvoie, il demande à ce qu’on le tutoie. Sinon il a l’impression d’être supérieur et déteste ça.

Il lui dit donc « oh non ça me dérange pas ! J’habite à Montsimpa depuis une dizaine d’années, mais ce n’est pas étonnant que tu n’es jamais croisé, j’suis pas quelqu’un qui aime se faire remarquer ! » Il est vrai qu’il aime se faire discret et ne pas trop attirer l’attention. Parfois il y arrive tellement bien, que les gens ne remarquent même qu’il Aleksandar Kovacevik.

Une fois devant les robinets, il ouvrit celui d’eau chaude, parfois elle est un peu trop chaude, mais il faut bien ça pour retirer la résine. Il mit du savon et frotta méthodiquement, sous l’eau ses mains. Depuis le temps qu’il utilise de la résine, il sait comment il faut faire pour la décoller, aux premiers abords, cela peut paraître difficile, mais en fin de compte, une fois qu’on a le coup de main, c’est tout simple.

Aleks retirait la résine comme un pro’, en même temps il a l’habitude, en tout cas plus que son comparse visiblement ! Celui-ci jette de temps à autre des petits coups d’œil vers lui afin de voir comment il s’y prend. Une fois qu’on a la technique ça part tout seul. Mais la technique, Adriel ne semble pas vraiment l’avoir ! Mais ce n’est pas très étonnant, il n’y a pas beaucoup de sports où on utilise ce genre de résine, il doit y avoir que le handball d’ailleurs. Dans aucun autre sport connu on a besoin de tenir sa balle dans la main ! Petit à petit on peut voir que le savon qu’à utilisé Aleksandar devient de plus en plus noir, signe que la résine commence à partir. « On en a pour longtemps ? Parce que j'ignore comment on fait pour s'enlever ce truc. » dit Adriel. Alek’ ne put s’empêcher de rire dans sa barbe. On aurait dit un de ses jeunes qu’il entraine et qui devait retirer pour la première fois de sa vie de la résine. Quelques instants plus tard, le jeune homme avait réussi à décoller une grande partie de la résine qu’il avait eu sur les doigts par accident, Aleks, lui aussi avait réussi à tout décoller mais en utilisant une technique bien plus efficace que celle du jeune homme.

« C'est tout bon pour moi, du moins pour l'instant. On peut y aller maintenant ! » dit-il. Aleks se sécha vite fait les mains et dit « pour moi aussi. J’vais chercher un ballon, je reviens » il se dirigea alors vers une pièce où tous les ballons et autres choses utilisés pour faire du sport sont rangées. Il se va vers le stock de ballon de basket, mais celui-ci est fermé. En temps que grand habitué des lieux, il sait qu’il y a des clés posées quelque part, lui ayant oublié les siennes chez lui. Finalement après avoir fait le tour de la pièce, il aperçoit dans un petit renfoncement un trousseau de clés. Trouvant sans difficultés la bonne clé, il prit alors un ballon, qui lui paraissait très bien, il était ni trop gros, ni trop petit, très bien donc. Il reposa les clés et sortit héroïquement de la pièce le ballon dans la main. C’est alors qu’il lança le ballon à son adversaire.